Chapitre 2
Dans
sa cabane, la vieille dame attendait patiemment.
« Il
finira bien par se lasser, pensait-elle. Il le faudra bien, car moi, je
tiendrai bon. Pas question de déguerpir !
Un
matin, alors que les premiers rayons du
soleil pénétraient par la petite fenêtre de sa cabane, la vieille dame entendit
bourdonner. Elle aperçut une mouche, puis une autre, et encore une autre… et ce
fut par centaines qu’elles entraient à présent dans sa demeure. Plus le nombre augmentait,
plus le bruit devenait assourdissant.
Sortant
sur le pas de sa porte, la vieille dame poussa un cri d’effroi !
Le
lac était survolé de millions, et même plus d’ailleurs, de grosses mouches
noires au ventre aux reflets bleutés. Un nuage qui allait s’épaississant et qui
masquait, à présent, le ciel si clair quelques instants auparavant.
S’enveloppant
dans une couverture, la vielle dame attendit.
« Le
vieux cruel veut me faire peur. Mais, il n’y arrivera pas ! Il va se
lasser. Le sortilège ne durera pas plus longtemps que les autres. »
Mais
ce sortilège-là dura, dura, dura ……..
Les
mouches trop nombreuses finirent par devenir incontrôlables et envahirent même
le château. Cela aurait pu être drôle, si les insectes avaient quitté le
secteur du lac, mais il n’en était rien, ils étaient partout à présent.
La
vieille dame, emmitouflée dans sa couverture, se rendit au château et y trouva
le seigneur qui ne lui sembla plus si
haut et puissant, camouflé, lui, sous un drap. Ainsi protégé, on aurait pu le
prendre pour un fantôme.
« Je
ne partirai pas ! hurla la vieille dame afin que sa voix domine
l’incessant bourdonnement abrutissant des mouches. Alors, fais partir tout
cela. »
Elle
ponctua sa phrase d’un large mouvement
du bras, désignant le nuage noir des insectes volant autour d’eux.
Le
Seigneur baissa la tête. Il avait perdu toute arrogance. Il semblait même un
peu péteux, si je peux dire !
« C’est
que ….. balbutia-t-il. Je ne peux pas …..
-
Comment ça, tu ne peux pas ? hurla
de plus bel la vieille dame.
-
C’est que …. La page du livre,
permettant d’enlever le sortilège, a été déchirée !
La
vielle dame le regarda, un instant, l’air hébété, mais, elle reprit vite ses
esprits.
« Alors,
pas le choix ! »
Aussi
se mit- elle à murmurer quelques
incantations, incompréhensibles au commun des mortels, en regardant le seigneur
droit dans les yeux.
En
quelques instants, l’homme fut transformé en un gigantesque dragon aux pattes
palmées à qui la vieille dame lui ordonna :
« Va
au lac ! Tu le voulais ? Il est à toi ! Tu pourras y nager à
loisir. Et pour les mouches, elles te serviront de repas. Tu n’auras qu’à les
gober ! »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.