dimanche 15 janvier 2017

LA LEGENDE DES GIBOULEES DE MARS - Chapitre 2

Leur premier réflexe fut de s’en prendre au pauvre lutin postier. Mais le lutin chef du village s’interposa.

« Il n’est plus temps de faire des reproches. D’ailleurs, c’est la première fois que le lutin postier égare une lettre depuis toutes ces décennies. Maintenant, il faut réfléchir, car la Fée des Glaces, d’un tempérament glacial et cinglant, doit se sentir offensée.
-      C’est à moi d’aller lui faire des excuses et lui expliquer que ce n’est pas un oubli, mais un égarement de courrier, renchérit le lutin postier.
-      Etant donné sa froideur légendaire et bien réelle, dit un petit lutin présent, je ne suis pas sûr qu’elle accepte cette explication.
-      Alors, c’est la mort de notre village, dit un autre lutin, avec ce temps, nous ne pourrons pas faire de récoltes et nos réserves sont presque épuisées.
-      Attendez ! reprit le lutin chef de village. Le seul qui peut, en effet, expliquer la situation est le lutin postier puisqu’il était chargé de l’expédition des courriers.

Le pauvre lutin postier en était convaincu. Si il y avait des excuses à formuler, c’était bien à lui que revenait cette mission.
Il s’habilla alors chaudement, mit quelques réserves dans son sac et prit le chemin de la montagne de glace qui surplombait le petit village et où vivait la Fée des Glaces.


De son palais fleuri, la Fée des Fleurs assistait à ce colloque, désolée de la tournure des évènements. Elle connaissait bien la Fée des Glaces et mesurait sa force,  car elle pouvait déchaîner tous les éléments. Elle  craignait que  sa colère fasse tomber sur le petit village froidure,  vents cinglants, neiges abondantes...... 
Elle se promit de faire de son mieux pour adoucir l’épreuve qui attendait le monde des petits lutins.


Faisant face à un vent qui tournoyait violemment, le petit lutin postier avait grand-peine à avancer. Les rafales venteuses lui fouettaient le visage et lui coupaient le souffle. Malgré ses vêtements chauds, il sentait à travers eux la morsure glaciale. Bien que chaussé de grosses bottes, ses pieds étaient gelés.
Combien de temps devrait-il marcher ainsi ? Il ne le savait, ignorant totalement où se situait l’entrée du palais de glace.

Lorsque le vent se calma un peu, la neige tomba en flocons minuscules et cinglants, avant de se transformer en flocons légers et joufflus.

Epuisé, le lutin postier chercha un abri pour passer la nuit. Il découvrit un endroit entre deux rochers. S’enroulant dans un duvet, il finit par trouver le sommeil.

A son réveil, le ciel dégagé laissait passer quelques pâles rayons de soleil qui éclataient en blancheur éblouissante  sur l’étendue neigeuse. Cette chaleur réchauffa, un peu, le pauvre lutin qui regarda vers le sommet de la montagne afin de mesurer la distance qui lui restait à parcourir.


Déprimé par l’ampleur de ce qu’il était obligé d’accomplir, il se mit à pleurer. Levant la tête vers la montagne, il cria :
« Désolé ! Je suis désolé Fée des Glaces ! Je vous demande pardon ! »

Mais seul l’écho lui répondit :  « Pardon, pardon, pardon …… »



Ajustant sa capuche, protégeant le bas de son visage avec son écharpe, il attrapa son sac. Avant de reprendre sa route, il jeta un regard vers le village. Perdu dans un épais brouillard, celui-ci n’était pas visible.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.