Vengeance de sorcière - chapitre 4
Hurlements
et pleurs résonnèrent dans toutes les maisons le lendemain matin.
Une
agitation bien inaccoutumée !
Que
se passait-il donc ?
« Et
le vôtre aussi ? demanda une mère au bord de la crise de nerfs.
-
Tout à fait, mais lui, c’est une tomate,
répliqua une autre, en essuyant ses larmes avec le coin de son tablier.
-
Une tomate ! s’exclama la première,
le mien, c’est un poireau !
Toutes
les femmes du village s’étaient rassemblées sur la place du petit village. Ce
n’était que lamentations et incompréhensions.
« Et
la vôtre ?
-
Un chou-fleur !
-
Le mien, un haricot vert !
-
La mienne, une carotte !
-
Oh ! la mienne aussi, quelle
coïncidence !
Mais
de quoi parlaient-elles ? N’étaient-elles pas devenues folles, les unes et
les autres ?
Non,
pas du tout, à moins que les hommes du village ne le soient devenus aussi, car
ils avaient tous le même discours.
Les
plus âgés, interrogés sur ce phénomène, ne pouvaient que hocher la tête
d’impuissance. Jamais de mémoire d’anciens, ils n’avaient vu un tel fléau.
Alors,
ce fut à ce moment que les enfants sortirent à leur tour pour rejoindre leurs
parents. Ouah ! Mais quelle horreur !
Il
n’y avait qu’à leur visage qu’on pouvait les identifier, car leur corps, oh,
leur corps …….
Leur
corps avait pris l’apparence d’un légume. Oui, d’un légume !
Certains
ressemblaient à des carottes, d’autres à des haricots verts, d’autres encore à
des choux-fleurs ou encore à des tomates, et même à des citrouilles……
On
se serait cru en plein cauchemar, mais un cauchemar en plein éveil.
Les
enfants, d’habitude si agités, si
bruyants, si moqueurs ne disaient plus rien, encombrés qu’ils étaient dans leur
nouvelle apparence. Ils regardaient hagards leurs parents, cherchant auprès
d’eux un secours.
« Ce
sont assurément les sucreries de la sorcière, cria une mère hors d’elle,
portant dans ses bras un charmant petit radis qui devait avoir deux ou trois
ans.
-
Oui, je ne vois pas d’autre explication,
poursuivit une autre mère qui caressait les fanes d’une jolie petite carotte
qui pleurait à chaudes larmes.
-
Si la sorcière a jeté un sortilège sur
nos enfants, elle est la seule à pouvoir le défaire, dit avec justesse le
forgeron qui se félicitait, en cet instant, de n’avoir pas eu d’enfants.
-
Allons lui demander des comptes, et
immédiatement ! cria la matrone du village.
-
Oh, tout doux, s’interposa un vieillard,
si vous allez la voir en délégation tumultueuse, vous allez la braquer et vous
n’obtiendrez rien.
-
Alors, il ne faut rien faire ! Et
les enfants alors !
-
Il s’agit peut-être, dit une grand-mère
édentée, d’une petite leçon. Dans ce cas, le charme ne va pas durer. Attendons
un jour ou deux. Notre inaction va sûrement intriguer cette femme qui n’attend
sans doute que notre colère.
-
Alors, grand-mère, vous lui donnez
raison ! s’exclama un père devenu rouge écarlate sous l’effet de la
colère.
-
Non, loin de là, mais depuis toutes ses
années, elle est le point de mire des méchancetés de certains gamins, alors,
elle en a eu assez, voilà tout !
-
Oui, mais de là à ……., conclut une jeune fille qui, par chance, n’avait pas
succombé à la gourmandise.
Il
fut donc décidé d’attendre au moins une journée, et tous les enfants furent
regroupés dans la petite église qui devint en l’occasion un charmant jardin
potager que Monsieur le Curé arrosait d’eau bénite pour conjurer le mauvais
sort.
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