jeudi 23 août 2018

HISTOIRE DE VILLAGE - 1792 Villettes... dans l'Eure



Chapitre 2


La vie reprit son cours.
Jean Baptiste, ne pouvant pas s’occuper seul de son ménage, se remaria le 30 avril 1744.
Dans la petite église de Villettes, les cloches qui, deux mois plus tôt, teintaient lugubrement, carillonnaient à toute volée, annonçant au village entier, le nouveau bonheur de Jean Baptiste Signol, uni en ce jour à Marie Marthe Pelletier.
Et des petits, le couple en eu une ribambelle !
Marie Marguerite, le 19 janvier 1745. Mais, cette petite ne vécut que quinze jours. Elle fut inhumée le 2 février 1745.
Un dur moment où devant ce destin qui s’acharnait, Jean Baptiste crut à une malédiction.
Toutefois, Marie Marthe, d’une constitution robuste, se remit rapidement de ses couches.
Alors, arrivèrent au foyer :
·         Baptiste, le 21 novembre 1746.
·         Michel, deux ans plus tard, le 22 octobre 1748.
·         Marie Véronique Victoire, une fille, bien membrée, aussi robuste que ses frères, le 3 juillet 1851.
·         Jean Jacques Philippe, le 10 mars 1756.
·         Louis Germain, le petit dernier, le 21 mai 1758.
Cinq !
Quatre garçons et une fille !
Une fille, tout de même, qui combla son père qui en avait perdues deux dès leur naissance.
Tous les cinq participaient aux travaux de la ferme.
Pas de fainéants !
La soupe, ça se gagne !

Les années passèrent.
Les enfants se marièrent et quittèrent le nid.
Ainsi va la vie !

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A présent, Jean Baptiste se déplaçait difficilement, mais cela ne l’empêchait pas de faire son ouvrage, sauf qu’il lui fallait plus de temps.
Près de lui, Marie Marthe Pelletier, en épouse attentive, supportait toujours les bougonnements et les colères de son époux.

« Un brave homme, tout de même », pensait-elle, en le regardant avec une certaine tendresse.

Oui, un brave homme qui, vieillissant, ne comprenait pas toutes ces rumeurs qui affirmaient qu’un nouveau monde était en marche, que la vie allait changer, que les terres étaient à ceux qui les cultivaient, et que tous ces « ci-devant nobles » étaient des propre-à-rien et le roi un tyran.
Lui, Jean Baptiste avait toujours travaillé et il en était fier.
Et puis, à son âge, tout ça !............

« Des révoltes, bah, j’en ai bin vues dans ma vie. Qu’est-ce que ça a changé ? Rin ! Les pauvres sont toujours pauvres. Les riches plus riches encore !
-          T’as rin compris, citoyen ! C’est point une révolte qui disent, c’est une révolution, et ça c’est qu’qu’ chose !

Jean Baptiste regarda ce blanc-bec qu’il avait vu quasiment naître et qui, il y avait peu de temps, tétait encore sa mère. Et le voilà, qui à présent, lui donnait du « citoyen » à tout-va !
Et en plus, il osait lui dire, à lui Jean Baptiste Signol, qui en avait vu depuis sa naissance et qui savait ce qu’était la vie, la vraie, celle que l’on gagne durement à la sueur du front et à la force des bras, qu’il ne comprenait rien !
Quel culot !

Mais, il dut admettre, le vieux Signol que c’était bien une révolution, car ces jeunes ne respectaient plus les anciens. Ce monde avait effectivement perdu la tête.
Il ne  croyait pas si bien penser, le pauvre Jean Baptiste, qui raconta tout cela à son épouse le soir, devant son bol de soupe.
Marie Marthe Pelletier que tout cela dépassait, écoutait haussant les épaules en signe d’impuissance.
« Que veux-tu, mon pauvre homme, c’est la jeunesse d’aujourd’hui !
-          Citoyen ! T’imagines-toi ? M’appeler ainsi. Tiens, bah maint’nant, j’ vas t’appeler citoyenne.
-          Tu sais, moi, j’ m’en moque un peu. Du moment qu’ t’es là avec moi à manger la soupe !
-          Et ça parle, et ça discute, même le curé, il a plus son mot à dire. L’église, à c’t heure, on y dit plus la messe, non, on y discute et reçoit des ordres. Et puis y s’ font appeler « sans culotte » ! T’imagine, toi ?
-          « Sans culotte » ! s’exclama Marie Marthe, c’est-y qu’ils vont cul à l’air ?
-          Bah non, ils portent des pantalons !
-          Ah ! Et puis, si ça leur fait plaisir, conclut Marie Marthe, mais, quand ils auront faim, tu verras, mon homme, comme à chaque fois, i’  r’prendront la charrue, va !


A suivre ...............................


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