Les
vacances touchaient à leur fin. Dans deux jours, ce serait le retour vers la
civilisation et Jeanne retrouverait ses copains et copines et pourrait, enfin,
pianoter sur le clavier de son portable, de nouveau connecté à un réseau.
Le
bonheur !
Jeanne
aurait dû ressentir une joie immense à cette perspective, mais il n’en était
rien.
Elle
était angoissée.
Jamais
contente !
Non,
ce n’était pas réellement cela.
Pour
être intéressant, pour être écouté, intégré, et surtout pour ne pas être
considéré comme « naze » par les autres, ceux de son âge, les ados,
il fallait avoir le dernier Smartphone, revêtir les vêtements de certaines
marques prestigieuses, donnant le statut adéquat pour adhérer à un groupe, et
avoir une vie hors du commun. En l’occurrence, en été, avoir passé des vacances
idylliques dans un coin paradisiaques et avoir vécu des moments
extraordinaires.
Pour
Jeanne, ce ne sera pas le cas ! Elle sera la risée du groupe. Elle sera
rejetée, à coup sûr. Elle redoutait donc de devoir affronter ceux qu’elle
appelait ses « amis ».
Bien
évidemment, elle pourrait toujours modifier la vérité.
Tiens,
par exemple. Elle pourrait annoncer qu’elle avait fait de l’humanitaire, dans
un coin reculé de la planète. Ce ne serait pas tout à fait faux. N’était-elle
pas venue avec sa mère, dans ce trou perdu, pour aider tante Adélaïde ?
Ou
encore ...... Oui !
Elle
avait participé à la reconstitution des moissons au Moyen-âge. Armée d’une
faucille, elle avait coupé le blé et
ensuite séparé les grains des épis à l’aide d’un fléau, sur une aire de
battage.
Pas
mal, la seconde idée ? Non ?
Pas
mal en effet, car Jeanne savait qu’aucun de ses amis n’irait vérifier où elle avait
passé l’été.
Toute
à ses pensées, peaufinant les détails de son mensonge afin de le rendre
convainquant et intéressant, la jeune fille n’entendit pas tante Adélaïde s’approcher d’elle. Elle sursauta
lorsqu’elle l’entendit lui dire :
« Il
y a quelqu’un qui vient te voir ! »
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