lundi 8 janvier 2018

LE PETIT RAMONEUR - chapitre 3

Combien de temps resta-t-il inconscient ?

Le réveil fut difficile. D’abord, il sentit une forte douleur à sa jambe gauche. Il n’osa pas ouvrir les yeux, essayant d’identifier où il se trouvait.
Il n’était pas sur une paillasse. La couche était trop moelleuse.
Il n’était pas dans une écurie. Il faisait chaud et la pièce sentait bon.
Où était-il, alors ?

Il pensa tout de suite à l’hôpital, mais les vastes dortoirs aux lits alignés à se toucher étaient beaucoup plus bruyants et il y flottait une odeur de médecine. Ce n’était pas le cas.
Il se risqua à ouvrir les yeux. La lumière lui fit mal tout à coup et il eut des difficultés à ajuster sa vision, flue, tout d’abord, puis de plus en plus nette.
Il découvrit une chambre douillette aux fenêtres garnies de voilages transparents. Le lit dans lequel il était allongé possédait un énorme édredon tout gonflé. Une cheminée prodiguait une douce chaleur et les bûches crépitaient doucement comme pour respecter le repos du malade. Sur une table de chevet à sa droite, un verre et quelques médecines.

« Maman ! Viens vite ! Il a ouvert les yeux ! »

A qui appartenait cette petite voix fluette ?

Il vit alors se pencher sur lui, le visage d’une fillette d’environ son âge et celui d’une femme coquettement vêtue et qui ressemblait un peu à sa mère.
Les deux visages lui souriaient.

« Alors,  demanda l’élégante dame, comment te sens-tu ? Tu nous as fait vraiment très peur.
-      Tu sais, lorsque tu es tombé dans la cheminée, renchérit la petite fille avec malice, mon petit frère a cru que c’était le bonhomme Noël qui arrivait ! »

Jacques ne répondit rien. Il savourait ce moment de bien-être. Si ce n’était la souffrance lancinante de sa jambe, la vie lui aurait semblait bien douce.

« Tais-toi, voyons, Louise, tu vas le fatiguer », poursuivit la dame élégante.

Puis, s’adressant à Jacques :

« Il va falloir manger maintenant, pour reprendre des forces. Le médecin a dit que tu en avais au moins pour deux mois. Tu aurais pu te tuer, mais tu n’as heureusement qu’une jambe cassée.

S’adressant de nouveau à Louise :

« Va, ma Chérie, demander à la cuisinière de monter, pour ce jeune homme, un bon bol de bouillon. »

Ce ne fut qu’au cours de son rétablissement que Jacques appris réellement ce qui s’était passé.
Il était, en effet, tombé. Intrigués par le bruit de son corps sur le sol, les domestiques étaient arrivés. En le découvrant là, inconscient, ils avaient alerté leur maîtresse. Devant le piteux état du petit ramoneur, celle-ci appela le médecin.
« Une belle jambe cassée », conclut le docteur.
Puis hochant la tête, il poursuivit :
« Mais ce n’est pas tout …. »

Devant le regard interrogatif de la maîtresse de maison, il précisa :
« Ce gamin, comme beaucoup de son âge, est dans un état déplorable. Mal nutrition, épuisement physique, avec en plus une bonne pneumonie ! Il faudrait le conduire à l’hôpital. Qui est responsable de lui ?
-      Je n’en sais rien, avait répondu la maîtresse de maison. Un horrible bonhomme s’est présenté ce matin pour proposer de ramoner les cheminées. Celles-ci en ayant grand besoin, nous avons accepté.
-      Où est-il à présent, cet horrible bonhomme ? Je suppose qu’en apprenant l’accident, il a poursuivi sa route, sans demander son reste ?
-      C’est fort possible, conclut la dame.
-      Bon, nous ne pouvons rien faire de plus à présent. Il faut le conduire à l’hôpital. Si il est robuste, il s’en tirera, si non……..

Il fut convenu que le petit ramoneur serait installé dans une des chambres de la nursery, pour qu’il reprenne ses esprits. La maison était spacieuse et il y avait de quoi le nourrir. On verrait par la suite.


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