mercredi 3 janvier 2018

HISTOIRE DE VILLAGE - La P'tiote



« Vous avez pas vu la P’tiote ? demandait Thérèse, à chacun de ses voisins, courant de maison en maison, tout en pestant intérieurement, «  Sacrée gamine ! Ell’ peut point rester en place ! »
En effet, sa petite Thérèse Euphrasie qui, à présent, avait pris de l’assurance sur ses petites jambes n’avait qu’une envie, celle de découvrir le monde ! Et il y en avait des choses à voir !
Alors, elle grimpait partout, agile comme un écureuil, parcourait des distances incroyables pour son âge, ne laissant aucun répit à sa mère qui avait pourtant bien de l’ouvrage à faire, sans être en plus, obligée de surveiller cette enfant qui n’en faisait qu’à sa tête et que rien n’arrêtait.
Mais, en chaque lieu où elle se renseignait, Thérèse recevait la même réponse :
« Non, la P’tiote, on l’a point vue ! »

Thérèse Austreberthe, la P’tiote, comme on l’appelait, était la troisième fille du couple Le Rond. Enfin, elle était la seule fille de Thérèse Morice, qui l’avait eue de son mariage avec François Rond qui, lui, avait deux filles d’un précédent mariage.

Des épousailles qu’elle n’aurait jamais imaginées, même dans ses rêves les plus fous.
Des épousailles qui furent l’aboutissement d’une suite de circonstances.
Des épousailles dont la genèse débuta par une bien triste histoire. 

François Le Rond avait épousé, le 24 septembre 1791, à Saint-Aubin-d’Ecrosville, une jolie jeune femme, Marie Rose Lainé qui était comme l’on disait alors, « en position avantageuse ».
De fait, un bébé arriva..... deux mois après !!
Quatre années plus tard, alors que l’accouchement de leur premier bébé s’était passé sans problème, la délivrance du second nourrisson fut plus ardue et la jeune maman, après être restée alitée plusieurs semaines, vint à décéder. Le bébé n’avait alors que deux mois.
C’était malheureusement fréquent. Beaucoup de femmes mouraient en couches ou des suites de celles-ci.

Le pauvre veuf se trouva seul avec, à charge, deux petites :
·         Rose Elisabeth Dorothée, âgée de quatre ans et demi.
·         Aimée Rose Euphrasie, âgée de deux mois.
Devant travailler, il lui était impossible de prendre soin de ses enfants.
Il aurait pu les mettre en nourrice, mais, il ne se résignait pas à les voir s’éloigner de son foyer.
Thérèse Morice qui avait passé la trentaine, n’espérait plus se marier, ni avoir d’enfant. Par l’intermédiaire de sa voisine dont le mari était un ami de Jacques Le Rond, le frère de François, elle trouva là l’opportunité de pouvoir pouponner. Aussi accepta-t-elle de s’occuper des enfants lorsque leur père était absent.

Thérèse s’occupait aussi du ménage et François n’avait qu’à se mettre les pieds sous la table lorsqu’il rentrait  le soir, harassé par sa journée de travail.
Tout était prêt !
Tout était propre !
Les petites étaient endormies.
Alors, Thérèse rentrait chez ses parents pour aider aux tâches ménagères et prendre un peu de repos.

On ne trouvait rien à redire dans la commune de Saint-Aubin-d’Ecrosville.
On louait même le dévouement de Thérèse.
Jusqu’au jour où ..........

Privée, trop jeune, de sa maman, la petite Aimée Rose Euphrasie ne poussait pas bien. Elle perdait du poids et criait sans cesse.
François, désemparé par les cris du nourrisson tout au long de la nuit, alors qu’il avait besoin de sommeil, eut de nouveau recours à Thérèse.
Pouvait-elle rester la nuit ?
Elle pourrait ainsi calmer l’enfant et lui donner un biberon supplémentaire afin qu’il reprenne du poids. Il y avait une remise, contigüe à la masure. François proposa d’y aménager une paillasse, pour lui.
-           Tu peux dormir dans mon lit, près des enfants, précisa François. 

Thérèse accepta. Pour le bien des petites. Sans arrière-pensée.

En raison de cet arrangement, on commença à jaser !
N’était-ce pas inconcevable  de vivre, ainsi, sans être mariés ?

On jasa encore plus lorsque Thérèse alla rincer, au lavoir, les chemises et caleçons de François.
« Mais ce s’rait-y pas qu’i’ s’rait intimes à c’ point ? » s’exclamèrent des voix grinçantes et critiques. »

Le scandale éclata lorsqu’un dimanche matin, une voisine vit Thérèse, en chemise, cheveux défaits, ouvrir les volets de la chambre de François.
« Comm’ j’ vous l’ dit ! lança la voisine après avoir raconté à une autre voisine incrédule ce qu’elle venait de voir. Et ainsi de suite .....
« C’est-y pas possible ?
-          Et dans l’ lit d’ la défunte, en plus !
-          C’est honteux, moi, j’ vous dis !

Ce jour-là, personne n’avait vu François sortir, en s’étirant, de la remise.
Bien sûr, il était plus croustillant d’imaginer que le jeune homme était encore lascivement étendu, nu comme un ver, dans le lit encore chaud de leurs ébats, d’où venait de s’extraire Thérèse.
Pourtant, la vérité était tout autre, Thérèse avait passé toute la nuit précédente à bercer la petite Aimée Rose Euphrasie qui braillait à plein poumons.

Mais cela, on ne voulait pas le savoir.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que la vérité n’avait rien de scandaleux et qu’elle n’apportait aucune possibilité de médire.

Depuis lors, sur son passage, Thérèse entendait des chuchotements proférés avec des regards en coin.
On la jugeait, car évidemment, elle avait détourné le pauvre veuf éploré.
Et puis quelques sarcasmes fusèrent :
« A son âge ! Penser encore à la gaudriole !
-          Elle a le feu sous l’ jupon, ma foi !
-          Aucun respect pour la Rose qu’est au cimetière !
-          Elle doit se r’tourner dans sa tombe, la pauvre !
-          Et d’vant les p’tites ! Quelle misère !

Eh oui ! On ne peut empêcher les mauvaises langues de déverser leur venin.
Faire ressortir les défauts et méfaits des autres atténue ceux des médisantes qui, elles, bien sûr, n’auraient pas fait cela !
Bah voyons !
Mais, en secret, beaucoup de ces femmes auraient bien aimé être à la place de Thérèse.
François n’avait pas encore trente ans et il avait une bien belle tournure.
Mais, chut ! N’allez surtout pas divulguer cette réflexion !

Bien qu’étant innocente de toute accusation, Thérèse se sentait mal à l’aise, fautive même.

Un soir, alors que François venait de rentrer et avait pris place à table, Thérèse retira son tablier et alla le suspendre à un clou près de la cheminée.
« Tu v’as déjà t’ coucher ? demanda François entre deux cuillérées de soupe.
-          Non, j’ rent’ chez moi !

François la regarda l’air étonné :
« Et pourquoi donc ?
- C’est qu’on jase dans l’ village. On m’ regarde de travers comm’ si j’étais un voleur de grand ch’min.
- On jase ? répéta François comme s’il tombait des nues.
- On dit qu’ j’ai pris la place de ta femme, et que ..... enfin, tu vois c’ que j’ veux dire....
- Et après ? lança François que les ragots laissaient tout à fait indifférent.
- Et après ! On m’ parl’ plus. Même l’ curé, i’ m’a dit « Ma fille, Dieu du haut des cieux te juge ! Il faudra venir à confesse ! ».
- T’as qu’à point écouter !
- Point écouter ! j’ voudrais t’y voir. J’ rent’ chez moi, j’ reviens d’main quand tu partiras.


Cela ne faisait pas l’affaire de François. Comment allait-il faire avec ses filles ?
Et puis, depuis un an, il s’était accoutumé à la présence de Thérèse. Elle tenait bien sa maison, était une vraie mère pour ses enfants. Et de plus, elle n’élevait pas la voix, même quand il revenait un peu éméché. Ce qui arrivait quelques fois.
Il n’avait pas oublié sa Marie Rose. Comment pourrait-il d’ailleurs, il la revoyait chaque jour dans les traits de ses filles. Mais il faut bien que la vie continue. Pas vrai ?
Et puis, il y avait cette promesse faite à sa défunte quelques heures avant sa mort :
«  T’ élèv’ras les p’tites, hein, mon François ? Faut les garder avec toi ! Promets !
Pour rassurer la mourante, il avait promis, et il ne se voyait pas rompre son serment.

Alors, au moment où Thérèse ouvrait la porte sur une nuit sans lune, François lança :
« Et si on s’mariait ? »
Thérèse resta clouée sur le seuil, n’osant faire un seul mouvement, retenant son souffle. Avait-elle bien entendu ?
François s’était levé de sa chaise et s’approchait d’elle.
C’était la première fois qu’elle se sentait si émue. C’était aussi la première fois qu’on lui faisait une telle demande. Maladroite et peut-être forcée, la demande !
François se sentait-il obligé de lui demander d’être sa femme ?
Thérèse se retourna. Son cœur cognait fort dans sa poitrine. Elle se trouva face au jeune homme. Les yeux clairs de François la regardaient, essayant de sonder sa pensée, pour connaitre sa réponse avant qu’elle ne la formule.
Thérèse, elle,  baissa les siens comme l’aurait fait une toute jeune fille timide. Elle trouva la force de murmurer :
«  Si c’est pour que j’ rest’ m’occuper des filles, c’est point la pein’ de m’épouser.
-          Bah ! » répondit François qui, après un long silence, poursuivit, « j’ veux point t’ créer d’ennuis. J’ veux point qu’ tu partes, car les filles, elles t’aiment ben ....... et pis, j’ suis heureux d’ rentrer l’ soir et de t’ trouver à la maison........ »

Ce n’était peut-être pas vraiment de l’amour, mais c’était tout de même un début. Ce qui était certain, c’est que François ne trainait pas dans les cafés après sa journée de travail. Il rentrait à la maison. Bien sûr, de temps à autre, le dimanche, il sortait pour aller boire un verre, mais il était raisonnable.

Thérèse releva la tête, elle contempla François. Chaque trait de son visage. Elle pensa aussi : « Ma foi, j’ s’rai p’t-êt’ heureuse avec lui. C’est point un mauvais bougre ! »
Pendant ce temps, François qui n’avait pas bougé réfléchissait :
« Elle est rassurante. C’est une brav’ fille et pas coureuse ! »
Ils avaient l’air, tous deux, sur la même longueur d’ondes. L’amour fou, ce n’était pas pour eux, mais une union basée sur la confiance et la tendresse, pourquoi pas ?

« Tu sais, finit par préciser François, tu peux réfléchir. J’ te d’mande pas d’ réponse tout suite !
-          Faut que j’rent’, répliqua Thérèse d’un air buté, en resserrant son châle sur sa poitrine. I’ s’ fait tard !
La rattrapant par le bras, François murmura, comme une supplique :
« Reste, s’il te plait ! »

A cet instant, le jeune homme avait l’air d’un enfant qu’on venait de gronder. Une bouffée de tendresse envahit Thérèse, aussi referma-t-elle la porte sur la nuit sans lune.

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Ne croyez pas, braves gens, que l’annonce du prochain mariage entre François Le Rond et Thérèse Morice, apaisa les rumeurs.
Nullement !
Il n’y eut, en fait, que monsieur le curé qui afficha sa satisfaction d’avoir ramené dans le troupeau les brebis égarées, car autrement, rien ne changea.
Pourquoi ?
Parce que quelque soient les évènements, les mauvaises langues trouvent toujours à redire !
C’est blanc ! Elles critiqueront, car il aurait fallu, à leurs yeux, que ce fut noir.
C’est noir ! Et bien ça n’allait pas non plus. Le blanc était plus à leur convenance.
Alors, laissons là tous ces grincheux, ces envieux et ces malveillants et réjouissons-nous du nouvel horizon qui s’étendait à perte de vue devant le bonheur retrouvé de François Le Rond et de la stabilité sociale de sa nouvelle épouse, Thésèse Morice.

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« Non, ce n’est pas possible ! » pensa Thérèse, comptant et recomptant sur ses doigts.

Cela faisait plus de deux mois qu’elle n’avait pas eu ses menstrues.
Elle ne s’en était pas émue.
Passé trente-cinq ans, elle considérait que l’heure était venue plus tôt que certaines et elle n’espérait plus, de ce fait, la possibilité l’enfanter.
Peu importait d’ailleurs, elle avait Rose Elisabeth Dorothée et Aimée Rose Euphrasie, et cela lui suffisait.
Ce ne fut que lorsqu’elle se sentit fatiguée et nauséeuse qu’elle commença à se poser des questions. Et puis, sa poitrine qui avait pris de l’ampleur était douloureuse.  
Des signes qui en disaient long......

Elle attendit un peu, par pudeur, mais aussi par superstition. « Tant qu’il n’est pas bien accroché ! » comme on disait, il était de coutume de n’en rien laisser paraître et surtout de ne pas en parler.
Ce ne fut que les trois mois de grossesse largement passés, que Thérèse l’annonça à son époux qui fut très surpris de la nouvelle. Il ne s’en était pas douté une seule minute. Mais quoi de plus normal, c’était affaire de femmes. Une crainte, toutefois, l’avait envahi. N’avait-il pas vu mourir en couches sa précédente épouse ? Thérèse le comprit aussi s’applique-t-elle à dissimuler les petits malaises, désagréments du « mal joli ». 
Un premier enfant à trente-huit ans n’était pas une mince affaire. La délivrance fut longue et douloureuse. Mais Thérèse fut largement récompensée de sa peine  lorsqu’elle reçu contre elle, après la naissance, le 13 novembre 1797, sur les six heures du matin, une bien jolie petite fille qui reçut les prénoms de Thérèse Austreberthe, mais rapidement surnommée « la P’tiote ».

La nouvelle venue reçut toutes les attentions de ses parents et surtout de sa maman qui ne la quittait jamais des yeux. C’était « Sa Petite à elle » !!
Devant effectuer son ouvrage, Thérèse laissait parfois  « la P’tiote » sous la surveillance de l’ainée de François. Mais la petite Rose Elisabeth Dorothée n’avait que six ans d’écart avec sa cadette et la charge était un peu lourde pour la fillette, surtout depuis que celle-ci galopait partout, d’autant plus qu’il y avait aussi à surveiller, aimée Rose Euphrasie.
Responsabilité énorme qui incombait aux ainées qui devaient seconder la mère.

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L’angoisse de Thérèse augmentait à chaque réponse négative. Personne n’avait vu la fillette.
Mais où pouvait-elle être cette sacrée gamine ?
Thérèse avait inspecté tous les recoins, même les plus improbables pour servir de cachette.
A chaque cri ou rire d’enfant, elle se retournait, espérant découvrir sa P’tiote chérie lui sourire en découvrant ses petites quenottes, les yeux pétillant de malice, heureuse de ses facéties.
Mais, ce n’était jamais la sienne.
Les recherches menèrent les pas de Thérèse près de la mare, au début de la rue des deux mares.
Son regard scrutait alentour.
Soudain, elle aperçut comme un ballot de linge flotter à la surface tranquille du petit plan d’eau. Ce paquet l’intrigua. Comment était-il arrivé là, au milieu de la mare ?
Lancé par quelqu’un qui voulait s’en défaire ?
S’approchant du bord boueux, Thérèse fixait l’objet qui flottait, comme fascinée.
Soudain, elle s’écria :
«  Non ! Mon dieu, non ! Thérèse, réponds-moi ! j’ t’en prie, réponds ! »
Mais la pauvre mère ne reçut aucune réponse, si ce n’étaient les coassements de quelques grenouilles dérangées dans leur sommeil.

Les hurlements désespérés de Thérèse attirèrent les habitants proches de la rue des deux mares.
L’un deux, Jean Louis  Delarue se jeta dans l’eau stagnante pour aller repêcher le « petit paquet » qu’il ramena, avec précautions, dans ses bras comme s’il s’agissait d’un enfant endormi dont il ne fallait pas troubler le sommeil.
Des femmes soutenaient Thérèse qui les yeux hagards, fixant le néant, avait cessé de hurler. Elle tremblait maintenant, claquait des dents comme envahie par un froid intense, celui de la mort qui s’était emparé de son enfant.
Elle fut ramenée chez elle, lentement, au rythme de ses pas trainants.
La P’tiote fut déposée sur la table de la cuisine qu’on avait revêtue d’une couverture pour que son bois soit plus doux à l’enfant. Deux voisines débarrassèrent le petit corps de ses vêtements mouillés, et le revêtirent de ses plus beaux atours.
Thérèse regardait, absente, les deux femmes s’occuper de la petite défunte.

Pendant ce temps, Jean Louis Delarue était parti prévenir le père de la fillette et Marie Barbe Ferrand, la femme du Toussaint Creté, avait été déclarer au maire l’horrible drame.

Les évènements se précipitèrent à partir de ce moment, vécus comme dans un rêve par Thérèse.
Un mauvais rêve !

Après la visite du maire, venu constater le décès, les autorités locales enquêtèrent.
S’agissait-il d’un acte malveillant ?
S’agissait-il d’un accident ?
L’enquête fut brève car la famille Le Rond jouissait d’une excellente réputation.
Aucun commentaire désobligeant des mauvaises langues qui, ce jour-là, convinrent que Thérèse, épouse Le Rond, était une mère remarquable et une bonne et honnête épouse.
Quant à François, un homme courageux et pas ivrogne, ce qui était à noter, vu que certains autres ......

Puis, ce fut l’inhumation. A l’église d’abord, puis dans le cimetière, tout proche.
Thérèse n’était que l’ombre d’elle-même. Blafarde. Les yeux creusés par le chagrin secs d’avoir trop pleuré.
François semblait désemparé. Encadré par ses deux filles ainées, il aurait bien voulu avoir un geste pour soulager le désespoir de son épouse, mais il ne savait comment s’y prendre.
Mais, comment atténuer une telle peine ?
Le temps peut-être .... ?
Oui, il fallait compter sur le temps. Ne disait-on pas qu’il atténuait tous les maux ?

Le temps !
Il ne fit malheureusement  rien à l’affaire.
Thérèse avait repris les tâches quotidiennes, comme ces automates actionnés par un ressort qu’il fallait remonter.
Elle s’occupait du soin de son ménage, et aussi des filles. Les autres !
Oh, bien sûr, elle les aimait, les autres, elle ne leur aurait fait aucun mal, aux autres.
N’étaient-elles pas les petites de son mari ? Celles qu’elle avait vues grandir en raison du décès de leur maman.
Oui, mais..... Quelque chose avait changé et ce quelque chose était la mort, la mort de « Son Enfant à elle ».
Thérèse avait souvent pensé :
« Mais pourquoi est-ce la mienne ? Pourquoi cela n’est-il pas arrivé à l’une des deux autres ? »
Elle s’en voulait aussitôt d’avoir pu avoir une telle pensée.
Et les questions affluaient.
Pourquoi le ciel lui avait-il accordé ce que jamais elle aurait cru possible, pour le lui reprendre ainsi, cruellement ?
Oui, pourquoi la sienne ?
Pourquoi ?

Une maladie ! On accepte petit à petit l’idée de la mort, mais là, un accident !
Elle s’en voulut d’avoir sûrement été négligente, d’avoir manqué de surveillance. Et, peu à peu, elle en voulut aux deux autres. Ne leur avait-elle pas confié la P’tiote.

Toutes ses réflexions, elle les gardait pour elle, ne voulant pas faire de peine à François, son époux. Mais intérieurement, elle étouffait.
Comme par une vilaine maladie, insidieuse et tenace, Thérèse fut minée, rongée.... Elle dépérit lentement, jusqu’au jour où trop alourdie de chagrin, elle dut s’aliter. Elle était lasse de vivre......
Elle s’éteignit le 2 thermidor an onze « (22 juillet 1803), à deux heures du matin, laissant François, veuf pour la seconde fois, avec ses deux filles, Rose Elisabeth Dorothée, âgée de douze ans  et Aimée Rose Euphrasie, âgée de sept ans.
Thérèse, née Morice, épouse Le Rond, était âgée de quarante-cinq ans.

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Qu’est devenue cette famille suite au décès de Thérèse.

François Le Rond quitta sûrement Saint-Aubin-d’Ecrosville, car je n’ai retrouvé aucune trace de lui dans les registres d’Etat Civil de cette commune.

La seule piste, un acte de décès concernant Aimée Rose Euphrasie en date du 10 mars 1823.
Cet acte mentionne :
« ..........Aimée Rose Euphrasie Le Rond, veuve de Pierre Dehors, vingt six ans, fille de feu François Le Rond et feue Marie Rose Lainé, décédée le 9 mars 1823 à deux heures après midi au domicile de son oncle Jacques Le Rond .......... »

Cette jeune femme avait donc convolé en justes noces avec un certain Pierre Dehors. Aucune trace de leur union à Saint-Aubin-d’Ecorsville, ni dans les communes environnantes.
Sans autre famille, après son veuvage, Aimée Rose Euphrasie était venue vivre chez son oncle, Jacques Le Rond, frère de François*.
Nous apprenons aussi que François Le Rond était décédé avant le 10 mars 1823.
Rien sur l’aînée des filles Le Rond, Rose Elisabeth Dorothée.

v  François Le Rond, né le 24 février 1763 et décédé le 30 janvier 1838, avait épousé Marie Magdeleine Lainé, sœur de  Marie Rose, première épouse de son frère François et mère de Aimée Rose Euphrasie.


Ce texte à été réalisé suite à la lecture de la
déclaration du décès de Thérèse Austreberthe Le Rond,
sur une des pages de délibérations du Conseil Municipal

de Saint-Aubin-d’Ecrosville.

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