Bercé
par le chant des tam-tams, tout là-bas au loin, sur une des branches d’un
baobab plus que centenaire, un léopard dort.
Un
éléphant et un hippopotame discutent amicalement près du point d’eau. Ils
cherchent tous deux un peu de fraîcheur, l’un en s’arrosant copieusement d’eau
à l’aide de sa trompe, le second en se roulant dans la boue.
Non
loin de là, une hyène, l’air sournois observe alentour et une girafe, lunaire,
déambule le nez en l’air.
Une
mouche bourdonnante vient à passer par là sous le nez de nos deux compères et, insouciante, se dirige vers l’arbre
centenaire.
L’air
inquiet, l’éléphant dit :
« Quelle inconsciente ! Déranger ainsi le
léopard pendant sa sieste !
-
Elle va se faire
massacrer, lance l’hippopotame
-
Hi hi hi hi,
ricane l’hyène
-
Bien fait pour
elle, siffle le serpent que nous n’avions pas vu, car caché sous un rocher.
-
Hi hi hi hi,
ricane l’hyène
La
girafe, elle, déambule toujours, le nez dans les nuages, indifférente au drame
qui est en train de se jouer.
Le
rythme des tam-tams accompagne le vol de la mouche qui, bourdonnant de plus
bel, effectue des cercles de plus en plus larges, la rapprochant inévitablement
de l’arbre centenaire.
L’éléphant
et l’hippopotame ont cessé leur conversation, tout absorbés qu’ils sont par la
danse folle de l’insecte vrombissant.
Le
serpent a repris sa sieste sous son rocher.
L’hyène
ricane en douce, imaginant avec plaisir la fin toute proche de l’intrépide
mouche.
« Que
va-t-il se passer ? » pense-t-elle avec un gloussement de plaisir
sadique sous fond de rire sarcastique.
La
girafe, elle, déambule toujours, le nez dans les nuages, indifférente au ballet
aérien de la mouche.
Sur
la branche du baobab plus que centenaire, le léopard dort, mais son sommeil
semble plus léger. En effet, la mouche s’est approchée du félin et tourne à
présent autour de lui.
-
Oh ! fait
l’hippopotame.
-
Ah ! répond
l’éléphant.
« Hihihihi ! » ricane inlassablement l’hyène
de plus en plus attentive. « Voilà qui devient intéressant ! »
Le
serpent qui décidément ne pourra prendre aucun repos, sort de dessous son abri.
« Quoi
encore ? » siffle-t-il.
La
girafe, elle, déambule toujours, le nez dans les nuages, indifférente. Pourquoi
se faire du souci pour une mouche ?
Toujours
allongé sur la branche du baobab plus que
centenaire, le léopard ouvre un œil, pousse un grognement de mécontentement,
remue la tête en tous sens.
« Que
cette mouche est agaçante ! »
Et
il ponctue sa phrase par un rugissement sonore, sensé effrayer l’insecte
volant. Mais celui-ci, ne comprenant pas l’avertissement du fauve, effectue des
volutes gracieuses autour des oreilles du léopard qui, de plus en plus agacé,
donne des coups de pattes désordonnés pour éloigner l’intruse.
-
Extrêmement
intéressant, ricane l’hyène, le regard rivé sur le baobab.
-
Cela va mal
finir ! siffle le serpent
-
Ce ne sera pas un
repas bien copieux, ricane encore l’hyène.
L’éléphant agite nerveusement ses larges oreilles.
L’hippopotame, prudent, plonge dans l’eau boueuse.
Le serpent se dresse, le souffle court, la scène le laissant pétrifié.
L’hippopotame, prudent, plonge dans l’eau boueuse.
Le serpent se dresse, le souffle court, la scène le laissant pétrifié.
La girafe, elle, déambule le nez dans les nuages, sans
prêter attention aux grognements, de plus en plus coléreux, du léopard.
Soudain, la mouche suspend son vol au-dessus du nez du
félin qui découvre des crocs acérés et lance agressivement une lourde patte
destinée à abattre son ennemie qui esquive habilement le geste.
Déséquilibré par son poids, l’animal bascule dans le
vide et atterrit, tout penaud, sur le sol caillouteux.
Honteux, il s’enfuit aussi vite qu’il peut sous les
ricanements de l’hyène.
L’éléphant lance un barrissement joyeux.
Le serpent siffle d’admiration, mais est-ce pour la
victoire de la mouche ou pour la prestation de haute voltige du léopard ?
L’hippopotame trouve que tout cela manque un tantinet
de dignité.
La mouche est déjà bien loin, cherchant sans doute sa
prochaine victime.
Quant à la girafe, elle déambule encore et toujours,
le nez dans les nuages. En vérité, elle ne s’est aperçue de rien.
Au loin, le chant des tam-tams continue de résonner,
sous le soleil chaud et lourd de ce milieu d’après-midi.
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