Nouvelle Histoire vraie
Chapitre 3
Le Roman
de Marie-Angélique Guillin Pelletier
A la mairie, ce jour-là, Henri
Constantin Pelletier, propriétaire-cultivateur, était venu déclarer la
naissance de sa fille, Marie-Angélique Désirée dont sa femme, Marie Louise
Bothereau venait d’accoucher.
Marie Louise était gantière et bien sûr,
sa fille, Marie-Angélique suivant l’apprentissage de sa mère, devint elle-même
gantière.
En effet, elle n’avait que seize ans[1], le 15 avril 1880
lorsqu’elle convola avec Celestin Guillin, âgé de vingt-un ans.
Par amour, sans doute.
Les jeunes époux eurent deux
enfants :
·
Adrien Achille qui naquit à Paris dans le 14ème
arrondissement, le 5 janvier 1884
·
Angèle[2]….
Un premier malheur dans la vie de Marie
Angélique Désirée Guillin, née Pelletier, fut le décès de son mari, le 15
février 1886 à Eperrais dans l’Orne, au domicile parental.
Célestin Guillin n’avait que vingt-sept
ans.
Sur l’acte de décès, il est noté :
« Epoux de Pelletier Marie Angélique, 23 ans, domicile supposé à Paris »
Et concernant le défunt :
« décédé à son domicile de la Girondière à Eperrais »
Les époux vivaient-ils séparément ?
L’année 1912 fut une année des plus
noires.
Le fils de Marie Angélique veuve
Guillin, Adrien Achille[3], avait épousé, le 22 août 1908 dans la mairie du 5ème
arrondissement de Paris, une demoiselle Louise Blanche Chenal.
Le 24 juin de l’année suivante naissait
un petit Roger Adrien Léon.
1912 !!
·
Décès de Louise Blanche Chenal épouse Guillin, le 7
juillet, rue du Faubourg Saint-Antoine. Teinturière – 28 ans.
·
Décès de Adrien (Charles) Achille, le 3 décembre – au
48 boulevard de Bercy à Paris.[4] Relieur – 28 ans.
En 1912, Marie Angélique Désirée
Pelletier, veuve Guillin, habitait à Melun, Seine-et-Marne où elle était
domestique chez un vieux monsieur qui, lui aussi, vint à mourir, laissant
toutefois à sa fidèle domestique un legs de 20 000 francs. Une sacrée
somme pour l’époque. Le temps de voir venir……
Alors, un jour de désœuvrement,
cherchant à redonner un sens à sa vie, lasse
de tous ces deuils, elle décida de « refaire sa vie ».
Et pourquoi pas !
Et pourquoi pas…… les petites annonces
dans le journal ?
Et voilà que cette dame, Marie
Angélique, aperçut un petit encadré : un monsieur cherchait « l’âme
sœur ».
Il ne fallut pas longtemps pour qu’une
rencontre fût orchestrée et voilà Marie Angélique Désirée toute ragaillardie,
racontant à ses voisins son « coup
de foudre » pour un homme charmant.
« Vous vous rendez compte ?
Quelle chance j’ai eu !! Et grâce à une simple petite
annonce !! »
Curieuse et bavarde, Marie Angélique
Désirée, jusqu’à mettre son nez partout, ce qui n’était pas du goût de son
nouvel amoureux.
Un jour, dans la maison de Vernouillet,
s’étonnant qu’une porte restât
continuellement fermée à clef, elle en demanda la raison.
N’ayant aucune réponse, elle s’avisa de
jeter un coup d’œil....... par le trou de la serrure.
« Petite effrontée !! s’écria
le locataire du lieu, s’efforçant de garder son calme.
Qu’avait-elle aperçu par le trou de la
serrure ?
Une chambre en désordre, avec sur le
lit, des vêtements, un monceau de vêtements …… de femme.
Bien évidemment, elle voulut savoir à
qui appartenait tout ce linge.
Ce fut après avoir lourdement insisté
qu’elle reçut la réponse suivante :
« C’était la chambre de ma sœur.
Elle a habité ici quelque temps et n’a pas encore débarrassé le lieu de toutes
ses affaires. »
Marie Angélique avait raconté cette
anecdote à ses voisines qui, même si elles rirent avec elle, soupçonnèrent
quelque embrouille là-dessous.
Mais la femme amoureuse qu’était devenue, à présent, la veuve
Guillin, ne vit rien de plus par le trou de la serrure que ce que son amant lui
affirmait.
Paris mi-juillet 1915, les deux nouveaux
tourtereaux visitaient ensemble leur futur nid d’amour à Vernouillet.
Paris fin juillet, Marie Angélique
Désirée Pelletier, veuve Guillin, faisait des projets et notamment celui de
quitter son logement, rue Crozatier, pour s’installer avec son nouvel amour
dans une petite maison de Vernouillet.
A
la même époque, Marie Angélique envoyait un petit mot à sa fille, Angèle, lui
promettant de lui écrire plus longuement après son emménagement.
Puis, plus de nouvelle.
Angèle, surprise, inquiète, puis
angoissée, se rendit à Vernouillet, à l’adresse que lui avait donnée sa mère.
Un monsieur la reçut lui affirmant qu’il ne connaissait point de Madame
Guillin.
Personne, à partir du début août 1915,
n’entendit plus parler de la dame Pelletier, veuve Guillin.
Quelques semaines plus tard, sous le nom
de Monsieur Dupont, le séducteur chercha un autre domicile, son regard se
tourna vers la ville de Gambais…..
[1] Lorsqu’une jeune fille se mariait très jeunes, c’était, souvent, en raison d’une naissance annoncée. Aucun enfant reconnu par le mariage, aucune naissance d’enfant dans les mois qui suivirent cette union. La jeune fille était-elle enceinte et fit-elle une fausse couche ? Impossible à dire.
[2] Aucune information sur la fillette. Est-elle née avant ou après son frère ? Rien pour le préciser.
[3] Sur l’acte de naissance le prénom est : Adrien Achille. Sur les actes de mariage et décès, le jeune homme est prénommé Adrien Charles.
[4] Aucune mention sur l’origine des deux décès.