mercredi 27 juillet 2022

Les catastrophes ferroviaires Août 1898 - deuxième partie

 

 Ce fut le 14 août 1898  – entre Saint-Mards-de-Fresne et Lisieux

 

Troisième partie : les victimes

 

 

 

Sept morts et d’une quarantaine de blessés plus ou moins gravement, c’était le bilan qu’annonçait la presse et avec ces chiffres, il y avait, comme à chaque drame de ce genre, dans les articles, les noms des victimes.

 

Voyageurs décédés :

·     Madame Marie Ménager, épouse de Léopold Lévêque, mécanicien âgé de 28 ans – domiciliée à Paris-Montrouge – âgée de seize ans et demi. Elle venait juste de se marier, le 12 juillet dernier. Les jeunes époux, en voyage de noces, se rendaient à Caen dans la famille de la jeune mariée.

·       Monsieur Pierre Firmin Vaurs – 48 ans  -  agent d’assurances à la Caisse des Familles, 74 rue de Rome à Paris – domicilié à Paris, 4 rue de la Paix.

Monsieur Vaurs se trouvait dans le wagon avec son épouse et sa fille, Juliette. Sa femme qui s’occupait d’un atelier de confection de robes et manteaux a été blessée. Juliette, leur fille, âgée de quinze ans, fut saine et sauve.

·         Monsieur Henri Lelièvre – 18 ans – ouvrier dans la fabrique de bicyclettes Phoebus à Paris. Il voyageait avec son contremaître. Il devait aussi rendre visite à son père demeurant à Luc-sur-Mer.

·        Madame Paul Pluchard –  54 ans - concierge 18 avenue Hoche à Paris. Son mari faisait partie du nombre des blessés. Originaire de Bretagne, elle allait passer quelques jours chez des parents à Cherbourg avec sa sœur, son beau-frère et son fils de dix-huit ans.

·     Madame Adélaïde Allouard – marchande de vin 54, rue Clerc à Paris – 54 ans. Elle travaillait avec son mari. Sœur de Mme Pluchard.

·       Madame veuve Casterat – née Laure de Rastignac – 60 ans environ – fille de feu le Général de Rastignac.

·       Monsieur Dubois – 50 ans environ – ouvrier bijoutier – domicilié rue de Belleville à Paris – Il se rendait à La Motte-en-Auge, chez son beau-père.

 

 

Les voyageurs blessés étaient nombreux et l’état de certains donnaient de l’inquiétude qu’en aux conséquences de leurs blessures.

 

 

·     Madame Racout ( nom othographié aussi Racoult)– rue du Théâtre numéro 43 à Paris. Dans un état critique.

·         Monsieur Clément Racout (Racoult) – 43 rue du Théâtre à Paris. Contusions à la tête.

·        Mademoiselle Virginie Fraysse (nom orthographié aussi Freysse) – Saint-Germain-en-Laye. Blessures aux jambes.

·         Mademoiselle Rosalie Fraysse. Son état était jugé critique.

·         Mademoiselle Sylvie Fraysse n’a eu aucune blessure.

·         Monsieur Louis Fraysse (Freysse) - Saint-Germain-en-Laye. Blessures aux jambes et à la tête.

·       Madame Martin – adresse inconnue. Fracture du bassin et blessures gravissimes  à la tête. Pronostique vital engagé.

·         Mme Vaurs - 74 rue de Rome à Paris – dont le mari a péri dans l’accident. Elle se trouvait avec son mari, décédé dans l’accident, et sa fille. Mme Vaurs présente de graves blessures à la tête.

·         Madame Abde (ou Adde) – Saint-Mandé. Contusions sans gravité.

·         Madame Fournier – 55 boulevard Richard Wallace à Paris. De multiples fractures. Etat critique.

·         Monsieur Jean-Marie Fournier - 55 boulevard Richard Wallace à Paris.

·         Madame veuve Fortier – rue de Savoie à Paris. Contusions à la tête.

·         Madame Macé – faubourg Saint-Denis au numéro 208. Grièvement blessée au bras.

·         Monsieur Macé, son époux, n’a eu de quelques contusions.

·         Mademoiselle Jeanne Macé, leur fille, présente une commotion cérébrale.

·         Mme Bettmont – Asnières.

·         Madame Legrand – 8 rue Vivienne à Paris. Blessures à la tête.

·         Monsieur Camille Legrand - 8 rue Vivienne à Paris.

·         Mademoiselle Prudence Leppert – 26 rue Lecourbe à Paris. Contusions sur tout le corps dont certaines très sérieuses.

·         Madame Alais (orthographié aussi Allais) – 14 rue Greuze à Paris.

·         Monsieur Jules Allais - 14 rue Greuze à Paris. Blessures aux jambes.

·         Monsieur Louis Allais – frère de Jules Allais. Fractures et plaies à la jambe droite.

·         Monsieur Georges Pluchard – 18 rue Foch à Paris. Contusions multiples et blessures graves. Sa mère et sa tante ont péri dans l’accident.

·         Monsieur Portboit – 9 rue Leinard à Orléans.

·         Monsieur Simon Gauthier – de Sennerville près de Mantes.

·         Monsieur Firmin Gauthier. Contusions multiples.

·      Monsieur Alphonse Boudet – 10 boulevard de Clichy. Il allait rendre visite à son père. Plaies profondes au visage.

·         Monsieur Léonce Allain – 178 faubourg Saint-honoré à Paris.

·         Monsieur Léopold Lévêque – 23 rue Mouton Duvernet Montrouge à Paris. En voyage de noces et dont l’épouse décéda dans l’accident. Ses blessures à l’abdomen sont d’une extrême gravité, mettant sa vie en danger.

·         Monsieur Emile Legras – multiples contusions.

·         Monsieur Parthault. Contusions à la tête.

·        Monsieur Victor Lannez – 48 ans – employé au Gagne Petit avenue de l’Opéra à Paris, demeurant rue du Bois à Levallois-Perret. Graves blessures aux jambes, au crâne et au visage.

·         Madame Lannez, son épouse – 40 ans – couturière. Plaie profonde au bras gauche.

·     
 
Mademoiselle Lannez, leur fille, n’a eu que quelques contusions sans gravité. La famille Lannez venait passer quelques jours chez un parent.

 

 

Beaucoup de voyageurs présentaient des blessures à la tête, sans doute dues à la chute des bagages qui se trouvaient dans des filets au-dessus des sièges.

 

Un bilan lourd !

Des familles décimées !

 

Et comme chaque fois après un tel désastre, les mêmes questions :

·         Pourquoi ?

·         Aurait-on pu éviter cette catastrophe ?

 

L’enquête allait permettre de trouver si ce n’était LES réponses, au moins des réponses........

 

 

Koc'hu

 

Quelle cohue !!

 

Un mot emprunté à la langue bretonne Koc’hu ou Koc’hui, désignant les halles ou un marché couvert.

 

Vers 1318, la cohue était une assemblée de justice se tenant dans la halle, mais le même mot nommait aussi le marché ou la foire.



Vers 1638, cohue désignait une assemblée bruyante empreinte d’agitation et de bousculades, d’où sa définition actuelle : foule en désordre qui se bouscule.

 



Une petite question toutefois :

Pour que ce mot vienne du Breton, doit-on penser que les Bretons en question étaient des personnes  plus agitées, plus bruyantes que dans les autres provinces ...... ?

 

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

 

mercredi 20 juillet 2022

Les catastrophes ferroviaires - août 1898 - deuxième partie

 

Ce fut le 14 août 1898  – entre Saint-Mards-de-Fresne et Lisieux

 

Deuxième partie : l’accident[1]


Le samedi 14 août 1898, à 23 h 16, le train omnibus 97 partait de la gare Saint-Lazare à Paris en direction de Lisieux où il devait arriver le lendemain matin à 3 h 54.

Le trajet se déroula sans embûche, sauf que...

A trois kilomètres avant  Lisieux, entre les gares de Glos et Beuvilliers, la voie qui accusait une forte pente de 80/00 était en travaux. Le convoi devait donc, d’autant plus, réduire sa vitesse.

Ce fut au passage de tronçon de voie que soudain, les passagers sentirent quelques secousses sans grande importance qui les sortirent de leur torpeur,  suivies de quelques autres beaucoup plus fortes et alarmantes.

Puis ce fut le choc !

La locomotive placée en second venait de quitter les rails, poussant la première locomotive qui resta sur les rails, avant de poursuivre sur le côté de la voie sur trois cents mètres avant de s’immobiliser.

Les wagons de queue entraînés par la vitesse poursuivirent leur chemin malgré l’immobilité des locomotives et vinrent s’encastrer dans les wagons placés au centre du convoi, les réduisant en miettes.

 

Après cette catastrophe, il faillait prévenir les secours, aussi un des mécaniciens parcourut la distance du lieu de l’accident jusqu’à la gare de Lisieux, afin de demander de l’aide  en toute urgence.

 

Le sous-préfet de Lisieux, Monsieur Sazerac de Forges et Monsieur Chéron, maire de Lisieux, aussitôt prévenus organisèrent les secours.

Un train de secours  partit sur les lieux avec à son bord :

  • ·         Monsieur Rivière, inspecteur de l’exploitation des chemins de fer de l’Ouest.
  • ·         Trois médecins : messieurs Decornière, Lecygne et Levillain.
  • ·         Des sœurs de l’hospice de Lisieux.
  • ·         Les soldats du bataillon du 119ème, en garnison à Lisieux.

 

Pendant ce temps, sur place, les voyageurs indemnes s’occupaient des blessés légers, rassuraient les plus atteints.

Malheureusement, ils ne purent rien faire pour les personnes qui se trouvaient coincées dans les  trois wagons écrasés. Il fallait attendre les soldats du 119ème bataillon et des secours médicaux plus expérimentés.

Un premier bilan faisait état de sept morts et d’une quarantaine de blessés plus ou moins gravement.

 

Après les premiers soins, certains blessés acheminés vers l’hôpital de Lisieux purent repartir chez eux, immédiatement ou après une nuit en surveillance médicale.

vingt-sept autres personnes, dont trois se trouvaient entre vie et trépas, séjournèrent plus longuement dans le centre hospitalier.

 

 

La voie ferrée fut dégagée le 15 août vers midi, grâce à l’aide efficace des  employés du Chemin de fer de l’Ouest conjuguée à celle des soldats.

Bien évidemment, le trafic ferroviaire fut très perturbé.

A Bernay, des milliers de voyageurs se rendant à Trouville ou au Havre furent dirigés vers la Trinité-de-Réville.

A Rouen, les divers trains venant de Serquigny subirent d’importants retards, comme par exemple, le train de Bernay attendu à la gare de Saint-Sever à 8 h 35 arriva deux heures et demie plus tard.

 

Tout cela n’était rien, face à l’accident de train ayant coûté la vie à de nombreux passagers et ayant causé de grands dommages physiques et psychologiques   irréversibles à beaucoup d’autres.



[1] Texte à partir des articles du journal de Rouen des  15 – 16 et 17 août 1898.

Pipelet.... Pipelette !!!

 

Où se trouve le pipelet ?

Assurément, dans l’escalier !!

 

Le nom, pipelet est apparu vers 1854. Il désignait le concierge.

Mais pourquoi ? 

Il provient tout simplement d’un nom propre, celui d’un concierge (justement), Monsieur Pipelet, sorti tout droit de l’imagination d’Eugène Sue, dans le roman « les mystères de Paris ».

 

Un pipelet, une pipelette, cette dernière étant également concierge de son état.

 

Au fil du temps, vers 1921, le terme pipelette fut attribué à une personne très bavarde et encline à faire des commérages.

Pipellete, nom, mais aussi adjectif, ce qui peut donner le summum, du summum dans : une pipelette pipelette !!

 

 

Petite précision :

 

Marie-Joseph Sue  dit Eugène Sue

Ecrivain français né le 26 janvier 1804 à Paris et décédé le 3 août 1857 à Annecy-le-Vieux.

Il est l’auteur de :

  • ·         Sept romans exotiques et maritimes
  • ·         Onze romans de mœurs
  • ·         Six romans historiques
  • ·         Quinze romans sociaux
  • ·         Huit ouvrages politiques
  • ·         Dix-neuf œuvres théâtrales (vaudeville – comédie – drame...)

 

 

Les mystères de Paris

Roman publié en feuilleton dans le Journal des Débats,  entre  le 19 juin 1842 et le 15 octobre 1843.

Dans ce roman, Eugène Sue montre la misère dans Paris.

Ce roman fut adapté au théâtre, en février 1844.

En 1943, le cinéma s’en empare grâce à Jacques de Baroncelli et en 1962, sous la direction du cinéaste, André Hunebelle. Dans la version de 1962, Jean Marais prend les traits du personnage principal, Rodolphe.

 

Le roman, « Les mystères de Paris » fut repris à la télévision par Claude Santelli, et diffusé en 1961.

Une distribution très brillante, avec :

  • ·        Denise Gence : la Chouette
  • ·         François Chaumette : le maître d’école
  • ·         Claude Piéplu : Bras Rouge
  • ·         Jacques Dacqùone : Rodolphe
  • ·         Victor Lanoux : Martial
  • ·         Marcel Bozzoffi : le chourineur
  • ·         ......

 

Un moment télévisuel inoubliable.

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

 

 

 

mercredi 13 juillet 2022

Accort !!

 

Etes-vous accort(e) ou mal accort(e)

 

Voilà bien un adjectif peu ou plus usité, selon le dictionnaire, mais que j’ai rencontré quatre fois en l’espace de quinze jours  au fil des pages du quatre romans publiés ces deux dernières années.

 

Accort qui au féminin devient accorte provient de l’Italien accorto et signifie : habile – adroit. Son contraire, mal accort, peut se traduire par : malhabile – maladroit.

 

Au XVIème siècle, accort est également synonyme de : gracieux – attirant.

 

Quelques dérivés mais alors là, plus utilisés du tout :

·         Le nom accortise (1539), sans doute pour :  adresse ou habileté

·         L’adverbe accortement (milieu du XVIème siècle).

 

Il faut bien avouer que la phrase : une jeune fille accorte n’a rien d’élégant, on y verrait plutôt quelques malformations physique !!!

 

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

 

Les catastrophes ferroviaires - août 1898 - première partie

 


Ce fut le 14 août 1898  – entre Saint-Mards-de-Fresne et Lisieux

 

Première partie : deux jours de congés[1]


Le 15 août 1898, jour de fête religieuse catholique, tombait cette année-là un lundi.

Dimanche et lundi, deux jours de repos consécutifs, une aubaine pour ceux qui souhaitaient se rendre au bord de la mer – Cherbourg, Trouville..... – en pèlerinage à Lisieux, ou encore, prendre du bon temps en allant rendre visite à des amis ou à de la famille.

 

Craignant une affluence hors du commun, la compagnie des chemins de fer de l’Ouest avait prévu de mettre en place des trains supplémentaires et elle avait bien fait, car, le  samedi 13 août, à la gare Saint-Lazare de Paris, plus de 30  000 voyageurs se pressaient sur les quais.

Tous les wagons des trains réguliers et supplémentaires, ces derniers appelés « trains de plaisir », étaient bondés.

 

Le samedi 14 août 1898, à 23 h 16, le train omnibus 97 partait de la gare Saint-Lazare à Paris en direction de Lisieux où il devait arriver le lendemain matin à 3 h 54.

 

Les deux locomotives de l’omnibus, tractaient dix-neuf wagons essentiellement de troisième classe.

A son bord, mille cinq cents voyageurs.

Dans le second wagon, se trouvaient les membres de l’Harmonie musicale d’Asnières qui se rendaient à Vimoutiers afin de participer à un concours musical, accompagnés du conseiller municipal d‘Asnières, Monsieur Topin, et le président de l’harmonie, Monsieur Auriaux.

 

L’humeur était festive dans l’espoir de profiter au mieux de deux jours de repos.



[1] Texte à partir des articles du journal de Rouen des  15 – 16 et 17 août 1898.

mercredi 6 juillet 2022

Les catastrophes ferroviaires - novembre 1897 - troisième partie



 Ce fut le 24 novembre 1897  – sur la ligne Toulouse-Bayonne.

 

Troisième partie : les responsabilités

 

 

Constats, enquêtes et expertises firent suite à cette catastrophe.

Bien évidemment, les rails humides, la pente importante de la section de la voie, l’emballement du train, les freins inopérants malgré les efforts du mécanicien à stopper le convoi furent les premiers constats.

 

La première personne incriminée fut M. Fabre, l’entrepreneur du train-ballast. Celui-ci comparut lors du procès, et le tribunal civil de Tarbes rendit un premier jugement condamnant l’entrepreneur.

 

L’affaire fut de nouveau jugée en appel.

 

La cour d’appel de Pau s’apprêtait à confirmer le premier jugement, mais la compagnie de chemin de fer du Midi se reconnut seule responsable des causes de l’accident.

Il ne resta plus qu’à fixer le quantum des indemnités à allouer aux victimes ou à leurs ayants droit.

 

Rien concernant les montants attribués.