Chaque matin, le petit monde des
lutins, sous la présidence du lutin chef du village, se réunissait dans la salle commune.
Cela faisait, à présent, trois jours que le lutin
postier était parti.
Avait-il rencontré la Fée des
Glaces ?
Rien ne le disait. Le froid était
toujours intense, bien que parfois le soleil brilla au-dessus des toits.
La neige fondait sous la chaleur
du soleil de plus en plus intense.
Sur l’herbe apparaissait, timidement,
quelques fleurs de couleurs pâles.
Puis le ciel déversait neiges et
grêlons.
« Le temps est détraqué, ce
n’est pas possible ! », pensaient les petits lutins attentifs au
moindre changement. « Nous passons de l’hiver au printemps plusieurs fois par jour. »
En effet, de mémoire d’anciens,
jamais pareille chose ne s’était produite.
Mais, il était vrai que la
passation de pouvoirs entre les deux fées se faisait dans le calme et, de ce
fait, le froid cessait immédiatement à la mi-mars pour voir s’installer un
temps radieux qui devenait de plus en plus chaud jusqu’à la fête d’été où la
Fée des Blés s’installait pour trois mois.
Au bout d’une semaine, une
expédition composée de quatre lutins sportifs fut entreprise pour essayer de
retrouver le lutin postier dont l’absence prolongée commençait à inquiéter la
communauté.
Le temps plus clément et leur
condition physique leur permirent d’accéder au sommet de la montagne en
seulement deux jours.
Ce fut là qu’ils trouvèrent le
lutin postier, enveloppé dans son duvet, exténué et presque sans vie. Ils le réchauffèrent et l’alimentèrent avant
de le redescendre au village.
Quelques jours plus tard, le
lutin postier, encore alité, regardait le soleil entrer dans sa chambre par la
fenêtre grande ouverte. Il avait repris des forces et passait pour un héros.
N’était-ce pas grâce à lui que le beau temps s’était installé ?
A vrai dire, personne ne le sut
vraiment, car le lutin postier ne se souvenait de rien, sauf peut-être de la
vision courroucée de la Fée des Glaces à
côté de celle paisible de la Fée des Fleurs, avant de les voir toutes deux
souriantes.
Mais le lutin postier n’avait-il
pas rêvé ?
Non, le petit lutin postier
n’avait pas rêvé car ....
La Fée des Glaces et la Fée des
Fleurs, lasses de s’affronter, avaient conclu une paix en bonne et due forme. Mais,
elles s’étaient tellement amusées en déchaînant les éléments, qu’elles
décidèrent de perpétuer, d’année en année, ces joutes météorologiques, devenues
fausses querelles.
C’est pourquoi, encore
aujourd’hui, à date anniversaire, nous devons subir des giboulées au mois de
mars.
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