Il était une
fois.......
Il était une fois une
fillette. Elle ne devait pas encore avoir quatre ans.
Vive espiègle,
remuante, épuisante même, car toujours en mouvements et curieuse de tout, elle
passait son temps à chantonner et se raconter des histoires.
Et quelles
histoires !
Compréhensibles pour
elle seule, car exprimées avec ses mots, ses mots de bambine qui n’intéressaient
pas plus que cela les adultes.
Dans la propriété
familiale, fort modeste, mais qui avait l’avantage d’être close de murs et
agrémentée de nombreuses petites dépendances, se dressait une maison en briques.
Propriétaire qui possédait également une cour et un jardin-potager.
L’ensemble avait une
superficie peu étendue, mais immense et riche en recoins pour la fillette qui
en avait fait son domaine de jeux et surtout de rêverie.
Tout endroit se
transformait en domaine féérique où son imagination jaillissait comme un
torrent de montagne.
Comme elle parlait
sans cesse, les adultes finissaient par ne plus faire attention à ses discours
devenus bruit de fond..... Les adultes, lorsqu’ils quittent l’enfance, oublient
vite l’enchantement de leurs premières années, trop occupés qu’ils sont aux
problèmes du quotidien et aux soucis de l’avenir.
Alors, cette fillette
allait parler aux animaux, car dans la propriété, il y avait, entre autres,
quelques lapins.
Malheureusement,
ceux-ci ne pouvaient s’évader de leur clapier, aussi, après une brève
conversation en leur donnant un peu de paille à grignoter au travers du
grillage, l’enfant trouvant l’entretien banal et tristounet, s’en allait
ailleurs en quête d’un autre interlocuteur, plus éloquent celui-là.
Une chance, il y avait
aussi Moussette, la chatte noire, plus disposée à écouter tout en surveillant
alentour, mine de rien, le discours incessant. Une auditrice docile qui pouvait
restait longtemps surtout si, en même temps, elle pouvait se chauffer au
soleil.
Une aubaine pour la
petite pipelette qui racontait, racontait, racontait.... tandis que la
chatte dirigeait ses oreilles en fonction des inflexions de la voix enfantine.
Bon public, Moussette,
devant cette actrice en herbe qui déclamait en faisant moult mimiques.
La chatte écoutait,
visiblement, elle comprenait tout ce babillage, toute cette mise en scène qui
aussi la berçait.
Cette petite fille
aimait aussi dessiner, gribouiller aurait dit les adultes qui ne voyaient pas
l’aspect créatif et artistique des chefs-d’œuvre illustrant à merveille les
histoires et chansonnettes inventées.
Ce jour-là, la bambine
fut appelée d’une voix impérative.
C’était la voix de
papa.
Innocemment,
docilement, elle s’approcha avec tout de même un peu d’anxiété.
La voix paternelle n’avait
pas la douceur accoutumée pour un petit câlin, mais la dureté des moments de
colère. Le regard paternel n’avait rien de chaleureux non plus. Il était noir
et dur !
L’index de papa,
dirigé vers le mur en brique, désignait des inscriptions, style hiéroglyphes,
dessinées à la craie !
« Qui a écrit sur
le mur ? » tonna la voix de papa.
La petite fille se dit
qu’il fallait faire attention à la réponse afin de ne pas attiser plus encore,
le courroux paternel.
« C’est
toi ? » demanda papa.
Médusée qu’elle était
la gamine. Elle sentait bien que la punition allait être exemplaire. Alors,
d’une petite voix, du haut de ses quatre ans à peine, elle répondit avec
aplomb !
« C’est
Moussette. C’est elle, je l’ai vue ! »
Devant ce qu’il
pressentait fortement être un mensonge, papa donna deux claques sur les fesses
de sa fille – une pour avoir écrit sur le mur, la seconde pour l’évident
mensonge – qui bien évidemment se mit à pleurer.
Après ces deux
claques, papa réitéra sa question qui reçut la même réponse.
Non, c’était Moussette
la coupable ! C’était la vérité !
Rien n’y fit. Ni la
grosse fessée qui suivit, ni les punitions.
L’enfant ne changea
rien à sa réponse.
C’était Moussette, un
point c’était tout.
Quelle imagination
tout de même ! Quelle petite menteuse entêtée !
C’était ce que papa
avait pensé et voilà pourquoi, il avait sévi.
Il n’avait pas dû
voir, papa, que Moussette s’était enfuie, pour se cacher. Cette fuite
n’était-elle pas la révélation de sa culpabilité ?
Non ! Jamais, à
aucun moment, il ne s’était dit, papa, que c’était évidemment Moussette qui
avait écrit et dessiné sur les briques du mur et que son adorable petite fille
n’avait pas menti.
Les parents sont
vraiment très obtus.
Des dizaines d’années
plus tard, cette histoire revenait sans cesse lors des réunions familiales.
Mais, Petite fille,
devenue adulte, n’avait jamais varié sa réponse, accusant toujours Moussette du
méfait qui n’était, tout compte fait, pas si grave que cela.
Une telle obstination,
si longtemps après, n’était-elle pas le signe de l’innocence, contre cette
injuste accusation ?
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