Quelques intempéries relatées
dans le « journal de Rouen »
qui ont causé bien de dommages.
« Le 29 de ce mois dernier,
sur les neuf heures du matin, nous essuyâmes un orage, accompagné de quelques coups de tonnerre très-violens la
foudre tomba sur la seconde marche de la maison de M. le Vicaire de S. Hilaire,
qui étoit pour lors sur la première ; il brisa la pierre ; il fut
ensuite à une maison voisine, y cassa quelques vitres, brûla partie d’une vigne
& un figuier, & ne fit point de mal. »
J’ai
cherché vainement le nom du vicaire de la paroisse de Saint Hilaire, en cette
année 17654. Mais hélas, les documents sur les registres ne portent aucune
mention du nom du prêtre ou de son vicaire et aucune signature au bas des actes,
à l’exception de celles des personnes de la famille présentes ou des témoins.
Au XVIIIème
siècle, la paroisse de St-Hilaire était située hors la ville, au bord de la
route qui menait vers l’est, dans la vallée du Robec et recouvrait un faubourg
d’artisans tisserands assez pauvres.
Au début, il
n’y avait qu’une petite chapelle médiévale.
On sait
qu’elle fut, au moment des différents sièges, tour à tour endommagé, démolie et
reconstruite. Puis, elle fut agrandie en 1835 par l'abbé Grouet qui en était
alors le curé.
En 1871, St-Hilaire fut retenue pour être succursale paroissiale. Elle fut
fermée en 1793 et rendue au culte en 1802.
J’ai
appris aussi que :
En
1770, le clergé ne comptait qu’un seul prêtre, mais aucune mention de son nom.
En
1834, le Curé se nommait M. Denize.
Et
puis, en 1835, il s’agissait de l’Abbé Grouet.
« Le 20 du mois dernier, vers
les 10 heures du matin, un ouragan a fait un ravage étonnant dans l’enclos
d’une Ferme en la paroisse de Crosville-en-Caux. Le vent fut si violent, qu’il
ébranla le pavillon en brique jusque dans ses fondemens, & en fit tomber 3
à 4000 ardoises, cassa trente carreaux de vitres, renversa plus de cent pieds
d’apentis, quatre-vingt-quatorze pieds de grange, endommagea toutes les
couvertures de ladite Ferme, abattit 30 pommiers dans la masure, & 3 ormes
extrêmement gros, fit tomber plus de 220 boisseaux de pommes, & souleva la
charpente de la maison du Fermier de dessus la maçonnerie, fit balancer le
clocher, qui est proche : le dommage est, dit-on, au moins de 3000 livres.
Heureusement les environs ne s’en ressentis que peu. »
Quelle
est cette ville de Crosville-en-Caux ? Etait-ce l’ancien nom d’une commune
d’aujourd’hui, si oui, laquelle ?
Considérant
aussi, que les divers rédacteurs du journal effectuaient, parfois pour ne pas
dire souvent, quelques fautes dans les noms propres, j’ai essayé de creuser un
peu l’information.
Cauville-sur-mer,
située sur la rive droite de la Seine, à environ quinze kilomètres du Havre, se
trouve sur une falaise en bordure de mer. Est-ce en ce lieu ?
Ou,
plus vraisemblablement, il pourrait s’agir de Fauxville-en-Caux, entre Fécamp
et Yvetot, dont la consonance est plus
proche de Crosville-en-Caux.
Mais je n’ai aucune certitude, en fonction du peu
d’éléments en ma possession.
« La tempête du 4, a
occasionné au Havre bien du ravage. Voici ce qu’on nous mande.
Le 3 de ce mois, le vent commença
assez vivement vers le midi. Le 4, il devint si violent, que pendant le jour et
la nuit du 4 au 5, il abattit un nombre de cheminées de cette ville, y
découvrit la plus grande partie des maisons, & n’a cessé que ledit jour 5,
à cinq heures du matin : les boules de plomb de la couverture de l’Hôtel
de Ville, qui portent chacune une fleur-de-lys, ont été ployées & abattues
sur les couvertures d’ardoises ;
une faîture de plomb du sommet de la couverture, a été enlevée. En un
mot, on ne se souvient point d’avoir vu rien de semblable ; chacun eut le
soin d’éteindre le feu, crainte d’incendie.
Le Havre n’est pas le seul endroit
qui a souffert, le reste de la Province n’a point été épargné ; dans bien
des lieux les arbres ont été dépouillés de leurs fruits & de leurs
feuilles, arrachés ou écartelés ; les maisons découvertes ou
renversées ; de ce nombre est, dit-on, un coin de l’Eglise Cathédrale de
Bayeux : nos vieillards ne se souviennent point d’avoir vu rien de
semblable ; on ne peut apprécier le dommage, mais on peut assurer qu’il
est grand. Cette Capitale en a été quitte pour des cheminées, tuiles &
ardoises abattues. »
Les
archives historiques du Havre nous apprennent que ce 4 octobre :
« Une forte tempête, connue sous
le nom de Coup
de vent de Saint-François, provoqua d'énormes dégâts. »
Le
site de Fécamp note :
« 1765 - Le 29 août depuis
environ 3 heures du soir jusqu'à six heures du soir, il y eut à Fécamp une crue
considérable, occasionnée par l'eau d'un fort orage ; l'eau s'écoulait par le
marché, la basse rue Sainte-Croix et par dedans quelques maisons de la même
rue. »
« 1765 - Le 4 octobre, il se leva,
sur les quatre heures du soir, un ouragan des plus violents qui dura jusqu'à trois
heures du matin du cinq en suivant. Plusieurs édifices tombèrent, d'autres
furent naufragés, beaucoup d'arbres et moulins à vent abattus ; il ne fut point
beaucoup parlé de naufrages en mer. »
« L’ouragan que l’on essuya à
Bayeux le 4 octobre, commença vers trois heures après-midi, & n’a cessé
qu’à une heure après minuit : on a dit sans fondement que le vent avoit
emporté un coin de la Cathédrale ; il a seulement abattu deux grandes
croisées, qui avoient été refaites à neuf depuis peu, & qui en tombant ont
causé quelque dommage au pavé de l’Eglise ; il n’en a pas été de même des
maisons du Château de cette ville, une partie a été écrasée par la chûte d’une
haute cheminée, & ce qui reste a été si ébranlé, qu’il n’est plus possible
d’y habiter. »
Rien sur les dégâts subis par la cathédrale, seulement un
complément d’informations : « La
Maison du Gouverneur de Bayeux fut totalement ruinée par l’ouragan.»
« Depuis l’ouragan du 4
octobre, qui a fait beaucoup de dégâts dans la Province, il est venu sur les
Côtes de l’Amirauté de Cherbourg, 33 pièces & bariques d’eau-de-vie & de vin, réputés fûts de
Cette ayant des cercles de châtaignier. »
Gageons
qu’il y avait bien plus de barriques. Un certain nombre avait dû faire le
bonheur de quelques uns…….
Il
faut bien boire à la santé du Roi et quand on peut le faire sans bourse déliée !…..
« La tempête, qui a été à peu
près aussi violente que le 4 Octobre dernier, a fait un tort considérable sur
nos Côtes, & notamment aux biens qui avoisinent la mer par-dessus les
fortifications, & inondé une partie des terres de Percamville ;
apartenantes à S. A. A. Monseigneur le
Comte de la marche, entre la Citadelle du Havre & le village de Lheure, tous les ouvrages
& les terres qui ont beaucoup souffert, sont encore très-exposées, s’il n’y
est remédié avant les grosses mers prochaines. »
Les
terres de « Percanville » devinrent, un temps, un quartier du Havre
avant de n’être, aujourd’hui, que le nom d’une rue.
Aujourd'hui,
la rue de Percanville est une des dernières rue de la Paroisse de
Saint-François à avoir conservé ses gros pavés. On peut encore y voir quelques
vieux immeubles d'avant guerre, juste derrière l'Eglise Saint-François. Ils ont
échappé par miracle aux explosions et aux incendies de la Seconde Guerre
Mondiale.
Pour
achever le chapitre des terribles intempéries, je vous soumets ce que j’ai
découvert dans « l’histoire sommaire et chronologique de la ville de
Rouen », écrit par Nicétas Périaux.
« 1765 – on essuya à Rouen le 12
septembre, un très fort orage. Il tomba de la grêle dont quelques grains
étaient de la grosseur d’un œuf de pigeon. La ville perdit ses vitres, la
campagne le reste de ses récoltes et les jardins leurs légumes. Une
inscription, rappelant cet évènement, fut placée dans l’ancienne rue Binet qui
était voisine de la Porte Grand-Pont. »
La
rue Binet, à Rouen, non loin de l’Eglise du Sacré-Cœur, donne dans la rue du
Renard et le boulevard Jean Jaurès.
Aucune
indication concernant une inscription. Alors, si toutefois, vous avez quelque
renseignement la concernant, n’hésitez pas à m’en faire part.