Le retour nous
parut bien long. Nous glissions, silencieux, sur une herbe qu’une petite pluie
fine avait rendue fraîche. Un léger brouillard flottait au-dessus du sol, masquant
nos coquilles, ne laissant émerger que nos paires de cornes.
La fatigue nous
gagnait, surtout Griotte qui peinait à chaque montée.
Lorsque nous
aperçûmes la grille de notre jardin, l’angoisse nous étreignit. Nous nous
regardâmes, anxieux.
« On ne s’est
peut-être pas aperçu de notre absence, dit Mégo en s’efforçant d’y croire.
-
Ça
m’étonnerait, lui répondis-je.
-
On
va se faire tuer ! poursuivit Mégo.
-
Oh !
fit Griotte, effrayée à cette idée.
-
Ne
dis pas de bêtises, répliquai-je pour rassurer Griotte, on va simplement se
faire punir.
Dans le jardin, en
effet, régnait une effervescence inaccoutumée. Tous les membres de la colonie
« couraient » en tous sens, oui « COURAIENT ». Ils
regardaient partout, sous les feuillages, sur les branches et même dans des
endroits impossibles.
Devant cette
agitation, nous stoppâmes notre marche.
Nous ne savions
pas encore que nous étions la cause de cet affolement général.
« Les
voilà ! cria soudain Costot
-
Où
vous étiez ? demanda Boullotte qui en raison des évènements s’était mise à
la diète.
-
Eh
bien, les copains, vous allez prendre une sacrée punition ! nous rassura
aussitôt Charlotte.
Puis se tournant
vers Griotte :
« Pour une
escargotte, je te trouve fort dévergondée. Partir comme ça avec des
escargots ! »
Enfin, relevant
ses cornes avec dédain, elle tourna coquille et s’en alla.
« Mon
petit ! Mon petit ! » ça,
c’était maman, soulagée après tant d’angoisses.
« Quel
garnement ! Il n’en fera jamais d’autre » - ça, c’était la maman de Mégo.
« Griotte,
mais quelle idée ! Enfin, tu es saine et sauve » - ça, c’était la maman de Griotte.
Le pire était à
venir !
Le pire arrivait,
là-bas, glissant lentement. Une coquille abîmée, une corne sectionnée :
l’Ancêtre ! Cascado !
Devant son air
sombre, tout était envisageable !
Cloués au sol,
pétrifiés, nous attendions.
Arrivés prés de
nous, il nous examina l’un après l’autre. Lorsqu’il ouvrit la bouche, ce fut
pour demander d’où nous venions.
Fier, Mégo, qui
n’en manquait pas une, lança : « De la forêt ! »
Un grand silence
plana. Puis quelques murmures.
« De la
forêt, et ils en sont revenus …. ?
-
Qu’ont-ils
vu…. ?
-
Et
la sorcière ….. ?
L’Ancêtre hochait
les cornes silencieusement.
« Griotte, ta
mise fait pitié ! Va faire un brin de toilette ! »
Griotte
rougissante de plus belle, d’autant plus que tous les regards se tournèrent
vers elle, se retira toute honteuse.
« Quant à
toi, Mégo, nous verrons cela plus tard. Pour l’instant, je ne veux plus te
voir, tu en as assez fait ! »
Sans demander son
reste, mon ami déguerpit au plus vite, à vitesse d’escargot, tout de même, sans
oser me jeter un regard.
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