mercredi 24 novembre 2021

Cailletez-vous ?

 

Il s’appelait Caillette et fut un célèbre bouffon sous les règnes de Louis XII et François 1er. Il avait la réputation d’avoir la langue bien pendue... Mais n’était-ce pas le rôle premier du bouffon de faire rire par des jeux de mots, de dire des vérités devant le roi sans réprimande, seulement parfois un coup de pied aux fesses souvent esquivé par une pirouette entraînant des rires....

 

Voilà pourquoi, ce mot (nom et adjectif), si il était du genre masculin, puisque s’attachant au nom de ce bouffon,  passa – sans doute en raison de sa terminaison en « ette » - au  genre féminin, vers 1611. Désignant tout d’abord un homme bavard, il fut attribué, par la suite, à une femme frivole et loquace, au cours du XVIIIème siècle, puis un siècle plus tard, à une femme légère et gaie.

 

A partir de « caillette », se forma :

  • ·        
    le verbe « cailleter » - 1766 – bavarder comme une caillette
  • ·         le nom masculin « cailletage », synonyme de caquetage.

 

Maintenant, vous aurez, assurément, une petite pensée pour ce brave Caillette qui ne devait pas toujours avoir la vie facile à la cour du roi. Le bouffon, nommé également le fou du roi, devait être d’une grande diplomatie, essayant de faire rire, lorsque la tension montait lors de débats plus ou moins politiques.

 

Une caillette est également une petite caille.

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

 

Un hiver précoce

 

 Une année ne fait pas l’autre, et en ce mois d’octobre 1879, chacun se plaignait du froid bien précoce, alors que l’automne venait juste de s’annoncer.

Et si ce n’était que le froid, mais des tempêtes traversaient les régions de la France de part en part, dénudant et arrachant les arbres, quand elles ne s’attaquaient pas aux toitures et frêles bâtiments.

 

A Marseille, par exemple, le mistral avait une telle force qu’il avait renversé des murs, des cheminées. Des voitures et calèches avaient été emportées entraînant les chevaux dans leurs courses folles.

Les habitants du boulevard Dogommier se lamentaient de voir les platanes âgés de plus de vingt ans, déracinés et gisant devant leur logis. Une réelle désolation pour certains.

 

Un journaliste avait, dans un article, établi un barème de la force des vents :

  • ·         Vent à peine sensible : 1 mètre par seconde.
  • ·         Forte brise : 10 mètres par seconde.
  • ·         Vent très fort : 15 mètres par seconde.
  • ·         Vent impétueux : vingt mètres par seconde.
  • ·         Tempête : vingt-quatre mètres par seconde.
  • ·         Tempête violente : trente mètres par seconde.
  • ·         Ouragan : trente-six mères par seconde.
  • ·         Grand ouragan : quarante-cinq mètres par seconde.

Le grand ouragan était celui qui déracinait les arbres et emportait les édifices.

 

Très précis et intéressant tout cela, bien mesuré également, mais est-ce scientifiquement reconnu ?

 

Quelle que soit la force du vent, il était toujours dramatique de voir les dégâts occasionnés par toutes ces intempéries qui ne cessaient de se succéder.

Et puis, le froid avait aussi l’inconvénient de devoir chauffer plus les habitations. Une dépense non- négligeable pour les foyers.

 

Justement, ce même journaliste, celui qui graduait dans son article les performances du vent, posait aussi cette question :

Sait-on comment les habitants se chauffent en Amérique ?

Et de répondre :

Par la vapeur, tout simplement.

En ajoutant, toutefois au paragraphe suivant, les explications suivantes :

Il y a un grand établissement central qui, au moyen de tubes souterrains, envoie la chaleur dans les maisons de la ville.

Et de conclure :

Cela revient au consommateur à meilleur marché que l’emploi de n’importe quel combustible.

 

Voilà assurément pourquoi, par la suite, le chauffage dans les maisons fut appelé : chauffage central !!

Mais attendez !! Voici les précisions suivantes données par ce journaliste.

Dans les rues, des conduites sont placées à côté de celles qui distribuent l’eau et le gaz ; dans les immeubles, des tuyaux de cuivre pourvus de robinets répandent le calorique à volonté. Pendant les hivers rigoureux, on se sert de la même vapeur pour faire fondre la neige et la glace sur la voie publique.

 

Quel progrès ! Quelle ingéniosité !!

Surtout si je vous précise que l’article date du 19 octobre 1879.

 

Et le journaliste finissait son écrit par :

A Londres et à Berlin, et, naturellement dans beaucoup de villes américaines, on s’occupe d’installer ce système. Espérons que nous ne serons pas les derniers à comprendre l’importance de cette innovation.

 

 

Ce texte a puisé ses sources dans un article,

du  journal « Le Midi », en date du 19 octobre 1879.

mercredi 17 novembre 2021

Se déguiser !!

Les enfants aiment à se déguiser. Endosser les habits d’un autre personnage et se prendre pour lui est, pour eux, un réel plaisir.

Mais d’où vient ce mot ?

 

Eh bien, je viens de découvrir son origine et ce que j’ai appris est surprenant !!

 

Déguiser vient de « une guise », mot employé dans l’expression :

  • ·         En  guise de (vers 1050) : en manière de
  • ·         A ma guise (vers 1188) :  selon mon goût

 

Voilà ce qui peut commencer à vous éclairer.

 

Alors, « déguiser » - 1155, desguiser – est formé de « dé », négation, et de « guise », manière d’être.

Sa signification :



  • ·        
    Recouvrir quelqu’un ou quelque chose pour le rendre méconnaissable (1559).

 Voilà que tout se précise !!

 Mais aussi :

  • ·         Modifier pour tromper – sens propre et figuré.
  • ·         Dissimuler une action ou une chose. Par exemple, les « fruits déguisés » en confiserie sont des fruits enrobés de sucre.

Un déguisement :

  • ·         Vers 1200 : action de déguiser.
  • ·         1672 : ce qui sert à déguiser.

 

A présent, il ne vous reste plus qu’à vous déguiser à votre guise.

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

 

Nuit de tempête.






Une tempête - il est même noté, un ouragan !!! - qui a fait bien des dégâts dans la capitale.

 

Dans la nuit du dimanche 26 au lundi 27 décembre 1886, les Parisiens furent réveillés par de forts coups de vent vers les trois heures du matin. Des bruits effrayants de volets qui claquaient, se décrochant pour s’envoler plus loin, des cheminées qui s’écroulaient dans un fracas infernal, des toitures qui se soulevaient dispersant tuiles et ardoises alentour.

Sur les boulevards, installés pour les fêtes de fin d’année, les marchands forains restaient impuissants devant leurs baraques en planches projetées au loin et à présent disloquées, et leur marchandise éparpillée, brisée, dévastée, invendable. Leurs espérances d’une bonne recette à l’occasion du nouvel an, définitivement ruinées.

Dans la capitale et dans les faubourgs, au matin après deux heures de déchaînement de ces bourrasques furieuses de vent, ce n’est que désolation. Les sols étaient jonchés de débris de toute sorte : briques, planches, ardoises, tuiles, verres brisés, branches....

Avenue Marceau, un mât-réclame s’était abattu sur un candélabre. De même, les mâts placés devant le Palais de l’Industrie n’avaient pas résisté aux rafales, s’abattant avec fracas sur le toit du poste des gardiens. L’écusson sur la devanture de ce Palais de l’Industrie, extrait de son support, avait été retrouvé dans un massif à plus de cinquante mètres de son lieu d’attache. Un beau vol plané !

 

Rue Miromesnil, une barrière en planches fut dégondée et projetée une centaine de mètres plus loin.

Boulevard Haussmann, rue Cervotte, boulevard Malesherbes, boulevard Montmartre, boulevard Poissonnière, boulevard des Capucines... Partout le même désastre.

Au milieu des baraques éventrées des marchands forains, des objets invendables, des livres déchirés, les arbres déracinés, des branches éparpillées, des vitrines de magasins pulvérisées...

 

Les bois de Vincennes et de Boulogne, ainsi que les divers jardins publics n’avaient pas été épargnés. Beaucoup d’arbres gisaient à terre et la végétation semblait avoir été piétinée. Il allait falloir du temps pour tout nettoyer et replanter.

 

L’échafaudage de l’église du Sacré-Cœur à Montmartre, actuellement en travaux, avait été jeté à terre.

 

Autour de Paris, les lignes télégraphiques, arrachées, ne pouvaient effectuer leur mission. Plus aucune communication possible.

 

Si le montant des dégâts matériels était extrêmement conséquent, il était à déplorer, malheureusement, des accidents de personnes.

Un tuyau de cheminée, dans sa chute folle, avait écrasé un balayeur au faubourg Saint-Denis

Avenue Wagram, un fiacre a basculé sous la force d’une bourrasque. Le cocher, grièvement blessé, avait  été transporté à l’hôpital. Les trois passagers du fiacre, très contusionnés, avaient pu, toutefois, regagner leur domicile.

Un jeune homme de vingt ans, fut heurté à la tête par une persienne. Ce jeune homme, du nom de Hernay, se trouvait dans un état très critique.

Rue d’Avron, une partie d’une toiture en zinc avait enseveli deux ouvriers qui se rendaient à leur travail.

 

Une nuit de cauchemar que les habitants de Paris et de la banlieue n’étaient pas prêts d’oublier.

 

Mais le pire pouvait être à venir.....

Le niveau des eaux de l’Yonne et de l’Aube était au plus haut. Ce fait engendrait une répercussion sur le niveau de la Seine qui montait de jour en jour d’une manière inquiétante. Déjà, les quais commençaient à être submergés. On craignait d’être obligé d’interrompre toute navigation.

 

Dans d’autres départements,  les intempéries commençaient à inquiéter. La ville de Bordeaux avait essuyé des vents tempétueux et des pluies torrentielles mêlées de grêlons.

 

Sur la Manche, six bateaux de pêche avaient fait naufrage. Des remorqueurs avaient dû intervenir pour les renflouer.

 

Que faire devant une tempête, une inondation, si ce n’est attendre le retour au calme et réparer les dégâts ?

 

 

Ce texte a puisé ses sources dans un article écrit par Pierre Lecot,

dans le  journal « le Cri du peuple », en date du mercredi 29 décembre 1886.

jeudi 11 novembre 2021

Gros temps sur la mer.....

Quelques intempéries relatées dans le « journal de Rouen » 


qui ont causé bien de dommages.

 

 

6 septembre 1765

 

« Le 29 de ce mois dernier, sur les neuf heures du matin, nous essuyâmes un orage, accompagné de  quelques coups de tonnerre très-violens la foudre tomba sur la seconde marche de la maison de M. le Vicaire de S. Hilaire, qui étoit pour lors sur la première ; il brisa la pierre ; il fut ensuite à une maison voisine, y cassa quelques vitres, brûla partie d’une vigne & un figuier, & ne fit point de mal. »

 

J’ai cherché vainement le nom du vicaire de la paroisse de Saint Hilaire, en cette année 17654. Mais hélas, les documents sur les registres ne portent aucune mention du nom du prêtre ou de son vicaire et aucune signature au bas des actes, à l’exception de celles des personnes de la famille présentes ou des témoins.

 

Au XVIIIème siècle, la paroisse de St-Hilaire était située hors la ville, au bord de la route qui menait vers l’est, dans la vallée du Robec et recouvrait un faubourg d’artisans tisserands assez pauvres.

 

Au début, il n’y avait qu’une petite chapelle médiévale.

On sait qu’elle fut, au moment des différents sièges, tour à tour endommagé, démolie et reconstruite. Puis, elle fut agrandie en 1835 par l'abbé Grouet qui en était alors le curé.
En 1871, St-Hilaire fut retenue pour être succursale paroissiale. Elle fut fermée en 1793 et rendue au culte en 1802.

 

J’ai appris aussi que :

En 1770, le clergé ne comptait qu’un seul prêtre, mais aucune mention de son nom.

En 1834, le Curé se nommait M. Denize.

Et puis, en 1835, il s’agissait de l’Abbé Grouet.

 

 

20 septembre 1765

 

« Le 20 du mois dernier, vers les 10 heures du matin, un ouragan a fait un ravage étonnant dans l’enclos d’une Ferme en la paroisse de Crosville-en-Caux. Le vent fut si violent, qu’il ébranla le pavillon en brique jusque dans ses fondemens, & en fit tomber 3 à 4000 ardoises, cassa trente carreaux de vitres, renversa plus de cent pieds d’apentis, quatre-vingt-quatorze pieds de grange, endommagea toutes les couvertures de ladite Ferme, abattit 30 pommiers dans la masure, & 3 ormes extrêmement gros, fit tomber plus de 220 boisseaux de pommes, & souleva la charpente de la maison du Fermier de dessus la maçonnerie, fit balancer le clocher, qui est proche : le dommage est, dit-on, au moins de 3000 livres. Heureusement les environs ne s’en ressentis que peu. »

 

Quelle est cette ville de Crosville-en-Caux ? Etait-ce l’ancien nom d’une commune d’aujourd’hui, si oui, laquelle ?

Considérant aussi, que les divers rédacteurs du journal effectuaient, parfois pour ne pas dire souvent, quelques fautes dans les noms propres, j’ai essayé de creuser un peu l’information.

 

Cauville-sur-mer, située sur la rive droite de la Seine, à environ quinze kilomètres du Havre, se trouve sur une falaise en bordure de mer. Est-ce en ce lieu ?

Ou, plus vraisemblablement, il pourrait s’agir de Fauxville-en-Caux, entre Fécamp et Yvetot,  dont la consonance est plus proche de Crosville-en-Caux.

Mais  je n’ai aucune certitude, en fonction du peu d’éléments en ma possession.

 

 

11 octobre 1765

 

« La tempête du 4, a occasionné au Havre bien du ravage. Voici ce qu’on nous mande.

Le 3 de ce mois, le vent commença assez vivement vers le midi. Le 4, il devint si violent, que pendant le jour et la nuit du 4 au 5, il abattit un nombre de cheminées de cette ville, y découvrit la plus grande partie des maisons, & n’a cessé que ledit jour 5, à cinq heures du matin : les boules de plomb de la couverture de l’Hôtel de Ville, qui portent chacune une fleur-de-lys, ont été ployées & abattues sur les couvertures d’ardoises ;  une faîture de plomb du sommet de la couverture, a été enlevée. En un mot, on ne se souvient point d’avoir vu rien de semblable ; chacun eut le soin d’éteindre le feu, crainte d’incendie.

Le Havre n’est pas le seul endroit qui a souffert, le reste de la Province n’a point été épargné ; dans bien des lieux les arbres ont été dépouillés de leurs fruits & de leurs feuilles, arrachés ou écartelés ; les maisons découvertes ou renversées ; de ce nombre est, dit-on, un coin de l’Eglise Cathédrale de Bayeux : nos vieillards ne se souviennent point d’avoir vu rien de semblable ; on ne peut apprécier le dommage, mais on peut assurer qu’il est grand. Cette Capitale en a été quitte pour des cheminées, tuiles & ardoises abattues. »

 

 Les archives historiques du Havre nous apprennent que ce 4 octobre :

« Une forte tempête, connue sous le nom de Coup de vent de Saint-François, provoqua d'énormes dégâts. »

 

Le site de Fécamp note :

« 1765 - Le 29 août depuis environ 3 heures du soir jusqu'à six heures du soir, il y eut à Fécamp une crue considérable, occasionnée par l'eau d'un fort orage ; l'eau s'écoulait par le marché, la basse rue Sainte-Croix et par dedans quelques maisons de la même rue. »

« 1765 - Le 4 octobre, il se leva, sur les quatre heures du soir, un ouragan des plus violents qui dura jusqu'à trois heures du matin du cinq en suivant. Plusieurs édifices tombèrent, d'autres furent naufragés, beaucoup d'arbres et moulins à vent abattus ; il ne fut point beaucoup parlé de naufrages en mer. »

  

 

8 novembre 1765

 

« L’ouragan que l’on essuya à Bayeux le 4 octobre, commença vers trois heures après-midi, & n’a cessé qu’à une heure après minuit : on a dit sans fondement que le vent avoit emporté un coin de la Cathédrale ; il a seulement abattu deux grandes croisées, qui avoient été refaites à neuf depuis peu, & qui en tombant ont causé quelque dommage au pavé de l’Eglise ; il n’en a pas été de même des maisons du Château de cette ville, une partie a été écrasée par la chûte d’une haute cheminée, & ce qui reste a été si ébranlé, qu’il n’est plus possible d’y habiter. »

 

 

Rien sur les dégâts subis par la cathédrale, seulement un complément d’informations : « La Maison du Gouverneur de Bayeux fut totalement ruinée par l’ouragan.»

 

 

13 décembre 1765

 

« Depuis l’ouragan du 4 octobre, qui a fait beaucoup de dégâts dans la Province, il est venu sur les Côtes de l’Amirauté de Cherbourg, 33 pièces & bariques  d’eau-de-vie & de vin, réputés fûts de Cette ayant des cercles de châtaignier. »

 

 

Gageons qu’il y avait bien plus de barriques. Un certain nombre avait dû faire le bonheur de quelques uns…….

Il faut bien boire à la santé du Roi et quand on peut le faire sans bourse déliée !…..

 

 

20 décembre 1765

 

« La tempête, qui a été à peu près aussi violente que le 4 Octobre dernier, a fait un tort considérable sur nos Côtes, & notamment aux biens qui avoisinent la mer par-dessus les fortifications, & inondé une partie des terres de Percamville ; apartenantes  à S. A. A. Monseigneur le Comte de la marche, entre la Citadelle du Havre &   le village de Lheure, tous les ouvrages & les terres qui ont beaucoup souffert, sont encore très-exposées, s’il n’y est remédié avant les grosses mers prochaines. »

 

 

Les terres de « Percanville » devinrent, un temps, un quartier du Havre avant de n’être, aujourd’hui, que le nom d’une rue.

Aujourd'hui, la rue de Percanville est une des dernières rue de la Paroisse de Saint-François à avoir conservé ses gros pavés. On peut encore y voir quelques vieux immeubles d'avant guerre, juste derrière l'Eglise Saint-François. Ils ont échappé par miracle aux explosions et aux incendies de la Seconde Guerre Mondiale.

 

 Pour achever le chapitre des terribles intempéries, je vous soumets ce que j’ai découvert dans « l’histoire sommaire et chronologique de la ville de Rouen », écrit par Nicétas Périaux.

 « 1765 – on essuya à Rouen le 12 septembre, un très fort orage. Il tomba de la grêle dont quelques grains étaient de la grosseur d’un œuf de pigeon. La ville perdit ses vitres, la campagne le reste de ses récoltes et les jardins leurs légumes. Une inscription, rappelant cet évènement, fut placée dans l’ancienne rue Binet qui était voisine de la Porte Grand-Pont. »

  

La rue Binet, à Rouen, non loin de l’Eglise du Sacré-Cœur, donne dans la rue du Renard et le boulevard Jean Jaurès.

Aucune indication concernant une inscription. Alors, si toutefois, vous avez quelque renseignement la concernant, n’hésitez pas à m’en faire part.

mercredi 10 novembre 2021

Quelle aventure!... et tout cela à cause du petit chat !

 


Hier, le chat a « dégobillé » sur le tapis du salon !!!

 

Tout compte fait, j’ai nettoyé…  Logique et hygiénique !! Et puis, j’ai donné un médicament au petit chat pour remédier à son embarras gastrique.

Puis, au fil des heures……. La réflexion aidant……. J’en suis arrivée à :

« Si le chat dégobille, peut-il « gobiller » ?

Alors, s’ensuivit une recherche intense sur l’origine de ce mot dont je vous relate ci-dessous le résultat.

 

Le terme vient en fait du verbe « gober »….. mais, en ce qui nous concerne présentement, le processus est inversé !!

  • ·         Gober, de « GOB », bouche ou encore bec.
  • ·         « GOB », un radical que l’on retrouve dans le mot « gobelet », verre que l’on porte à la bouche
  • ·         Gober : avaler
  • ·         Dégobiller : rejeter ce qui a été gobé, donc avalé !!!

 

Mais attention à ne pas gober une gobe (écrit aussi gobbe) dont la signification à évoluer en :

  • ·         Une forte bouchée – vers 1625.
  • ·         Une boulette empoisonnée – 1690. Attention méfiance !!
  • ·         Et depuis 1866, un bol, boulette de nourriture,  servant à engraisser les volailles.

 

Mais revenons à « Gober »

Ce verbe peut avoir le sens de « avaler  sans mâcher », mais également celui de « croire naïvement un fait ou un dire ». Quelqu’un qui « gobe » est donc très naïf, très crédule.

Un gobeur dans ce cas-là « gobe le morceau » (1662) ou encore « gobe l’hameçon » (1669). Dans les deux cas, il se laisse tromper.

 

Charles Simon Favart, auteur de pièces de théâtre, né le 13 novembre 1710 à Paris et décédé le 12 mai 1792 à Belleville, est assurément le précurseur du genre théâtral, le vaudeville.

Le public lui doit quelque cent-cinquante pièces dont seulement une soixantaine parut de son vivant. Parmi celles-ci, « La soirée des boulevards » dans laquelle évolue  M. Gobemouche, un personnage bien naïf.

 

 Celui qui gobe – au sens propre comme au sens figuré - est un gobeur, une gobeuse si il s’agit d’une personne du sexe dit « faible ». Un  gobeur (1670) peut aussi être nommé un gobage (1870).

De là, un gobeur gobichonne et souvent il est accompagné par d’autres gobichonneurs et gobichonneuses, car un gobichonnage (ou une gobichonnade) est plus convivial à plusieurs.

 

Il est possible aussi de « gober les mouches », mais cette activité est exclusivement réservée aux rêveurs et cela depuis 1690. Une activité bien oisive !!

Certains ne peuvent pas gober (de l’expression : ne pouvoir gober). Ce fut bien là mon cas lorsque le chat a dégobillé….. car ne « pouvoir gober », se traduit par : « ne pas supporter ».

 

Qu’est-ce qu’un gobe-mouches ?

Ce mot, apparu en 1547 sous la forme de Gobe-mousches, était le surnom d’un personnage bon vivant.

Mais désignait aussi…..

  • ·         Un oiseau se nourrissant d’insectes qu’il gobait en plein vol (1611).
  • ·         Une plante carnivore.

  

Et puis cette locution adverbiale, « Tout de Go » (1660) ?

Elle n’a nullement rien à voir avec le verbe anglais « To go », mais est le raccourci de «  avaler tout de gob », soit d’un seul coup.

« Tout de Go » se traduit donc par : directement ou encore sans façon librement.

 

 Et tout ce qui précède uniquement parce que, un certain matin, le petit chat a dégobillé !!!!!


Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert


mercredi 3 novembre 2021

Ça c’est ben vrai, pardi !!!

 


Pardi, raccourci de « pardieu », qui était initialement un juron, renforçant une affirmation ou une négation.

En 1608, on trouve le mot dans un texte, sous la forme de « perdy ».

Un mot qui, peu à peu, perdit son emploi de juron pour ponctuer, uniquement, une déclaration.

 

C’est une évidence, pardi !!

 



Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

 

Les intempéries.

 






Revenons en France, à l’automne 1768, où la paroisse de Saint-Denis-sur-Sarthon[1] fut bien éprouvée comme le précise l’article ci-dessus, trouvé dans les pages du Journal de Rouen, en date du 4 novembre.

 

Une paroisse bien éprouvée

 

4 novembre 1768

 

« Le Lundi 12 Septembre dernier, la paroisse de S. Denis-sur-Sarthon, & plusieurs autres circonvoisines, ont été grêlées à quatre heures & demie du matin. La grêle comme des glaçons de différentes formes et grosseur, dont  plusieurs grains pesoient depuis une demi-livre (sic) jusqu’à une livre, a causé le plus grand dommage sur les orges, les avoines & les sarrasins ; il y avoit un tiers des orges coupés, que les pluies continuelles ne permettoient pas de ramasser depuis trois semaines, la grêle les a battues dans les champs ; les orges à couper ont moins souffert. Les pommes & les poires ont été abattues & morcelées par la grêle. M. l’intendant a envoyé un Commissaire pour vérifier les pertes.

La même paroisse est affligée depuis 13 mois d’une maladie épidémique ; il y a eu 500 malades à l’extrémité, dont 80 sont morts ; le mois de septembre dernier, on y vit à la fois 70 malades, ce qui répandit la consternation.

M. Jullien, Intendant d‘Alençon, touché de ces malheurs, a envoyé M. de Beaucoudray, Docteur-Médecin à Alençon, qui depuis six semaines, accompagné du Sieur Martin, Chirurgien, visite tous les jours les malades. M. l’Intendant leur fait fournir les remèdes, les bouillons, les tisanes, ce qui s’éxécute (sic) avec le plus grand ordre. Il y a actuellement plus de 100 malades guéris par les soins du Médecin & les secours de toute espéce (sic) que M. l’Intendant a procurés ; on n’y compte plus que 20 malades qui paroissent hors de danger. MM. Les Bénédictins de S. Martin de Séez, qui jouissent de la moitié des grosses dimes de la paroisse, ont envoyé à M. le Curé 30 liv. pour aider à gouverner les malades ; chacune s’empresse de lui faire passer leurs aumômes (sic) ; au moyen de quoi les malades & les pauvres n’ont manqué l’hyver (sic) dernier ni de pain, ni d’argent, ni de cidre. On a distribué aux malades deux tonneaux de cidre malgré sa cherté & la rareté ; on a même fourni le bois à tous sans exception ; on a payé les gardes à quelques-uns ; on les faisoit visiter par le Chirurgien ; on payoit les remedes (sic), le tout par la voie du bureau de charité établi dans ladite paroisse, avec la permission & sous l’autorité du Ministre. »

 

Le 12 septembre 1768, le curé de cette paroisse avait  inscrit sur son registre qu'il pleuvait depuis trois mois, qu'il avait grêlé ce jour de façon remarquable, que les forges de St Denis et de la Roche manquaient de mines, de charbon, et la faïencerie de bois.

 

 

Les industries de Saint-Denis-sur-Sarthon

 

Les terrains de cette région abondaient en fer et en argile.

Deux éléments permettant l’implantation de forges et de faïenceries.

 

En décembre 1750, un premier fourneau fut mis  en activité aux Forges de Saint-Denis-sur-Sarthon qui prospérèrent rapidement. Cette activité importante dura plus de cent ans.

 

Il  fallut une guerre, celle contre les pays d’Europe coalisés contre le Royaume de France, en 1689, sous le règne de Louis XIV, pour que la vaisselle d’argent du roi et de la noblesse soit fondue. 

Et voilà comment apparut la faïence pour confection assiettes et plats de diverses tailles.

Un privilège de fabrication et de commercialisation donné par le roi à Jean-Baptiste Ruel de Belleisle qui établit sa manufacture à Saint-Denis-sur-Sarthon, lieu où se trouvaient l’argile nécessaire, l’eau grâce à la rivière Sarthon et le bois de chauffage des grandes forêts autour d’Alençon. C’était en l’année 1749.

La faïence de Saint-Denis se donna l’ambition de concurrencer celles de Rouen, de Quimper....

Mais les argiles utilisées avaient l’inconvénient de devenir très rouges à la cuisson. Pour éviter ce désagrément et s’approcher du blanc de la porcelaine, les potiers employaient un émail très épais à base d’étain.

 

 

La désastreuse météo de l’année 1768

 

Une année pluvieuse que celle de 1768. Pas par des pluies abondantes, non, mais quasi-continuelles de mi-juin à décembre, régulièrement accompagnées d’orages – trois à quatre certains jours.

Avec toute cette humidité, les foins furent gâtés.

Les récoltes très tardives par manque de soleil et de chaleur furent inexistantes.

Les grains germèrent, surtout l’avoine.

La terre, détrempée, rendait les chemins impraticables, les roues des charrettes s’embourbant et le travail des champs impossible, les parcelles de terre n’étant que boue.

La craindre, en raison de la pénurie de blé et autres vivres, fut que la cherté de la vie déjà importantes les deux années précédentes fût encore plus grande en 1769.

Il n’y eut pas de vin en 1768.

Les pommes à cidre s’arrachèrent à prix d’or, en raison des mauvaises récoltes.

Pas de melons, ni d’oignons, ni de porette[2]...

 

Il y eut beaucoup de périodes de ce genre. Les paysans, dit le Tiers Etat, travaillaient la terre pour nourrir la noblesse et le clergé. Ils vivaient avec le peu qu’ils pouvaient garder, soit une misère. De plus, ils étaient les seuls à devoir s’acquitter des corvées et autres divers nombreux impôts.

 



[1] Saint-Denis-sur-Sarthon : commune dans le département de l’Orne.  Le Sarthon : rivière traversant cette commune.

 

 

[2] Porette : jeune poireau.