Oui,
il y a des mots comme ça, qui sonnent bien et qui, même s’ils semblent
vieillots ou un peu précieux, s’accrochent à notre langage quotidien.
Allez
savoir pourquoi.
Pour
ma part, vous l’aviez sûrement remarqué, j’en use et en abuse pour le plaisir
de leur sonorité et pour leur pouvoir d’illustrer les phrases agréablement.
Je
vous sens impatients.......
« Que
va-t-elle encore déterrer du fin fond de ses vieux dictionnaires
poussiéreux ? » Etes-vous en train de penser.
Il
est vrai que des dictionnaires, j’en ai moult quantité, qui sont, je l’avoue,
un tantinet usés à force d’utilisation. Une ribambelle, classée les uns à côté
des autres sur mes étagères, toujours à portée de main, car ouvrages consultés,
si ce n’est journellement, au moins, tout de même, une fois par semaine.
Je
pense que vous avez deviné où je voulais en venir........
Vous
avez raison, je vais réveiller pour vous, aujourd’hui, quelques-uns de ces mots
qui désignent une quantité, mais nullement ces mots « fadouilles »
comme : peu, beaucoup, énormément..... mais, ceux qui ont de la
saveur, du panache !
Moult !
Rien
qu’à le prononcer, il emplit toute la bouche..... Et donc, sans savoir
réellement ce qu’il signifie, on se
doute bien qu’il n’est pas insignifiant et qu’il a, même, une certaine
importance.
Il
est fort âgé ce mot, car il a fait son apparition vers 980. Issu de « Mult »,
adverbe venant lui-même du latin « multum », il désignait une grande
quantité : nombreux – abondant.
Sorti
d’usage au XVIème siècle, il fut remplacé par
« beaucoup ».
Reste
de lui, l’indication d’un tempo musical : « molto ».
Un tantinet !
J’adore
ce mot.
Prononcez-le.
Ne trouvez-vous pas qu’il est doux délicat, presque un murmure ?
Ce
nom masculin fit son apparition dans la seconde partie du XVème siècle.
On
employait aussi, un « tantin » ou un « tantelet ». Mots oubliés
depuis longtemps.
« Tantinet »
est un dérivé de l’adjectif « tantième » représentant une fraction
non précisée d’une grandeur. En fait, on peut dire que « tantième »
est la version ancienne de la notion de « pourcentage ».
Un
« tantinet », très petite quantité d’un tout.
Et
puis, cet autre mot...... joyeux comme
des rires d’enfants !
Une ribambelle.
Plein
d’entrain, il rebondit comme un ballon.
Il
fit son apparition vers 1790, provenant sûrement d’un mot dialectal, « riban »
désignant un « ruban ».
« Ribambelle »,
longue suite et donc, par extension, « grand nombre d’hommes ou de choses », ou encore suite de figures identiques dont
une seule est dessinée sur le dessus d’un papier plié donnant ainsi, lorsqu’il
est déplié, une guirlande.
Cette
« ribambelle » donne ainsi une image de personnes guillerettes se
tenant pas la main en une longue farandole joyeuse, serpentant dans un
champ......
Avant
d’abandonner cet univers charmant des quantités, voilà encore une autre
expression : « treize à la douzaine ». Pas toute jeune d’ailleurs,
car elle date de la fin du XVIIème siècle.
Elle
résonne comme un cri ou plutôt une apostrophe
pour attirer le chaland qui passe, toujours à l’affut d’une bonne affaire.
C’est
en fait, un geste commercial attribuant, au client, treize objets tout en ne
lui en a facturant que douze.
Ce
« Treize à la douzaine » se pratiquait sur les marchés, notamment dans
la vente des œufs, ou encore chez le boulanger lors de l’achat de petits
gâteaux comme les « aguignettes » au premier le l’an.
Il
existe encore des ribambelles de mots un tantinet délicats qui méritent de
réapparaître dans notre vocabulaire d’aujourd’hui, mais leur découverte demande
moult recherches.
Je
m’y plonge dès à présent, pour mon plaisir, et aussi pour le vôtre...... du
moins, je l’espère.
Pour cette petite « histoire de mots »,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire
historique de la langue française » Le Robert
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.