Le
matin venait juste de se lever au-dessus d’un petit village bien tranquille et
dont la plupart des habitants semblait encore dormir.
Toutefois,
deux passants, un homme et une femme, bien éveillés ceux-là, se rendant à leurs
occupations journalières se croisèrent sur une des petites places de ce petit
village.
Ils
avaient, d’ailleurs, stoppé, l’un et l’autre, devant une espèce d’engin, gros
cube de métal, bourdonnant comme une ruche.
Interloqués,
sans préambule de civilités, l’homme vêtu d’un costume cintré à carreaux et
coiffé d’une caquette du même tissu, lança en pointant son index vers l’objet
de son interrogation :
« Mais,
c’est quoi ce truc ? »
La
dame, en tailleur gris souris et chaussures à talon-aiguille, un petit sac en
bandoulière, légèrement effrayée, répondit
timidement :
« A
vrai dire, je n’en sais rien ! »
-
C’était là, hier ? renchérit le
monsieur en poussant en arrière sa casquette, découvrant une calvitie
naissante.
-
Je ne crois pas, répondit la dame dans
un souffle.
L’homme
frappa alors sur l’engin qui résonna comme une cloche, mais en moins
harmonieux.
« C’est
creux ! conclut-il, ayant minutieusement analysé la résonnance. Mais
n’importe qui en aurait jugé de même.
-
Il y a, peut-être, quelque choser
dedans, répondit, avec anxiété, la dame, mesurant, elle, le danger que
l’initiative de l’homme pouvait engendrer.
-
Peut-être..... , répondit l’homme,
perplexe.
Il
n’eut pas le temps de poursuivre sa phrase que jaillit de cet étrange engin, un
être plus étrange encore. De couleur indéfinissable, ressemblant quelque peu à
un humain, il portait sur le dessus du crâne une multitude d’ampoules et
d’antennes qui clignotaient. Un vrai juke-box !
Les
deux passants se reculèrent pris de terreur, en hurlant :
« C’est
quoi ça ? »
D’une
voix qui semblait venir de nulle part et surtout pas de la minuscule bouche
dont il était doté, cet étrange individu s’écria, si on pouvait dire, d’une
manière fort peu courtoise :
« C’est
pas fini, ce boucan ! On dort, nous là-dedans ! »
Sortirent
alors de ce même engin, deux autres êtres en tout point identique.
L’un
deux, sans aucun regard pour les deux terriens, lança en s’adressant à son
congénère :
« On
est où, là ?
A
quoi, il lui fut répondu par les deux autres :
« On
sait pas ! »
Le
passant, cherchant à comprendre, demanda :
« Vous
venez d’où ? »
A
cette question, ces personnages d’un autre monde répondirent, l’un après
l’autre :
-
Si on savait !
-
Cela fait des lustres qu’on est partis,
alors, on a oublié.
Le
troisième, celui qui semblait être leur chef, questionna :
« On
est où ? »
A
cette question, le passant s’empressa de renseigner ces naufragés de l’espace,
en indiquant fièrement :
« Sur
la terre !
-
La terre ! s’exclama le premier
homme de l’espace.
-
Mais, tu t’es planté, toi ! hurla
le second en regardant le troisième, assurément le chef, d’un air agressif.
-
Oui, on devait être sur Saturne, selon
tes calculs, renchérit le troisième.
-
Bah ! ça arrive à tout le monde de se tromper ! rétorqua sur
un ton d’excuse ce « chef » qui venait de perdre toute autorité et à
qui les deux autres lancèrent : « On fait quoi,
maintenant ? »
Les
deux humains avaient observé cette querelle extra-terrestre, se gardant bien
d’intervenir. On ne pouvait jamais prévoir
comment une dispute pouvait dégénérer,
d’autant plus lorsque celle-ci avait éclaté entre des êtres venus d’un
lieu indéterminé. Mais, devant le désarroi complet de ceux-ci, les deux humains
demandèrent timidement :
« On
peut vous aider ? »
Faisant
front aux deux terriens, les trois individus de l’espace, très énervés,
s’écrièrent d’un ton menaçant :
« A
vous ! Si votre terre n’existait pas, on ne serait pas dans la
mouise ! Alors, déguerpissez ! »
Devant
une telle attitude, il n’y avait plus rien à faire et les deux passants
s’éloignèrent.
La
femme proposa avec une grande sagesse :
«
Je crois qu’il vaut mieux les laisser entre eux ! »
L’homme,
rajustant sa casquette, acquiesça :
« Oui,
ils sont tombés des étoiles, ils trouveront bien le moyen d’y remonter. »
La
passante qui, un instant, avait eu des envies de voyages, rétorqua :
« Tout
ce que je peux dire, c’est que cela ne me donne pas envie d’aller sur leur
planète.
Le
passant soupira en hochant la tête, ce qui déplaça un petit peu sa casquette.
« Si
c’est pour les entendre se disputer, j’ai assez de mes voisins qui le font, en
hurlant, à longueur de temps.
-
Ah ! Vous aussi.... poursuivit la
dame, tout en marchant à petits pas vifs, à côté du passant....
Laissons
là, les deux passants bavarder tranquillement, tout en se rendant à leurs
occupations journalières.
Quant
aux hommes de l’espace, après de longues discussions, quelque peu orageuses,
ils reprirent leur envol dans leur engin spatial vers une destination encore et
toujours inconnue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.