dimanche 7 juin 2015

SUR UN BAOBAB PERCHE



Bercé par le chant des tam-tams, tout là-bas au loin, sur une des branches d’un baobab plus que centenaire, un léopard dort.

Un éléphant et un hippopotame discutent amicalement près du point d’eau. Ils cherchent tous deux un peu de fraîcheur, l’un en s’arrosant copieusement d’eau à l’aide de sa trompe, le second en se roulant dans la boue.

Non loin de là, une hyène, l’air sournois observe alentour et une girafe, lunaire, déambule le nez en l’air.

Une mouche bourdonnante vient à passer par là sous le nez de nos deux compères  et, insouciante, se dirige vers l’arbre centenaire.

L’air inquiet, l’éléphant dit :
« Quelle inconsciente ! Déranger ainsi le léopard pendant sa sieste !
-      Elle va se faire massacrer, lance l’hippopotame 
-      Hi hi hi hi, ricane l’hyène
-      Bien fait pour elle, siffle le serpent que nous n’avions pas vu, car caché sous un rocher.
-      Hi hi hi hi, ricane l’hyène



La girafe, elle, déambule toujours, le nez dans les nuages, indifférente au drame qui est en train de se jouer.



Le rythme des tam-tams accompagne le vol de la mouche qui, bourdonnant de plus bel, effectue des cercles de plus en plus larges, la rapprochant inévitablement de l’arbre centenaire.

L’éléphant et l’hippopotame ont cessé leur conversation, tout absorbés qu’ils sont par la danse folle de l’insecte vrombissant.

Le serpent a repris sa sieste sous son rocher.

L’hyène ricane en douce, imaginant avec plaisir la fin toute proche de l’intrépide mouche.

« Que va-t-il se passer ? » pense-t-elle avec un gloussement de plaisir sadique sous fond  de rire sarcastique.


La girafe, elle, déambule toujours, le nez dans les nuages, indifférente au ballet aérien de la mouche.

Sur la branche du baobab plus que centenaire, le léopard dort, mais son sommeil semble plus léger. En effet, la mouche s’est approchée du félin et tourne à présent autour de lui.

-      Oh ! fait l’hippopotame.
-      Ah ! répond l’éléphant.

« Hihihihi ! » ricane inlassablement l’hyène de plus en plus attentive. « Voilà qui devient intéressant ! »

Le serpent qui décidément ne pourra prendre aucun repos, sort de  dessous son abri.

« Quoi encore ? » siffle-t-il.


La girafe, elle, déambule toujours, le nez dans les nuages, indifférente. Pourquoi se faire du souci pour une mouche ?


Toujours allongé sur la branche du baobab  plus que centenaire, le léopard ouvre un œil, pousse un grognement de mécontentement, remue la tête en tous sens.

« Que cette mouche est agaçante ! »

Et il ponctue sa phrase par un rugissement sonore, sensé effrayer l’insecte volant. Mais celui-ci, ne comprenant pas l’avertissement du fauve, effectue des volutes gracieuses autour des oreilles du léopard qui, de plus en plus agacé, donne des coups de pattes désordonnés pour éloigner l’intruse.

-      Extrêmement intéressant, ricane l’hyène, le regard rivé sur le baobab.
-      Cela va mal finir ! siffle le serpent
-      Ce ne sera pas un repas bien copieux, ricane encore l’hyène.

L’éléphant agite nerveusement ses larges oreilles.
L’hippopotame, prudent, plonge dans l’eau boueuse.
Le serpent se dresse, le souffle court, la scène le laissant pétrifié.
La girafe, elle, déambule le nez dans les nuages, sans prêter attention aux grognements, de plus en plus coléreux, du léopard.

Soudain, la mouche suspend son vol au-dessus du nez du félin qui découvre des crocs acérés et lance agressivement une lourde patte destinée à abattre son ennemie qui esquive habilement le geste.

Déséquilibré par son poids, l’animal bascule dans le vide et atterrit, tout penaud, sur le sol caillouteux.
Honteux, il s’enfuit aussi vite qu’il peut sous les ricanements de l’hyène.

L’éléphant lance un barrissement joyeux.
Le serpent siffle d’admiration, mais est-ce pour la victoire de la mouche ou pour la prestation de haute voltige du léopard ?
L’hippopotame trouve que tout cela manque un tantinet de dignité.

La mouche est déjà bien loin, cherchant sans doute sa prochaine victime.

Quant à la girafe, elle déambule encore et toujours, le nez dans les nuages. En vérité, elle ne s’est aperçue de rien.

Au loin, le chant des tam-tams continue de résonner, sous le soleil chaud et lourd de ce milieu d’après-midi.

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