mercredi 28 juillet 2021

Prenons un peu de fraîcheur !

 

Le verglas......


Un nom qui, vers 1195, s’écrivait, verreglaz.

En décortiquant ce mot, nous voyons bien qu’il est composé de verre et de glaz ou glas (formes anciennes de glace).

En clair, le verglas est de la glace ressemblant à du verre.

 

Le mot « verglas » désigne une mince couche de glace, terriblement glissante.

Attention à la chute !!

 

Que peut-on faire avec verglas ?

Verglacer – verreglacier à la fin du XIIème siècle – dont la définition fut tout d’abord : tomber en raison du verglas.

Donc, lorsque quelqu’un tombait après avoir glissé sur une plaque de verglas, il se verglaçait.

 

Puis, avec le temps (froid, glacial même) le verglas désigna l’eau transformée en glace.

 

Le verbe « verglacé » possède :

Son participé passé – aussi adjectif - : verglacé (e), qualifiant un sol, une surface......

Son participe présent et aussi adjectif : verglaçant (te) qui vers 1606 s’écrivait : verglassant.

 

Et il existe également le verbe Déverglacer, utilisé dans la première moitié du XXème siècle, comme terme technique, moins courant que « anti-verglas ».

 

Un mot qui ne réchauffe guère !!

 

  

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

 

HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP - Chapitre 22

 

Les loups qui ont fait parler d’eux.......

La bête du Gévaudan – chapitre 7

 

Revenons un peu en arrière.....

Qui étaient les Chastel ?

 

En 1765, au moment des premières attaques, Jean Chastel avait cinquante-sept ans.

De petite taille, trapu, les cheveux blancs légèrement bouclés, il affichait continuellement un air bourru, peu avenant. Mais il fallait bien avouer qu’il en imposait.

Né à Darnes, paroisse de la Bessière-Saint-Mary, le 31 mars 1708[1], il avait épousé le 22 février 1735, Anna Charbonnier et depuis, il régnait en patriarche, en chef de clan incontesté, sur son épouse et  ses neuf enfants, dont quatre garçons.

Jean Chastel savait lire et écrire. Chasseur depuis son plus jeune âge, il était un fin tireur.

La vie lui avait réservé quelques déboires et revers de fortune, exerçant un temps la profession de cabaretier, il était à présent cultivateur. Ces soucis pécuniaires l’avaient rendu amer.

On murmurait aussi qu’il avait le mauvais œil...... d’où ce surnom qui lui avait été attribué de « la masque », se traduisant par « fils de sorcière ».  Comme il n’y avait jamais de fumée sans feu, on soupçonnait cette famille d’avoir des pratiques occultes en matière de sorcellerie et chacun évitait d’en rencontrer les membres.

Le fils aîné des Chastel, Pierre, avait vingt-six ans au moment des premières attaques meurtrières. Il vivait au Besset avec son épouse, Catherine Chabanel, qu’il avait épousée le 23 février 1762[2]. Pierre était garde-chasse des bois de Tenazière, sur le Mont Mouchet, domaine appartenant à la seigneurie d’Apcher.

 

Antoine Chastel, fils cadet des Chastel et frère d’Antoine, avait lui vingt ans lorsque la bête fit son apparition. Sur ce jeune homme couraient des bruits bien étranges, car, disait-on, il avait baguenaudé ici et là.....

  • ·         Tout d’abord, aux côtés des Huguenots, dans le Vivarais.
  • ·         S’accoquinant avec des galériens à Toulon.
  • ·     En Afrique du Nord, où prisonnier des Barbaresques, il avait soigné des animaux sauvages dans une ménagerie.

Pendant sa captivité, il avait, toujours selon les « on-dit », subi maltraitances et tortures, voire mutilations.

De retour au pays, il en voulait à la terre entière et s’en alla vivre en ermite dans la forêt avec pour seuls compagnons deux mâtins féroces. Il vivait de chasse et aidait son frère, Pierre, sur le domaine de Ténazière.

Antoine avait tout de l’homme des bois. Des cheveux noirs longs et sales, une barbe foncée, hirsute, qui lui mangeait le visage. Tout cela faisait qu’on se méfiait de lui et lui attribuait certains pouvoirs, comme ceux de meneur de loups, voire de loup-garou.

Voilà tout ce qu’il fallait au qu’en-dira-t-on pour faire le rapprochement entre cet homme et ses chiens, au moment des attaques, surtout qu’il était de notoriété publique que Antoine Chastel connaissait mieux que quiconque la forêt et ses multiples lieux de cachettes.

Lorsque Antoine descendait au village, ce qui était fort rare, il était toujours accompagné de ses chiens dont la femelle, une bâtarde courte sur pattes, possédait un pelage roux.

Bonnes gens, gardez-vous bien de croiser son chemin !!!

  

Des fortes têtes les Chastel, il n’y avait qu’à se remémorer l’épisode du 16 août 1765....

Ce jour-là, grande chasse générale  sous la responsabilité de François Antoine de Beauterne.

Bien évidemment, tous les hommes de la paroisse des trois Monts avaient été réquisitionnés dont faisaient partie les Chastel, père et fils.

Ces derniers semblaient peu motivés. Fusil en mains, tous trois étaient assis sur une grosse pierre, ne bougeant pas le petit doigt, se moquant allégrement d’un garde qui avait quelques soucis avec sa monture dont les quatre fers étaient embourbés. L’animal se démenait pour retrouver son équilibre, le garde, du nom de Pélissier, fulminait essayant de ne pas être désarçonné ce qui aurait été des plus honteux....

Et ce fut honteux, en effet, car le garde se retrouva au sol, dans la plus épaisse des gadoues.

Les trois Chastel n’en pouvaient plus de rire, ce qui froissa au plus haut point le garde maculé de boue qui s’en prit aux trois hommes.

Le ton monta. Antoine fut le plus virulent, le plus grossier à l’encontre de Pélissier, allant jusqu’à le menacer de son arme. 

Ce furent bientôt trois fusils qui se dirigèrent vers le garde.

S’en suivit une mêlée qui fut bien difficile à démêler......

Voilà pourquoi, le lendemain père et fils furent emmenés à la prison de Sauges, un lieu vétuste aux cachots humides et malodorants, dans une cellule de sûreté de sept mètres sur deux.

Un petit séjour de plusieurs semaines.

 

Novembre 1765, Monsieur Antoine de Beauterne quittait le Gévaudan....... La vie reprit son cours, mais pas calmement, car les attaques reprirent également......

Quelle était donc cette malédiction qui rôdait ?

Malédiction pour certains.

Mascarade et supercherie pour d’autres, pensant que ces messieurs Antoine de Beauterne avaient tout  bien orchestré pour satisfaire le monarque Louis XV, impatient de voir la bête exterminée. En effet, une bête avait été abattue, mais pas LA bête !!

Et puis, les gens parlaient, le soir à la veillée.

Quelques-uns avaient fait le constat que les attaques meurtrières avaient recommencé quelques jours après la sortie de prison d’Antoine Chastel.

Coïncidence ?

Peut-être, mais peut-être pas !!!!

 

Avril 1767. Deux années déjà !!!

La bête sévissait toujours, pourtant, il semblait qu’elle se retranchait dans les vastes forêts du Mont Mouchet et plus particulièrement celles de la Tenazeyre.

Les messes, les processions  et les pèlerinages s’enchaînaient......

 

Ce jour-là, 14 juin 1767, pour la première fois depuis bien des années, Jean Chastel, la Masque, le mécréant, assista à l’office.

Il était accompagné de ses deux fils, Pierre et Antoine.

Oui, même Antoine !!!

 

A suivre .........

 

 



[1] Jean Chastel décéda le 6 mars 1789.

[2] Le couple eut huit enfants.  Catherine Chabanel décéda le 18 janvier 1781,  juste après la naissance de la petite Anne Marie, venue au monde le 10 janvier 1781. Un an auparavant, en 1780, une autre fillette, prénommée Anne Marie, avait vu le jour et était décédée aussitôt.

mercredi 21 juillet 2021

HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP - Chapitre 21

 


Les loups qui ont fait parler d’eux.......

La bête du Gévaudan – chapitre 6

Les louvetiers du royaume - 3

 

 Début juin 1765, le « loup » courait toujours, le « loup » tuait toujours.

Pourtant, l’étau semblait se resserrer autour de lui. Il apparaissait de plus en plus probable que son repaire se trouvait sur le Mont Mouchet où un certain Antoine Chastel[1], à la sombre réputation de meneur de loups, vivait retranché........

 

Les d’Enneval bien qu’ayant dépensé beaucoup d’énergie, se rendant sur place après chaque attaque et analysant la « scène de crime » avec minutie, n’obtinrent pas plus de résultat que le capitaine Duhamel.

Un fiasco des plus complets !!!

  

Sur la route, en direction du Gévaudan, Monsieur Antoine de Beauterne, avec son fils cadet, huit capitaines de la garde royale, six gardes-chasse mis à disposition par le prince de Condé, le duc d’Orléans et le duc de Penthièvre, des domestiques et valets de limiers accompagnant des chiens de la louveterie royale, au nombre de quatre.

C’était le 8 juin 1765.

L’équipage, au grand complet, arriva  le 16 juin 1765 à Clermont-Ferrand.

Ce jour-là même, les d’Enneval chassant la bête infernale, la débusquèrent près de Julianges. Elle était, là, à portée des tirs des fusils, mais elle rebroussa chemin et les chasseurs perdirent sa trace

 

Messieurs Antoine de Beauterne arrivèrent à Saint-Flour, le  20 juin 1765. Ils étaient attendus au Malzieu par Martin d’Enneval, dans la soirée du samedi 22 juin.

Il était convenu que les deux louvetiers unissent leurs connaissances en matière de chasse pour terrasser cette bête du Gévaudan.

 

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Qui est François Antoine de Beauterne, dit Monsieur Antoine[2] ?

 

Né en 1695, à Saint-Germain-en-Laye, il hérita, de son père, la charge de porte-arquebuse du roi.

 

« Lieutenant commissionné des chasses du roi », il avait également la charge de garde des « magasins des poudres royales », des fusils du roi, et des armes de guerre.

Fils de Jean-Marc Antoine, Seigneur de Champeaux, faisant partie de la noblesse, il avait l’oreille attentive du roi.

 

Autre avantage et pas des moindres, François Antoine, cet homme d’environ soixante-dix ans, était bon et simple, aussi, dès son arrivée, il sut attirer à lui l’admiration de la population qui lui apporta son aide.

 

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D’Enneval et Antoine, les deux chasseurs de grande renommée, travaillèrent donc de concert à la destruction de l’animal, bien que n’ayant pas les mêmes stratégies. En effet, Monsieur Antoine, contrairement à Monsieur d’Enneval, préférait les affûts[3] et les appâts.

 

De désaccord en désaccord entre les deux louvetiers et en raison de ceux-ci, les d'Enneval, père et fils, reçurent l’ordre du roi de retourner dans leur Normandie. Aussi quittèrent-ils le pays du Gévaudan le 28 juillet. Malgré leur échec, le roi Louis XV leur octroya une pension annuelle de trois-cent-cinquante livres. Outre cette somme rondelette, leur expédition infructueuse coûta au royaume de France, trois-mille-six-cents livres.

 

Juillet 1765, la bête avait déjà tué pas loin de quatre-vingts personnes.

 

François de Beauterne écrivit, cinq semaines après son arrivée en Gévaudan :

« .. J’ai exercé depuis cinquante ans toutes sortes de chasses tant en France et en Allemagne qu’au Piémont et dans les Pyrénées ; et je n’ai jamais vu de pays pareil à celui-là et aussi difficile... »

Il était vrai que le climat y était particulièrement  difficile et le terrain très tourmenté.

 

Septembre 1765, plus de quatre-vingts personnes avaient trouvé la mort sous les crocs de la bête, cinquante autres avaient été blessées.

 

Devant l’impatience du roi, devant les sarcasmes de la presse étrangère (Allemagne, Angleterre, Espagne....), François Antoine, de plus en plus amer et désespéré de n’avoir pu faire mieux que ses prédécesseurs, devait faire vite, d’autant plus que l’automne arrivait avec ses brouillards épais et ses jours raccourcis, suivi de l’hiver aux neiges abondantes, à la froidure excessive. L’animal devait donc être abattu sans tarder.

Louis XV, malgré tout, accepta d’envoyer douze chiens supplémentaires.

Le 20 septembre 1765, quarante tireurs de Langeac vinrent prêter main forte à François Antoine.

 

21 Septembre.

Quelle est cette rumeur ?

Une rumeur qui enflait et se confirma dans les faits : la bête venait d’être abattue par François Antoine, dans le Velay à une vingtaine de kilomètres du Besset, à Sainte-Marie-des-Chazes.

 

Le scepticisme régnait.

Pourquoi à cet endroit, alors que depuis des mois, l’animal rôdait du côté de Besseyre, Venteuges, Servières, Julianges ?.......

 

Le doute envahissait la population. Cela semblait trop beau, trop rapide après tous ces mois de chasses infructueuses. Et puis, ce loup était accompagné d’une femelle et de deux jeunes, alors que « la bête » poursuivie depuis tout ce temps, était un loup solitaire...... Alors ?

 

 

Un chirurgien de la ville de Clermont, le docteur Jaladon, fut chargé d’autopsier la bête et de l’embaumer, afin qu’elle puisse voyager jusqu’à Versailles pour être présentée au monarque qui venait d’être prévenu de sa destruction, et d’être exposée en divers endroits.

 

Voilà un extrait du compte-rendu du docteur Jaladon :

« C’est un loup carnassier. On a trouvé dans son corps des os de mouton et des morceaux d’étoffe rouge ; les muscles de son cou sont énormes et indiquent une force exceptionnelle. Ses côtes sont disposées de façon que l’animal avait la faculté de se plier de la tête à la queue. Ses yeux sont étincelants et il n’était guère possible de soutenir leur regard. En un mot, son aspect est celui d’une bête terrible ! »

«  A la mâchoire supérieure, dix-huit dents, à savoir six incisives, deux défensives (les crocs) et dix molaires. A la mâchoire inférieure, vingt-deux dents, à savoir, six incisives, deux défensives et quatorze molaires. »

« Hauteur trente-deux pouces, longueur cinq pieds sept pouces et demi, grosseur du corps trois pieds, un poids de cent-trente livres.... »

 

La bête a été mise à mort !!!

Sa dépouille embaumée à la va-vite supporta mal le voyage. Exposée à la vue d’un large public, celui-ci ne put l’approcher tant elle dégageait une odeur de pourriture indescriptible.

 

François Antoine de Beauterne quitta le Gevaudan, le 3 novembre 1765. Il arriva à son domicile de Fontainebleau, le 11 novembre.

 

Le roi de France l’accueillit chaleureusement en personne et le décora de la Croix de Saint-Louis, tout en le gratifiant également d’une pension annuelle conséquente. François Antoine eut droit de placer, dans ses armoiries, l’effigie de « la bête du Gévaudan ».

 

Sans vouloir être mesquine, les vingt semaines de la présence de François Antoine de Beauterne coûtèrent 14 060 livres auxquelles il fallait ajouter les achats de chevaux et de fourrage. Un total qui se monta à 17 000 livres.

Sans oublier la récompense d’un montant de 9 600 livres que François Antoine partagea équitablement entre ses gardes.

 

Et tout cela pour la sécurité de la population du Gévaudan...... tranquillité de courte durée car de nouvelles attaques eurent lieu dès la fin octobre 1765, mais là, Versailles s’y désintéressa totalement.

 

A suivre .........

 
 



[1] Nous reviendrons sur ce personnage essentiel  un peu plus tard dans cette « histoire ».

[2] François était le prénom de cet homme dont le patronyme était Antoine de Beauterne. Il décéda le 7 septembre 1771.

[3] Pendant la nuit, il postait ses hommes, deux par deux, à l’affût dans des fosses préalablement creusées tout le long des bois.

D’où vient cette expression : A tire-larigot ?


Un larigot ?

 

Ce nom masculin apparaît d’abord sous l’orthographe « larigault », dans cette petite phrase : « Boire à tyre Larigault », c'est-à-dire : boire d’un trait en vidant bouteille après bouteille.

Des bois-sans-soif !!

 

D’ailleurs, il existe une autre expression du même type : « Fleuter pour le bourgeois » (vers 1640) et  dont le verbe « fleuter », devint « flûter » (1720), avant d’être remplacé par « siffler »..... Tous ces mots ayant la signification de « boire d’un trait » !!

Une bonne descente !!

 

Mais reprenons notre « larigault ».

 

Vers 1563, le nom est attesté sous la forme « harigot ».

Vers la fin du XVIème siècle, il devient « larigot ».

 

De nos jours, on ne flûte plus, on siffle un verre, ou encore on sirote, mais là, se pose une petite nuance et pas des moindres, car « siroter », ce n’est pas boire d’une traite, mais par petites gorgées pour apprécier le nectar.

 

On ne boit plus à tire-larigot non plus, mais le terme « tire-larigot » a encore sa place dans notre langage – un petit peu seulement pour les plus anciens – et désigne une grande quantité de quelque chose et pas seulement des litres et des litres de boissons.

 

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

mercredi 14 juillet 2021

HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP - Chapitre 20

 

Les loups qui ont fait parler d’eux.......

 

La bête du Gévaudan – chapitre 5


Les louvetiers du royaume - 2

 

 

Si le Capitaine Duhamel avait quitté le Gévaudan fin décembre pour y revenir mi-janvier, la bête, elle, y était bel et bien restée, et poursuivait en toute impunité ses ravages......

 

Le roi qui n’était pas insensible à ce qui se passait dans son royaume, à moins qu’il eût envie d’éviter une révolte, proposa des primes de plus en plus importantes pour la capture de l’animal et envoya deux louvetiers de grande réputation, Messieurs de Vaumesle d’Enneval, père[1] et fils[2].

 

Jean-Charles Marc Antoine Vaumesle d'Enneval, originaire de Vimoutiers, était gentilhomme en pays d’Auge. Il avait la réputation d’être un des meilleurs chasseurs de loups du royaume de France. Il ne comptait  pas moins de mille deux cents loups à son actif, raison pour laquelle il avait reçu le titre honorifique de « Grand Louvetier de Normandie ».

Jean François Vaumesle d’’Enneval, son fils, capitaine au régiment d'infanterie de Bresse,  avait demandé un congé afin d’être le second de l’équipage de son père dans cette chasse à la bête.

Les d’Enneval étaient venus accompagnés de leurs valets, leurs piqueurs et huit chiens limiers dont six de grande taille. Ils arrivèrent à Saint-Flour le 19 février 1765 où ils passèrent quelques jours, avant de s’installer à Saint-Chély-d’Apcher, le 2 mars suivant.

 

Jusqu’en avril 1765, les d’Enneval[3] firent chasse commune avec les dragons du capitaine Duhamel.

Leurs désaccords, évidemment en raison de leur rivalité, furent de plus en plus fréquents.

Les d’Enneval se plaignaient que les battues journalières de Duhamel et ses dragons apeuraient l’animal qui se terrait.

Duhamel critiquait les méthodes des d’Enneval les trouvant peu adaptées.

 

Le mois de mars 1765 se passa sans aucun résultat.

 

Très vite, les heurts trop fréquents entre les chasseurs rivaux, nuisant à leurs obligations, décidèrent les autorités locales à mettre fin au contrat du Capitaine Duhamel qui  dut,  avec ses hommes, réintégrer son casernement de Langogne, début avril.

 

A présent seuls sur le terrain, les d’Enneval utilisèrent tout d’abord les mêmes stratagèmes que leur prédécesseur : battues, affûts, pièges, poisons.....

 

Grâce au flair de leurs limiers, entraînés à la chasse aux loups, la bête livra peu à peu ses habitudes. Elle revenait souvent dans le bois de Ténazeyre, situé sur les pentes du Mont Mouchet.

L’animal avait été aperçu par un piqueur à l’affût qui lui avait tiré dessus, sans l’atteindre toutefois. Mais celui-ci affirma que la bête était accompagnée d’un animal plus petit, une louve apparemment.

 

Afin de s’approcher au plus près de la bête, les d‘Enneval Père et fils et leur équipage quittèrent Saint-Chély pour prendre leurs quartiers à Malzieu dans la Margeride,  en Lozère. C’était le 29 avril 1765.

 

Le lendemain, une grande chasse avec le concours de cinquante-six paroisses et rassemblant dix mille hommes fut organisée avec l’immense espoir d’en finir.

De nombreux loups trouvèrent la mort sous les tirs des armes à feu....... sauf la bête !!

 

Le mois d’avril s’acheva sans résultat.

 

Pourtant, de nombreux courriers arrivaient, tous porteurs  des méthodes les plus efficaces, comme :

Cette idée d’un nommé Couderc, chirurgien à Béziers :

·         Creuser un octogone composé de huit fosses profondes et masquées par des branchages, au centre duquel on placerait deux ou trois enfants pour servir d’appât.

Cet homme avait-il proposé ses propres enfants comme « appât » ?

Un monsieur Herbert, de Paris, lui, donnait cette idée, assez spéciale :

·         Habiller un mouton en fille, le coiffer d’un bonnet et embusquer des tireurs à proximité. Pour que le mouton imite bien un enfant, l’attacher à deux bons pieux fichés en terre. Le mouton en gesticulant, attirera encore plus l’hyène qui, en outre, ne pourra l’emporter.

Ou encore :

·         Fabriquer des femmes artificielles, avec trois vessies de porc gonflées, à savoir, une pour la tête et deux pour les siens. Remplies de poison ces mannequins seraient déposés sur les itinéraires empruntés le plus fréquemment par la bête.

 

 

A suivre .........



[1] Jean Charles Marc Antoine de Vaumesle d’Enneval, né le 28 septembre 1702 à Vimoutiers et décédé le 9 novembre 1769 dans cette même ville. Il était parfois désigné, au sein de la Louveterie Provinciale, comme Martin d'Enneval ou monsieur le marquis d'Enneval

[2] Jean François de Vaumesle d’Enneval, né le 8 mars 1734 - Argentan (61) – aucune date de décès trouvée - grand chasseur de loups comme son père. Ecuyer et capitaine au régiment d'infanterie de Bresse jusqu’en  novembre 1762, il servit ensuite, toujours sous ce grade, au régiment des recrues d'Alençon.

[3] Le caractère orgueilleux et autoritaire de Jean Charles Marc Antoine d’Enneval lui valut des inimitiés, voire des hostilités, de la part de Etienne Lafont et du Comte de Morangies.

DOUCEMENT AUJOURD'HUI..... PAS TROP VOTE DEMAIN !!!

 


Nonchaloir

 

Se disait, vers 1160, pour : négliger, tenir peu compte de quelque chose....

 

Le verbe nonchaloir donne :

·         Au participe passé : nonchalu, employé pour méprisé (1240 – 1280)

·         Au participe présent : nonchalant

 

Nonchaloir :

·         L’ancienne expression (1160 – 1174), « mettre en nonchaloir », soit « laisser à l’abandon », marque le manque d’intérêt ou de zèle.

 

Quelqu’un de nonchalant et donc une personne qui manque de conviction, et cela vers 1370.

1668, l’accent est mis sur « lant » qui prend l’orthographe de « lent », avec la définition : sans entrain.

 

Une nonchalance (vers 1150) : lenteur naturelle ou feinte. Mollesse, manque d’énergie et aussi, et cela un peu plus tard, une indolence gracieuse, réservée sans doute aux femmes de condition.....

 

Nonchalamment, adverbe utilisé à partir de 1429. Avant, il était employé sous la forme de « nonchalentement ».

 

Attention de ne pas tomber, après cette lecture, nonchalamment dans la nonchalance.

Un peu d’énergie, que diable !!

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert