mercredi 7 février 2018

Surtout, ne prenez pas la mouche !



Jusqu’au XVIIème siècle le mot « mouche » ne désignait pas seulement l’insecte que nous connaissons aujourd’hui, mais une multitude d’insectes volant.

·         Dés 1213, « Mouche » désignait une abeille, nommée aussi, « mouche à miel ».
·         En 1552, la guêpe n’était autre que « la mousche guespe ».
·         En 1636, il y avait des « mousches aus boeufs » et des « mousches aux chevaus ». Aujourd’hui, un mot plus court désigne ces « mousches », il s’agit du taon.

Les bourdons, les frelons, les lucioles, les cousins et les éphémères n’étaient pas différenciés. Un seul terme, toujours celui de « mouche ».
Le scarabée était une « mouche cornue ».
La tique, elle, une mouche à chien.

Comme vous pouvez le constater, ce mot était très utilisé.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il se retrouve dans de nombreuses locutions.
En voici quelques exemples :

1350    -           « Prendre mouskes », devenue, en 1640, « Prendre la mouche » : s’énerver.
1485    -           « Quel mouche le point ? », qui en 1605 devint : « Quelle mouche l’a piqué ? »
1718    -           «  On prend plus de mouches avec le sucre qu’avec le vinaigre ».
Version modernisée : « On ne prend pas les mouches avec du vinaigre ».
1836    -           « On eut entendu voler une mouche »,  pour qualifier un silence absolu.
1844    -           « Ne pas faire de mal à une mouche », voilà ce qu’on dit de quelqu’un qui   
n’est pas capable de nuire.

L’écriture s’approprie aussi l’insecte dans :
1616    -           « Pieds de mouche », devenu en 1798 « pattes de mouche », pour une écriture
fine.

Et puis du sens propre, « mouche » passe au sens  figuré !
1486    -           « une fine mouche » est une personne astucieuse.
1867    -           Le petit bateau à vapeur voguant sur la Seine prit le nom de « bateau-                               mouche ».
1834    -           « Faire mouche », c’était atteindre le point noir, au centre d’une cible, avec un
projectile (balle ou flèche....)


Décidément ce mot est d’une richesse incroyable !

« Moucheter », par exemple, désigne de nombreuses petites taches, comme les chiures que cet insecte laisse sur son passage.
Très glamour !
D’ailleurs, après, il ne vous reste plus qu’à « démoucheter », ce « mouchetage » !

Un moucheron est une petite mouche.
Un gobe-mouches, reste souvent la bouche ouverte, sans bouger. C’est une personne crédule et naïve.

Et puis, ce souvenir d’enfance, le papier-tue-mouches, accroché à la suspension au-dessus de la table de la cuisine et sur le long ruban duquel venaient se coller, sans espoir de délivrance, les insectes vrombissants qui vrombissaient de moins en moins fortement englués qu’ils étaient parce que la gourmandise avait été plus forte que la prudence.


Attention !!
« Moucher », verbe intransitif, en usage de 1467 à la fin du XVIIème siècle se disait d’une personne qui « courait pour fuir les mouches ».

Rien à voir avec le verbe « moucher » issu de « mucus » !
Décidément, je persiste dans le « plus que glamour » !


Et pour finir, connaissez-vous un moucheur ?
Quel est donc ce « moucheur », devez-vous vous demander.
Je vous le donne en mille.
Un moucheur est un pêcheur qui n’utilise pas des vers, mais des mouches.
De ce fait, le verbe « moucher » désigne l’action de pêcher avec des mouches.
Nous pouvons donc dire :
Le moucheur mouche à la mouche. Fait-il mouche à chaque lancée de ligne ?


Bon, pour la part, je commence à avoir des mouches devant les yeux, aussi, je vais moucher la chandelle et m’envoler vers d’autres mots.

Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

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