Les loups qui ont fait parler d’eux.......
La bête du Lyonnais – Dans la région de Roanne
Encore une bête qui sema la panique et fit de nombreuses victimes entre Vienne et Meyzieu, mais aussi non loin de Savigny.
Il fut, à
l’époque, recensé une trentaine de décès, surtout parmi les enfants et
adolescents.
Le même scénario
que partout à cette époque, à savoir, l’attaque d’enfants isolés partis garder
les bêtes.
La première
victime fut un jeune garçon dont le corps fut retrouvé à moitié dévoré, à
Luzinay, en août 1754.
Dans le même
temps, deux autres enfants subirent le même effroyable sort dans les environs
de Villette-sur-Vienne et de Régnié-Durette.
Afin d’arrêter ce
cauchemar, le Marquis de Marcieu, gouverneur de la province, ordonna une grande
battue. Il fallait débusquer l’animal et le mettre à mort avant qu’il ne fasse
de nouveaux ravages.
Cette grande
battue se déroula le 10 septembre et dura deux jours. Participèrent environ
deux mille chasseurs provenant de vingt-six villages différents.
Malheureusement, elle n’aboutit à rien. La bête resta introuvable.
Où s’était-elle
retranchée ?
Elle resurgit en
février 1855 pour le grand malheur de la population de la paroisse de Sarcey.
Il fut déploré un
mort par mois jusqu’au mois d’octobre de la même année, notamment aux alentours
de Savigny et de L’Arbresie.
L’hiver de cette
année-là fut calme. Chacun priait pour qu’il en fût ainsi encore très
longtemps.
Hélas, le 20
avril 1756, le mardi juste après Pâques, à Saint-Julien-sur-Bibost, une
fillette fut attaquée et dévorée.
La bête, ce
triste jour, fut aperçue..... Il fut facile d’en faire une description, quoique
chacun avait la sienne !!
Et puis bien
entendu, revenaient les vieilles légendes comme celle du loup-garou ou cette
autre du loup-bérou[1].
Voici l’avis que
donna, le 10 septembre 1754, le Marquis de Marcieu, concernant la situation.
« Messieurs les officiers et les bas officiers
des fusiliers et ceux des traqueurs feront tous leurs efforts pour détruire
dans leur peuple le fanatisme des loups-béroux et leur prouver que ce ne sont
que des loups ordinaires qui malheureusement sont accoutumés à manger de la
chair humaine et quand même il se trouverait dans les bois, ce que je ne crois
pas, des loups-cerviers[2],
des ours et tigres, il faut leur prouver que ce ne sont que des bêtes qu’un
coup de fusil tue et qu’il est nécessaire de détruire. »
Le curé de la paroisse de Montrottier fut le premier, en
novembre 1756, à émettre l’idée qu’il pourrait s’agir d’une hyène.
Les seuls
renseignements que l’on puisse avoir, se trouvent sur les actes de sépulture.
Malheureusement, comme je l’ai déjà précisé, le motif du décès n’est pas
toujours indiqué.
Quatre victimes, au cours des mois de juillet et
août 1754 :
·
5 juin
1754 , à Denicé, Pierre Morel âgé de cinq ans.
Ce petit garçon
était le fils de Jacques Morel et de Constance Laverrière.
Son acte de
sépulture nous apprend que cet enfant avait été enlevé et traîné par un loup
dans les bruyères, non loin du bois de Monsieur le Marquis de Maclas, alors
qu’il gardait des bestiaux avec deux de ses frères qui avaient tout fait pour
le sauver. Le pauvre enfant a été presque entièrement dévoré.
« dévoré des betes feroces n’ayant reçu
aucun sacrement agée denviron quarante cinq ans.... »
L’acte date du 9
août :
« ....égorgé le jour d’hier sur les six
heures du soir par une bête féroce... »
La mort a été
attestée par Maître Jean-François Teste[3],
notaire royal de la ville de Vienne.
Fille de Claude Joubert[4]
et d’Antoinette Aucoeur. Aucune indication d’âge.
En marge de l’acte :
«...... qui a été dévorée par un ours ou un loup ayant dévoré
la tête, le cœur, le foie et les entrailles. »
Année 1755
Onze enfants
morts sous les crocs de l’animal en 1755 :
La jeune Anne
Tricaud était domestique au domaine de Monsieur Ferrand, notaire.
« ..... a été dévorée par une beste féroce
qui n’a laissé que la tête toute décharnée
et une
légère partie de ses os...... »
Inhumé le 4 avril
1755, son acte de sépulture mentionne :
« .....dévoré la veille par une bete féroce....
« ..... dévoré la veille » par une
beste féroce.... »
« ... ayant été déviré hyer par un animal
farouche qui depuis plus d’un an
ravage les terres circonvoisines ...... »
« ......Egorgée le jour d’hier sur les sept
heures du soir par une bête féroce.... »
« .... a été tuée ce matin, sur les huit
heures par un loup... »
« ...
cette bête féroce l’a laissée morte après lui avoir enlevé une quisse[6].... »
« ... a étée dévorée par une
manmifere..... »
« ... pour avoir été dévorée par un loup ou par
autre bête féroce..... »
Pourquoi les
parents ne se sont pas manifestés ? Un mystère qui restera non élucidé.
« .... ayant été dévoré la veille par une
beste féroce..... »
« .......dévoré par les betes fauves dans le
bois....... »
Elisabeth Parent, épouse Vaché, décéda le 7
juillet 1763, son époux, Pierre, l’avait précédée d’une année, le 25 juin 1762.
Année 1756
13 décès dus aux
attaques :
La petite fille
était avec ses bêtes dans un pré, lorsque deux bêtes, l’une grosse comme un
bidet, au pelage tirant sur le rouge, espèce de loup avec une queue plus courte
et l’autre de la taille d’un mâtin, avec le pelage blanc sous le ventre et une
longue queue. Une des bêtes lui sauta au cou et l’autre sur le dos. La fillette
mourut sous les crocs assassins.
Dans l’acte de
sépulture, il est noté :
«...... Ces animaux ont dévoré quantités de
bergers dans le voisinage, et cela depuis deux ans...... »
En marge apparaît
la mention :
« Cette enfant a été dévorée par des animaux
féroces. »
« ...ayant été dévorée par le
loup..... »
Les parents de Pierrette s’étaient unis le 19 novembre 1748 à Saint-Romain-de-Popey.
Pierrette était
née le 20 septembre 1749.
Vinrent ensuite
au foyer :
- ü
Louise, en 1751.
- ü
Jean Baptiste, en 1753
- ü
Jeanne, le 9 mars 1756, deux mois avant la mort
tragique de sa sœur aînée.
Une année
terriblement difficile pour cette famille, car sept mois après, le 3 décembre
1756, le père de famille, Joseph Devillard décédait à son tour. Il n’avait que
quarante-six ans.
Jeanne Dutel, sa
veuve, décéda vingt-neuf ans plus tard, à l’âge de soixante-deux ans. C’était
le 10 septembre 1785.
« ...ayant été dévoré par le
loup..... »
« ...décédé par une mort violente causée par
un loup carnassier qui l’a entrainé
dans le bois et qui lui a déchiré le
visage....... »
Le petit Jean-Baptiste avait vu le jour le 21 octobre 1748. Avant et après lui d’autres enfants étaient arrivés au foyer Chazaud. Le couple, hélas, dut faire face à bien des décès de leurs petits, en bas âge.
- ü Jean Marie naquit le 8 août 1745. Il ne vécut que onze jours,
jusqu’au 19 août 1745.
- ü Jean était né le 1er mai 1752. Il fut retiré à ses
parents le 3 septembre 1753. Il avait seize mois.
- ü Jean Marie, né le 9 novembre 1757, eut juste le temps de
pousser son premier cri.
- ü Jean arriva le 5 février 1759 et décéda deux semaines plus
tard, le 19 février.
- ü Benoît, né le 22 mai 1755, parti à l’âge de treize ans, le 22
avril 1769.
- ü Benoîte, l’aînée, née le 19 mars 1743 et qui épousa Daniel
Ragot, le 14 février 1764.
- ü Daniel, le dernier, né le 9 mai 1764 et qui convola en justes
noces, le 17 février 1789, avec Marie Simeand.
dudit Pierre Tiron et trainée par le dit loup
environ une centaine de pas.... »
« ...par une mort violente causée par un
loup carnacier qui l’a étranglée... »
Elisabeth était
née le 14 septembre 1745.
Seulement la
mention :
« ...de mort violente ayant été dévoré d’un
animal féroce inconnu.... »
Cette
enfant, née le 25 mars 1725, était donc orpheline. Rien, sur l’acte de
sépulture, n’indique où elle vivait et avec qui. Elle avait sans doute trouvé
refuge chez un oncle ou une tante ou encore placée comme bergère dans une
ferme.
L’acte mentionne :
« ... ayant été dévorée par la bête
fauve...... »
« ... dévoré le jour d’hier sur l’heure de
midy par une bête féroce dans le bois de Pothu.... »
Jean Baptiste était né le 3 mars 1742.
Ce bilan ne fait
pas état des nombreuses autres victimes d’attaques qui auraient succombé sous
les dents meurtrières, si elles n’avaient pas été secourues.
La question
restera sans réponse.
[1] Le
loup-bérou, selon la légende, est un loup qui marchait, bien droit, sur ses
pattes de derrière. Son corps était recouvert de longs poils comme ceux du loup
et raides comme ceux du sanglier. Ce loup pouvait s’attaquer aux êtres humains
et les dévorer. La nuit on pourrait confondre un loup-bérou avec un homme.
[2] Le loup-cervier est un loup de très grande taille pouvant s’attaquer aux cervidés.
[3] Jean François Teste, né en 1721, est décédé le 4 mars 1756 à Vienne. Il était notaire royal.
[4] Il est
trouvé également Jobart et Jobert
[5] Je ne peux certifier l’orthographe du nom des parents.
[6] Une cuisse.
[7] Peut-être Dubosc.
[8] Je n’ai pas
trouvé l’acte de Benoît Thiver.
[9] Après
recherche, il serait possible que celle-ci soit Antoinette Fontanière, née le
11 novembre 1722 et décédée à l’âge de quarante ans, le 27 janvier 1763. Le
mariage a été célébré le 24 septembre 1743.
[10] Barroh ou
Barroz. Aucune information concernant ce couple
[11] Aucune mention concernant le nom de la mère de la petite Anne.