Ce fut le 8 mai 1842[1]
Seconde
partie
Les raisons techniques de l’accident.
Des experts se penchèrent sur les
causes de ce dramatique accident. Il fallait en connaître la cause afin
d’éviter un nouveau drame.
L’accident fut, selon leurs
conclusions, produit par la rupture de l’essieu avant – au ras des roues - de la première machine, elle-même
provoquée par la rupture d’un des ressorts.
Il faut préciser que les premières
machines ne possédaient que quatre roues, positionnées entre la boite à fumée
et la boite à feu. En cas de rupture d’un essieu, la locomotive basculait et
déraillait. Pour éviter qu’un tel terrible événement ne se reproduise, il était
primordial d’augmenter le nombre d’essieux, permettant ainsi de garder une
stabilité au convoi.
L’organisation des secours.
Les locomotives n’avaient pas explosé,
mais il s’échappait d’elles une vapeur brûlante et, de plus, le charbon
incandescent se trouvant dans le foyer des machines s’était rependu sur les
voitures de voyageurs construites en bois.
La solidarité avait bien fonctionné, car immédiatement, arrivèrent sur place les habitants des environs, les pompiers et la gendarmerie locale, et puis, le drame ayant été très vite connu à Paris, un dispositif d’urgence[2] avait alors été mis en place sous l’autorité du préfet de police en fonction[3] qui se déplaça aussitôt sur les lieux. Malheureusement, l’intensité de l’incendie ne permit pas de porter secours aux victimes, seuls les voyageurs des dernières voitures purent être sauvés.
Le bilan humain.
Le
chiffre des victimes annoncé fut longtemps contesté.
L’Histoire
retint un chiffre approximatif allant de soixante à quatre-vingts personnes
décédées.
Décédées,
le jour de l’accident... Car il y eut également environ cent-cinquante blessés
dont une centaine très grièvement.
Ces
blessés avaient été transportés, après avoir reçu les premiers soins par des
médecins sur place, soit dans des maisons proches, soit au Château royal de
Meudon, soit dans plusieurs hôpitaux parisiens (Hôtel-Dieu – Necker – la
Pitié......) où beaucoup décédèrent, hélas, des suites de leurs blessures.
Le chiffre, plus réaliste, de cent-cinquante-sept
fut alors annoncé...... Difficile à présent de connaître la vérité.
Lors
du procès, les rescapés vinrent témoigner.
Un
homme, entre autres, qui avait été grièvement blessé[4]. Il
était avec son fils, lui-même infirme suite au déraillement. Oui, cet homme,
vint devant le juge réclamer le corps de son second enfant...... Il affirmait,
haut et fort, que la compagnie des Chemins de fer avait fait enterrer
clandestinement une quarantaine de passagers mort dans l’incendie.
Un travail de reconnaissance des
dépouilles.
Devant la difficulté d’identification
des corps carbonisés, il fut certainement très compliqué de les nommer et les
compter, d’autant plus que le Préfet de la Seine[5] donna
l’ordre d’ensevelir immédiatement les corps non-identifiables. Ceux-ci furent
alors rassemblés dans une fosse commune au cimetière du Montparnasse, le 23 mai
1842,
Pourquoi autant de morts ?
Le
nombre important de victimes aurait pu être moindre.
Bien
sûr, il y eut la rupture de l’essieu mais il y eut surtout......
En
raison d’un nombre important de suicides dans le tunnel de Saint-Cloud, un
arrêté préfectoral ordonna que les portières des wagons soient fermées de l’extérieur.
Les
passagers bouclés, n’avaient donc aucune possibilité de s’échapper, sauf en
brisant les vitres.
Ce n’était pas le premier accident de chemin de fer, mais il est, encore aujourd’hui, considéré en raison du nombre de victimes, la première catastrophe ferroviaire sur le territoire français.
.......La
suite la semaine prochaine.....
[1] Sources : La sécurité dans les chemins de fer de Léon Malo – Les chemins de fer (3ème édition) de Amédée Guillemin et divers journaux de l’époque via le site Gallica.
[2] Le personnel médical avec tout le nécessaire (matériel – médecines – pansements – brancards.....) ainsi que des forces de l’ordre arrivèrent à cheval, par le rail et par le fleuve.
[3] Il
s’agissait de Gabriel Abraham Marguerite
Delessert, né le 17 mars 1786 à Paris, et décédé dans la même ville, le 29 janvier 1858 - haut fonctionnaire
français et préfet de police de Paris de 1836 à 1848.
[4] Cet homme avait été amputé d’une jambe.
[5] Claude-Philibert Barthelot, comte
de Rambuteau, né à Mâcon le 9 novembre 1781 –
décédé le 11 avril 1869 à Charnay-lès-Mâcon – Préfet de la Seine de 1833 et
1848.