Louis Auguste Semelaigne et Edouard Le Roy comparurent au tribunal d’Evreux, le 21 janvier 1884.
Semelaigne
était défendu par maître Bagot. Le Roy avait comme défenseur, maître Lautour.
Sœur
Saint-Joseph malgré les recommandations du docteur souhaita être présente. Sœur
Saint-Barthélemy se trouvait à ses côtés.
Les
deux accusés expliquèrent tout d’abord qu’ils ne se souvenaient de rien, puis
au fil des témoignages, comme par miracle la mémoire leur revint, contestant
les dépositions et injuriant les témoins.
Semelaigne
s’insurgea lorsque le jardinier Gendron déposa à la barre :
« Le témoin Gendron est un menteur, il n’a
rien vu, et la preuve c’est que c’est moi qui ai donné les deux premiers coups
de couteau ! »
Pourquoi
Semelaigne s’accusait-il alors que la sœur Saint-Barthélemy venait de rapporter
sous serment que c’était bien Le Roy qui l’avait frappée avec le couteau ?
Plus
tard, les deux hommes déclarèrent :
« Nous sommes désolés d’avoir frappé les deux
femmes, mais au désespoir d’avoir manqué le nommé Gendron. »
Et
Le Roy d’ajouter en criant :
«
C’est un lâche, il nous a attaqués par
derrière ! »
Monsieur
Pain, Procureur de la République, prononça son réquisitoire. Il ne fut pas
tendre, traitant les accusés de lâches pour s’être attaqué à des femmes.
« Si vous vouliez être des héros
de Cour d’assises, il fallait vous attaquer à des hommes. Quand vous saviez
n’avoir rien à craindre, vous êtes forts et terribles et vous ne redevenez doux
que lorsque vous vous trouvez devant des gens énergiques ! »
La
part de la défense fut très ardue.
Comment
les deux avocats pouvaient-ils éviter une lourde peine à leurs clients ?
Difficile !
En
ce 21 janvier 1884, vers six heures du soir, les membres du jury se retirèrent
pour délibérer. Il ne leur fallut que quelques minutes pour rendre le verdict.
Accusés de tentative d’assassinat,
les deux hommes furent condamnés à la peine capitale.
Pendant
que la salle d’audience retentissait d’applaudissements, Semelaigne et Le Roy
restèrent impassible à l’annonce de cette sentence.