jeudi 30 mars 2017

« Incroyable » pour certains et « merveilleux » pour d’autres !




Sous l’Ancien Régime, la société était divisée en trois classes :
·         Le clergé
·         La noblesse
·         Le tiers état

La « déclaration des droits de l’homme »  et la Révolution Française supprimèrent  toutes les distinctions basées sur la naissance.
Plus de titres de noblesse balayant les termes de « Monsieur » et « Madame ». Uniquement des citoyens et des citoyennes.
Plus de vouvoiement, uniquement le tutoiement était toléré !

Les anciens nobles étaient qualifiés de « ci-devant »  et les révolutionnaires des «patriotes ».

La mode suivit ce changement.
Le luxe disparut.
Les « patriotes » portèrent alors une veste courte appelée « carmagnole » et un pantalon remplaça la culotte qui ne tombait que jusqu’aux genoux et laissait voir les bas de soie,
Voilà pourquoi les « patriotes » éraient appelés les « sans-culottes », non parce qu’ils allaient « cul-nu », mais parce qu’ils ne portaient pas la culotte des anciens aristocrates.
La coiffure à la mode devint le bonnet phrygien, symbole de la liberté, sur lequel était placée une cocarde tricolore.

Quant aux femmes, elles ne portèrent que des lainages et des robes droites, rayées bleu-blanc-rouge. Patriotes jusqu’au bout !

Sous le Directoire, le luxe réapparut. Et quel luxe !!
Les jeunes gens, ceux des familles les plus aisées, se parfumaient de musc, ce qui leur valut le nom de « Muscadins ». Ils s’habillaient avec une telle recherche qu’on les appela également les « incroyables »
Il fallait les voir, vêtus d’habits au col fantastique, portant monocle et se promenant avec un gros gourdin tordu.
Les femmes arboraient des tenues aux tissus transparents et aux coupes indécentes. Leurs chapeaux possédaient une taille tellement surdimensionnée qu’il devait y avoir péril pour leur vie en cas de grand vent ! Elles furent nommées, les « merveilleuses ».

Non contents de paraître myopes, contrefaits et malingres, les Incroyables et les Merveilleuses se signalaient également par leur manière de prononcer les mots. En effet, la lettre « r », la première du mot « Révolution »  fut bannie, aussi ne la prononçaient-ils pas.
Ce qui donnait, par exemple, lorsqu’ils étaient très étonnés : « Ma pa’ole d’honneu’ ! C’est inc’oyable ! ».

C’est ‘éellement inc’oyable, vous ne t’ouvez pas !

Ou bien, est-ce me’veilleux, de pa’ler ainsi !

mercredi 29 mars 2017

L'AFFAIRE DE BERNY RIVIERE - Conclusion et verdict du procès



Conclusion et verdict de ce procès.

Le procureur commença ainsi :
Où est la vérité ?
Nul ne peut le dire !
Trop de contradictions au fil des interrogatoires !

Et puis, il poursuivit :

Le père et la mère sont bien dignes l’un de l’autre, et bien faits pour vivre ensemble.
La mère est aussi perverse, aussi méprisable que le père.
Elle a subi la fatale et maudite influence de son époux.
Si on la regarde bien, front stupide, œil brillant par instant d’un éclair fixe, type avili, symptôme de l’abus des boissons alcooliques. Sa raison n’est pas entière.

Peuchère ! Il n’y va pas de main morte ! Mais ce n’était point fini.......

Mais l’influence de l’homme qui avait pris la décision de tuer « l’aïeule » et les petits de sa fille que pouvait-elle faire ? Cette femme aurait pu dénoncer son époux, fuir le foyer conjugal, mais c’était dénoncer Duchemin et la loi, dans sa moralité, approuve puisqu’elle n’incrimine pas l’épouse qui protège son mari par son silence.
Elle ne sera donc pas considérée coupable.
Pas de pitié pour le père !

La fille et les fils, vrais enfants de tels parents !
La fille, s’il n’avait s’agit que d’un fait unique, aurait pu se dire entraînée par ses parents.
Victor, il aurait pu quitter le toit paternel et fuir cette maison maudite. Il en est de même pour Alexandre.

Après délibération des jurés, voici les peines qui furent votées :
·         Alexandre Duchemin fut acquitté et remis aussitôt en liberté.
·         Victor Duchemin, eut les circonstances atténuantes, et n’écopa que de cinq ans de travaux forcés. Il avait, précédemment, été condamné à quinze ans pour le meurtre de sa grand-mère, cette peine se confondit avec les quinze premières années. La peine finale ne fut donc que de quinze années.
·         Eugénie Duchemin obtint l’indulgence des jurés. Pour elle, dix années des travaux forcés.
·         La femme Duchemin, obtint aussi les circonstances atténuantes. Sa peine s’éleva à vingt ans de travaux forcés.
·         Quant à Duchemin père, peine maximum, la peine de mort. Exécution sur une des places publiques de Laon.

Les époux Dubourque ne furent pas inquiétés. Leur complicité  dite « morale » ne pouvant être punie par la loi. Le sieur Dubourque dut simplement payer une amende de cent francs. Une sacrée somme pour l’époque !


En prison, Alexandre Louis Duchemin eut le temps de se repentir.
Lui qui n’avait jamais fréquenté l’église se mit à prier.

Le 25 mars 1870, il fut réveillé dès l’aube.
On lui apprit que « le moment était arrivé ».  Un choc ! Il s’évanouit.
Il fallait se préparer. Il but une goutte et fuma une pipe, puis alla prier à la chapelle. Il demanda à voir sa femme. Celle-ci devant son mari sembla ne pas comprendre que c’était une visite d’adieu. Elle le regarda partir vers la mort sans aucune émotion.
Sur la place du Champ-de-Mars à Laon, la guillotine avait été dressée pendant la nuit. La neige recouvrait le sol et comme il faisait froid, peu de monde pour assister à l’exécution
L’aumônier de la prison accompagnait et aida le supplicié  à monter les degrés de l’échafaud.
Tout alla très vite ensuite.....
Le bourreau, Nicolas Roch, avait fait son œuvre.


Acte de décès – mars 1870 – Laon.
L’an  mil huit cent soixante dix le vingt cinq mars à deux heures après midi en l’hôtel de ville et par devant nous...... ont comparu Antoine françois vincent Grizot, âgé de cinquante cinq ans, greffier en chef du tribunal civil, et joseph Benoit Deschamps, âgé de cinquante ans, Brigadier de police, domiciliés en cette ville, Lesquels ont Déclaré que Alexandre Louis Duchemin âgé de quarante neuf ans, Manouvrier, né et domicilié à Berny Riviere, epoux de Marie anne Rose Dubourque, fils de defunt Louis Etienne Duchemin et de Marie Rosalie Charpentier est decedé à Laon, aujourd’hui à sept heures du matin, ainsi que nous nous en sommes assurés.......

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Que sont-ils devenus ?

Eugénie Duchemin fut envoyée en Nouvelles Calédonies où elle purgea sa peine.
Elle y épousa, le 17 juin 1898, à Bourail, Louis Gautier qui lui était né à Bosc-Bordel en Seine Inférieure. Il était le fils de Louis Gautier et de Marie Bonté.
Elle décéda le 11 juin 1901.
Acte de décès – juin 1901 -  Kito – Ile de Pin, Nouvelle Calédomie.
Transcription de l’acte de décès transmis par le Ministère des Colonies.
L’an mil neuf cent un le onze juin pardevant nous Grignet alphonse Edmond Albert dominique officier de l’Etat civil de l’Ile des pins (Nouvelle Calédonie) ont comparu Casanova Antoine Dominique âgé de trente neuf ans et Arboireau Constant Emilien âgé de trente cinq ans, tous deux surveillants militaires domiciliés à Kito (Ile des pins) lesquels nous ont declaré que le onze juin mil neuf cent un à une heure trente du soir Duchemin Marie Rose Eugenie, femme Gautier manouvriere, née le vingt six mai mil huit cent quarante trois à Berny Riviere departement de l’Aisne, fille de Louis Alexandre et Marie Rose Dubourque est decedée à Uro (Nouvelle Calédonie).......


Marie Anne Rose Dubourque, veuve Duchemin, quitta ce monde, le 23 avril 1900.
Acte de décès – avril 1900 – Soissons.
L’an mil neuf cent le deuxieme jour du mois de juin à onze heures du matin....
Transcription de l’acte de décès dont la teneur suit, transmise par Monsieur le maire de la ville de Soissons. Extrait des registres des Actes de l’Etat civil de la ville de Soissons (Aisne)
L’an mil neuf cent le mardi vingt quatre avril à onze heures du matin.... ont comparu Messieurs Joseph Francisque Leopold Pomera âge de soixante cinq ans, econome des hospices et Charles Antidor Baraquin âgé de quarante huit ans, employé des hospices tous deux domiciliés à Soissons, lesquels nous ont declaré que Marie Anne Rose Dubourque veuve de Louis alexandre Duchemin age de soixante dix huit ans manouvriere, domiciliée à Berny Riviere arrondissement de Soissons née à Montgobert même arrondissement le vingt six decembre mil huit cent vingt et un fille de defunt Jean Baptiste Dubourque et de defunte Marie Therese Dévély son epouse est decedée à l’Hôtel Dieu, la veille à onze heures du matin ainsi que nous nous en sommes assuré en la faisant examiner par un médecin ladite declaration faite par Messieurs Pomera et Baraquin ci-dessus nommé.......


Marie Eugénie Lagny, femme Dubourque, elle, décéda le 28 juin 1889.
Acte de décès – juin 1889 – Soissons.
L’an mil huit cent quatre vingt neuf, le vendredi vingt huit juin à deux heures et demi de relevée.... ont comparu messieurs Joseph francique leopold Pomera agé de cinquante cinq ans, econome des hospices et casimir aristide Bouvart âgé de soixante deux ans concierge de l’Hôtel Dieu, tous deux domiciliés à Soissons lesquels nous ont déclaré que Marie Eugénie Lagny, âgée de cinquante deux ans, epouse de Jean Baptiste Dubourque manouvrier demeurant ensemble à Berny Riviere. Ladite dame née à Nouvron Vingré le quinze septembre mil huit cent trente six, fille de defunt Prince Isidore Lagny et defunte Marie Catherine Preux son épouse est decedée à l’Hôtel Dieu aujourd’hui à deux heures du matin, ainsi que nous nous en sommes assurés en la faisant examiner par un medecin........


Rien sur les autres qui ont dû quitter la région, comme l’avait fait  Eugène Dubourque qui était parti s’installer dans l’Oise où dans la ville d’Autrèches, il épousa, le 5 août 1874, une demoiselle Blanche Potier.
Pas d’acte à vous soumettre, cette année est absente des archives en ligne.

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Qui était Jean-Baptiste Lambert Leblanc ?

J’ai trouvé fort peu de chose sur lui.
Il est né à Autrèches dans l’Oise, le 18 septembre 1810.
Pas de chance, les archives d’Autrèches débutent en 1820 !

Il avait épousé, le 17 janvier 1832, Marie Adélaïde Anasthasie Leveque, à Berny-Rivière.
Acte de mariage – janvier 1832 – Berny Rivière.
L’an mil huit cent trente deux le dix septieme jour du mois de janvier heure de midi..... ont comparu le sieur Jean Baptiste Lambert Leblanc age de vingt et un ans Maçon domicilié en la commune d’Autrèches Canton d’Attigny Arrondissement de Compiègne département de l’Oise né au dit Autrèches le dix huit septembre Mil huit cent dix....... fils mineur de defunt Jean Baptiste Lambert Le blanc decede Maçon en la commune du dit Autrèches, le vingt cinq du mois d’avril à quatre heures du soir de l’an Mil huit cent vingt neuf..... et de Marie Reine sauvage domicilie au Dit Autrèches ici presente et consentente d’une part et Demoiselle Marie Adelaide Anastasie Levêque agee de vingt quatre vingt née à Berny Riviere le vingt quatre du mois de septembre de l’an Mil huit cent sept.... fille majeure domiciliée au Dit Berny Riviere de defunt gregoire silvestre Levêque decedé en cette commune le treize du mois d’aout de l’an Mil huit cent sept..... et de Marie Anne Victoire Gourmont couturiere Domiciliee à Berny Riviere ici presente et consentente d’autre part..... En presence des sieurs Thomas Leblanc agé de cinquante deux ans tisserand domicilie à Berny Riviere oncle paternel de l’époux et de Louis Etienne Villain agé de vingt et un ans couvreur en chaume Domicilié en la commune d’Autrèches ami de l’époux. Et du côté de l’epouse. Jean Victor faucher manouvrier age de trente deux ans Domicilié à Vic sur aisne Beau frere de l’épouse et de augustin florentin Levêque age de soixante ans Vigneron domicilié à Berny Riviere oncle paternel de l’epouse.......

La mariée avait vu le jour le 24 septembre 1807, à Berny-Rivière. Pas d’acte en ligne à Berny-Rivière pour l’année 1807.......

Je n’ai trouvé que deux enfants issus du couple :
Marie Victoire Adélaïde qui naquit le 15 août 1834.
Acte de naissance – août 1834 – Berny-Rivière.
L’an mil huit cent trente quatre le dix septieme jour du mois d’août a une heure après midi Pardevant nous....  a comparu le sieur Jean Baptiste Lambert Leblanc Maçon âgé de vingt trois ans et demi domicilié à Berny Riviere lequel nous a presente un Enfant du sexe feminin ne le quinze du present mois d’août à huit heures du soir, de lui declarant et de Marie Adelaide Anastasie Levêque son Epouse âgée de vingt quatre ans  au domicile de son mari à Berny Riviere auquel enfant il a été donné les prenoms de Marie Victoire Adélaïde. Le present acte a été redigé en presence des Sieurs Louis Joseph Le page manouvrier agé de quarante quatre ans et d’Etienne Henon instituteur age de quarante neuf ans tous deux domicilies au dit Berny Riviere.....


Et un autre petit, huit années plus tard, baptisé Patient Désiré, ce qui montre bien qu’il avait fallu aux parents bien de la patience pour avoir cet enfant tant désiré !
27 septembre 1842, le voilà enfin !
Acte de naissance – septembre 1842 – Berny-Rivière.
L’an mil huit cent quarante deux le vingt sept du mois de septembre à huit heures du soir pardevant nous..... a comparu Jean Baptiste Lambert Leblanc maçon âgé de trente deux ans domicilié en cette commune lequel nous a presente un enfant de sexe masculin né en cette commune le vingt six du present mois à onze heures du soir de lui declarant et de Adelaïde Anastasie Leveque vigneronne agee de trente cinq ans son epouse en sa demeure auquel enfant il a été donné les prenoms de Patient Desire. Le present acte a été redigé en presence des sieurs Louis Simeon Pinet cultivateur et de Etienne Henon instituteur tous deux ages de cinquante huit ans domicilies en cette commune......

Patient Désiré vécut à peine neuf ans, il décéda le 26 mai 1951.
Acte de décès – mai 1851 – Berny-Rivière.
L’an mil huit cent cinquante et un le lundi vingt six mai à midi En la mairie et pardevant nous..... ont comparu Jean Baptiste Lambert Leblanc âgé de quarante et un ans maçon et Speral Lequeux âgé de vingt huit ans instituteur tous deux domicilies à Berny Riviere, lesquels nous ont déclaré que Patient Desire Leblanc âgé de huit ans et huit mois, né à Berny Riviere le vingt six septembre mil huit cent quarante deux demeurant chez ses père et mere, fils de Jean Baptiste Lambert Leblanc ci-dessus denommé et de Adelaïde anatasie Levêque âgé de quarante trois ans, vigneronne, Domiciliée avec son mari, est decede au domicile de ses père et mere aujourd’hui vingt six mai à six heures du matin.......


Jean Baptiste Lambert Leblanc décéda à Prémonté dans l’Aisne, le 19 février 1876.
Acte de décès – février 1876 – Prémontré.
L’an mil huit cent soixante seize, le dix neuvieme jour du mois de fevrier à cinq heures du soir, en la mairie et par devant nous....  ont comparu Alfred Claude David âgé de quarante quatre ans, receveur économe domicilié à l’asile d‘aliénés de Prémontré et narcisse Pintar âgé de vingt sept ans instituteur domicilié à Premontré, lesquels nous ont déclaré que Lambert Jean Baptiste Leblanc, âgé de soixante cinq ans, marié à adelaïde Anastasie Marie Lévêque, maçon, domicilié avant son admission dans l’établissement à Berny Rivière, né à Autrèches, fils de et de (sans renseignements) est décédé dans ledit asile, ainsi que nous nous en sommes assuré en nous transportant auprès du defunt, cejourd’hui à quatre heures du matin......

En voilà un rebondissement !
Depuis combien de temps, Jean Baptiste Lambert était-il interné ?
Cela aurait été intéressant de le savoir.
Je suppose que la « publicité » du procès de 1870 avait dû lui retirer une partie de sa clientèle.
Manque d’ouvrage..... pauvreté....... et c’est la dégringolade......
A-t-il alors sombré dans l’alcool, l’entrainant peu à peu vers la déraison ?

Pour information :
L’asile de Prémontré, dans l’Aisne, fut de 1855 à 1860, un orphelinat pour enfants pauvres.
Il fut alors acquis par le Département qui en fit un « asile d’aliénés ».
Aujourd’hui, il est un « établissement de santé mentale » qui peut accueillir près de neuf cents malades.


Marie Adélaïde Anastasie Leveque, veuve Leblanc eut la douleur, après le décès de son époux, de perdre sa fille, Marie Victoire Adélaïde, le 20 juillet 1885.
Acte de décès –  juillet 1885 – Berny-Rivière.
L’an mil huit cent quatre vingt cinq, le vingt juillet à quatre heures du soir en la mairie et par devant nous...... ont comparu Alexandre Dorival âgé de soixante et onze ans, maçon, et jean Baptiste Bourgain âgé de soixante treize ans, propriétaire, tous deux domiciliés à Berny Rivière, lesquels nous ont declaré que Marie Victoire Adelaïde Leblanc,  âgée de cinquante ans, cultivatrice, Domiciliée à Berny Rivière où elle est née le quinze août mil huit cent trente quatre, mariee à Louis Joseph Auguste Fidelain, âgé de cinquante ans, cultivateur domicilié à Berny Riviere, fille de defunt Jean Baptiste Lambert Leblanc et de Marie Adélaïde Anatasie Levêque, âgée de soixante quinze ans, sans profession, domiciliée en cette commune est décédée en sa demeure aujourd’hui à midi......


Marie Adélaïde Anastasie Leveque quitta ce monde, le 25 mars 1892.
Acte de décès –  mars 1892 – Berny-Rivière.
L’an mil huit cent quatre vingt douze le vingt cinq mars, à six heures du soir.....  ont comparu Nicaise Calixte, âgé de trente deux ans, manouvrier et Jolly Louis Christophe âgé de cinquante quatre ans cultivateur, tous deux domiciliés à Berny Rivière, lesquels nous ont déclaré que Lévêque Marie Adélaïde Anatasie agee de quatre vingt quatre ans, sans profession domiciliée à Berny Rivière où elle est née le vingt quatre septembre mil huit cent sept, veuve de defunt Leblanc Jean Baptiste lambert fille des defunts Lévêque grégoire Sylvestre et Gourmont Marie Anne Victoire est decedée en sa demeure, aujourd’hui à une heure du soir, ainsi que nous nous en sommes assurés......


Une horrible histoire, due à la misère, à l’abus d’alcool et aux manques de repères sociaux et moraux !


Pour écrire cette histoire, je me suis appuyée sur :

·         Les archives départementales en ligne du département de l’Aisne.
·         Des annales judicaires que j’ai découvertes via Galica.
·         Les grandes affaires criminelles de l’Aisne de Bruno Dehaye.



lundi 27 mars 2017

QUE FAIRE ? Chapitre 4



Dès l’aurore, Jeanne fut réveillée par le chant du coq.
« Pas moyen de dormir ! bougonna-t-elle, en plaquant son oreiller sur sa tête pour amortir les « cocoricos »  triomphants du gallinacé, heureux d’annoncer le début de la journée.
N’était-ce pas là, une de ses tâches en qualité de coq de basse-cour ?
Etouffant sous l’oreiller, Jeanne le jeta rageusement sur le sol, et, à plat dos sur son lit parcourut d’un regard, encore embrumé de sommeil, la pièce où elle se trouvait.

Un papier peint jauni, aux motifs d’un autre siècle. Une armoire à glace, sombre et sobre. Une table de chevet qui avait dû veiller bien des dormeurs, sur laquelle un napperon brodé maladroitement. Une seule chose avait grâce aux yeux de Jeanne, l’énorme édredon de plumes, recouvert d’une housse en percale fleurie, sur lequel elle aimait se laisser tomber et qui l’engloutissait dans une douceur vaporeuse sans pareille.

A peine éveillée, Jeanne soupirait déjà d’ennui.

Lorsqu’elle descendit dans la cuisine, chemise de nuit froissée et cheveux en bataille, elle fut accueillie par tante Adélaïde.

« Bien dormi, ma Chérie ? » demanda celle-ci avec un large sourire.

L’adolescente répondit par un grognement digne des premiers hommes des cavernes.

« Le matelas doit être bon, je l’ai changé l’an dernier.... »

Tout en poursuivant son monologue, la vieille dame servit à Jeanne son petit-déjeuner.
Petit déjeuner, puis douche...... la journée s’annonçait morose ! Jeanne jeta un coup d’œil sur son téléphone portable. On ne savait jamais, quelquefois que pendant la nuit, ce coin perdu ait été relié à la civilisation !
Mais non ! Rien !

Dehors, il faisait beau.
Affichant, toujours, une moue boudeuse, Jeanne faisait les cent pas dans la cour. Sa mère sortit sur le pas de la porte et l’appela :
« Jeanne, peux-tu aller dans le poulailler voir s’il y a des œufs ? »

Haussant les épaules, Jeanne se dirigea vers le poulailler, une petite cabane en bois, ancienne remise à outils. Sur le sol, des cadres en bois contenant de la paille, servaient de nid aux volailles.
Le coq, monté sur ses ergots, s’approcha d’elle, agressif.

« Bon, toi, tu t’tires ! » lança Jeanne, encore plus agressive que le coq.
Le gallinacé, devant le ton affable sur lequel on venait de lui adresser la parole, préféra s’éloigner. Il n’avait nullement envie de se voir voler dans les plumes.

Jeanne ne découvrit qu’un œuf.
« Pas courageuses, les cocottes, pensa-t-elle, tout en ramenant l’œuf unique à la cuisine.
 Afin de le remettre à sa mère.
« Tiens ! Y en avait qu’un ! »
Caroline regarda sa fille, avec un sourire amusée.
« Regarde bien ! Ce n’est pas un œuf !
-          C’est quoi, alors ?
-          Oui, enfin, c’est un œuf, mais pas un « vrai » œuf. C’est un œuf factice, pour inciter les poules à pondre.
-          Bon, et bien, tu n’as qu’à le reporter toi-même !
-          Jeanne ! Ce n’était pas un reproche ! Tu ne pouvais pas savoir ! Alors, je t’explique......

Furieuse qu’elle était, Jeanne. On s’était moquée d’elle ! Alors, les œufs, hein ? Elle n’irait plus les chercher. Et vlan !
Caroline  ne chercha pas à la convaincre. Elle soupira. Décidément, elle ne comprenait plus sa fille. Mauvaise période, l’adolescence !

Assise sur le muret séparant la cour du verger, Jeanne bougonnait, encore et toujours, en balançant ses jambes. Tante Adélaïde s’approcha d’elle :
« Alors, ma Chérie, que vas-tu faire, aujourd’hui ? »
Jeanne répondit par un haussement d’épaule. C’était sa seule parade, lorsqu’elle n’avait pas envie de répondre.

« Tu sais, le Hubert, celui qui a une ferme à la sortie du village, et bien....... »
Mais qu’est-ce qu’elle en avait à faire, Jeanne, du Hubert et de sa ferme !

« .... Et bien, ses petits-fils de la ville viennent d’arriver... »
Tiens, tiens ! Des petits-fils de la ville ! Jeanne tendit l’oreille, mine de rien.

« ......Ils doivent rester le mois entier. Ils vont faire les moissons...... »
Ils doivent être idiots les petits-fils au Hubert. Passer leurs vacances, loin de la ville, et pour faire les moissons, en plus !

« ........ Attends voir..... Cédric doit bien avoir quinze ans et puis...... Lucas, lui, treize ou quatorze....  ce sont de grands gaillards, chahuteurs et blagueurs.... toujours le sourire..... »
Pourquoi elle dit ça, tante Adélaïde, « toujours le sourire » ? Parce que moi, je fais la tronche ?
Eh bien, oui, c’est ça ! Et qu’on arrête de me faire la morale !


mercredi 22 mars 2017

L'AFFAIRE DE BERNY RIVIERE - Quatrème partie.



Dans cette affaire, deux personnes dont je ne vous ai pas encore parlé.
Jean Baptiste Dubourque, le frère de  Marie Rose Dubourque, femme Duchemin, et son épouse, Marie-Eugénie Lagny.

Qui étaient-ils ?

Jean Baptiste Dubourque était né le 18 avril 1833 à Montgobert.
Acte de naissance – avril 1833 – Montgobert.
L’an mil huit cent trente trois le dixneuvieme jour du mois d’avril sept heures du soir....  commune de Montgobert.... est comparu Jean Baptiste Dubourque âgé de trente cinq ans menuisier demeurant à Montgobert lequel nous a présenté un enfant de sexe masculin né hier dix heures du soir de lui declarant et de marie Therese Nevely age de trente sept ans son epouse au domicile de Montgobert et auquel enfant il a été donné les prenoms de Jean Baptiste. Le present acte a été redigé en presence de Louis François Veron age de trente neuf ans, marchand epicier et de Michel hanryon âgé de trente deux ans instituteur primaire Demeurant à Mongobert........

Marie Eugénie Lagny, elle, vit le jour le 14 septembre 1836, à Nouvron-Vingré,  également dans le département de l’Aisne.
Acte de naissance – septembre 1836 – Nouvron-Vingre.
L’an mil huit cent trente six le seize septembre à huit heures du matin ...... A comparu Prince Isidore Lagny maçon domicilié à Vingré, hameau de cette commune, âgé de trente quatre ans, lequel nous a présenté un enfant du sexe feminin né audit Vingré hier à huit heures du soir, de lui declarant et de marie Catherine Preux, son epouse, ménagère, domiciliée à Vingré âgée de trente et un ans auquel enfant, il a déclaré vouloir donné les prenoms de Marie Eugénie. Le present acte a été redigé en presence de François Drouart instituteur domicilie à Nouvron, âgé de vingt deux ans, et Pierre Louis Piat, maçon domicilié à Vingré âgé de quarante cinq ans, le premier temoin ami du declarant et le second voisin du declarant ........

Ils se marièrent, le 21 septembre 1864, à Berny Rivière.
Acte de mariage – septembre 1864 – Berny-Rivière.
L’an mil huit cent soixante quatre le mercredi vingt et un septembre à six heures du soir en la mairie.... commune de Berny-Rivière....... ont comparu Jean Baptiste Dubourque, manouvrier age de trente et un ans né à Montgobert le huit avril mil huit cent trente trois (erreur dans la date, il est né le dix huit avril)..... fils majeurs de defunt Jean Baptiste Dubourque decedé à Soissons le six sept novembre mil huit cent soixante et un ....... et de Marie Therese Devely decedee à Berny Riviere le vingt mai mil huit cent quarante huit.....  d’une part, Et Marie Eugenie Lagny manouvriere agee de vingt huit ans, née à Noivron Vingré le quinze septembre mil huit cent trente six.... veuve en premieres nôces de Jean Baptiste Potier decedé à Morsain le seize mai mil huit cent cinquante sept......  fille majeure de Prince Isidore Lagny age de soixante deux ans et de Marie Catherine Preux son epouse âgée de cinquante neuf ans, tous deux manouvriers domiciliés à Berny Riviere ici presents et consentants.......
En presence de Louis Alexandre Duchemin âge de quarante et un ans scieur de long domicilie à Berny riviere beau frère de l’epoux, Joseph Victor honore Defente age de trente neuf ans et demi domestique domicilie à Berny Riviere ami de l’epoux, de Pierre Stanislas Rabeuf âgé de quarante huit ans manouvrier domicilie à Berny Riviere ami de l’epouse et de Gilbert Gabriel Bezat âgé de cinquante six ans regisseur domicilie à Berny Riviere ami de l’epouse .........


Cet acte nous apprend que Marie Eugénie Lagny était veuve. En effet, elle avait épousé, en premières noces, Jean-Baptiste Potier, le  10 octobre 1855 à Nouvron-Vingré.
Acte de mariage – octobre 1855 – Nouvron-Vingré.
L’an mil huit cent cinquante cinq le sixieme jour du mois d’octobre à six heures du soir....... en la mairie par devant nous....... ont comparu Jean Baptiste Potier agé de vingt et un ans et onze mois né à Nouvron Vingré le dix sept novembre mil huit cent trente trois..... manouvrier domicilie à Nouvron Vingré fils mineur de defunt François Narcisse Potier, decedé le quinze septembre mil huit cent cinquante et un ..... et de Marie Denise Lemaire agee de soixante et un ans, sans profession domiciliée en cette commune ici presente et consentante d’une part, et marie Eugénie Lagny agée de dix neuf ans et vingt cinq jours née à Nouvron Vingré le quinze septembre mil huit cent trente six ...... sans profession, domiciliee en cette commune fille mineure de Prince Isidore Lagny age de cinquante trois ans, cultivateur domicilie en cette commune et de Marie Catherine Preux agee de cinquante ans sans profession domiciliée en cette commune son père et sa mere ici presents et consentants d’autre part........
En presence de Jean François Potier age de trente quatre ans, manouvrier domicilie en cette commune frere de l’epoux, Victor Potier age de cinquante quatre ans tisserand domicilie en cette commune, François Alexandre Camus age de trente huit ans manouvrier domicilié aussi en cette commune beau frere de l’epouse et de Prince Lagny age de vingt six ans manouvrier domicilie à Berny Riviere frere de l’epouse.........


De leur union, un petit Jean-Baptiste avait vu le jour, le 25 mars 1857.
Acte naissance – mars 1857 – Nouvron-Vingré.
L’an mil huit cent cinquante sept le vingt cinquieme jour du mois de Mars heure de midi...... a comparu Jean Baptiste Potier âgé de vingt deux ans et demi profession de domestique domicilié en cette commune lequel nous a presenté un enfant du sexe masculin né à Vingré hameau de cette commune ce jourd’hui à neuf heures du matin de lui declarant et de Marie Eugénie Lagny agée de vingt ans son epouse en sa demeure, auquel enfant il a été donné les prenoms de Jean Baptiste Sulpice. Le present acte redigé en presence de Prince François Drouart age de quarante trois ans instituteur et Desiré Jules Genot age de trente trois ans garde champêtre tous deux demeurant à Nouvron Vingré et amis du comparant père de l’enfant.......


La vie de Marie Eugénie Lagny fut très vite endeuillée.
Ce fut son fils, âgé de trois semaines qui décéda, le 18 avril 1857, à Nouvron-Vingré.
Acte de décès – avril 1857 – Nouvron-Vingré.
L’an mil huit cent cinquante sept le dix huitieme jour du mois d’avril heure de midi....... ont comparu Jean Baptiste Potier âgé de vingt deux ans et demi profession de domestique demeurant à Nouvron Vingré et Pierre François Drouart âgé de quarante trois ans instituteur, demeurant audit Nouvron Vingré lesquels nous ont declaré que Jean Baptiste Sulpice Potier age de vingt quatre jours, né et domicilié en cette commune, fils du sieur Jean Baptiste Potier premier comparant et de Marie Eugénie Lagny age de vingt ans son epouse sans profession domiciliee en cette commune, est décédé en sa demeure ainsi que nous nous en sommes assurés en nous transportant auprès du defunt ce jourd’hui à huit heures du matin ladite declaration faite par les sieurs Potier et Drouart ci-dessus dénommés, le premier parent du defunt au degré de père et le second ami du pere.......
Puis, son époux, Jean-Baptiste Potier, le 16 mai 1857, à Morsain.
Acte de décès – mai 1857 – Morsain.
L’an mil huit cent cinquante sept le dix septieme jour du mois de mai à midi..... commune de Morsain...... ont comparu Octave Evrard âgé de trente ans, cultivateur domicilie à Berny Riviere et Jules Genot, âgé de trente deux ans garde champêtre, domicilié à Nouvron Vingré, lesquels nous ont declaré que Jean Baptiste Potier agé de vingt trois ans et demi Domestique de labour, domicilié à Nouvron Vingré, né en cette derniere commune, marié à Marie Eugénie Lagny âgée de vingt ans et demi sans profession domicilié au dit Nouvron Vingré fils de defunt François Narcisse Potier et de Marie Denise Lemaire sans profession, Domiciliée en cette même commune est décédé sur le terroir de Morsain, au lieu dit la Vallée Jean Lemaire, hier, seizieme jour du mois de mai vers sept heures du matin......
Le couple Dubourque/Lagny eut bien sur des enfants.
Avant la triste affaire de Berny-Riviere, et après.
Le couple avait donc continué à vivre ensemble.

Jean Baptiste Dubourque naquit le 30 octobre 1865 à Berny-Rivière.
Acte de naissance – octobre 1865 – Berny-Rivière.
L’an mil huit cent soixante cinq, le mardi trente et un octobre à huit heures du matin..... A comparu Jean Baptiste Dubourque âgé de trente deux ans manouvrier domicilié en cette commune lequel nous a presenté un enfant de sexe masculin né en sa demeure, hier à sept heures du soir, de lui declarant et de Marie Eugénie Lagny manouvriere, age de vingt neuf ans son epouse, en sa demeure, auquel enfant il a été donné les prenoms de Jean Baptiste. Le present acte redigé en presence de François Honoré Jolly, age de quarante neuf ans et de Charles Nicolas Laruelle, âgé de quarante quatre ans, tous deux manouvrier, domiciliés à Berny Riviere non parents de l’enfant........

Puis arriva Eugénie Dubourque, le 3 avril 1867.
Acte de naissance – avril 1867 – Berny-Rivière.
L’an mil huit cent soixante sept le jeudi quatre avril, à huit heures du matin, par devant nous.....  A comparu le sieur Jean Baptiste Dubourque âgé de trente quatre ans, scieur de long, domicilié à Vaux hameau de cette commune lequel nous a présenté un enfant du sexe feminin ne en la demeure du comparant le trois avril courant à onze heures du soir, de lui declarant et de Marie Eugénie Lagny manouvriere, âgée de trente ans et demi son epouse, en sa demeure, auquel enfant il a été donné le prénom de Eugénie. Le present acte a été redigé en presence  de Laurent Victor Thuillier, âgé de soixante et onze ans, garde champêtre et de Charles Nicolas Laruelle, âgé de quarante cinq ans manouvrier, tous deux domiciliés à Berny Riviere et non parents de l’enfant......


Le 18 avril 1871, vint au monde une autre petite fille qui fut prénommée, Eugénie.
Cette naissance vint une année après le jugement de février 1870.
Ses parents lui avaient attribué le même prénom que sa sœur, née en avril 1867.
Etait-ce parce que cette petite était décédée ?
Si ce fut le cas, je n’ai pu trouver la date  ni le lieu de ce décès
Acte de naissance – avril 1871 – Berny-Rivière.
L’an mil huit cent soixante et onze le mercredi dix neuf avril à onze heures du matin, par devant nous..... A comparu le sieur Jean Baptiste Dubourque âgé de trente huit ans manouvrier domicilié à Berny Riviere, lequel nous a presenté un enfant de sexe feminin, né à Berny Riviere en sa demeure le dix huit avril courant, à onze heures du soir, de lui declarant et de Marie Eugénie Lagny, manouvriere, âgée de trente quatre ans et demi, son epouse, en sa demeure, auquel enfant il a été donné le prenom de Eugenie. Le present acte a été redigé en presence de Constant Jean Baptiste Baudry, âgé de cinquante ans, garde champetre et de Charles Nicolas Laruelle,  âgé de quarante neuf ans manouvrier, tous deux domicilies à Berny Riviere, non parents de l’enfant........

La « seconde » petite Eugénie ne vécut que dix-sept mois.
Acte de décès – octobre 1872 – Berny-Rivière.
L’an mil huit cent soixante douze le jeudi six octobre à onze heures du matin...... ont comparu les sieurs Jean Baptiste Dubourque âgée de trente neuf ans, manouvrier et Charles Nicolas Laruelle âgé de cinquante et un ans, aussi manouvrier tous deux domiciliés à Berny Riviere, lesquels nous ont déclaré que Eugenie Dubourque âgée de dix sept mois demeurant chez ses père et mere à Berny Riviere où elle est née le dix huit avril mil huit cent soixante et onze fille de Jean Baptiste Dubourque ci-dessus denommé et de Marie Eugenie Lagny agée de trente six ans manouvriere domicilié avec son mari, est decedee en la demeure de son père ainsi que nous nous en sommes assure en faisant examiner la defunte par l’appariteur, le neuf octobre courant à neuf heures du soir........

Arriva ensuite, Eugène, le 11 août 1873.
Acte de naissance – août 1873 – Berny-Rivière.
L’an mil huit cent soixante treize le lundi onze aout à cinq heures du soir, Pardevant nous........ A comparu Jean Baptiste Dubourque âgé de quarante ans manouvrier domicilié en cette commune lequel nous a présenté un enfant de sexe masculin, né à Berny Riviere en sa demeure, aujourd’hui à six heures du matin de lui declarant et de Marie Eugenie Lagny manouvrier âgée de trente sept ans, son epouse, en sa demeure auquel enfant il a été donné le prenom de Eugène. Le présent acte a été redigé en presence de Constant Jean Baptiste Baudry, âgé de cinquante deux ans, manouvrier, tous deux domicilies à Berny Riviere voisins du comparant......

Et enfin, le 18 décembre 1876, un autre garçon qui reçut les prénoms de Georges Jules.
Acte de naissance – décembre 1876 – Berny-Rivière.
L’an mil huit cent soixante seize le dix huitieme jour du mois de decembre à huit heures du matin, par devant nous..... a comparu Constance Dubreuil agee de quarante sept ans, sage femme domiciliee à Vic-sur-Aisne, laquelle par empechement du père de l’enfant, nous a presenté un enfant du sexe masculin né à Berny Riviere, aujourd’hui a trois heures du matin en sa presence, de Jean Baptiste Dubourque, âgé de quarante trois ans, manouvrier et de Eugenie Marie Langny, âgee de trente neuf ans, son epouse tous deux domicilies à Berny Riviere en sa demeure, auquel enfant il a été donné les prenoms de Georges Jules. Le present acte a été redigé en presence de Louis Pierre Evrard proprietaire, agé de cinquante huit ans et de Jean Baptiste Baudry, âgé de cinquante cinq ans garde champêtre tous deux domicilies à Berny Riviere non parent de l’enfant mais voisins......

La vie de ce bébé ne fut pas longue, un mois seulement. Il décéda le 21 janvier 1877.
Acte de décès – janvier 1877 – Berny-Rivière.
L’an mil huit cent soixante dix sept le vingt et unieme jour du mois de janvier à onze heures du matin..... ont comparu Constant Jean Baptiste Baudry âgé de cinquante cinq ans garde champêtre et Christophe Jolly agé de trente neuf ans vigneron tous deux domicilies à Berny Riviere. Lesquels nous ont declaré que Georges Jules Dubourque âgé de un mois domicilie et né dans la susdite commune le dix huit decembre mil huit cent soixante seize, fils de Jean Baptiste Dubourque age de quarante trois ans manouvrier et de Eugenie Marie Langny âgée de trente neuf ans sans profession, tous deux domicilies à Berny Riviere est decedé en la  demeure de ses père et mere ainsi que nous nous en sommes assurés en faisant examiner le defunt par l’appariteur aujourd’hui à six heures du matin........

Mais j’anticipe......
Revenons dans la salle d’audience, pour écouter le témoignage des époux Dubourque, justement.

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Audience du 12 février 1870


Le juge s’adressant à Jean Baptiste Dubourque :
Vous avez vu Eugénie enceinte. Vous avez été témoin à deux accouchements.

Jean Baptiste Dubourque nia. Sa voix était mal assurée. On le sentait mal à l’aise et son trouble grandissait au fil des détails des meurtres des petits énoncés par le président.

Jean Baptiste Dubourque 
Si cela était vrai, je le dirai.

Le président précisa à l’auditoire que le témoin n’était pas blanc dans cette affaire. N’avait-il pas un  passé assez ténébreux pour lequel il avait été condamné à treize mois de  prison et à cinq mois de surveillance.

Le juge :
Vous mentez à la justice ! Votre silence en dit plus que vos paroles !

Jusqu’au bout Jean Baptiste Dubourque réfuta toute implication dans les meurtres des nouveau-nés.


Marie Eugénie Lagny, femme Dubourque, déposa à la suite de son époux.

Le juge :
Vous avez su en 1864 qu’Eugénie était enceinte en même temps que vous. Ne vous l’a-t-elle pas avoué ?
Marie Eugénie Lagny, femme Dubourque :
Non !
Le juge :
En vous voyant faire de petits vêtements ne vous a-t-elle pas dit qu’elle en aurait bientôt besoin ?
Marie Eugénie Lagny, femme Dubourque :
Si, monsieur.
Le juge :
L’enfant a-t-il été élevé ?
Marie Eugénie Lagny, femme Dubourque :
Je ne sais pas ce qu’on  en a fait.

La femme Dubourque avoua, ensuite, avoir assisté non à deux accouchements, mais à un seul. Cette fois-là, l’enfant était vivant. Il fut jeté à terre par Duchemin qui avait marché dessus.
« Ça a fait crac ! Il y avait un peu de sans, pas trop. J’ai reçu des menaces de mon homme. Voilà pourquoi, j’ai tout nié d’abord ; »
Elle poursuivit en affirmant qu’Eugénie avait des relations avec son père, Alexandre son frère, son mari et même son père âgé de soixante-huit ans.
Quel déballage !

Le juge acheva par cette phrase qui s’adressait en premier à la femme Dubourque et s’achevait en menace à l’encontre de son mari :
« Vous venez de faire une déclaration qui vous met en butte aux mauvais traitements de votre mari. Si vous avez le malheur, Dubourque, de faire du mal à votre femme, souvenez-vous que vous serez immédiatement arrêté. »

Belles paroles ! Mais dans la réalité...... La femme Dubourque, sous le joug de son époux, aurait-elle eu le courage d’aller porter plainte ?

Nous apprenons par le juge que Marie Eugénie Lagny, épouse Dubourque, cousait de petits vêtements en vue d’une naissance prochaine. Mais je n’ai trouvé aucune naissance en 1864 la concernant. Seulement en octobre 1865.....

Confrontation entre Eugénie Duchemin et sa mère.
Très édifiant !

La mère nia, bien sûr et lança hargneuse à sa fille :
« Ah ! On aurait bien dû t’arracher la gueule, tu ne dirais pas tant de mensonge que ça ! »
Belles paroles prouvant un amour maternel sans limite !

Pas facile la femme Duchemin.
N’avait-elle pas, un jour, après le meurtre de la grand-mère, menacé sa fille d’un coup de hache si elle avouait ce qu’elle avait vu ?

Et, si elle recevait des coups assénés par son mari, elle ne craignait pas celui-ci, rendant coups pour coups.