En ce 6 décembre
1851, dans la salle d’audience de la
cour d’assises de Rennes, comble en raison de l’importance des crimes
jugés, chacun espérait, en plus des frissons occasionnés par les révélations
des faits, connaitre les raisons de tous ces crimes.
La vie de cette
femme fut étalée dans ces moindres détails.
Ville
de Bubry - Morbihan
Hélène Jégado,
âgée de sept ans, fut placée chez M. Riallant, curé de Bubry. Ses tantes
travaillaient à cet endroit depuis plusieurs années. Elles avaient pris la
petite fille, en « apprentissage ». Elle resta à la même place plus
de vingt années.
Ville
de Guern – Morbihan.
Hélène entra, au
début de l’été 1833, au service du curé de la paroisse de Guern. Elle venait
remplacer sa sœur, Anne, qui avait trouvé une autre place.
Au presbytère, le
feu prit au lit de M. le recteur..... et puis, ce fut l’hécatombe.
Sept personnes
moururent entre le 28 juin et le 3 octobre.
Acte de décès
– 28 juin 1833 – Joseph le Drogo, père du curé.
L’an mil huit cent trente trois le
vingt huit du mois de juin à une heure après midi par devant nous.... sont
comparus Yves Lindevat age de quarante sept ans cultivateur domicilié au
village de Tirié en commune de Guern qui nous a dit être du défunt, gendre, et yves andré age de
trente ans menuisier domicilié au village du predigo commune de Guern qui nous
a dit être du defunt, ami et voisin, lesquels nous ont déclaré que ce jour à
midi Joseph Le drogo agé de soixante sept ans domicilié au bourg de Guern,
propriétaire époux de Guillemette Eveno et fils de feu jean et Jeanne le
Bourhise, né à Guern est décédé......
Acte de décès
– 4 juillet 1833 – Guillemette Eveno, épouse Le Drogo.
L’an mil huit cent trente trois le
cinq du mois de juillet six heures du matin sont comparus yves Lindevat agé de
quarante sept ans cultivateur demeurant au village de tirie en commune de Guern
qui nous a dit etre de la defunte, gendre, et yves andré age de trente ans
menuisier domicilié au Bourg communal de Guern lequel nous a dit être de la
defunte ami et voisin, lesquels nous ont déclaré que hier a dix heures du soir
Guillemette Eveno agé de soixante cinq ans menagere domiciliée au Bourg
communal de Guern veuve de joseph Le Drogo fille de Edouard et jeanne Le Pen
décédés née a Guern est decedée......
Acte de décès
– 17 juillet 1833 – Marie Louise Lindevat, sept ans, nièce du curé.
L’an mil huit cent trente trois le
dix sept juillet à six heures du soir par devant nous.... sont comparus Yves
Lindevat age de quarante sept ans cultivateur domicilié au village de tirie en
commune de Guern qui nous a dit être de la defunte, père, et yves andré age de
trente ans menuisier domicilié au bourg communal de Guern qui nous a dit être
de la defunte, ami et voisin lesquels nous ont declaré que ce jour à cinq
heures après midi, marie Louise Linderat, agée de sept ans domiciliée au Bourg
de Guern fille de Yves et de Louise Le Drogo née à Guern est decedée......
Acte de décès
– 23 août 1833 – Marguerite André, domestique.
L’an mil huit cent trente trois le
vingt trois août a trois heures du soir par devant nous.... sont comparus yves
andré agé de soixante cinq ans maçon domicilié au village de Locrio commune de
Guern qui nous a dit être de la defunte, père, et Joseph dilhuit agé de
soixante ans journalier domicilié au village de Crihec commune de Guern qui
nous a dit être de la defunte, Beau frère, lesquels nous ont déclaré que hier
au soir à onze heures marguerite andré agée de trente trois ans domestique
domiciliee au Bourg communal de Guern fille de yves et de Louise Lecadre née à
Guern est decedée......
Acte de décès
– 28 septembre 1833 – Françoise Auffret, domestique.
L’an mil huit cent trente trois le
deux octobre a dix heures du matin, par devant nous .... sont comparus mathurin
Lemarholec agé de trente huit ans journalier domicilié au Bourg communal de
Guern et Jean Auffret agé de cinquante cinq ans tisserand domicilié à Dieury
qui nous a dit être de la defunte, frère, lesquels nous ont déclaré que ce jour
a deux heures du matin françoise auffray menagere agé de quarante quatre ans
domicilié au Bourg communal de Guern epouse du sieur Mathurin Lemarholec fille
de alexandre et de magdeleine Riour née à Dieury est decedée....
Acte de décès
– 28 septembre 1833 – Joseph Le Drogo, curé.
L’an mil huit cent trente trois le
vingt huit septembre à dix heures du matin par devant nous..... sont comparus
Yves Lindevat cultivateur age de quarante sept ans domicilie au village de Tirie
en commune de Guern qui nous a dit etre du defunt, Beau frère, et yves andré
menuisier age de trente ans domicilié au bourg commune de Guern qui nous a dit
être du defunt ami et voisin lesquels nous ont declaré que ce jour a une heure
du matin Messire joseph Le Drogo au bourg communal de Guern, fils de feus
joseph et Guillemette Eveno né a Guern est decedé......
Anne, face au
nombre de malades, revint au presbytère afin d’aider sa sœur à les soigner.
Elle devait
succomber, elle aussi.
Acte de décès
- 7 octobre 1833 - Anne Jegado, sœur
d’Hélène.
L’an mil huit cent trente trois le
trois octobre à six heures du matin par devant nous..... sont comparus yves
andré âgé de trente ans menuisier domicilié au bourg communal de guern qui nous
a dit être du defunt ami et voisin et Louis Le Cau age de vingt huit ans
organiste domicilié au bourg de guern qui nous a dit être du defunt ami et
voisin lesquels nous ont declaré que ce jour a une heure du matin anne Jegado
age de quarante et un ans domestique domicilié au Bourg de Guern fille de Jean
et de anne Liscouet né à Plouhinec est décedée.......
Hélène décréta
que la forte émotion que le feu avait produit sur les habitants du lieu était
la cause de leur décès.
Quant au médecin, il diagnostiqua, une attaque de
Choléra Morbus. En effet, des taches violacées recouvraient le corps des
défunts. Et, de plus une épidémie avait décimé la population quelques mois plus
tôt.
Joseph Le Calm,
maire de Guern, vint témoigner à la barre, au procès de « la
Jegado », comme on disait.
« Je fréquentais le presbytère et
j’aimais la compagnie du recteur de Guern. Quand Hélène était servante chez Mr
Le Drogo, six personnes décédèrent, dont la sœur de l’accusée. Hélène témoigna
la plus vive douleur après chaque décès. L’autopsie de Monsieur Le Drogo, faite
par Monsieur Martel, révéla une inflammation considérable dans la région de
l’estomac. »
Monsieur Martel,
pharmacien à Guern, confirmation les propos du maire :
« J’ai vu les substances vomies par
Monsieur Le Drogo. Elles étaient bleuâtres ».
-=-=-=-=-=-=-
Ville
de Bubry – Morbihan.
Hélène, réputée
pour être une bonne cuisinière, ne tarda pas à retrouver du travail au
presbytère de Bubry, au service du Père Lhoro, recteur de la paroisse.
Là encore, la
mort frappa !
Acte de décès
– 20 janvier 1834 – Bubry - Marie Jeanne Lescouet, tante d’Hélène.
L’an mil huit cent trente quatre le
vingt et un janvier à dix heures du matin par devant nous...... se sont
présentés Joseph Le Danvic agé de vingt trois ans et Joseph Grandvalet agé de
trente sept ans laboureur demeurant au Bourg de Bubry. Les deux non parents à
la decedée – Les quels conformement à la certitude par nous acquise du present
decés nous ont declaré que hier soir à dix heures est decedée chez Monsieur
Lorho recteur demeurant au bourg de Bubry Marie Jeanne Lescouet agée de
soixante six ans celibataire fille de feux jean et de marie le Port dont acte
sous notre seing et celui du sieur Le Danvic, ledit Grandvalet ayant affirmé ne
savoir signer....
Acte de décès
- 18 avril 1834 -
Jeanne Marie Perrine Lorho, trente-quatre ans, nièce du curé.
L’an mil huit cent trente quatre le
dix huit avril à huit heures du matin par devant nous .... se sont presentés
joseph le Danric agé de vingt trois ans laboureur demeurant au bourg de Bubry
et joseph Grand Valet age de trente sept ans laboureur demeurant au Bourg de
Bubry, les deux non parents de la décédée, Lesquels conformement à la certitude
par nous acquise du present decés nous ont declaré que ce matin à trois heures est
decedée en sa demeure au presbytere de Bubry Jeanne Marie Perrine Lorho agée de
trente quatre ans celibataire native de Sarzeau fille de feu Jean et de perrine
le Ridant......
Acte de décès
- 6 mai 1834 – jeanne marie Kerfontain,
vingt ans, nièce du curé.
L’an mil huit cent trente quatre le
sept mai à neuf heures du matin par devant nous...... se sont presentés joseph
le Danric agé de vingt trois ans laboureur demeurant au bourg de Bubry et
joseph Grand Valet age de trente sept ans laboureur demeurant au Bourg de
Bubry, les deux non parents de la décédée, Lesquels conformement à la certitude
par nous acquise du present decés nous ont declaré qu’hier soir à huit heures
est decedée au presbytere de Bubry chez monsieur Lorho recteur Jeanne marie
Kerfontain agée de vingt ans native de Sarzeau fille de feus Joseph marie
michel et de marie vincente Lorho célibataire .....
Si le recteur
Lhoro avait lui aussi était malade par les « bons soins » d’Hélène,
aucun acte de décès à son nom dans les actes de la commune de Bubry.
Un témoin vint
déposer. Il se nommait Grandvalet et était sacristain à Bubry. Ne parlant que
le breton du Morbihan, la Justice alla quérir un interprète en la personne de
Monsieur Penbennic, surveillant général au Lycée de Rennes. Celui-ci prêta le
serment de ne révéler que ce que le
témoin dirait, sans aucune interprétation de son cru.
Voici ce que dit
Grandvallet :
« Je m’ rappelle avoir enterré, y a
dix-huit ou dix-neuf ans, la tante de l’accusée, la sœur et la nièce du
recteur, en très peu de temps. L’accusée confectionnait des tisanes
diverses.... »
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Ville de Locminé – Morbihan.
Locminé fut
l’étape suivante. Dans cette ville, Hélène entra au service de Marie Rivière,
veuve Le Boucher. Quatre jours après, celle-ci, ainsi que sa fille, Marie Perrine,
décédèrent. La mort se cachait dans la soupe aux herbes préparée par Hélène qui
se montra fort dévouée au chevet des malades, jusqu’à leur décès.
Pierre
Leboucher, le frère de Marie Perrine, âgé de neuf ans, fut malade lui aussi, mais
refusa les soins d’Hélène. Ce refus lui sauva la vie.
Acte de décès
– 28 décembre 1834 – Marie Rivière.
L’an mil huit cent trente quatre le
vingt huit du mois de décembre à dix heures du matin par devant nous .... sont
comparus Yves Le Delezir agé de vingt huit ans, Cloutier, et vincent Le Cerf
agé de soixante ans perruquier, les deux domiciliés en cette ville, le premier
beau fils et le second cousin de la decedée ; lesquels nous ont declaré
que ce jour à neuf heures du matin marie Rivière agee de cinquante deux ans
native de plumelin marchande fruitiere fille de feus melaine riviere et de
jeanne grand valet et veuve de Jean Colomban Le Boucher est decedée le dit jour
en son domicile situe rue du fil en cette ville.......
Acte de décès
– 8 janvier 1835 – Marie Perrine Le Boucher, quinze ans.
L’an mil huit cent trente cinq le
huit du mois de janvier à deux heures du soir par devant nous .... sont
comparus Yves Le Delezir agé de vingt huit ans, Cloutier, et vincent Le Cerf
agé de soixante ans perruquier les deux domiciliés en cette ville, le premier
beau frère et le second cousin de la decedée lesquels nous ont declaré que ce
jour à cinq heures du matin marie perrine Leboucher agée de quinze ans native
de cette ville lingere, fille de feus jean Colomban Le Boucher et marie riviere
est decedée ce dit jour en son domicile situé rue du fil en cette
ville............
Si l’époux de
Marie Rivière était décédé, ce n’était pas des œuvres de la demoiselle Jégado,
car il rendit son dernier soupir au début de l’année 1830. En voici la
preuve :
Acte de décès
– 25 février 1830 – Jean Colomban Le Boucher.
L’an mil huit cent trente le vingt
cinq du mois de février a neuf heures du matin par devant nous....sont comparus
jean Pierre Le Boucher age de cinquante un ans, tanneur et jean félix Borreaux
age de trente deux ans secretaire de la mairie, les deux demeurant séparement
en cette ville, le premier frere et le second voisin du decedé ; lesquels
nous ont déclaré que ce jour à cinq heures du matin Jean Colomban Le Boucher
agé de quarante six ans natif de cette ville, perruquier, fils de feus pierre
le Boucher et de Elizabeth nevoux et epoux de marie riviere est decedé ce dit
jour en sa demeure située rue du fil en cette ville ......
Jean Colomban Le
Boucher et Marie Rivière s’étaient unis le
19 janvier 1808 à Locminé.
Hélène quitta sa
place. Comme à chaque fois, elle se lamentait, disant :
« Je crains d’être acquise par la
rumeur publique de toutes ces morts. Partout où je vais, la mort me
suit. »
Elle se disait
maudite et que la mort s’était accrochée à ses pas.
Et pour cause,
la mort, c’était elle.
L’Ankou et sa
faux montée à l’envers, c’était elle.
Après le départ
d’Hélène, il fut retrouvé des substances qui paraissaient être du Kermès
minéral, du safran et une poudre blanche, environ dix grammes.
Ville
de Locminé
La mort suivit
Hélène dans sa nouvelle place, toujours dans la ville de Locminé.
Lorsque la veuve
Lorcy (on trouve aussi Torcy comme orthographe du nom) tomba malade, sa nièce,
Madame veuve Cadic vint à son chevet.
Monsieur
Toursaint, médecin à Locminé, fut appelé car les vomissements, accompagnés de
diarrhées et de violentes coliques duraient depuis trois jours. Le médecin,
loin de penser à un empoisonnement, et pourquoi y aurait-il pensé, diagnostiqua
une affection du pylore.
La pauvre femme
décéda le 28 décembre 1834.
Acte de décès
– décembre 1834 – Suzanne Le Roch veuve Lorcy.
L’an mil huit cent trente quatre le
trente du mois de decembre à trois heures du soir par devant nous.... sont
comparus mathurin gouriadec age de soixante huit ans tanneur et pierre le
bouhellec age de trente huit ans cordonnier les deux domiciliés en cette ville
et cousin de la decedée, lesquels nous ont declaré que ce jour à huit heures du
matin, suzanne Le Roch agee de quarante neuf ans native de cette ville
marchande caffetiere fille de feus joseph Le Roch et de suzanne Guyot et veuve
de marc Lorcy est decedé ce dit jour en son domicile situé rue des roues en cette ville.........
Ville de Locminé
Hélène Jégado
retrouva vite un emploi dans le foyer de la famille Toursaint, en mai 1835, où
elle poursuivit son action destructive, en toute impunité car, même si le
docteur Toursaint n’était pas sans ignorer les décès survenus dans la commune
de Locminé dans les lieux, précisément, où avait exercé sa nouvelle cuisinière,
jamais il n’eut de doute vis-à-vis d’elle.
Hélène
avait-elle l’apparence de la parfaite innocente ? Celle sur qui les
soupçons ne pouvaient peser ?
Pourtant, en peu
de temps, quatre décès au domicile même du docteur.
Acte de décès
– 12 juin 1835 – Anne Marie Perrine Eveno, domestique.
L’an mil huit cent trente cinq le
douze du mois de juin à quatre heures du soir par devant nous.... sont comparus
pierre augustin Eveno age de cinquante cinq ans cordonnier et armel Eveno age
de vingt neuf ans patissier, les deux domicilies en cette ville, le premier
père et le second frere de la decedée lesquels
nous ont declaré que ce jour a
huit heures du matin anne marie perrine Eveno agee de vingt cinq ans native de
cette ville, Domestique, fille du dit pierre augustin Eveno et de jeanne marie
Rouillé est decedée ce dit jour au domicile de monsieur Charles Nicolas
Toursaint adjoint de la mairie située rue des Rouës en cette ville......
Acte de décès
– 5 juillet 1835 – Charles Nicolas Toursaint, père du docteur Toursaint.
L’an mil huit cent trente cinq le
cinq du mois de juillet a dix heures du matin par devant nous ..... sont
comparus Victor Louis de Brossard age de trente un ans et alphonse Debroise agé
de vingt cinq ans les deux proprietaires domicilies en cette ville et neveux du
decedé lesquels nous ont declaré que ce jour a quatre heures du matin Mr
Charles nicolas Toursaint age de soixante cinq ans, natif de Paris negociant et
adjoint au maire de cette ville fils de feu charles Nicolas Toursaint et de
felicité ferrete et epoux de dame marie Celeste Debroise est decedé ce dit jour
en son domicile situé rue des Rouës en cette ville ......
Acte de décès
– Julie Marie Toursaint, sœur du docteur Toursaint.
L’an mil huit cent trente cinq le
vingt un du mois de juillet à cinq heures du soir par devant nous..... sont comparus victor louis de Brossard age de
trente un ans, proprietaire et frederic Julien Borreaux agé de trente six ans menuisier
les deux domicilies en cette ville, le premier cousin germain et le second
voisin de la decedée lesquels nous ont declaré que ce jour à deux heures du
soir Melle Julie marie Toursaint agee de vingt cinq ans, proprietaire native de
cette ville fille de feu Mr Charles Nicolas Toursaint et de Dame marie Céleste
Debroise est decedée ce dit jour au domicile de sa mere situé rue des rouës en
cette ville........
Acte de décès
- Marie Céleste Debroise, veuve Toursaint,
mère du docteur Toursaint.
L’an mil huit cent trente cinq le
trente et un du mois d’août à cinq heures du soir par devant nous...... sont
comparus pierre Charles Toursaint age de trente trois ans, docteur medecin et
jean felix borreaux age de trente sept ans secretaire de la mairie, les deux
domicilies en cette ville, le premier fils et le second voisin de la decedée
lesquels nous ont declaré que ce jour à trois heures du soir madame marie
celeste Debroise agee de soixante quatre ans native de cette ville epiciere fille de feu pierre jean Debroise et de
Louise marie richard et epouse de feu Charles nicolas Toursaint est decedée ce dit jour en son domicile situé
rue des roues en cette ville........
Monsieur
Houssin, médecin à Josselin fut appelé par Monsieur Toursaint pour l’assister
au chevet de sa sœur. La mort de celle-ci fut foudroyante, mais il n’avait, à
aucun moment, pensé à un empoisonnement.
Madame La Motte qui
prêta serment à la barre lors du procès d’Hélène dit avoir goûté le bouillon préparé pour la
demoiselle Julie Marie Toursaint par Hélène. Ce breuvage avait un goût très
amer, elle ne put l’avaler et le recracha.
-=-=-=-=-=-=-
Hélène était
pieuse. Elle se rendait régulièrement à l’église.
Confessait-elle
ses crimes, ceux que lui inspirait l’Ankou, avec qui elle parlait, la nuit,
seule dans sa chambre ?
En vieillissant,
elle était devenue moins coquette. On la disait même malpropre. On disait
qu’elle avait un faible pour « la bouteille », voire « le
tonneau », et qu’elle se servait souvent dans les caves des gens qu’elle servait.
-=-=-=-=-=-=-
Ville
de Auray – Hélène au couvent.
La commune
d’Auray possédait un couvent.
Ce couvent avait
été fondé par des Sœurs Franciscaines au début du XVIIème siècle sur
un terrain près des douves ouest de l’ancien château. En ce lieu austère, les
soeurs s’occupaient de l’éducation de jeunes filles.
Octobre 1792,
les sœurs furent chassées. Celles qui résistèrent furent emprisonnées.
En 1807, le curé
d’Auray, avec le soutien de Madame Molé, fit rouvrir le couvent pour y
installer les Sœurs de la Charité de Saint-Louis. Les sœurs ouvrirent un
atelier et une école, l’année suivante.
Ce fut dans la
chapelle du Père Eternel, que la Congrégation des frères de Ploërmel fut fondée
en 1820. Une cinquantaine de frères y prononcèrent leurs vœux.
Courant 1835, Hélène
fut embauchée dans ce couvent du
« Père Eternel » à Auray.
Elle qui
souhaitait occuper l’emploi de cuisinière ne fut employée que comme femme à
tout faire. La rage la prit à ce refus.
Que fit-elle
alors ?
Je vous le donne
en mille !!
Comme le
témoignèrent Sœur Anatasia et Perrine Bardouin, Hèlene eut un comportement
inadmissible.
Elle s’amusa à
découper les vêtements de nonnes, ainsi que draps et torchons...... De la charpie !
Elle vida les
seaux de nuit, et même ceux de jour, dans l’harmonium.... Quelle odeur !
Elle se vengea
en buvant, à plus soif, le vin de messe....... Quelle descente !
Je peux vous
affirmer qu’elle ne resta pas éternellement au couvent du Père Eternel !
Chassée, et il y
avait de quoi, avec perte et fracas ! Oust !! Dehors !!!
Hélène, elle,
affirma que si elle avait quitté le couvent c’était en raison de son âge. Elle
fut considérée trop âgée pour apprendre à lire et à écrire.
Malgré tout,
grâce aux sœurs, elle retrouva à se placer chez dame Anne Corvec (ou encore Le
Corvec), le 3 décembre 1835. Dame Corvec aurait mieux fait de s’abstenir, car
deux jours plus tard, elle gisait sur son lit, l’Ankou étant passé la faucher.
Acte de décès
– 5 décembre 1835 – Anne Corvec.
L’an mil huit cent trente cinq le
cinq décembre à trois heures et demi du soir, par devant nous commune
d’auray...... sont comparus Bayon pierre, perruquier, age de quarante neuf ans
et louis François Proux, agé de quarante trois ans cordonnier, les deux non
parents de la defunte demeurant à aunay lesquels nous ont declaré que Corvec
anne agee de soixante dix ans marchande, demeurant a auray née à Plomel,
morbihan, fille de feu Corvec mathurin et jeanne guillaume son épouse est
decedée ce jour cinq decembre a trois heures du soir en cette ville, en sa
demeure, rue du belzic n° 162 où nous
nous sommes transportés pour nous en assurer......
Hélène partit le
jour de l’enterrement, en disant, l’air atterré :
« Ah ! Je porte malheur ; les
maîtres meurent partout où je vais ! »
Marie Louise
Gallo, nièce de la défunte, affirma qu’Hélène se vantait de savoir faire une
soupe aux herbes. Ce fut après avoir mangé cette soupe d’herbes et d’oseille
que sa tante eut des malaises.
« Elle devint toute noire, dit Marie
Louise Gallo au juge. Elle fut prise de convulsions et mourut en quarante-huit
heure »
Nicole Le
Pérédic qui soigna, également, Anne Corvec, crut que celle-ci avait le choléra.
Les mains de la mourante étaient toute bleues.
Louise Clocher,
amie de la défunte, témoigna que le médecin lui avait dit que ce n’était qu’une
indigestion.
Foudroyante
l’indigestion !
-=-=-=-=-=-=-
Ville de Plumeret -
Marie Anne Le Fur, lingère à
Plumeret, eut, elle, beaucoup de chance.
Se plaignant de fort maux de
tête, Hélène lui prépara une tisane qui loin de l’apaiser lui procura des
malaises.
Hélène quitta son service
précipitamment.
Bon vent !
Une des amis de Marie Anne Le Fur
lui avait dit :
« Vous êtes bien heureuse d’en être quitte à si bon marché, la
fille Jegado est un monstre qui empoisonne. »
« De plus, avait précisé Anne Le Fur, ça jouait les dévote et ça
fréquentait les militaires de la garnison ! »
A ce témoignage, Hélène s’était
insurgée.
« Je n’ai jamais fréquenté de militaires. C’est une calomnie de
plus ! »
-=-=-=-=-=-=-
Ville de Auray –
Peu à peu, on
commença à jaser. Trop de morts sur le chemin de la Jevago. On ne la
soupçonnait pas vraiment, pas encore.... Mais, elle portait malheur, ça c’était
certain. Alors, valait mieux ne pas la faire entrer en sa demeure.
Quelques jours
après qu’Hélène soit entrée au service de la dame Hétel, le gendre de celle-ci,
André Le Doré, lors d’un repas, apprit
par le curé vicaire d’Auray, Joseph Ollivant, qui se trouvait près de lui, la manière dont la nouvelle servante de sa
belle-mère s’était conduite au couvent, ainsi que les morts successives qui
avait jalonné son service dans toutes les demeures où elle avait servi.
Quel palmarès,
en effet !
Après ces
révélations, André le Doré conseilla vivement à sa belle-mère, Madame
Hetel, de congédier au plus vite sa
nouvelle cuisinière. La cuisinière fut licenciée sans délai. Hélas, pour la
dame Hetel, elle avait déjà mangé le repas préparé juste avant le départ de son
employée......
Acte de décès – 16 février 1836 - Jeanne Perrine Lecloirec,
épouse Hetel.
L’an mil huit cent trente six le
seize fevrier a trois heures du soir..... sont comparus Messieurs Querrel Jean françois marie age de soixante ans
marchand et Cauzique jean joseph ange marie suppléant du juge de paix, les deux
non parent de la defunte demeurant séparement a auray lesquels nous ont declaré
que Dame Jeanne Perrine Le Cloirec agee de soixante ans Epouse de Monsieur
Louis marie hétel nee a Auray fille de feus Jacques hetel ** et Marie jacquette
Camenen est decedée ce jour a une heure du soir rue du château en cette ville
en sa demeure ....
** une erreur sur cet acte, le père de la défunte ne se nommait pas
Jacques Hetel, mais Jacques Le Cloirec.
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