Chapitre 2
La
vie reprit son cours.
Jean
Baptiste, ne pouvant pas s’occuper seul de son ménage, se remaria le 30 avril
1744.
Dans
la petite église de Villettes, les cloches qui, deux mois plus tôt, teintaient
lugubrement, carillonnaient à toute volée, annonçant au village entier, le
nouveau bonheur de Jean Baptiste Signol, uni en ce jour à Marie Marthe
Pelletier.
Et
des petits, le couple en eu une ribambelle !
Marie
Marguerite, le 19 janvier 1745. Mais, cette petite ne vécut que quinze jours.
Elle fut inhumée le 2 février 1745.
Un
dur moment où devant ce destin qui s’acharnait, Jean Baptiste crut à une
malédiction.
Toutefois,
Marie Marthe, d’une constitution robuste, se remit rapidement de ses couches.
Alors,
arrivèrent au foyer :
·
Baptiste, le 21 novembre 1746.
·
Michel, deux ans plus tard, le 22
octobre 1748.
·
Marie Véronique Victoire, une fille,
bien membrée, aussi robuste que ses frères, le 3 juillet 1851.
·
Jean Jacques Philippe, le 10 mars 1756.
·
Louis Germain, le petit dernier, le 21
mai 1758.
Cinq !
Quatre
garçons et une fille !
Une
fille, tout de même, qui combla son père qui en avait perdues deux dès leur
naissance.
Tous
les cinq participaient aux travaux de la ferme.
Pas
de fainéants !
La
soupe, ça se gagne !
Les
années passèrent.
Les
enfants se marièrent et quittèrent le nid.
Ainsi
va la vie !
-=-=-=-=-=-=-=-
A
présent, Jean Baptiste se déplaçait difficilement, mais cela ne l’empêchait pas
de faire son ouvrage, sauf qu’il lui fallait plus de temps.
Près
de lui, Marie Marthe Pelletier, en épouse attentive, supportait toujours les
bougonnements et les colères de son époux.
« Un
brave homme, tout de même », pensait-elle, en le regardant avec une
certaine tendresse.
Oui,
un brave homme qui, vieillissant, ne comprenait pas toutes ces rumeurs qui
affirmaient qu’un nouveau monde était en marche, que la vie allait changer, que
les terres étaient à ceux qui les cultivaient, et que tous ces « ci-devant
nobles » étaient des propre-à-rien et le roi un tyran.
Lui,
Jean Baptiste avait toujours travaillé et il en était fier.
Et
puis, à son âge, tout ça !............
« Des
révoltes, bah, j’en ai bin vues dans ma vie. Qu’est-ce que ça a changé ?
Rin ! Les pauvres sont toujours pauvres. Les riches plus riches
encore !
-
T’as rin compris, citoyen ! C’est
point une révolte qui disent, c’est une révolution, et ça c’est qu’qu’
chose !
Jean
Baptiste regarda ce blanc-bec qu’il avait vu quasiment naître et qui, il y
avait peu de temps, tétait encore sa mère. Et le voilà, qui à présent, lui
donnait du « citoyen » à tout-va !
Et
en plus, il osait lui dire, à lui Jean Baptiste Signol, qui en avait vu depuis
sa naissance et qui savait ce qu’était la vie, la vraie, celle que l’on gagne
durement à la sueur du front et à la force des bras, qu’il ne comprenait
rien !
Quel
culot !
Mais,
il dut admettre, le vieux Signol que c’était bien une révolution, car ces
jeunes ne respectaient plus les anciens. Ce monde avait effectivement perdu la
tête.
Il
ne croyait pas si bien penser, le pauvre
Jean Baptiste, qui raconta tout cela à son épouse le soir, devant son bol de
soupe.
Marie
Marthe Pelletier que tout cela dépassait, écoutait haussant les épaules en
signe d’impuissance.
« Que
veux-tu, mon pauvre homme, c’est la jeunesse d’aujourd’hui !
-
Citoyen ! T’imagines-toi ?
M’appeler ainsi. Tiens, bah maint’nant, j’ vas t’appeler citoyenne.
-
Tu sais, moi, j’ m’en moque un peu. Du
moment qu’ t’es là avec moi à manger la soupe !
-
Et ça parle, et ça discute, même le
curé, il a plus son mot à dire. L’église, à c’t heure, on y dit plus la messe,
non, on y discute et reçoit des ordres. Et puis y s’ font appeler « sans
culotte » ! T’imagine, toi ?
-
« Sans culotte » !
s’exclama Marie Marthe, c’est-y qu’ils vont cul à l’air ?
-
Bah non, ils portent des
pantalons !
-
Ah ! Et puis, si ça leur fait plaisir,
conclut Marie Marthe, mais, quand ils auront faim, tu verras, mon homme, comme
à chaque fois, i’ r’prendront la charrue,
va !
A suivre ...............................
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.