Fichu ! Vous avez
dit fichu ?
Ma grand-mère, que
vous commencez à bien connaître, par temps froid ou par grosse chaleur, se
mettait un fichu sur la tête.
Je sens votre
imagination frétiller !
Un fichu !
Ce mot vient de
« fiche » qui, vers 1190, désignait une épine ou une pointe.
En 1413, voilà le
« fichu » dans les vignes où, nommé également « pic de
fer », il servait à planter. Ce
« Fichu », depuis 1636, à garder ce dernier sens puisqu’il est à
présent une tige destinée à être enfoncée.
Je vous vois venir.
Mais non ! Pas du
tout ! Ma grand-mère ne s’enfonçait pas une tige de fer dans le
crâne !
Reprenons ce mot, en
ne gardant que la notion de « en pointe », car un fichu, par
extension désigne aussi une pièce d’étoffe en pointe, justement.
Ouf ! Vous avez
eu peur, hein ?
Mais ce n’est pas tout.
Reprenons « Fichu ».
En 1669, ce mot avait
aussi le sens de « mis à la hâte ».
Vous me suivez ?
Je récapitule :
Un fichu, pièce de
tissu en pointe que les femmes se mettaient sur la tête en le nouant soit sur
la nuque, soit sous le menton. Et surtout, obligatoire à cette époque, pour
entrer dans une église.
Un fichu pouvait donc
être fichu, c'est-à-dire mis à la hâte, car « fichu » avait aussi une
fonction d’adjectif qualificatif.
A partir de 1611,
lorsque cet adjectif était précédé de « bien » ou « mal »,
il s’attribuait à un état physique.
On pouvait alors être
« bien fichu » ou « mal fichu ».
« Bien
fichu », en super forme.
« Mal
fichu », patraque (en voilà encore un mot rigolo), pas bien du tout, malade.
Ma grand-mère disait
souvent (mais pas toujours en mettant son fichu) : « Je suis mal
fichue ! »
Enfant, je comprenais
que ça n’allait pas bien fort ! Mais je n’avais aucune idée de tout ce que
je viens de vous raconter.
J’en sais autant que
vous maintenant !
Attendez !
Si ma grand-mère se
coiffait d’un fichu, par forte chaleur, mon grand-père, lui, utilisait son
mouchoir auquel il faisait un nœud à chaque coin, avant de le poser sur sa
tête.
Le « mouchoir à
quat’ nœuds »
Petite
précision :
Il ne s’agissait pas
de mouchoir type Kleenex, mais de mouchoirs en tissu aussi larges que nos
torchons d’aujourd’hui.
Une autre époque où
l’apparence n’était pas essentielle, et où l’on faisait avec « les moyens
du bord » !
Pour cette petite
histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire
historique de la langue française » Le Robert.
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