1783
– C’EST REPARTI
Carnet Rose
10 janvier 1783
Le 6 de ce mois, Madame la comtesse d’Artois est accouchée
heureusement d’une Princesse, que le Roi a nommé Mademoiselle d’Angoulême.
Mademoiselle
d’Angoulême naquit, en effet, le 6 janvier 1783, à Versailles.
Elle
décèda le 22 juin de la même année, à Choisy-le-Roy.
Ses
parents :
·
Son père, Charles Philippe, petit-fils
de Louis XV et fils du Dauphin Louis Ferdinand et de Marie Josèphe de Saxe,
Comte d’Artois
·
Sa mère, Marie-Thérèse de Savoie.
Ils
s’étaient unis le 16 novembre 1773.
Elle
fut le quatrième et dernier enfant du couple. Avant elle, étaient nés :
·
Louis Antoine d’Artois (1775-1844)
·
Sophie d’Artois (1776 – 1783)
·
Charles Ferdinand d’Artois (1778 – 1820)
Le
comte d’Artois, son père, fut roi de France sous le nom de Charles X de 1824 à
1830.
Faut vraiment être « tordu » !
31 Janvier 1783
On mande de Paris le 25 Décembre,
qu’un procès bien extraordinaire fait diversion dans cette ville aux affaires
générales. Voici le fait. Il y a environ 15 ans qu’un particulier chargé de
dettes acheta un cadavre ; & ayant joué le malade, il s’esquiva subtilement,
laissant dans sa chambre fermée & dans son lit ce cadavre. Il fut visité
dans un état de putréfaction, qui ne permis pas de douter que ce ne fut le
particulier évadé ; il fut enterré sous son nom, tandis qu’il passoit
lui-même aux Indes Orientales. La femme de cet homme s’est mariée en secondes
noces, & a des enfans (sic) de son second mari. Il y a environ trois mois
que le premier est revenu avec une fortune considérable ; il s’est
présenté à ses créanciers qu’il a satisfaits, & à ses amis qui l’ont
reconnu. Enfin, après avoir découvert la demeure de sa femme, il est allé la
visiter, & sa femme l’a reconnu aussi : bientôt après, le second
mari, informé de cet événement (sic),
d’accord même, dit-on, avec son épouse, a accusé le revenant de supposition de
personne, & la femme refuse de retourner au premier mari. Telle est la
nature d’une cause célebre (sic) que vont plaider trois Avocats distingués de
cette Capitale.
Je
n’ai rien trouvé concernant le jugement, aussi je ne peux vous dire si
l’épouse, bigame, a vu son second mariage annulé et si elle a dû reprendre la
vie commune avec ce mari qui l’avait, toutefois, abandonnée pour aller
lâchement se cacher, pour ne pas affronter ses créanciers.
Un coup de foudre fatal !
28 février 1783
On écrit d’Alençon, que le Dimanche
9 Février, pendant la messe, le tonnerre est tombé sur l’Eglise de la paroisse
de la Lande, dépendante de l’Election de Verneuil, située à quatre lieues de
Verneuil & à cinq de Mortagne. L’Eglise fut aussi-tôt (sic) remplie d’une
fumée très-épaisse (sic) & d’une odeur sulphureuse (sic). L’effet de la
foudre fut si violent, que tous les assistans (sic), soit debout, soit assis,
furent renversés, sans qu’on se soit aperçu qu’aucun d’eux eût été
particulièrement frappé du tonnerre. Le Curé qui officioit auroit été également
renversé, s’il ne se fut soutenu en s’accrochant à l’autel. Le fumée s’étant
dissipée & les assistans (sic) étant revenus de leur effroi, plusieurs
d’entr’eux (sic) s’aperçurent qu’ils s’étoient faits dans leur chûte (sic) des
contusions, dont heureusement aucune n’étoient dangereuse. Cet évènement si
rare dans cette saison, n’avoit été funeste qu’à un seul homme qui étoit resté
mort sur la place. Comme on n’a trouvé sur son cadavre aucune impression de la foudre, on a jugé qu’il avoit été
suffoqué par la vapeur qui s’étoit répandue dans l’Eglise. Cet orage qui n’a eu
que ce seul accident, s’est fait sentir à Alençon, où, la nuit du 8 au 9, on a
entendu plusieurs coups de tonnerre.
Un
petit tour dans les archives en ligne.... La Lande sur Eure....... et
voilà !
L’an mil sept cents quatre vingt
trois le neuf fevrier Jean claude galleran menuisier de la paroisse de
marchainville est mort dans cette eglise pendant la sainte messe par le tonnere
tombé sur le clocher muni néanmoins des sacrements et le lendemain son corps a
été inhumé dans la cimetiere de cette paroisse par nous curé de marchainville.......
Quelle
histoire ! La foudre dans l’église avec nuage de fumée, pire qu’en
enfer !.... le curé renversé cul par-dessus tête, s’accrochant à
l’autel !..... Et le pauvre paroissien qui meurt d’un coup de foudre ou
plutôt d’une crise cardiaque due à la peur......
J’imagine
la panique dans ce lieu saint, les cris d’épouvantes et la stupeur de découvrir
une victime.
Bien
des années après, les anciens devaient encore raconter l’événement à leurs
petits-enfants.
Charité !
7 mars 1783
On ne connoit peut-être pas assez à
Rouen l’utilité de l’institution des classes de travail, érigées dans le
Cimetière de S. Maclou, en faveur des enfants des pauvres.
Depuis l’année 1762 jusqu’à l’année
1781 inclusivement, il a été filé par ces enfants 71641 liv. 1 quart de coton
en laine, dont le travail leur a produit de gain, pour la seule main-d’œuvre,
la laine payée, la somme de 260873 liv. 16 f. 3 d. ; ce qui a versé dans
les maisons d’une partie des Pauvres de la Paroisse plus de 13000 liv. année
commune.
Il est bon de remarquer que la
moitié des enfants, qui travaillent dans cette Communauté, seroient demeurés
oisifs sans cette institution, ou par leur mauvaise volonté propre, ou par la
négligence des parents ; il y a donc eu chaque année, pour la classe
indigente, un lucre positif de six ou sept mille livres, qui, sans cet
établissement, n’auroient point existé.
Le montant des ouvrages ne paroîtra
peut-être pas considérable ; mais on doit faire attention, 1°. Qu’il n’y a
habituellement qu’une centaine d’enfants qui travaillent, le local ne
permettant pas d’en recevoir un plus grand nombre : 2°. Que pour leur bien
être, on leur permet de sortir pendant le cours de l’année pour s’appliquer à
quelqu’autre (sic) occupation, s’il s’en
présente de plus lucrative pour eux.
Cet
article m’a envoyée dans les pages du roman de Dickens, Oliver Twist qui fut
placé, bien malgré lui, dans un dépôt de mendicité dans lequel étaient
organisés divers ateliers où se trouvaient d’autres enfants, certains orphelins
comme lui, d’autres mendiants, d’autres déclarés « mauvais sujets ».
Ces ateliers ressemblaient plutôt à des bagnes où les enfants étaient plus que
malmenés.
.....Il n’y avait pas un quart
d’heure qu’Olivier avait franchi le seuil du dépôt de mendicité, et il avait à
peine fini de faire disparaître un second 25 morceau de pain, quand M. Bumble,
qui l’avait confié aux soins d’une vieille femme, revint lui dire que c’était
jour de conseil et que le conseil le mandait. Olivier, qui n’avait pas une idée
précise de ce que c’était qu’un conseil, fut fort étonné à cette nouvelle, ne
sachant pas trop s’il devait rire ou pleurer ; du reste, il n’eut pas le temps
de faire de longues réflexions : M. Bumble lui donna un petit coup de canne sur
la tête pour le rendre attentif, un autre sur le dos pour le rendre alerte, lui
ordonna de le suivre, et le conduisit dans une grande pièce badigeonnée de
blanc, où huit ou dix gros messieurs siégeaient autour d’une table, au bout de
laquelle un monsieur d’une belle corpulence, au visage rond et rouge, était
assis dans un fauteuil plus élevé que les autres. « Saluez le conseil », dit
Bumble. Olivier essuya deux ou trois larmes qui roulaient dans ses yeux, et
salua la table du conseil .........
...... « C’est bien, dit le
président à mine rubiconde ; vous êtes ici pour votre éducation et pour
apprendre un métier utile. – Aussi, demain matin à six heures vous commencerez
à éplucher de l’étoupe », dit le bourru au gilet blanc. Faire éplucher de
l’étoupe à Olivier, c’était combiner ensemble d’une manière très simple les
deux bienfaits qu’on lui accordait ; il reconnut l’un et l’autre par un profond
salut à l’instigation du bedeau, puis on l’emmena dans une grande salle de
l’hospice, où, sur un lit bien dur, il s’endormit en sanglotant : preuve
éclatante de la douceur des lois de notre heureux pays, qui n’empêchent pas les
pauvres de dormir ! Pauvre Olivier ! Endormi dans l’heureuse ignorance de ce qui
se passait autour de lui, il ne songeait guère que ce jour-là même le conseil
venait de prendre une décision qui devait exercer sur sa destinée ultérieure
une influence irrésistible : mais la décision était prise ; et voici quelle
elle était. Les membres du conseil d’administration étaient des hommes pleins
de sagesse et d’une philosophie profonde : en fixant leur attention sur le
dépôt de mendicité, ils avaient découvert tout à coup ce que des esprits
vulgaires n’eussent jamais aperçu, que les pauvres s’y plaisaient ! C’était
pour les classes pauvres un séjour plein d’agrément, une taverne où l’on
n’avait rien à payer, où l’on avait toute l’année le déjeuner, le dîner, le thé
et le souper ; c’était un véritable Élysée de briques et de mortier, où l’on n’avait
qu’à jouir sans travailler.....
.......ils accordèrent trois
légères rations de gruau clair par jour, un oignon deux fois par semaine, et la
moitié d’un petit pain le dimanche......
Etait-ce ce genre d’atelier qui se situait à St
Maclou ?
Je n’ai rien pu découvrir pour vous l’affirmer,
mais c’est probable. Toutefois, il est mentionné que les personnes fréquentant
cet atelier recevaient une rémunération. Si au détour de mes lectures quelques
précisions surgissent à ce sujet, je vous en ferai part, bien évidemment.
L’existence d’une école est mentionnée en ce
lieu, mais bien avant 1783.
A vendre !
14 mars 1783
A vendre une jolie Roture, située à
S. Aubin d’Ymare, près S. Aubin la Campagne, à 2 lieues & demie de Rouen,
dans une belle position ; consistante en masure de 9 acres & demie,
bien plantée d’arbres fruitiers, de 25 à 30 ans ; tous les fossés plantés
de jeunes plants de haute-futaie, maison de Fermier, dont moitié en brique,
& tous les bâtiments nécessaires en bon état, une citerne qui contient 3 à
400 muids d’eau, 80 acres de terres,
tant en labour que bois-taillis. Une autre petite Ferme vis-à-vis, bien
plantée, composée d’une maison de Maitre, cour d’honneur, jardin, & tous
batiments (sic) nécessaires, bâtis en brique : ce bien releva de MM. Les
Abbés de S. Ouen de Rouen, & produit 2400 livres sans les soumissions.
S’ad. A MM. Ricquier, Lambert & Decaen, Notaires.
Il
s’agit sans doute de Saint-Aubin-Celloville qui se trouve près d’Ymare.
Une
« jolie roture », c'est-à-dire une propriété non noble, ce qui ne
veut pas dire « minable » !
9
acres et demie, plantés d’arbres
fruitiers, ce qui équivaut à une surface de
494 ares, soit 49 400 m².
Pas négligeable !
80
acres de terres labourables et bois taillis, soit 416 000 m².
Une
citerne de 400 muids d’eau. Le muid de Paris au XVIIIème siècle
correspond à 1.824 m3.
Petit
calcul : 400 X 1.824 = 730 m3
Y-a-t-il
preneur ?
Humour anglais !
14 mars 1783
Anecdote
Georges II, Roi d’Angleterre, étoit
contrarié par ses Ministres pour la nomination d’un Vice-Roi d’Irlande. Ils insistoient
pour que le Roi préférât le Lord Harrington au Duc de Dorsett que Georges eût
beaucoup mieux aimé. Il s’étoit levé avec dépit de la table du Conseil &
avoit passé dans sa chambre, laissant les Ministres dans le plus grand
embarras, car il n’avoit point porté de décision. Enfin, voyant que sa Majesté
ne revenoit point, ils lui députèrent le Lord Chesterfield, comptant sur les
ressources de son esprit pour calmer l’agitation du Monarque, & pour
obtenir ce qu’ils désiroient. Chesterfield ouvre tout doucement la porte &
s’approche d’un air très-respectueux du fauteuil où le Prince s’étoit jetté
(sic). « Je suis chargé, dit-il, Sire, de savoir dequel (sic) nom Votre
Majesté veut qu’on remplisse le blanc laissé sur la patente. – Mettez-y le
diable, répond le Roi en colere (sic). – Mais, Sire, répond d’un ton sérieux le
Ministre, il sera donc qualifié, le féal & amé Cousin de Votre
Majesté. » Georges II éclata de rire & la paix fut faite.
J’avoue,
à ma triste honte, ne pas connaitre réellement l’histoire de
l’Angleterre, en dehors des grandes lignes, bien sûr.
Ce
que je peux vous affirmer, c’est qu’il ne s’agit pas de George II, car ce roi
avait rendu l’âme le 25 octobre 1760.
Bonne
déduction ? Non ?
Il
est donc question de son fils, George
William Frederick, né le 4 juin 1738 et décédé le 29 janvier 1820. Il
régna sous le titre de George III de 1760, année du décès de son père à 1820,
année de son propre décès, mais une régence fut votée en 1810 en raison de
l’état de santé mentale du monarque. En effet à la fin de l’année 1811, en état de démence, il vécut isolé dans le
château de Windsor.
Ses
deux fils, George IV et Guillaume IV, morts sans descendance, laissèrent le
trône à la seule enfant légitime du duc de
Kent, Victoria.
Le
seul Lord Harrington que j’ai découvert, vivant dans la période de l’article ci-dessus,
est Charles Stanhope, troisième conte du nom, né le 17 mars 1753 et décédé le 5
septembre 1829.
Et
le Duc de Dorsett, troisième du nom,
dont il est question, se nommait John Frederick Sackville. Né le 24 mars
1745, il était le seul fils de Lord John Philip Sackville. Il fut ambassadeur
de France de décembre 1783 jusqu’à la Révolution Française de 1789. Il regagna
alors l’Angleterre, le 8 août 1789, où il décéda le 19 juillet 1799.
Il
aurait été réputé pour son amour du sport : cricket, billard et tennis.
Juste
un petit aperçu !
Promis,
je me plonge dans l’histoire du Royaume Uni !
On cherche des fonds
28 mars 1783
Des personnes se proposent pour
conduire une Fabrique d’Indienne, sans qu’il fut besoin de Dessinateurs, de
Graveurs, de Coloristes, Imprimeur en chef, Teinturiers, ni garanceurs ;
ils voudroient trouver quelqu’un qui eût des fonds pour former une
Société ; ils travaillent sur fil, fil & coton, coton, Ververette,
velours, draps de laine, étoffe de soie, coutils, &c. En bon & petit
teint & des plus belles couleurs ; ils donneront preuve de leurs
conduites & talents avant tout arrangement. S’adresser au Sieur Petiton,
cour du palais.
L’indienne est
un tissu peint ou imprimé initialement
importé des comptoirs des Indes avant d’être fabriqué en Europe entre le XVIIème
et XIXème siècle.
L’indienne
est généralement dans les tons de rouge, teinture obtenue avec la racine de la
garance.
Un
garanceur est un ouvrier qui « garance » les étoffes, c'est-à-dire
qu’il les teint avec un extrait de la garance, plante de la famille des
herbacées. La garance donne la couleur rouge.
Manufacture !
28 mars 1783
L’on demande dans une des belles
Manufactures de Rouen, & bien établie, une commandite à qui on assureroit
sept & demi pour cent, exempt de toutes pertes : comme il faut un
Commis dans la Manufacture, on pourroit le prendre au choix du Commanditaire,
pour qu’il soit plus sûr de ses mises, & pour lui rendre compte tous les
mois de la gestion de ladite Manufacture ; l’on offre donner, avan (sic)
que de conclure, toutes les connoissances (sic) nécessaires ; l’on
désireroit qu’il y eût un dépôt chez le Commanditaire pour y verser les
marchandises provenantes (sic)) d’icelle ; la commandite pourroit convenir
à un Négociant qui tire les cotons de l’Etranger, en ce qu’il en faut dans la
Manufacture pour 60000 liv. & même plus : le Commanditaire tireroit
encore son bénéfice pour la vente desdits cotons en laine. La Manufacture
appartient au demandeur, & peut en outre fournir au moins 2000 mille de
rente dans Rouen pour la caution du Commanditaire. S’ad. Au bureau des
annonces.
Les
manufactures commencent à fleurir un peu partout, rassemblant tous les métiers
du textile en un seul et unique lieu, permettant gain de temps et surtout
d’argent !
Au
cours des décennies qui vont suivre, les campagnes vont être peu à peu
désertées. Le travail.... c’est à la ville ! Aussi, laissant espace et
grand air, une population ne pouvant plus subvenir à leurs besoins en
travaillant la terre, s’entassera dans des logements vétustes et insalubres,
grossissant la classe indigente.
Le bout du nez du curé..... Pirouette
cacahouète !
4 avril 1783
On a vu bien des exemples
singuliers des effets du tonnerre ; mais peu de comparables à celui-ci.
Il est un usage consacré dans le Diocèse
de Limoges, que les Fiançailles entre des futurs époux doivent se célébrer en
face de l’Eglise. Le 15 de Janvier, au moment où on alloit procéder à une
cérémonie de cette espece (sic), le tonnerre, en tombant dans l’Eglise
Paroissiale emporta le bout du nez du Curé, & fit disparoître (sic) le
cierge & le rituel de ses mains, sans qu’on pût en découvrir le moindre
vestige. Une partie des assistans (sic) furent renversés de frayeur, les autres
prirent la fuite ; mais cet événement n’a pas eu de suites plus funestes.
Mauvais
ou bon présage !
Je
n’ai malheureusement pas pu retrouver le nom des fiancés.
Le
curé a-t-il, tout de même, donné les sacrements, le nez en sang, avec un beau
pansement ?
Orages !
6 juin 1783
On mande de Ratisbonne, que près du
petit village de Schwabelweiss, situé sur le bord du Danube, on a observé le 12
de ce mois, à deux heures après midi, un phénomène très-singulier (sic), dont
une des Gazettes de ladite ville nous donne aujourd’hui la premiere (sic)
nouvelle. Le ciel étoit serein, l’air calme, la chaleur très-forte, & les
habitans (sic) du lieu travailloient aux champs ou tiroient des pierres dans le
voisinage. Tout-à-coup, du sein d’une montagne qui est à sept cents pas du
village, & qui du pied jusqu’au sommet est couverte de rochers, il se fit
entendre un bruit si épouvantable, que chacun crut que cette montagne alloit se
fendre & s’écrouler. Ce premier bruit fut suivi d’un éclair semblable à un
coup de tonnerre, qui obligea les ouvriers de quitter leur travail, &
quatre minutes après on entendit au même endroit un second coup qui imitoit
l’explosion de plusieurs canons ; enfin, après cinq autres minutes, on en
entendit un troisieme (sic), mais il n’étoit ni si fort ni si effrayant que les
deux premiers. Un vent impétueux traversa alors avec rapidité, d’orient en
occident, le bois touffu dont le haut de la montagne est couvert. Des gens qui
ramassoient des feuilles d’arbres, tomberent (sic) de frayeur, & les arbres
sembloient devoir être entiérement (sic) déracinés. Ce tourbillon dura trois
minutes, après quoi tout fut tranquille : on ne voyoit au ciel que
quelques nuages légers épars çà et là, qui étoient poussés doucement de
l’occident à l’orient, & qui se dissiperent (sic) enfin au-dessus du bois.
Le 15, vers midi, il y a eu un
orage très-long, accompagné d’une pluie considérable, & l’on a remarqué en
plusieurs endroits, soit dans la ville, soit aux environs, que cette pluie
étoit mêlée d’une poudre jaunâtre, qui étant séchée, avoit entiérement (sic) la
couleur du soufre : on en voyoit encore des traces deux jours après.
Le
fait s’est produit exactement à une lieue de Ratistonne, ville allemande sur le
bord du Danube, à 90 kilomètre de Nuremberg et à 105 kilomètres de Munich.
Schwabelweis se situe sur la rive gauche du Danube.
Une
odeur de soufre ! Voilà qui est diabolique !
Cet
article, pour vous prouver que les intempéries ont été de tous temps, et
surtout par mauvais temps !
Avis de recherche
13 juin 1783
On désire connoître (sic) des
parents de Charles Ricard, fils de Charles, & d’Anne d’Oligny, de la
paroisse de Carville-sur-la-Folletiere, absent depuis 1752. Il a épousé en
premiere noce Marguerite-Louise le Baillif, de Rouen ; en seconde, la
veuve de Jean-Baptiste Leblond de Dieppe. A son dernier contrat de mariage, on
y lit les signatures d’un Noël Saudegrain, 3 signatures de Jean Morel, une de Marie-Anne le Baillif,
& une derniere (sic) de Marie-Anne Morel. Sa seconde femme auroit des
choses importantes à lui communiquer. S’ad. A Rouen, à M. Doury, Procureur au
Parlement, rue Bouvreuil : ou à Dieppe, à M. Petit, Procureur au Bailliage
d’Arques, portail S. Jacques.
Charles
Ricard était originaire de Carville sur la Folletière, commune de Seine
Maritime entre Barentin et Yvetot.
Je
n’ai rien découvert sur ce Charles Ricard....... Pourtant, j’avais des
informations, mais pas de lieu après 1752.......
J’espère
que cette épouse a pu joindre son époux grâce à cet article, surtout si ce
qu’elle avait à lui communiquer était très urgent.
Hercule !
18 juillet 1783
Le
sieur Louis Porte, surnommé Hercule par le Roi, est arrivé en cette
ville ; il donnera Mardi la premiere (sic) représentation de ses tours de
force, au nombre de 40, dans l’un desquels il portera seize hommes en
équilibre sur la plante de ses pieds. C’est à l’ancienne Salle des Spectacles.
Cet
homme, malgré sa force prodigieuse, n’a laissé aucune trace dans
l’histoire !
J’espère
qu’il a, de son vivant, profité pleinement des largesses du roi.
Islande
25 juillet 1783
Un navigateur vient de découvrir
une nouvelle Isle, sortie du fond de la mer ; il en fixe la position à
huit milles des rochers les plus avancés d’Islande, appelés les rochers aux
Oiseaux ; à six milles de distance il en vit s’élever une fumée épaisse ;
il s’en approcha à un demi-mille & en fit le tour. Il vit par-tout (sic) la
mer couverte de pierres ponces qui surnageoient ; la sonde lui fit trouver
fond par 44 brasses Ouest-sud-ouest de Reykenoes, & rapporta en la retirant
des morceaux de charbon de terre. S’étant approché des rochers aux oiseaux, il
n’y remarqua point de changemens (sic). Les habitans (sic) d’Islande lui ont
dit qu’ils n’avoient essuyé aucun tremblement de terre ; ils avoient
observé seulement vers pâques, quelque chose qui leur paroissoit brûler dans la
mer au Sud de Grindebourg.
Concernant
l’Islande, le « Petit Robert » nous dit :
« Emergence d’un
vaste massif balsamique sous-marin, l’Islande est constituée par un plateau
soulevé en son centre. Les glaciers couvrent une surface de 13 000 Km².
Les volcans, dont certains sont encore en activité, sont particulièrement
nombreux dans le sud de l’île. Ils
produisent des sources d’eau chaude qui constituent une ressource économique
importante. »
J’ai
découvert également qu’au cours de la seconde partie du XVIIIème
siècle, ce pays fut secoué par de nombreuses catastrophes naturelles. La plus
importante fut l’éruption des Lakagigar (les cratères du Laki) qui commença au
printemps 1783, entrainant de fortes coulées de laves et dégageant des gaz
toxiques. Faune et fleurs disparurent abondamment, ce qui provoqua une famine
sans précédent. Il fut annoncé le chiffre de 10 000 personnes décédées
cette année-là.
En
Islande, les tremblements de terre se poursuivirent tout au long de l’année
1784.
Tremblements de terre et tsunamis
15
août 1783
On a reçu ici de la Chine les
détails affligeants du désastre de l’Isle de Formose. C’est ainsi qu’on les
raconte.
« Au mois de mai de l’année
derniere (sic), la mer s’éleva sur les côtes de la Chine à une hauteur
démesurée, & couvrit entiérement (sic), pendant 8 heures l’Isle Formose, de
manière (sic) que la plus grande partie de ses malheureux a péri, & que la
mer en se retirant, n’a fait, de la plupart des habitations, qu’un monceau de
décombres. C’est M. Bertin, Ministre d’Etat, qui a reçu ce récit affligeant ; on sait qu’il
a une correspondance suivie avec les Missionnaires établis dans cet Empire,
& jusques dans le palais de l’Empereur. A la lettre qui lui a été envoyée,
est jointe une relation, en Italien, de ce terrible évènement, fait, dit-on,
par l’Empereur lui-même, qu’on se propose d’envoyer à l’Académie des
Inscriptions, & qui alors sera traduite & rendue publique. L’Empereur a
voulu juger par lui-même du désastre qu’une partie de ses sujets venoit
d’éprouver ; & en parcourant les provinces Orientales de son Empire,
il a eu encore la douleur de voir son peuple en proie aux vevations (sic) de
quelques Mandarins ; il en a fait justice, en faisant couper plus de 300
têtes ».
Huit millions d’habitans (sic), car
c’est à ce nombre qu’on porte ceux de Formose, paroîtront une population bien
extraordinaire pour une Isle à laquelle les relations les plus accréditées
donnent 130 à 140 lieues de circuit ; mais quand il n’y auroit eu que la
moitié, & d’après les calculs les plus modernes, il devoit y avoir ce
nombre : c’est une terrible catastrophe que celle-là. Il est inutile de
rappeller (sic) que les Chinois étoient les seuls maîtres de l’Isle depuis
qu’ils en avoient chassé les Hollandois en 1661.
L’île
de Formose porte, à présent, le nom de Taiwan.
·
1590 Découverte
de l’île par les Portugais qui la nommèrent « iiha Formosa », la belle île.
·
1624 – 1642 Occupation de l’île par les Hollandais.
·
1683 l’ouest
de l’île est annexé à la Chine.
·
1860 L’île s’ouvre aux Occidentaux
·
1895 L’île
déclare son indépendance
Dans un autre document j’ai découvert ce qui
suit concernant Formose :
En
1783, il résulte qu’à la suite d’éruption des feux souterains la mer s’est
élevée à une hauteur tout à fait extraordinaire sur les cotes de Chine et que
l’ile entière a été submergée pendant
plusieurs jours : qu’ensuite les eaux se sont retirées sans laisser la
moindre trace ni des hommes ni des quadrupedes.
Cette année 1783 fut remarquable en raison des
nombreux tremblements de terre sur toute la planète, comme par exemple à
Messine où la ville fut détruite faisant 60 000 victimes.
Orage meurtrier
15 août 1873
Un particulier du village de
Montmort, élection d’Epernay, occupé, le 30 juillet, avec deux de ses enfants,
à récolter sa moisson, fut écrasé & emporté par la foudre à plus de vingt
pas de la voiture sur laquelle il étoit monté pour recevoir les gerbes qu’un de
ses enfants lui donnoit. La voiture, presque chargée, devint en un instant la
proie des flammes : deux chevaux qui y étoient attelés, furent tués, un
troisieme (sic) attaché derriere (sic) la voiture est resté si effrayé, qu’il
n’est pas possible de le mettre au travail. Ces malheureux enfants, dans
l’embarras d’achever leur récolte, faute de chevaux & d’argent, se
rendirent à Epernay pour demander des secours à leurs parents. Ceux-ci ne
pouvant leur en procurer à l’instant, s’adresserent (sic) à une personne dont
les qualités bienfaisantes leur étoient connues. Cette personne,
quoiqu’étrangere (sic), leur fit remettre aussi-tôt (sic) dix louis, & leur
recommanda de ne point la nommer. Un tel acte d’humanité exercé envers des
enfants qui chérissoient leur père (sic), à cause des exemples de probité qu’il
leur donnoit, mérite une reconnoissance (sic) publique.
Montmort :
commune de la Saône et Loire.
Aucun décès dans la paroisse de Montmort, fin
juillet ou début août. Je ne peux donc pas vous donner le nom du défunt.
Quant au bienfaiteur, étant donné qu’il a demandé à garder l’anonymat, je me vois donc
contrainte à la discrétion.
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