Chapitre
3
Entre Ancien Régime et République, ce nouveau monde était bien fragile.
Chapitre 3
Mais,
les idées étaient tenaces et s’incrustèrent dans les esprits.
Les
citoyens se sentaient tous « frères » et demandaient à avoir, tous,
les mêmes droits.
« Liberté
– égalité – fraternité »
Ce
que Jean Baptiste Signol n’aurait jamais cru, c’était que ces idées avaient
aussi germé dans la tête de ses deux derniers fils, Jean Jacques Philippe et
Louis Germain.
Plusieurs
fois, des querelles avaient éclaté dans sa propre maison, notamment avec Jean
Jacques Philippe qui étaient le plus acharné.
« Sors
d’ chez-moi ! avait, un jour, crié le père, hors de lui, désignant d’un
doigt rageur et autoritaire, la porte de son logis. J’ suis encore maître chez
moi ! »
Dans
ces cas-là, de plus en plus fréquents, épouse et mère, Marie Marthe restait en
retrait, priant la Vierge avec ferveur pour que père et fils n’en viennent pas
aux mains.
Possédant
tous deux le même caractère fort, le même entêtement, ils s’étaient toujours
affrontés. Une rivalité d’hommes qui avait grandi avec les centimètres que
prenait chaque année Jean Jacques Philippe, qui, à présent, se sentait l’égal
du père, même si il le respectait.
Le
fils, Jean Jacques Philippe disait ne plus avoir d’ordre à recevoir. Il était
capable de mener seul sa vie. Et puis, que connaissait-il, ce père
vieillissant, aux désirs d’un peuple en mouvement vers la construction d’une
nouvelle société plus équitable.
Le
père, Jean Baptiste, voulant rester le patriarche de sa tribu, ne cédait
rien !
Marie
Marthe Pelletier vivait très mal la situation. Elle avait beaucoup de tendresse
pour cet homme avec qui elle avait passé de longues années, se soutenant l’un l’autre
pour affronter les écueils de la vie qui furent, hélas, trop nombreux. Elle se
sentait usée et souhaitait finir sa vie paisiblement. Mais, elle aimait ses
petits, devenus adultes, et peut-être plus particulièrement Jean Jacques
Philippe avec son caractère rebelle, mais rêveur, n’acceptant aucune
contrainte. Elle comprenait son besoin d’indépendance, de liberté d’autant plus
qu’étant née fille, elle avait dû sa vie durant obéir et se soumettre, malgré
cette envie, au fond d’elle-même, de ruer dans les brancards.
Cette
flamme-là, elle l’avait transmise à Jean Jacques Philippe. Elle se
reconnaissait en lui.
Oui,
la vie allait changer. Marie Marthe le sentait bien. Même si les femmes étaient
exclues de ces discussions d’hommes, elles en échangeaient entre elles, au marché,
au lavoir et au hasard d’une rencontre.
Oui,
une nouvelle ère était en marche, c’était une évidence, mais ce changement
n’apporterait sûrement pas que du bon. Marie Marthe en avait le pressentiment.
Que
pouvait-elle faire contre ça ?
Que
pouvait faire son époux ?
Rien,
ni lui, ni elle.
A
leur âge, ce n’était même pas la peine qu’ils usèrent leurs dernières forces
dans ce combat qui n’était pas le leur.
........ à suivre ......
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