Xiao Ché Zhù trouva, au petit
matin, son grand-père sur sa couche, apaisé.
Il était seul, à présent. C’était
la réponse des Dieux qui avaient jugé que Xiao Ché Zhù pouvait s’assumer,
prendre sa destinée en main.
Mais, comment allait-il faire ?
Son grand-père, se pensant sans doute immortel, ne l’avait pas préparé à
affronter la vie.
Après avoir beaucoup pleuré Lao
Li, son grand-père. Après avoir prié, agenouillé devant l’autel des ancêtres,
il lui fallut penser à sa propre vie.
Etait-il capable de subvenir
lui-même à ses besoins ?
Il venait de prendre huit ans et
était loin d’avoir la force d’un adulte, mais avait-il le choix ?
Xiao Ché Zhù s’attela au travail de la rizière, mais il lui manquait
l’expérience et le savoir faire. De plus, étant très rêveur, il lui arrivait
souvent, très souvent, trop souvent, d’être distrait dans sa tâche par le
souffle parfumé du vent, le vol léger d’un papillon multicolore, le chant d’un
oiseau migrateur traversant le ciel, le vrombissement d’un insecte sous le
soleil. A cet instant, lui venait en tête, une kyrielle de mots et de chants,
inspiration rêveuse, qui le transportait loin, bien loin, hors de lui-même,
loin de la dure réalité de sa vie.
Un soir, alors qu’un rayon de
lune blafard filtrait à travers l’unique fenêtre de la cabane, éclairant
l’intérieur d’une grande pauvreté, Xiao Ché Zhù aperçut une grande malle
dissimulée sous l’autel des ancêtres.
Le cœur battant, le jeune garçon
s’en approcha, tout tremblant. Elle était couverte de poussière, preuve qu’elle
n’avait été ouverte depuis bien longtemps.
Que pouvait-elle contenir ?
Il hésitait à l’ouvrir. N’allait-il pas profaner
quelques secrets ancestraux ?
Après réflexion, il pensa, qu’à
présent, étant seul, il devait connaître tous les secrets ou trésors que
renfermait la demeure.
Il sourit à cette pensée.
Secrets ? Quels secrets
pouvaient exister au sein de sa famille ?
Trésors ? Quels trésors
pouvaient être cachés dans un si misérable endroit ?
Se jugeant suffisamment grand
pour affronter tous les secrets, même les plus insolites, que pouvait contenir cette malle, il
souleva doucement le couvercle.
La poussière qui s’envola alors, lui
chatouilla les narines et il ne put retenir un éternuement qui retentît,
amplifié, dans le silence de la nuit.
Sous le couvercle de bambou, Xiao
Ché Zhù découvrit un dragon en papier dont les couleurs avaient dû être vives,
quelques années auparavant. Ce devait être un cerf-volant. Le garçonnet avait
entendu parler de ces immenses figurines en papier et carton, maintenues avec
un lien, s’élevant dans les airs et qui, portées par le vent, dessinaient des
volutes sur le bleu du ciel.
Des concours, disait-on, étaient
organisés à la cour de L’Empereur de Chine.
Xiao Ché Zhù posa sa découverte
qui, visiblement n’était plus en capacité de prendre son envol, contre le mur,
bien droit. Ainsi positionné, le dragon représenté retrouvait sa fière allure originelle.
Qu’allait encore découvrir Xiao
Ché Zhù ?
Quelques vêtements minutieusement
pliés. Une tunique noire et un pantalon qui devaient avoir appartenu à son
père, car de grande taille, bien plus grande que celle du pauvre Lao Li. Le
temps et l’usure en avaient terni la couleur.
Il replia soigneusement ces
reliques paternelles, seuls liens affectifs à présent avec celui dont il ne se
remémorait ni le visage, ni le sourire et, surtout, plus la tendresse.
Dans une petite boite qu’il
ouvrit délicatement, apparurent un collier et un bracelet composés de petites
figurines de jade. Son cœur s’émut tout à coup. Cette parure avait, assurément, été portée par
sa mère.
En quelle occasion ce
cadeau lui avait-il été offert?
Etait-ce pour ses fiançailles
avec son père ? A l’occasion de leurs épousailles ?
Ou encore des bijoux de famille, passant
de génération en génération ?
Xiao Ché Zhù ne connaîtrait
jamais la réponse, mais devant ces bijoux, ses yeux brillèrent de mille feux.
Il imaginait sa mère, belle et radieuse, au côté de son père, ornée de ces
joyaux. Tous deux souriaient au petit garçon qu’il était. A leur petit garçon.
« Et dire, pensa-t-il, que
le jade est symbole de joie, de félicité et d’éternité. Si cela était vrai,
alors pourquoi mes parents sont-ils partis si jeunes ? »
Sa question posée à haute voix se
perdit dans la nuit. Pouvait-on donner une réponse aux décisions des
Dieux ? Il fallait simplement accepter, eux seuls décidaient du destin de
chacun.
Le garçon referma la boite avec
précaution et la posa sur la table basse près de lui.
Une autre boite se trouvait au
fond du coffre. Ouverte, celle-ci mit au jour quelques piécettes. Xiao Ché Zhù
les prit dans sa main, les soupesa. Sans savoir réellement compter, il comprit
que celles-ci lui permettraient de faire face pendant quelques temps. Elles
étaient enfilées sur une cordelette. Cela lui permit de les mettre en collier
autour de son cou. Cachées sous sa tunique, sa petite fortune serait ainsi à
l’abri des voleurs.
Un dernier coffret attendait au
fond de la malle. Plus haut, plus long aussi, il semblait recéler un autre
trésor.
Qu’allait découvrir le jeune
garçon ?
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