jeudi 31 août 2017

Jeu de mains, jeu de vilains.

Jeu de mains, jeu de vilains.


Voilà encore une expression venant tout droit de ma grand-mère. Elle l’employait lorsque mon frère et moi, nous nous chamaillons et que cela se terminait en « bagarre ».
Dans l’esprit grand-maternel, il s’agissait là de jeu, plus ou moins dangereux, qui se terminerait inévitablement par des larmes.
Petite précision concernant les larmes : il s’agissait des miennes, mon frère, plus grand, était donc plus fort.
Mais connaissait-elle, grand-mère, toute l’histoire de cette formule dont elle usait copieusement ?

Remontons le temps, jusqu’au Moyen-âge.
Les vilains consistaient en une catégorie sociale qui habitait des fermes dénommée par le terme « villa ».
Hommes libres, les vilains cultivaient la terre qu’ils louaient à un seigneur à qui il devaient aussi payer des impôts tels la « taille », partie de leur récolte et donner des jours de travail, appelés « la corvée ».
Les vilains, lors des fêtes villageoises, s’affrontaient dans des joutes à mains nues.

« Jeu de mains, jeu de vilains » est donc un proverbe (1690) ;
Le mot « vilain », désignant quelqu’un de « rustre ».
Mais ce mot prit, peu à peu, un sens moral qui finit, par extension, à prendre le sens de « déplaisant ».

Tout compte fait, grand-mère avait raison, nous étions, dans ces moments de querelles, des enfants « déplaisants ».
De sales gosses, quoi !


Petit complément d’information :
Il existait une autre catégorie sociale, la plus pauvre, celle-là, les serfs.

Les serfs n’étaient pas des hommes libres, ils « appartenaient » à un seigneur et travaillaient pour lui. Ils pouvaient, toutefois, s’ils réussissaient à mettre de l’argent de côté, ce qui était fort rare, à acheter leur liberté. 

JOURNAL DE ROUEN - NOUVELLES FRAÎCHES !



Un commerce immonde !

5 mars 1784

Arrêt du Conseil d’Etat du Roi, qui supprime le privilège exclusif de la traite des Noirs à Gorée & dépendances, & accorde en dédommagement, pour le terme & espace de neuf années, à commencer du premier Juillet prochain, aux Concessionnaires, Intéressés & Administrateurs de la Compagnie de la Guyane françoise, celui de la traite de la Gomme seulement, dans la riviere (sic) du Sénégal & dépendances, du 11 janvier 1784.

L’île de Gorée possède une bien triste histoire. La connaissez-vous ?

Gorée est une île du Sénégal, dans l'océan Atlantique, située à 4 kms au large de Dakar. Longue de 900 m, large de 300 m, elle a une superficie de 28 ha. Sa population s'élève à environs 1 000 habitants.
Gorée a été découverte, en 1444, par les Portugais qui commencèrent la « Traite des Noirs » en 1510.
En 1627, les Hollandais édifièrent un fort à Gorée, tandis que les Français s’installèrent le long des côtes.
Les Français fondèrent Saint-Louis en 1659, avant de se rendre maître de Gorée en 1677.
En raison de la qualité de sa rade, l’île devint le principal comptoir français d'Afrique occidentale, et le premier centre de commerce des esclaves.
La traite négrière contribua à renforcer la puissance des royaumes côtiers au détriment des Etats de l’intérieur.

S’ensuivit une rivalité entre Français, Hollandais et Britanniques pour le commerce de l’or, la gomme, les épices et les esclaves.
Finalement, la France obtient la totalité du Sénégal par le traité de Vienne en 1816.

Nommé gouverneur en 1854, Louis Faidherbe, Général français fonda Dakar en 1857 et en devient gouverneur. Il créa des contingents de tirailleurs sénégalais.
Les Tirailleurs sénégalais participèrent massivement à côté des troupes françaises aux combats de la Guerre de 1914/1918 :
·         180 000 hommes sont mobilisés
·         30 000 hommes sont tués
Ils participèrent également aux combats de la Seconde guerre Mondiale, et prirent part à la campagne d’Indochine (1945-1954) au cours de laquelle 2 300 Sénégalais y perdirent la vie.

Aujourd’hui, l'activité principale  de l’ile de Gorée est le tourisme. Elle présente des constructions coloniales d'une grande homogénéité, une esclaverie du XVIIIe siècle et plusieurs musées. L'île a été inscrite au patrimoine mondial par l'Unesco.

C’est en tout onze millions d’hommes, de femmes et d’enfants africains qui furent  réduits en esclavage entre le XVIème et la fin du XVIIIème siècle.



Commerce triangulaire, expression désignant le processus de la traite des Noirs de la fin du XVIIe siècle à la fin du XVIIIe siècle entre la France, l'Afrique et les Antilles. Les bateaux partaient de quatre ports : La Rochelle, Bordeaux, Le Havre et surtout Nantes (1 427 expéditions négrières de 1715 à 1789) qui fut le premier port négrier mondial au XVIIIe siècle. Ils embarquaient des verroteries, des armes, des bijoux. Arrivés en Afrique, au Sénégal le plus souvent, les négriers échangeaient leur cargaison contre des esclaves. Le voyage se prolongeait vers les Antilles, où près de 5 000 Noirs étaient débarqués chaque année en échange de sucre, de vanille et de différents produits tropicaux, rapportés en France pour y être vendus. L'armateur pouvait espérer 800 p. 100 de bénéfice ; la sécurité sur les mers était plutôt mieux assurée qu'au XVIIe siècle, et des dynasties de négriers assurèrent ainsi leur fortune : le Nantais Antoine Walsh arma 28 navires négriers à lui seul. Les révoltes d'esclaves étaient assez fréquentes à bord (17 pour les 427 expéditions de La Rochelle) et la mortalité, selon les cas, variait aux alentours de 15 p. 100 par voyage, ce qui était beaucoup plus que sur les navires hollandais.
Le commerce triangulaire permit largement l'édification des bâtiments les plus somptueux des grands ports négriers français et fut aussi en grande partie responsable de l'effondrement des anciennes sociétés africaines.



vendredi 25 août 2017

DANS LE PORT DU HAVRE



Dans une nuit sans lune de septembre, une forme sombre se déplaçait en longeant les murs des habitations.
A bien regarder, il s’agissait d’une femme, emmitouflée dans un large châle qu’elle serrait contre sa poitrine de ses deux bras repliés.
Se dirigeant vers le port par la rue Saint-Julien, elle s’approcha du bord du quai et regarda l’eau clapoter, comme hypnotisée. Sortant de sa torpeur, elle jeta un regard alentour.
Personne !

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Le port du havre fourmillait d’activités, dès l’aube.
Bien sûr, il y avait les navires en partance, lourds de marchandises qu’il avait fallu charger à bras d’hommes. Des  Costauds, ces portefaix, qui soulevaient des charges avec une aisance incroyable.
Il y avait des navires qui jetaient l’ancre, après des mois de navigation, rapportant d’au-delà des mers des cargaisons odorantes, odeurs exotiques du bout du monde, mais également des nouvelles des autres ports, des autres contrées et les récits de leurs avaries.
Départs et arrivées annoncés par la presse locale, amenaient, non seulement, les armateurs  et négociants inquiets du résultat des négoces et des profits effectués, mais aussi des curieux. Ils venaient admirer les hauts bâtiments qui manœuvraient, toutes voiles dehors aux commandements impératifs des quartiers-maîtres.  Un spectacle à ne pas manquer !

Tout un monde de petites gens effectuant divers métiers s’activaient sur le port. Une vraie ruche un jour de printemps ensoleillé.

Départs et arrivées généraient également leur lot d’émotions.
Larmes et gestes de mains en direction de ceux qui prenaient le large pour d’interminables mois, avec cette incertitude de  ne pas se revoir. L’océan engloutissait souvent  ceux qui l’aimaient.
Larmes de joie, celles-là, et embrassades, au retour des navigateurs après une longue, bien trop longue absence.

Mais, ce matin-là, 9 septembre, le silence régnait. Le port semblait figé.

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A la pointe du jour, les gendarmes avaient été appelés par des portefaix qui venaient d’embaucher.

« Un tas de chiffons ! C’est c’que j’ai cru tout d’abord, précisa l’un d’eux, alors j’ai voulu l’ramasser, pensant qu’ ça pouvait encore servir. C’est là qu’ j’ai senti qu’ c’était ben lourd. J’ai ouvert l’ paquet et dedans y avait ça ! »
Et l’homme montra aux  forces de l’ordre, le cadavre d’un nouveau-né.
Ce brave homme en était encore tout retourné. Il avait appelé un autre gars qui travaillait à côté, pour lui faire part de son horrible découverte !
« Sacrebleu ! s’était écrié l’autre, faut appeler la police ! »

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Dans le quartier du port, et notamment dans les multiples tavernes qui y faisaient commerce, la conversation ne tournait qu’autour de l’évènement. Et les femmes, surtout, expertes en matière de maternité, réfléchissaient sur la provenance du bébé.
De quel ventre  sortait-il ?
Qui dernièrement, dans leur entourage, avaient été grosses ?
Qui avait osé un acte aussi barbare ?

Bien sûr, les grossesses se succédaient et la plupart d’entre elles mettaient au  monde des enfants trop souvent non désirés.
« Encore une bouche à nourrir ! » était la phrase montrant leur lassitude et la misère au foyer.
Et puis, leur corps, déjà fatigué par le labeur et les nombreuses maternités, aspirait au repos.
Mais là, à tuer, de sang froid, le petit qu’elle avait porté et mis au monde !
Si la solidarité féminine les faisait s’entraider et se soutenir dans les durs moments, il y avait des limites.

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Les tours de taille des femmes  étaient donc examiné, autant par les mégères et marâtres du quartier que par l’appariteur de justice, que le commissaire de police du Havre avait chargé de l’enquête.
Premier point à éclaircir : recenser les diverses grossesses des derniers mois et constater leur aboutissement.
Le sieur Desvarieux, c’était là le nom de l’appariteur, ne ménagea pas sa peine.
Il enquêta avec un zèle remarquable.
Chaque femme ou jeune fille enceinte, interpellée, montra à cet homme le fruit de leur  gestation. Rien à signaler !
Jusqu’au jour où lui vint aux oreilles qu’une certaine raccommodeuse de parapluies vivant dans une chambre au cinquième étage du 77 rue de Paris, avait pris quelque embonpoint ces derniers temps. Un embonpoint bien situé qui laisserait à penser…..
Enfin, c’était une certitude pour plusieurs personnes qui étaient prêtes à le jurer.

L’appariteur pensa qu’il avait enfin une piste et que celle-ci semblait être incontestable.
En effet, l’enfant nouveau-né était mort par strangulation et ce dont l’assassin s’était servi, pour effectuer son horrible méfait, était un morceau de soie, tissu dont on se servait pour fabriquer les parapluies, justement.

Le sieur Desvarieux se rendit, d’un bon pas, au 77 de la rue de Paris, grimpa les cinq étages de la maison et frappa à la porte de la demoiselle en question.
La porte s’ouvrit sur une femme d’une quarantaine d’années au visage fatigué.
« Mademoiselle Lenourichel, Marie Françoise, je suppose ? demanda-t-il en guise de salutations.
-          Oui. C’est pourquoi ? répondit la femme en soupirant. Visiblement, cette visite l’importunait.

L’homme se présenta. A l’énoncée de la fonction du visiteur, la femme le fit entrer.
La chambre qu’occupait Marie-Françoise Lenourichel était petite, propre et sobrement meublée d’une armoire, d’un lit, de deux chaises et d’une table sur laquelle était étalé l’ouvrage sur lequel cette ouvrière travaillait.
La conversation  démarra tout de suite sur l’objet de la visite.

« Avez-vous été enceinte, dernièrement ? demanda, sans ménagement, l’appariteur de justice.
-          Je ne suis pas enceinte, Dieu merci, répondit la femme d’un air offensé.

Pendant la conversation, l’appariteur aperçut, dans un coin de la pièce, un morceau d’étoffe qui lui parut semblable à celui trouvé sur le petit cadavre.
« Puis-je regarder cette étoffe, je pense que c’est la même que celle de mon parapluie qui a, malheureusement, un accroc ?
-          Si vous voulez !
-          Oui, en effet, quelle chance ! lança d’une voix joyeuse l’homme de justice, afin de montrer son enthousiasme. Puis-je vous en acheter un morceau ?
-          Prenez-le s’il vous convient, répliqua la raccommodeuse de parapluies, ce chiffon n’est d’aucune valeur !

Le sieur Desvarieux se confondit en remerciement et, muni de sa précieuse trouvaille, prit congé.

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Bonne prise ! Le bout de tissu se révéla être identique à celui avec lequel on avait étranglé le nourrisson.
Cette confirmation fit que l’appariteur réapparut au logis de la demoiselle Lenourichel, afin de la questionner à nouveau.
Non ! Jamais elle n’avait été enceinte ! Non !
Elle tenait  tête, démentait cette accusation.
Peu à peu, sa résistance céda…… Et, elle avoua…..
Elle avait bien accouché, le dimanche 6 septembre, entre neuf heures et dix heures du soir.

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Marie-Françoise Lenourichel avait vu le jour le mardi 19 février 1788 à Campigny, dans le Calvados, où elle avait grandi.

Acte de baptême – Février 1788 – Campigny.
Le mercredy vingtième jour de février mil sept cent quatre vingt huit jai vicaire de cette paroisse soussigné, Baptisé une fille née d’hier du légitime mariage de Michel Le Nourrichel journalier et de françoise Hamel son epouse de cette paroisse laquelle a été nommee Marie Françoise par Marie Piperel assistée de Louis Guillot son epoux parein et mareine qui ont signes avec nous…….


Elle ne s’était jamais mariée.

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Le procès de Marie-Françoise Lenourichel, pour infanticide, s’ouvrit à la cour d’assises de la Seine-Inférieure, le 20 mars 1830.

Les chefs d’accusation énoncés,  Monsieur Delot, docteur en médecine, vint à la barre.
Il précisa que c’était lui qui avait eu la charge d’examiner le petit corps du défunt et que celui-ci présentait des signes de strangulation faits à l’aide du morceau de soie retrouvé autour de son cou. Le cadavre présentait aussi quelques contusions sur le crâne.

« Je peux affirmer que l’enfant était né à terme et viable et qu’il avait respiré quelques temps », affirma ce médecin.

Il y avait donc bien eu meurtre.

Vint aussi déposer, la femme Gosselin, une voisine de la condamnée.
Celle-ci s’était inquiétée un jour de la santé de la demoiselle Lenourichel, et lui avait demandé :
« Alors, comment allez-vous ? Il est pour quand, ce petiot ? »

La femme Gosselin précisa au juge :
« Bah, m’sieur l’ juge, c’est qu’à ma question elle m’a répondu : « C’est que je ne suis pas enceinte ». Alors, M’sieur l’ juge, vous savez, faut pas me l’ faire à moi, j’ voyais ben qu’elle était enceinte. Alors j’ lui ai lancé : « Que voulez vous faire de votre enfant ? ». J’ voyais ben qu’ c’était étrange tout ça. Faut pas me l’ faire à moi, M’sieur l’ juge ! »

Il n’y avait pas besoin de beaucoup plus de preuves. L’infanticide était évident.

L’accusée fut entendue également.

« J’ai accouché dans la soirée du dimanche. J’avais peur qu’on entende les cris du bébé. J’en voulais pas d’ cet enfant. J’ai pas allumé la lumière. J’étais dans le noir. Après la naissance, j’ai maintenu le petit entre mes genoux et je lui ai ôté la vie. Après, j’ l’ai enveloppé dans un linge et suis allée sur le port. En rentrant, je me suis tout de suite couchée. Le lendemain, j’ai nettoyé pour effacer toutes les traces.
-          Pendant votre grossesse, aviez-vous déjà le projet de détruire cet enfant ? demanda le juge.
-          Oui, répondit l’accusée.
-          Etait-ce votre premier enfant ? questionna encore le juge.
-          Non, murmura Marie-Françoise Lenourichel.
-          Où sont vos autres enfants ? Où sont-ils nés ?
-          J’ai accouché à Bayeux en 1810, et  encore, y a six années à Caen.
-          Que sont devenus ces enfants ? insista le juge.
-          Je ne me souviens pas.
-          Vous ne vous souvenez pas, ou vous ne voulez pas vous souvenir ? lança le juge en haussant le ton Les jurés, ici présents, en tireront les conclusions.

Une enquête fut entreprise, concernant les deux naissances avouées par l’accusée.
A Bayeux, aucune trace d’une quelconque naissance.
Quant à l’autre petit, un garçon, il naquit à Caen chez la femme Laville. Il fut enregistré sous le nom de sa mère. Il ne vécut pas.
Je n’ai pu trouver l’acte de naissance, ni de décès de l’enfant né à Caen. Mais naquit-il à Caen ou dans une localité voisine.


Les délibérations furent brèves.
Marie-Françoise Lenourichel fut déclarée coupable et condamnée à la peine capitale. Elle entendit l’arrêt, avec une froide impassibilité.

Le journal « Le courrier des tribunaux » du 28 avril 1830, annonça le rejet du pourvoi la concertnant, en ces termes :
La cour de cassation (Chambre criminelle) a rejeté les pourvois de Marie Françoise Lenourichel condamnée à la peine capitale par les assises de la Seine-Inférieure pour crime d’infanticide.

La sentence fut exécutée le 18 mai 1830, sur la place du Vieux Marché de Rouen.
Le « Journal de Rouen » titrait le lendemain :
Exécution de la fille nourichel
Deux aides du bourreau la saisissent ; elle est déjà morte ; ils enlèvent son corps ; redressent sa tête ballante pour l’introduire dans le guichet qui se referme ; le couteau tombe et je ne vois  plus que l’échafaud inondé de sang que la foule s’empresse d’escalader.


Acte de décès – avril 1830  - Rouen.
Du lundi vingt quatre mai mil huit cent trente après midi Devant nous soussigné…… sont comparus les sieurs nicolas Joseph Mullot, âgé de soixante deux ans employé à la perception de cette ville y domicilié place du vieux marché n° 48 et Gabriel Cheron age de cinquante deux ans aussi employé au même endroit domicilié en cette ville rue de la prison n° 10, lesquels nous ont déclaré que marie françoise Lenourichel celibataire, racommodeuse de parapluies et femme de ménage domiciliee en la ville du Havre de ce departement agee de quarante un ans née à Campigny canton de Balleroy arrondissement de Bayeux (calvados) est decedee le dix huit de ce mois, en cette ville, à midi un quart……


Pourtant Marie-Françoise Lenourichel aurait pu élever son petit, elle ne manquait assurément de rien, car on retrouva, dans un tiroir de l’armoire de sa chambre, une somme de deux cent quatre vingt francs, ainsi que beaucoup de linges et vêtements.

Mais voilà, dès la confirmation de son état de grossesse, elle fut bien déterminer à se débarrasser de ce « fardeau »…… et pour preuve…… aucun petit vêtement n’avait été préparé.






jeudi 17 août 2017

CE QUE JE PEUX AFFIRMER, C'EST QU'IL N'EST PLUS EN VIE !

La Palisse !
En voilà un qui fait encore bien parler de lui !
Pas en raison de ses faits d’armes, non, mais en raison de petites phrases qui ont pris son nom, les « lapalissades ».
Les « vérités » qu’il ne cessait de dire étaient d’une telle évidence qu’elles en étaient comiques, aussi se moquait-on d’en rire. Il passait alors, un tantinet, pour un benêt.
Ce fut ainsi qu’une chanson fut écrite. En voici le dernier couplet :

M. de la Palisse est mort,
Mort devant Pavie
Un quart d'heure avant sa mort
Il faisait encore envie !

Jacques II de Chabannes, dit Jacques  de La Palisse, né en 1470 à La Palisse dans le Bourbonnais fut un vaillant capitaine, sous le règne de François 1er. Il décéda à Pavie, en Italie, le 24 février 1825.
Il est à noter qu’il servit trois monarques : Charles VIII, Louis XII et François 1er.
Sa veuve, marie de Melun, fit inscrire sur son monument funéraire, l’épitaphe suivante :

Ci-gît le Seigneur de La Palice
S’il n’était mort il ferait encore envie

Cela est devenu : « Monsieur de la Palisse, cinq minutes avant sa mort, il était encore en vie ! »
Quelle évidence, bien sûr, quoique........

Il faut préciser, toutefois, que Mr de la Palisse vivait au XVIème siècle et que le langage était légèrement différent que celui que nous utilisons aujourd’hui.
Alors, cette petite phrase n’est pas « évidente et comique » comme on le prêtant, car, « en vie », signifie se battre, faire la guerre.... donc...
Monsieur de la Palisse n’est pas mort dans son lit, mais sur le champ de bataille les armes à la main :
« Cinq minutes avant sa mort, il  était encore « en vie », il se battait vaillamment ! »

Voilà !
Je suppose que, dorénavant, vous penserez différemment à ce brave soldat mort pour la France à Pavie.



LECTURE DE LA PRESSE !

Articles du « journal de Rouen ».


Et voilà la ville de Rouen endeuillée …….

1763 – février/mars, un homme honorable

Le 25 février.
« M. l’abbé de Germont, conseiller-clerc de la Grande Chambre du Parlement, est mort hier sur les neuf heures du soir, âgé de 79 ans. Il avait été reçu en 1709. Sa charité envers les pauvres, en fit l’ami de l’humanité ; sa pénétration, un grand Magistrat, sa droiture et sa fermeté, un citoyen toujours enflammé par l’amour du bien public. Quoiqu’enlevé à la justice et au public, il vivra par les regrets du Sénat, par les pleurs des Infortunés et par le respect de ses Concitoyens, tendres admirateurs de ses vertus.»

Quel bel éloge !

Le 4 mars, nous pouvons encore lire, concernant l’Abbé de Germont.

« Jamais la France n’eut à regretter un plus zélé défenseur de ses droits et de ses précieuses libertés, la Province un meilleur Citoyen, la Justice un Ministre plus recommandable, les pauvres, enfin, un Père plus tendre, plus compatissant et plus généreux. Pendant le cours d’une longue vie, la vérité et la charité exercèrent constamment un égal empire sur son cœur : la première de ces vertus le rendit inaccessible à toute brigue, supérieur à toute épreuve et disposé à tout sacrifier ; la seconde lui fit oublier ses propres intérêts pour ne consulter que les besoins de l’humanité. »


Tout a été dit en quelques lignes, sauf que :
L’Abbé jacques Christophe de Germont, sieur de Mesmont, était né le 12 février 1684, dans la paroisse de Saint-Nicaise à Rouen. Son père, Nicolas Germont, était avocat au Parlement.
Il entreprit des études de théologie et de droit à la suite desquelles, à partir de 1709, il exerça des fonctions cléricales et judiciaires. Il fut ensuite reçu conseiller-clerc en la Grande Chambre du Parlement.
Ses dons en faveurs d’établissements d’assistance furent très importants. En 1728, il donna à l’hospice générale 30 000 livres en rente viagère et 14000 livres à l’Hôtel Dieu.
Sensibilisé par la détresse des enfants pauvres, il s’attacha à promouvoir l’accès des plus démunis à la connaissance et à l’éducation.
En 1761, il effectua un don de 10 000  livres pour démarrer la construction d’un établissement où furent élevés avec le lait des animaux, les enfants de l’hospice.
Deux en plus tard, il consacra 60 000 livres à la fondation de crèches destinées aux enfants exposés au tour.

Quelques mois avant son décès, sa générosité n’avait pas faiblit car il fit rédiger un testament léguant tous ses biens en faveur des plus démunis. Le journal de Rouen ne manqua pas d’en faire état :
« L’ouverture de son testament faite le 25 au matin, aprit (ainsi dans le texte) qu’au mois de juillet dernier il avait disposé en faveur de l’hôpital général de ses meubles meublans (ainsi dans le texte), chevaux, bestiaux, grains, boissons harnois et de la terre de Grainville qu’il faisoit valoir ; effets que l’on estime à plus 20000 livres. »

L’abbé de Germont décéda donc le 24 février 1763. Un service solennel fut célébré dans l’église de l’hôpital. Tous les pauvres purent y assister.

Cet hommage perdure encore à ce jour puisque Rouen possède une rue « de Germont » qui se situe non loin de la rue Eau de Robec.



Vente de jambes de bois...... garanties longue durée !

14 avril 1780


« Le sieur Beuvin a le talent de faire des jambes de bois qui imitent les naturelles ; on peut chausser un soulier aisément ; elles sont bien dégagées, légères et faciles à marcher. Il demeure chez mademoiselle Voisin, marchande de corps, rue Damiette. »

Besoin d’une jambe de bois ?
N’hésitez pas alors, surtout qu’elle sera comme une vraie….., un peu raide peut-être !
Mais n’ayez pas peur, Mademoiselle Voisin, marchande de corps, ne va pas déterrer les cadavres dans les cimetières, les nuits de pleine lune. Non !
Une marchande de corps était le nom de l’ancêtre de la marchande de mode.
Une jambe de bois, bien habillée, bien camouflée et, ni-vu, ni-connu, personne ne voit la différence !
N’y aurait-il pas une mode à lancer ?


Mais comment est-il décédé ?

26 octobre 1781

Nous avons perdu le 4 de ce mois, Messire Louis-François Duval, Prêtre, Chanoine Régulier de la Congrégation de France, Prieur-Curé de la Paroisse de S. Jean de cette Ville.
C’est à la mort que l’on prise au juste les hommes ; ce digne Curé est regretté de tous ses Paroissiens, & il le méritoit ; il recherchoit & prévenoit les besoins, & ne souffrit jamais l’humiliacion (sic) que d’honnétes (sic) gens ressentent en les exposant. Son amour pour la paix égala sa charité ; & pendant une administration assez longue, on ne vit point à sa paroisse ces divisions qui en affligent tant d’autres : heureux celui de qui on en peut dire autant quand il n’est plus !
Rouen – Paroisse Saint-Jean, le 5 octobre 1781.
Le cinquieme jour du mois d’octobre lan mil sept cent quatre vingt un le corps de discrette personne messire Louis françois Duval prêtre chanoine regulier de la congregation de france prieur curé de cette paroisse age de soixante huit ans huit mois décédé du jour d’hier a été inhumé dans le caveau de cette église par moy soussigné pretre chanoine regulier de la congregation de France prieur de St Lo labbaye en presence de Mr françois Devaux Louis thierry tresorier de la ditte paroisse  vu le permis de Mr lieutenant général criminel en datte du quatre present signé maillet de couronne collationné Quillebeuf.

Alors là ! Je n’ai rien trouvé d’autre et pourtant, j’aurais aimé, car une phrase m’intrigue au plus au point dans l’acte ci-dessus :
« vu le permis de Mr lieutenant général criminel en datte du quatre present signé maillet de couronne collationné Quillebeuf. »

Cela veut-il dire que Louis François Duval aurait été assassiné ?
Aucun journal n’en a fait état. Alors ?