A l’eau ! A l’eau !
L’eau est précieuse. Sans elle, pas de vie possible.
Dans notre pays, aujourd’hui, il n’y a qu’à tourner le robinet pour
qu’elle jaillisse et coule à volonté.
Mais, il n’en a pas toujours été ainsi, car dans les villages de
campagne, l’eau n’est arrivée dans les maisons qu’après la Seconde Guerre
Mondiale.
Avant, elle était tirée à la pompe ou au puits.
Remontons encore le temps jusqu’à la fin du XIXème siècle
et arrêtons-nous sur le plateau du Neubourg.
Aucun cours d’eau.
Pour le ravitaillement en eau, pour les bêtes[1],
les gens, les besoins quotidiens et la lessive, des citernes, recueillant l’eau
pluviale, et des mares.
Des mares, justement, il y en avait, dans chaque village, un grand
nombre et de tailles différentes.
Des mares communes, certaines réservées aux bêtes, d’autres pour la
lessive, d’autres encore pour le quotidien de la population.
Des mares privées sur les terres des plus grosses propriétés, qui,
parfois, étaient mises à disposition par le propriétaire, à ses proches voisins.
Cette eau indispensable à tous devait être protégée de toute
pollution, aussi les maires prenaient les dispositions qui s’imposaient.
Pour preuve, ci-dessous, un arrêté municipal publié et affiché en
décembre 1892.
Police Municipale
Arrêté concernant l’écoulement
des eaux ménagères et des purins sur la voie publique.
...................
Considérant que les eaux
ménagères et les purins emportés par les eaux pluviales des dépôts de fumier,
boues et immondices formés dans les cours, salissent la voie publique et sort
entraînés dans les mares communes et particulières ; qu’il importe de
préserver les chemins et les mares, en général de l’influence insalubre de ces
divers écoulements, arrête :
Article 1
Il est interdit aux propriétaires ou
fermiers de la commune d’Ecquetot de laisser écouler hors de leurs propriétés
et sur la voie publique, les purins et en général les eaux sales.
Article 2
Les contraventions aux dispositions qui
précèdent seront constatées par des procès- verbaux et poursuivies conformément
aux lois.
Le présent arrêté sera publié et
affiché aux lieux accoutumés.
Fait à la mairie
d’Ecquetot, le 22 décembre 1892.
Les articles
de cet arrêté en disent long sur les fermes de cette époque.
Le tas de fumier qui trônait au milieu de la cour, non loin de la maison d’habitation et des bâtiments de la ferme. Ce fumier composé en grande partie de la paille souillée provenant des étables, sur lequel on venait déverser le contenu des seaux de nuit ou des pots de chambre et qui dégorgeait un liquide noirâtre et nauséabond dégoulinant sur le sol de terre battue jusqu’au chemin traversant le village.
Le tas de fumier qui trônait au milieu de la cour, non loin de la maison d’habitation et des bâtiments de la ferme. Ce fumier composé en grande partie de la paille souillée provenant des étables, sur lequel on venait déverser le contenu des seaux de nuit ou des pots de chambre et qui dégorgeait un liquide noirâtre et nauséabond dégoulinant sur le sol de terre battue jusqu’au chemin traversant le village.
Quel bouillon de culture grouillant de bactéries !
Quelle odeur alléchante !
Certes, c’était ainsi et personne n’y prêtait attention.
Oui, mais ces souillures, ingurgitées avec l’eau, provoquaient des
dysenteries, maladie responsable d’une mortalité importante, notamment chez les
jeunes enfants[2], les vieillards
et les personnes fragiles.
Monsieur le garde-champêtre, en poste à cette époque, eut donc la
charge de surveiller et de verbaliser......
Arrêté municipal trouvé
dans
les registres de
délibérations d’Ecquetot.
[1] J’ai
noté, intentionnellement, les bêtes avant les hommes, car dans mes fermes elles
étaient une priorité.
[2] En
effet, il n’était pas rare que le lait des biberons, par souci d’économie, soit
coupé avec l’eau puisée dans la mare.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.