L’affaire
des « Cardinaux »
Ce
que je vais vous conter pourrait résonner comme un polard, mais ce fut, hélas,
un fait réel dont la fin fut tragique.
Cherchant
des histoires étranges, quelque peu glauques toutefois, j’ai découvert cette
affaire judiciaire qui s’est passée à Vittel en l’an 1804. N’ayant que peu de
renseignements la concernant, j’ai fouillé et découvert que Louis Sadoul en
avait fait le récit complet, édité chez Albin Michel, en 1926.
Je
n’ai pas voulu recopier intégralement cet écrit que vous pouvez lire via le
site « Gallica », ce qui aurait été tout à fait inintéressant en ce
qui me concerne.
J’ai
donc décidé d’en reprendre les grandes lignes en y ajoutant plus de précisions
sur les protagonistes de l’affaire, en retraçant leur vie, en vous soumettant,
notamment, les actes paroissiaux et d’Etat Civil.
Voilà......
-=-=-=-=-=-=-=-
Samedi
19 ventôse an XII.
Deux
ouvriers, Alexis Rat et Joseph Bigot, travaillent dans une carrière dans la commune
de Vittel dans les Vosges. Pioches et pelles en mains, ils creusent. Tout à
coup, ils remontent quelques ossements, puis d’autres......et enfin des crânes
humains. Macabre découverte qui se poursuit les 21 et 22 ventôse suivant.
Les
autorités sont, tout de suite, averties et se transportent sur les lieux.
Il
y a là :
·
Jean Balthazard Thouvenel, juge de paix.
·
M. Martin, maire.
·
M. Barjonnet, receveur d’enregistrement.
·
Mrs Leonard et Saussard, membres du conseil électoral.
Et
bien entendu, presque tous les habitants du village que la rumeur a très vite
avertis.
Une
première enquête détermine que les corps ont été enfouis à cet endroit depuis
dix années au plus. Mais ce qui est le plus étrange, c’est qu’il n’y a que des
crânes, des mâchoires et des os longs. Aucune portion de côtes.
Et
les bavardages toujours hâtifs, dans ces cas-là, avancent, avec certitude, que
les meurtriers avaient jeté aux chiens les troncs de leurs victimes. Il fallait
bien trouver une explication.
Les
six crânes et les ossements sont confiés à l’examen de Jean Nicolas Rambaud,
ancien chirurgien de la marine, qui se borne à dire qu’il ne peut avec
certitude déterminer l’époque à laquelle les corps ont été enfouis, et pourquoi
pas, en effet, huit ou neuf ans
Si
la médecine légiste n’a pas encore cours en ce tout début du XIXème
siècle, la machine infernale des racontars, elle, est bien ancrée et se met
alors en route.
Chacun
a son idée.
Chacun
sait.
Chacun
se rappelle.
Et
tout cela enfle ! Et tout cela prend des proportions incroyables !
Des
cadavres enterrés ? Mais n’y avait-il pas eu des marchands de bœufs qui
venaient régulièrement à Vittel, tous les ans ?
Etrange !
Ils n’avaient jamais reparu depuis .... Combien de temps déjà ? Huit
ans ? Neuf ans ?
Assurément,
ce sont eux, là !
Le
citoyen Moitessier confirme, en effet cette étrange disparition.
Et
puis, le citoyen Saussard affirme, à son tour, que ces dix dernières années, en
effet, un grand nombre de personnes ont, mystérieusement, disparu.
Le
citoyen Barjonnet avait été consulté par un de ces marchands porteur d’un titre
de cent louis contre le citoyen François Arnould de Vittel qui faisait commerce
de bétail, justement. Il avait deux frères qui venaient avec lui. L’un était de
Senonges et l’autre de Lignéville. Tous trois avaient été vus dans les diverses
auberges des environs où ils conduisaient leurs affaires.
Les
victimes ne peuvent donc être que ces marchands de bœufs venus à Vittel en
provenance du Morvan.
Un
nom vient d’être lâché : François Arnould.
Et
ce ne pouvait être que lui et sa famille dont la maison se situe, fait étrange,
juste en bordure de la carrière et qui,
malgré l’effervescence dans la carrière, n’étaient pas parus. Preuves flagrantes
de leur culpabilité !
Le
28 ventôse an XII arrivent à Mirecourt, petite ville connue pour ses
dentellières et sa lutherie dont elle faisait un commerce prospère :
·
Charles François Delpierre, magistrat de
sûreté, administrateur du département, depuis le 7 septembre 1791.
·
Jean Baptiste Pommier, faisant fonction de
juge d’instruction.
Et
le même jour, au greffe de la justice de paix de Vittel, à deux heures de
relevé, Jean Baptiste Pommier ouvre son instruction.
Les
trois frères Arnould, leur mère et leur sœur sont inculpés d’assassinats, sans
aucune enquête préalable.
Qui
étaient les membres de cette famille qui jouissait d’une très mauvaise
réputation et que l’on nommait « les Cardinaux » ?
Agnès
Chassard, la mère serait née en 1738, à la Chapelle-aux-Bois, mais je n’ai
trouvé aucun acte de baptême la concernant.
Elle
épousa, le 27 juin 1762, à Valfroicourt, François Arnould, dit le jeune, qui
était né à Vittel, le 8 septembre 1742.
Acte
de baptême – Vittel – septembre 1742.
François fils legitime de françois
arnould et d’anne Brun son epouse est né le huit et a été baptisé le neuf
septembre mil sept cent quarante deux a eu pour parein françois hattier et pour
mareine anne Pierrot qui ont signe avec nous.
Mariage
– Valfroicourt - juin 1762
L’an mil sept cens soixante deux le
vingt septieme jour du mois de juin après avoir devant public au prone de la
messe paroissiale trois bans du futur mariage entre françois arnoud fils de
françois arnould tailleur d’habits et d’anne brun de la paroisse de grand ban
de Vittel d’une part et agnès chassard fille de feu jean chassard et d’anne
martin de cette paroisse d’autre part....... en presence de françois arnoud
père du marié françois Ete vigneron jean nicolas françois vigneron michel
perrin tonnelier ces trois derniers de Valfroicourt temoins......
Le
couple s’installa à Vittel où naquirent
leurs enfants.
·
François
Arnould naquit le 7 octobre 1763 à Vittel
Acte
de baptême – octobre 1763 – Vittel.
François fils legitime de françois
arnoult le jeune et d’agnes chassard son epouse de cette paroisse est né le
sept octobre de l’annee mil sept cens soixante trois et a été baptisé le
lendemain il a eu pour parrain françois Estre de Valfroicourt et pour marraine
agnez arnoult de cette paroisse qui a declaré ne scavoir ecrire ny signer. Le
parrain a signe avec moy.
Il
se fiança, le 15 janvier 1785, à Elisabeth Chrétien, en la paroisse Saint
Privat de Vittel.
L’an mil sept cens quatre vingt
cinq le quinze janvier françois arnould verrier fils mineur et legitime de feu
françois arnould manoeuvre et d’agnés chassart ses père et mere de la paroisse
du Grand ban et Elizabeth chretien d’Enteliere de cette paroisse fille majeure
et legitime de feu claude chretien laboureur
et de catherine marchand
demeurante a totinville ont été fiancés et ont promis mutuellement de se
marier ensemble le plutôt que faire se pourra lesquelles promesses ont été
tenues et bénies par moi curé en presence et du consentement d’agnes chassart
mere du fiancé et de jean Bastien laboureur demeurant à totainville Beaupere et
tuteur de la fiancée et en presence d’andré Thouvenin vigneron de cette
paroisse et d’antoine Bauque mercier du Grand Ban de Vitel et de claude françois
anatte regent d’ecole de cette paroisse qui ont signé avec nous.
Le
mariage eut lieu le 1er février 1875 à Vittel, paroisse Saint
Privat.
L’an mil sept cent quatre vingt
cinq le premier fevrier après avoir cy devant publié trois bans.... Mariage
entre françois arnould verrier fils mineur et legitime de feu françois arnould
manœuvre et d’agnes chassard ses père et mere de la paroisse du grand Ban de
Vitel et Elizabeth chretien d’enteliere fille majeure et legitime de feu claude
chretien laboureur et de catherine marchand de cette paroisse.....en presence
et du consentement d’agnes Chassart mere
du marié et avec le consentement de Jean Bastien laboureur demeurant à
totinville Beau père et curateur de la mariée et en presence de françois
arnould manoeuvrier du Grand Ban de Vitel grand père du marié d’antoine
lattraits jeune garçon du grand Ban de Vitel cousin issu de germain du marié,
d’andré Thouvenin vigneron de cette paroisse et de claude françois anatte Regent
d’ecole de cette paroisse qui ont signé avec nous.
Puis,
veuf, il s’unit en secondes noces à Thérèse Hatier, le 22 janvier 1788, à
Vittel également.
L’an mil sept cens quatre vingt
huit le vingt deuxieme de janvier après avoir publié...... mariage entre
françois arnoult marchand fils mineur de defunt françois arnoult manœuvre et d’agnés chassard son epouse de cette
paroisse et veuf en premieres noces de defunte Elisabeth chretien d’une part et
therese hatier fille majeure des defunts françois hatier manœuvre et de marie
anne Maire aussy de cette paroisse d’autre part.... En presence de la mere du
marié de Anthoine latraye son cousin issu de germain de sebastien arnoux son
oncle de frain de Nicolas Brion beau frere de la mariée et de joseph Dupont
tous temoins de Vitel qui ont signé.......
Au
moment de l’affaire, François, l’aîné, qui fait commerce de bêtes à cornes, a
une réputation de mauvais sujet.
·
Joseph
Arnould vit le jour le 19 mars 1767 à Vittel
Acte
de baptême – mars 1767 – Vittel
Joseph fils legitime de françois
arnould et d’agnes Chassard son epouse de cette paroisse est né le dix neuvieme
jour de mars de l’an mil sept cens soixante sept au matin et a été baptizé le
même jour a eu pour parrain joseph Vautard fils et pour maraine françoise Joel
de cette paroisse la maraine a déclaré ne scavoir signer.
Il
épousa le 19 janvier 1790, Catherine Rippart à Lignéville.
L’an mil sept cent quatre vingt
dix le dix neuf janvier après avoir cy
devant publié au prône de la messe paroissiale....... mariage entre joseph arnould
mineur de vingt deux ans fils legitime de deffunt françois arnould tailleur
d’habits et d’agnés chassart ses père et mere de la paroisse de grand ban de
Vitel d’une part et de cathetine Rippart majeure de trente deux ans fille
legitime de deffunt françois Rippart manœuvrier et d’anne Luotet ses père et
mere de cette paroisse d’autre part..... en presence de sieur joseph Vautard
parrain laboureur de Vitel de Nicolas françois aussi laboureur audit lieu comme
ami et en presence de françois senet filleur de laine oncle maternel de la
mariee d’antoine Potier laboureur comme ami et de joseph Courtier greffier
aussi comme ami....
Au
moment des faits, Joseph travaille comme manœuvre. Il est venu s’installer à
Vittel depuis deux ans. Avant il demeurait à Lignéville.
·
Sébastien
arriva le 27 janvier 1769 à Vittel.
Acte
de baptême – janvier 1769 – Vittel.
Sébastien fils legitime de françois
arnoult tailleur et d’Agnés Chassard son epouse de cette paroisse est né le
vingt sept janvier mil sept cens soixante neuf et a été baptisé le lendemain il
a eu pour parrain françois arnoult son grand père et pour marraine Agnès perrin
sa cousine germaine de Valfroicourt qui ont signé avec moy.
Il
épousa le 25 janvier 1791, Agnès Grandgérard à Senonges.
L’an mil sept cent quatre vingt
onze le vingt cinq janvier après avoir publié trois bans de mariage ..... entre
Sebastien arnould fils mineur agé de vingt deux ans de defunt françois arnould
originaire de Vitel décédé à Vitel manœuvre et d’agnés chassard originaire de
Valfroicourt sa mere et tutrice demeurant à Vittel absente ayant donné son
consentement dument legalise ses père et mere de la paroisse de grand ban de
Vitel d’une part et agnés grandgerard fille mineure agee de vingt trois ans de
joseph grandgerard originaire de cette paroisse manœuvre et résidant à Morny et
de defunte therese fontaine originaire de cette paroisse y décédée, de la
paroisse de Morny de droit et de celle de senonges de fait à cause de sa résidence d’autre part.... en
presence et du consentement dudit joseph grandgerard père de la mariee, de
Nicolas grandgerard oncle de la mariée manoeuvre de ce lieu, de françois Vely
manœuvre de ce lieu, de silvestre Grue marchand à Vitel oncle du marie....
Au
moment des faits, Sébastien habite Sénonges. Il fait commerce de bêtes à
cornes, avec son frère François.
·
Dominique
Arnould arriva le 14 février 1771 et quitta ce monde le 4 avril 1772.
Acte
de baptême – février 1771 – Vittel.
Dominique fils legitime de françois
arnout et de agnès chassar son epouse de cette paroisse est né et a été baptisé
le quatorzieme de fevrier de l’année mil sept cent soixante et onze il a eu
pour parein dominique moiteseur et pour marraine theresse marlier qui a declaré
ne scavoir signer.
Acte
d’inhumation – avril 1772 – Vittel.
L’an mil sept cens soixante et
douze le quattrieme d’Avril est décédé en cette paroisse dominique fils de
françois arnoult le jeune manœuvrier et d’agnes Chassard son epouse de cette
paroisse agé d’environ un an, son corps a été inhumé le lendemain dans le
cimetière de cette paroisse avec les ceremonies ordinaires de l’eglise......
·
Puis,
ce fut Thérèse Arnould, née le 19 mars 1773.
Acte
de baptême – mars 1773 – Vittel.
Therese fille legitime de françois
arnoult manœuvre et d’agnés chassard son epouse de cette paroisse est née et a
été Baptisée le dix neuvieme de mars mil sept cens soixante treize elle a eu
pour parrain Anthoine Michel et pour Marraine therese majot tous deux de Vitel
la marraine a declare ne scavoir signer, le parrain a signe.
Elle
convola en justes noces, le 7 février 1804, avec Jean Joseph Duvaux.
Acte de mariage de Joseph Duvau age
de vingt quatre ans deux mois natif de Valfroicourt departement des Vosges le
vingt trois decembre mil sept cent septante neuf laboureur demeurant
Valfroicourt fils de jean Duvau demeurant à Valfroicourt et de marguerite
jacquot son epouse et de therese arnould age de trente ans onze mois né à
Vittel le dix neuf mars mil sept cent soixante et treize dentelliere residante
à Vittel fille de feu françois arnould de son vivant residant au dit Vittel et
de agnés Chassard son epouse..... en presence de Jean Duvau laboureur residant
à Valfroicourt age de soixante ans père de l’epoux de Nicolas florentin maçon à
Valfroicourt age de quarante quatre ans françois arnould marchand vivant à
Vittel age de quarante ans frere de l’epoux joseph arnould age trente cinq ans
frere de l’epoux......
Au
moment des faits, Thérèse qui vient d’épouser Joseph Duvaux, vit avec son époux
chez sa mère, deux fois veuve.
·
Un
autre petit garçon, nommé Dominique Arnould, naquit le 18 novembre 1774. Il ne
vécut que 5 jours.
Acte
de baptême – novembre 1774 – Vittel.
Dominique fils legitime de françois
arnout le jeune Manœuvre et d’Agnés chassard son epouse de cette paroisse est
né et a été Baptisé le dix huitieme de Novembre mil sept cens soixante quatorze
il a eu pour parrain Jean Dominique thomas et pour marraine françois Noël tous
deux de cette paroisse qui ont signé avec moy.
Acte
d’inhumation – novembre 1774 – Vittel.
L’an mil sept cens soixante
quatorze le vingt troisieme de Novembre est decedé en cette paroisse Dominique
arnoult fils de françois arnoult le jeune manœuvre et d’agnés chassard son
epouse de cette paroisse age de six jours, son corps a été inhumé le lendemain
dans le cimetiere de cette paroisse avec les ceremonies ordinaires de leglise
en presence .....
·
Reine
Arnould fut la suivante, née le 28 mars 1776.
Acte
de baptême – mars 1776 – Vittel.
Reine fille legitime de françois
arnoult manœuvre et d’agnes chassard son epouse de cette paroisse est nee à
huit heures du matin et a été Batisee le meme jour vingt huitieme de mars mil
sept cens soixante seize elle a eu pour parrain alexis Bruez et pour marraine
reine haillot tous deux de Vitel le parrain a declare ne scavoir signer.
Elle
décéda deux ans et demi plus tard, le 13 octobre 1778.
Acte
d’inhumation – octobre 1778 – Vittel.
L’an mil sept cens soixante dix
huit treizieme d’octobre est decedée en cette paroisse Reine arnout fille de
deffunt françois arnout manœuvre et d’agnes chassard son epouse de cette
paroisse agée d’environ trois ans. Son corps a été inhumé le lendemain dans le
cimetiere de cette paroisse avec les ceremonies ordinaires de l’eglise en
presence ......
·
La
petite dernière reçut le nom de Anne Arnould, le 14 mai 1778.
Acte
de baptême – mai 1778 – Vittel.
Anne fille posthume de deffunt
françois arnoult manœuvre et d’agnes chassard son epouse de cette paroisse est
née à six heures du soir le quatorzieme de may mil sept cens soixante dix huit
et a été baptisee le lendemain elle a eu pour parein clement Bruyer et pour
mareine anne arnoud sa tante tous deux de Vitel qui on declaré ne scavoir
signer.
Elle
devait décéder le 8 août 1779.
Acte
d’inhumation – août 1778 – Vittel.
L’an mil sept cens soixante dix
neuf le huitieme d’Août est decedé en cette paroisse anne arnout fille de
defunt françois arnoult manœuvre et d’agnés chassard son epouse de cette
paroisse agee de quinze mois son corps a été inhumé le lendemain dans le
cimetiere de cette paroisse avec les ceremonies ordinaires de l’église en
presence des parens et temoins......
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François
Arnould, le père, dit le jeune, décéda à l’âge de trente-cinq ans, le 27
novembre 1777, à Vittel.
L’an mil sept cens soixante dix
sept le vingt septieme de Novembre est décédé en cette paroisse françois
arnoult lejeune manœuvre marié en premieres noces à agnés chassart de cette
paroisse age d’environ de quarante ans
après avoir été confessé son corps a été inhumé dans le cimetiere de cette
paroisse avec les ceremonies ordinaires de l’eglise ......
Agnès
Chassard, veuve Arnould, se remaria le 13 février 1781, avec Gabriel Hocquard
qui avait vu le jour le 25 mai 1744 à Vittel.
Naissance
– Vittel – paroisse Saint Remy - mai
1744.
Gabriel fils legitime de Blaise
hocquard et de Marie David est ne le vingt cinq et a été baptise le vingt sept
may mil sept cent quarante quattre a eu pour parein antoine hocquard qui a
signe et pour mareine marguerite David qui a fait sa marque.
Mariage
- Vittel – février 1781.
L’an mil sept cens quatre vingt un
le treize de février après avoir publié aux prones de ma messe paroissiale...
trois bans de mariage entre Gabriel hocquard manœuvre age de trente cinq ans
veuf de defunte marie Chailly de cette paroisse et agnès chassard dentelliere
veuve de defunt françois arnoult manœuvre de cette paroisse ......... en
presence de jean Baptiste Thouvenin oncle maternel du mari de Dominique
hocquard son frere de françois arnoult et françois fourquin tous de Vitel qui
ont signé.................
Un
enfant naquit de leur union, le 17 juillet 1782.
Alexis fils legitime de Gabriel
hocquart manœuvre et d’agnès chassard son epouse de cette paroisse est né a
quatre heures du soir le dix sept juillet mil sept cens quatre vingt deux et a
été baptisé le même jour et a eu pour parein françois arnould son frere et pour
maraine Jeanne Thouvenin sa cousine tous deux de cette paroisse qui ont déclaré
ne savoir écrire ni signer.
Le
petit Alexis ne vécut que quatre mois à peine, il décéda le 6 novembre 1782.
Acte
d’inhumation – 7 novembre 1782 – Vittel.
L’an mil sept cens quattre vingt
deux le sixieme de novembre est decedé en cette paroisse alexis fils de Gabriel
hocquard manœuvre et d’agnés chassard son épouse de cette paroisse agé
d’environ quattre mois son corps a été inhumé le lendemain dans le cimetiere de
cette paroisse avec les ceremonies ordinaires de l’Eglise en presence de Luc et
Joseph lallement de Vitel qui ont signé avec moi.
Gabriel
Hocquard le suivit de près dans le petit cimetière de Vittel. Il décéda à l’âge
de quarante ans, le 28 octobre 1784.
Acte
d’inhumation – 29 octobre 1784 – Vittel
L’an mil sept cens quattre vingt
quattre le vingt huitieme d’octobre a onze heures et demy du soir est decedé en
cette paroisse Gabriel hocquard manœuvre marié en secondes noces a agnés
chassard de cette paroisse agé d’environ quarante ans après avoir été confessé,
reçu le St Viatique et l’extrême oction son corps a été inhumé le lendemain
dans le cimetiere de cette paroisse avec les ceremonies ordinaires de l’eglise
en presence de jean Baptiste Thouvenin son oncle et de Gabriel thouvenin son
cousin germain de Vitel qui ont signé avec moy.
Agnés
Chassard, veuve Arnould, veuve Hocquard, se retrouva seule avec ses quatre
ainés :
François,
Joseph, Sébastien et Thérèse et bien sûr leurs conjoints et leurs enfants.
Reprenons
le cours de l’affaire......
Suite
à la macabre découverte d’ossements dans la carrière de Vittel, les témoignages
affluent et les accusations se portent sur la famille Arnould vivant juste à
côté, d’autant plus que cette famille a mauvaise réputation.
Ne
sont-ils pas que des ivrognes, ayant toujours les menaces aux lèvres et un bâton
en main, prêts à frapper. On les accuse de violences et de vols.
Des
faits ? En veux-tu ? En voilà !
François
Arnould a renversé d’un coup de poing Nicolas Vauqué.
Il
a lancé une bouteille à la tête de Claude Jacquot.
Il
a volé douze francs à Nicolas Audinot.
Et
puis, ce serait bien lui qui a volé, jadis, le Claude Phelisse à Vittel, la
veille de la foire, il y a quelques temps !
Et
avec son frère Sébastien, François a frappé très fort Nicolas Biet. Le pauvre
homme en est mort un an après.
Joseph,
il n’est guère mieux celui-là ! Il a volé une montre chez Huot,
l’aubergiste.
Et
puis, il y avait eu cette affaire, déjà, le 17 mai 1792. François Arnould avait
donné un coup de couteau dans le ventre du garde-forestier, François Floriot. François
Arnould fut arrêté l’année suivante, le 21 mars 1793 et fut condamné à un an
d’emprisonnement, peine qu’il effectua à la prison de Mirecourt. Il en sortit,
le 27 germinal an II (1er avril 1794). Ce fut à cette date là qu’il
s’installa chez sa mère à Vittel.
Ce
fut également à cette époque que Blaise Pierrot, un voisin avait ouvert une
carrière, en face de la maison des Arnould. Il referma cette carrière deux
semaines plus tard. Nul ne sait pourquoi.
Pendant
les auditions des témoignages, Nicolas Humbert, ancien juge de paix affirme que
sa sœur, la dame Remy Moitessier, décédée depuis, lui avait raconté que dans
les lieux où furent découverts les ossements, elle avait remarqué une fosse
fraîchement creusée, puis comblée.
Mais
surtout, plusieurs personnes ont disparu et les ossements retrouvés sont
assurément les leurs. Il y a là :
Les
trois frères Didiot de la Côte-d’or ou de la Nièvre, un certain Philippe de
Westhoffen près de Strasbourg, et un
autre, Compagnon, de Brion près de Chatillon en Bourgogne et le Pierre habitant
Monthureux-les-Gray, la maison en bas de la côte.
Voilà
une bien étrange affaire ! Et elle va prendre des proportions incommensurables,
grossie par la rumeur et la haine de toute une ville contre une seule famille.
Le
29 ventose an XII (20 mars 1804) sont
arrêtés :
·
François Arnould, 41 ans, marchand de
Bétail à Vittel.
·
Agnès Arnould, née Chassard, 68 ans,
dentelière, mère de François.
Le
1er germinal an XII (22 mars 1804), c’est au tour de :
·
Sébastien Arnould, 34 ans, marchand de
bétail, habitant Senonges, depuis quatorze ans.
·
Joseph Arnould. 38 ans, manœuvre, depuis
deux ans à Vittel, avant, il demeurait à Lignéville.
Les
prévenus sont entendus, mais bien qu’ils nient tout ce qui leur est reproché,
ils sont pressentis comme les coupables idéals.
Du
28 ventose au 5 germinal an XII, le juge Pommier entend quatre-vingt-trois
témoins.
Jacques Colin
– 32 ans – sans état :
Il
y a huit ans, il était conducteur de bœufs chez François Arnould. Un soir, un
homme dans la quarantaine, fluet, 5 pieds deux pouces, arriva sur un cheval
blanc. Il venait du Morvan ou de la Nièvre. Ce jour-là, on lui a demandé
d’aller manger à l’auberge, ce qui l’étonna beaucoup.
Le
lendemain François Arnould partait à la foire de Vrécourt sur le cheval qu’il dit
avoir acheté à l’étranger qu’il s’apprêtait à rejoindre. Mais c’est assurément, ce même jour que François Dupont
étant entré dans la cuisine des Arnould avait remarqué des taches de sang sur
le sol.
François Dupont
interrogé à son tour, confirme les dires de Jacques Colin et précise que
François Arnould l’avait également volé sur le prix de deux voitures de paille.
Charles Richard
a acheté, il y a environ quatre ans, une maison dans laquelle avait vécu
François Arnould. Il avait creusé pour faire une cave à environ trois pieds de profondeur
et il avait trouvé des ossements humains. « Les Arnoud, dit-il, sont des
fripons, des voleurs, des gens dangereux. »
Suite
à ce témoignage, le jardin de cette maison est fouillé. Des ossements sont mis
au jour que le Docteur Rambaud identifia comme étant des os de femmes.
La femme Gérardin,
née Anne Trompette, tient un café à Remoncourt. C’est dans ce commerce que
François Arnould vient souvent avec ses créanciers. Elle a constaté la mauvaise
foi et la brutalité de celui-ci. « On l’appelle voleur, coquin et ça le
fait rire ! conclut-elle »
-=-=-=-=-=-=-
Les
prévenus sont entendus par le juge, les
7 et 8 germinal an XII.
Agnés Chassard
Non,
elle ne connait pas les frères Didiot.
On
lui reproche de ne jamais ouvrir les volets de sa maison ? C’est
faux ! Ceux-ci sont fermés uniquement lorsqu’elle s’absente pour chercher
de l’ouvrage.
Il
y a de mauvaises odeurs dans la carrière ? Elles proviennent, en temps de
grosses chaleurs, de chez le rifleur (tanneur) non loin de chez elle. Ce
tanneur entrepose des peaux de bêtes. Ce n’est pas dû aux cadavres en
putréfaction comme on le dit !
Elle
a essayé d’étrangler son gendre, Joseph Duvaux, avec sa fille ? Non, c’est
le contraire, elle essayait de prévenir celle-ci des coups de son mari. Ce
n’était qu’une banale querelle de ménage !
Thérèse Arnauld,
femme de Joseph Duvaux, auditionnée à son tour, nie toutes les accusations.
Elle avoue que son mari est brutal et que sa mère vient souvent à son secours
quand il la frappe.
Pommier
interroge alors Joseph Arnould qui
est un jeune homme fade et effacé. Il nie aussi tout ce qui est reproché à sa
famille.
Sébastien Arnoud,
entendu à son tour, ne comprend pas les accusations. Il n’a assassiné
personnes.
Les
ossements, il ne sait pas pourquoi ils se trouvent dans la carrière.
Par
contre, il connait bien les frères Didiot qu’il a rencontrés sur les foires.
Ils ne sont pas trois, mais quatre. Un s’est marié à Bulgnéville et a habité
Neufchateau. Un autre résidait à Saulieu près du Morvan. Le troisième demeurait
à Thoisy-la-Berchère à quinze milles du dit Saulieu. Le quatrième, lui, était
d’un village près de Thoisy. Il ne les a pas revus depuis sept ans.
Le
juge fait venir François Arnould. Il
pense que c’est lui le chef de la bande, lui qui organise tout. C’est un homme
sans scrupule, sans pitié. Son opinion est faite. Il est sûr de lui.
François
fait les mêmes réponses que son frère Sébastien, aux mêmes questions du juge.
Car,
en effet, les interrogatoires sont tous identiques et chacune des auditions,
portant questions/réponses, tient sur une seule page.
Tout
cela ne mène à rien. Rien de précis, en fait, pour accuser ouvertement cette
famille. Uniquement des racontars, même les réponses des inculpés sonnent
« vraies ».
Alors ?
Qui
est le magistrat Pommier ?
Agé
de 52 ans, il a une longue carrière, ayant assumé d’importantes fonctions, et
notamment pendant les évènements de la Révolution. Cette affaire lui fait passer
des nuits blanches et quand le sommeil vient enfin, il est peuplé des membres de la famille Arnould assassinant
sauvagement et découpant les cadavres.
Pourquoi ?
Comment ?
Qui ?
Mais
jamais ce juge ne cherchera à savoir à qui appartiennent les ossements.
Jamais
il ne fera rechercher les frères Didiot, Philippe, Compagnon et Pierre ou
interroger les proches ou les familles de ceux-ci.
Son
enquête ne tourne qu’autour des Arnould, et pourtant les diverses perquisitions
au domicile de ceux-ci se révèlent infructueuses.
·
Pas de traces de sang.
·
Pas de cadavre.
·
Pas d’argent.
·
Pas de cachette.
·
Rien de suspect.
Mais
ces gens-là, se sachant découverts, n’avaient-ils pas pris toutes les
précautions nécessaires ?
On
en est là, quand le 12 floréal an XII (3 mai 1804), le juge reprend l’instruction
dans son cabinet de Mirecourt.
Entre
temps, les langues se sont déliées. Les gens se sont concertés et les souvenirs
ont ressurgi.
Pour
une fois qu’il y a des faits intéressants dans la commune, cela permet de
parler entre voisins et surtout de médire sur une seule famille, les Arnould !
N’ont-ils
pas une réputation de gens de rien, de coquins, de voleurs. Et puis les volets
fermés, ne le sont-ils pas, justement, pour cacher leurs méfaits ?
Et,
les nouveaux témoignages affluent.
François Carcher
de Senonges a reçu des coups de bâton et de sabot de François Arnould et de sa
femme.
Nicolas Vincent,
trois ans auparavant, a été arrêté par un des frères Arnould qui lui a offert
une bouteille de vin blanc. Il a jugé prudent de ne pas l’accepter. Ne voulait-on
pas le saouler pour le dévaliser ?
Mathieu Poirot,
cordonnier à Domjulien, a fait un jour une mauvaise rencontre. Il en ressent
encore les effets des coups. Assurément, c’étaient les frères Arnould !
Qui d’autres, d’ailleurs ?
Joseph Joux,
41 ans, marchand à Godoncourt. Il se souvient. C’était le 25 floréal an II, le
jour de la foire de Vittel. Il s’était rendu le soir, avec le Nicolas Voirin de
Lignéville, traiter une affaire chez François Arnould. Il y avait aussi son
frère, Sébastien. Comme il était tard, François leur a offert l’hospitalité
pour la nuit. A peine couchés, la femme de François était venue en cachette les
prévenir de ne pas s’endormir trop tôt. Ils furent très inquiets d’autant plus
qu’ils avaient six mille francs sur eux. Pourtant, il ne se produit rien, sauf
un cauchemar. Ils étaient attaqués par des voleurs et se débattaient
violemment.
Interrogée
sur ce fait, la femme de François ne nia pas la recommandation, expliquant que
les hommes ayant beaucoup trop bu, elle craignait quelque querelle. Rien de
plus.
Cette
réponse fut-elle crue ?
En
prairial, le juge Claude François Perrin, est commis à l’instruction.
Qui
est-il ?
Il
a une réputation de « magistrat à poigne », mais n’a pas laissé de
trace dans l’histoire.
Ce
magistrat donc, reprend un dossier quasi vide, sans aucun argument, sans aucune
preuve flagrante. Rien pouvant aboutir à une quelconque accusation.
Pendant
tout le mois de prairial an XII (mai juin 1804), il étudie le dossier.
Puis,
le 7 messidor an XII, tout s’éclaire !
Des
témoignages dévoilent des faits nouveaux, précis ceux-là.
Michel
Huraux, garçon meunier, chez Jean Thomas meunier à Parey-Saint-Ouen, âgé de
dix-neuf ans a vu, a été témoin. Il peut le jurer.
Il
y a environ sept à huit ans (il avait donc 11 ans environ), c’était en hiver,
un peu avant la Noël, il couchait au domicile des Arnould, dans la maison
occupée aujourd’hui par Charles Richard de Vittel. A six heures du soir la
femme de François lui dit d’aller se coucher. Il alla donc dans l’écurie,
séparée de la cuisine par la grange.
Vers
minuit, il entendit des cris, des appels « au secours ! ». Il
sortit par une des fenêtres de l’écurie et alla regarder par la fenêtre de la
cuisine. Il vit plusieurs hommes et une femme, dont François, entourant un
cadavre à terre. Le lendemain matin, il constata du sang sur le sol. Des
cendres avaient été répandues dessus.
Le
14 thermidor, Michel Huraux vient modifier sa déposition.
Il
n’est plus sûr de la date.
C’était
il y a six ans. Ce n’était pas François qu’il avait vu, mais le fils de
François.
Et
il se souvient d’un autre fait. Trois semaines après cet évènement dans la
maison des Arnould, sur les dix heures du soir, cherchant un abri en parcourant
les rues, il avait vu François Arnould avec une femme qu’il ne connaissait pas,
sortant de sa maison avec un cadavre
qu’ils déposèrent à l’angle septentrional de la maison.
Il
ne sait pas alors ce qu’était devenu le cadavre, car il s’était sauvé. Il avait
eu très peur.
Ce
qu’il faut préciser toutefois c’est que Michel Huraux est plus connu sous
le nom de « Diodiche ». C’est « un chétif bancal et pieds
bot » et qui, de surcroit, est bègue et quasi sourd muet. Ce pauvre idiot,
enfant infirme, abandonné par sa famille et vivants d’expédients (il est noté
« mendiant » dans les procès verbaux), devient alors la
« lumière » de la justice.
Et
pourtant, malgré cela, Perrin ne pose pas plus de questions et ne s’étonne même
pas pourquoi ce jeune homme n’a pas évoqué cette scène, capitale, trois
semaines auparavant.
Et
puis, ce crime, effectué alors que quelqu’un dort dans l’écurie, tous volets
ouverts, alors que chacun atteste qu’ils sont toujours fermés !
Puis
arrive un autre témoin, en la personne de Jeanne Rose Emonet, fille majeure, 36
ans, dentellière à Vittel.
Et
elle raconte que..... Il y a sept ou huit ans, elle a rencontré le dit Huraux
qui lui avait raconté.... et mot à mot, comme une leçon bien apprise, elle rapporte
la même version des évènements, que précédemment, Michel Huraux. Copiée !
Calquée !
Pourquoi
le juge ne s’en est-il pas étonné ?
Ne
lui a-t-il pas, même, soufflé les termes du témoignage ?
Mais,
du transport du cadavre, rien !
Elle
dit aussi que c’était elle qui avait conseillé à Huraux de n’en rien dire.
Mais
elle précise qu’elle n’a pas seulement recueilli des confidences, elle a vu
aussi des choses et ces choses les voilà :
Il
y a huit ans, au mois de thermidor, pendant la veillée mortuaire du défunt
Lafleur de Vittel, vers une heure ou deux après minuit, elle avait entendu des
cris lugubres. Elle était sortie pour voir, avait allumé une lanterne et
s’était dirigée vers le lieu d’où provenaient les cris. Près du ruisseau, elle
avait trouvé un « cadavre qui respirait encore ». C’était un homme.
Il avait « la figure ensanglantée ». Il était « sans habit, le
collet de sa chemise déchiré, sans col, ayant sur les reins une ceinture en
cuir débouclée, les culottes déboutonnées en partie. »
Elle
était retournée dans la maison du défunt Lafleur. Dix minutes plus tard, elle
était retournée sur le lieu et avait vu, à deux ou trois toises devant elle,
deux hommes de stature identique, assez forte, dont l’un portait le cadavre sur
son épaule. Elle s’était cachée et avait vu les hommes pénétrer dans la maison
qu’occupait François Arnould et qui est celle de Charles Richard aujourd’hui.
Suite
à ce récit, elle confirme ses dires et paye la taxe requise portée à quatorze
francs. Puis, elle déclare ne pouvoir signer car ne sachant le faire.
Jeanne
Rose Emonet est de nouveau entendu, le 15 thermidor an XII, mais son récit se
trouve légèrement modifié.
Si
elle confirme avoir vu un homme sur le point d’expirer, la seconde fois qu’elle
s’était rendue près de la rivière, elle ne l’avait pas revu. Elle avait bien vu
deux hommes emportant ce qu’elle croit être un cadavre, mais elle n’en est plus
certaine. Ils s’étaient sauvés et étaient entrés dans le jardin d’Alexandre
Phélisse. Elle précise également qu’au moment des faits, François Arnould
n’habitait pas dans la maison de Charles Richard, mais dans la maison de la
cure du grand ban.
Mais
le juge Perrin est convaincu que Michel Huraux a dit la vérité, qu’il a bien vu
un cadavre au milieu de la cuisine des Arnould. La femme de François était
présente, aussi celle-ci est inculpée et conduite à Mirecourt.
Thérèse
Hatier décline son identité. Elle a 43 ans, a épousé le 22 janvier 1788
François Arnould, veuf d’Elisabeth Chrétien.
Malgré ses dénis, elle est emprisonnée sur le champ.
Thermidor
an XII.
Cela
fait cinq mois que les ossements ont été
découverts.
Cela
fait cinq mois que ces événements animent les conversations des uns et des
autres.
Cela
fait cinq mois que les souvenirs précis ou flous resurgissent.
Nouveaux
témoins... les interrogatoires reprennent.
Jean Claude Briot
– 24 ans- marchand de bétail à Vittel.
« Les
prévenus ont une très mauvaise réputation, affirme-t-il ».
En
cela rien de nouveau !
Mais
il raconte ce que son père, prénommé Jean Claude, comme lui, décédé depuis sept
ans, avait raconté que.....
Son
père, donc, avait entendu des cris de détresse. Il s’était alors précipité chez
les Arnould, car les cris provenaient de là. En entrant dans la cuisine, il
avait vu des morceaux de cadavres, des mains et des pieds notamment. François
Arnould lui avait expliqué qu’il venait de tuer une chèvre et que c’était sa
femme qui avait crié, car elle n’était pas d’accord.
Son père ne lui avait jamais parlé de cet
horrible événement. On lui avait rapporté, après le décès de celui-ci.
Par
contre, la veuve Briot, sa mère,
interrogée à son tour a affirmé n’avoir
jamais entendu parler de cela. Son mari ne lui avait jamais rien confié.
Le
juge Perrin trouve un témoin qui avait assisté à cette même scène morbide. Il
s’agit d’un certain Nicolas Moitessier,
62 ans, officier en retraite à Vittel. Cet homme est très précis dans ses
déclarations.
C’était
le 23 juillet 1795, à la tombée de la nuit. Il buvait un verre chez la veuve
Thiébault avec Jean Claude Briot. Ils avaient entendus des cris et s’étaient
précipités dehors. C’était François Arnould qui battait sa femme. Briot était
entré dans la cuisine et avait vu quelque chose d’ensanglanté dans une hotte.
Et François Arnould avait dit qu’il venait de tuer une chèvre. Mais, ils
n’avaient vu ni mains ni de pieds coupés.
Etienne Villemin,
cultivateur de Mandres-sur-Vair raconte lui que le troisième dimanche de carême
1787, il avait vu sortir de la maison de la veuve Arnould, un homme en chemise,
visiblement affolé, qui se sauvait en criant.
En
vendémiaire an XIII, le juge rouvre le dossier.
Il
réinterroge, le 14 vendémiaire (6 octobre 1804), les six inculpés.
François
Arnould :
Avez-vous
au cours de l’hiver de l’an VI logé pendant plusieurs jours, un nommé Michel
Huraux ?
« Non,
mais ma femme lui a donné l’hospitalité, il y a une douzaine d’années, alors
que j’étais absent. »
Le
juge lui parle de l’affaire rapportée par le père Briot et le sieur Nicolas
Moitessier. François répond :
« Non,
je n’ai jamais déposé de pieds et de mains dans une hotte. »
Le
juge rapporte les faits décrits par Jeanne Rose Emonet :
« Je
n’ai pas assassiné un étranger près du ruisseau. »
Et
le vol chez Phelisse, en 1785 ?
« Une
banale querelle avec un certain Jean Gilbert, de Grainvilliers. »
L’épouse
de François Arnould, Thérèse Hatier, n’est interrogée que
sur l’hospitalité donnée à Michel Huraux.
« Oui,
j’ai hébergé le Michel, mais il n’a pas été commis d’assassinat dans ma
maison. »
A
Sébastien Arnould, une seule question :
Avez-vous
commis deux assassinats, un près du ruisseau de Vittel et l’autre au domicile
de votre frère ?
La
réponse fut brève : « Non ».
Puis
c’est au tour de Joseph Arnould, de la veuve Arnould, Agnès Chassard,
et de Thérèse Arnould.
Même
question que précédemment.
Même
réponse également : « Non ».
Et
c’est tout !
Pas
de confrontation avec les accusateurs.
Aucune
enquête complémentaire.
Que
peut-on faire contre une réputation établie de longue date et que chacun
colporte ?
Que
peut-on faire contre des rumeurs ancrées depuis des années ?
............................... A suivre .............................
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