mercredi 31 mars 2021

HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP - chapitre 8

 

Les loups qui ont fait parler d’eux.......

 La bête de Primarette

  

« Au loup ! Au loup !! »

 

Les cris venaient de partout dans les environs de Primarette, en Dauphiné.

Ce fut le mardi de Pentecôte de l’an de grâce 1747[1] qu’un loup, apparemment solitaire, commença un réel carnage, en attaquant et dévorant un certain nombre d’enfants.

Le premier fut le jeune François Malarin, tout juste âgé de sept ans, attaqué et emporté par un carnassier de forte corpulence sur le seuil du logis parental. Sa mère fit face à la bête, essayant de lui arracher son petit de la gueule, sans succès.

Les hommes du village partirent à la recherche de l’animal et de sa proie, suivant les traces de sang. L’espoir était bien mince de retrouver l’enfant vivant.

Ce qui restait du petit corps de François Malarin[2] fut inhumé le soir même sous les prières du curé de Primarette.

 

Ce ne fut malheureusement pas, en cette année 1747, la seule petite victime.

 

Le 6 juin, un garçon de treize ans, Joseph Fournier fut égorgé par cet animal. Il était le fils de Louis Fournier et Françoise Berthier.

 

 

Puis également le petit Mathieu Roux, cinq ans, le 24 octobre 1747. Le petit garçon fut traîné dans les bosquets épineux de la forêt proche et, comme noté sur l’acte de décès : « sans qu’on aye trouvé aucun vestige de son corps. Il était le dernier des quatre enfants du couple qui s’était uni le 4 février 1738, Antoine Roux et Anne Gras.

 

Il y eut une année de répits. Les esprits commençaient à se calmer quand ce loup, cette abominable bête, attaqua la petite Benoîte Pichon, un poupon de deux ans, le 11 octobre 1748. Tout comme pour le jeune Mathieu, il ne fut rien retrouvé du corps de l’enfançon, fille de Ferréol Pichon et Marie Duplan qui avaient convolé le 27 février 1742.

 

 

Trois mois plus tard, il fut retrouvé le corps de Marie Peiron, née le 6 novembre 1742. Cette fillette de six ans a été traînée, elle aussi, dans la forêt proche. Un groupe d’hommes essaya de retrouver sa trace et ce qu’ils découvrirent releva de l’horreur. Sur le chemin emprunté par cette bête carnassière, ils récupérèrent quelques membres épars de l’enfant.

Les parents de cette malheureuse, Guillaume Peiron et Marie Conjard s’étaient unis en octobre 1720, dans cette même église de Primarette, celle où ont prié  vingt-deux ans plus tard, pour le repos de l’âme de leur enfant.

 

Deux années de calme. Enfin !!! 

Le danger n’était-il pas écarté ? Des loups avaient été abattus et la dangereuse bête faisait assurément partie du lot. Enfin, c’était ce que tous les habitants de Primarelle espéraient.

Mais non, hélas !!

Mi mai 1751, Jeanne Servonat succomba sous les crocs d’un loup immense et d’une force incroyable. Cette petite de quatre ans fut entièrement dévorée lors d’une belle journée de printemps, le 13 mai 1751.

Elle était la fille de Antoine Servonat et Jeanne Perrot, unis par le mariage le 9 février 1736.

 

Etait-ce toujours le même animal dévoreur d’enfants ?

 

La dernière petite victime fut Marianne Boindrieux, trois ans, fille de Pierre Boindrieux et Jeanne Pagnoux[3]. Elle périt le 19 mars 1752. Il ne fut rien retrouvé de son petit corps.

 

Après ce septième décès, les attaques meurtrières de loups cessèrent.

 

Ce sont-ils poursuivis dans d’autres communes ?

Difficile à le confirmer.

Si sont revenus, à travers les siècles, ces événements tragiques ayant entraîné la mort de ces sept victimes, c’est, bien évidemment la mémoire orale et surtout, grâce au curé Favre qui a dessiné en marge des actes de sépultures une tête de loup, marque visible attirant l’attention sur la cause de la mort. De plus, cet officiant a noté « dévoré par un loup » dans le texte de l’acte et aussi si le corps avait été retrouvé. Des informations très utiles pour reconstituer l’histoire.

 

Alors peut-être que dans d’autres communes, ce loup-cervier avait tué également...... sans aucune indication sur les registres paroissiaux, impossible à affirmer.



[1] Le mardi 23 mai 1747.

[2] François Malarin, fils de François Malarin, dit l'Espagnoux, Né le 9 février 1701 - Primarette,  (Isère) et Fleurice (on trouve aussi Forie ou encore Flavie) Petit. Mariage le 18 novembre 1727 à Primarette.

 
[3] Le nom de la maman est orthographié sur d’autres documents, Pagnioud.

Ne nous fâchons pas !!!

 

 Pourquoi enguirlande-t-on quelqu’un ?


 

Une guirlande, chacun sait de quoi il s’agit. Elle pare le sapin ou un lieu au moment des fêtes et notamment celles de fin d’année.

 

Le mot « guirlande » est bien plus ancien que cela, car il était déjà employé bien avant que le sapin, dit de Noël, ne trône dans les salons en décembre.

Guirlande est un emprunt à l’italien « ghirlanda » qui désignait une couronne de fleurs ou de feuillages. C’était alors au XIIIème siècle.



 En 1403, ce mot s’appliquait à une couronne de métal précieux, celle portée par les rois et les reines.

Mais le temps passant, le mot fut repris pour nommer un recueil de poésies dont chaque feuillet était paré d’une fleur.

 Les dérives qui suivent vont vous éclairer sur la question posée plus haut.

Guirlander, verbe apparu au XVIème siècle, avait pour définition : orner d’une guirlande, comme par exemple cette couronne de laurier remis au plus méritant.

« Guirlander » prit la forme de « Enguirlander », vers 1555.

Et puis, ce verbe « enguirlander » fut utilisé, à partir de 1819, avec la signification de « couvrir d’éloges » ou encore « orner un discours ». Voilà peut-être le rapport avec la couronne de laurier.

 

1922, tout bascule. Les éloges initiaux deviennent réprimandes, reproches... voilà pourquoi « enguirlander » peut s’employer pour : vilipender -  engueuler.....

 

De grâce, ne m’enguirlandez pas, je n’y suis pour rien si les mots s’amusent à dire tout et son contraire !

 

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du


« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert


mercredi 24 mars 2021

HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP - chapitre 7


 Chapitre 7

 

Les loups qui ont fait parler d’eux.......

 

La bête de l’Yveline

 

Cette bête sévit entre Versailles, Dourdan et Rambouillet pendant la période allant d’octobre 1677 à février 1683.

 

Alors que les travaux du château de Versailles se poursuivaient, Louis XIV y installa la Cour et le pouvoir central en 1682, un loup, certains dirent qu’il y en avait plusieurs, n’hésitant pas à pénétrer dans les villes, s’attaqua aux femmes et aux enfants.

Une véritable hécatombe !!

Cinq années au cours desquelles de nombreuses battues furent organisées, sans succès.

La terreur s’empara des habitants.

Ce fut, selon les informations de l’époque, 190 enterrements dus à ce carnage, notés sur les actes de sépultures, mais le chiffre réel serait bien en deçà, on parla de 500 morts !!

Louis XIV, ému de tant de malheurs, accorda, à l’occasion de la naissance de Louis de France,  Duc de Bourgogne, le 6 août 1682, la somme de 900 livres aux familles des victimes.

Aurait-il été aussi généreux si une fille lui était née ?

  

Une nouvelle forme pour sauvegarder le patrimoine

Les plus vulnérables, face au loup, étaient, bien évidemment, les jeunes enfants, ceux à qui était confié la garde des animaux dans les pâturages un peu en retrait du village, souvent en bordure de bois. Souvent, mais pas toujours, accompagnés d’un chien, ils n’avaient qu’un bâton ou une fourche à loup pour se défendre. Des armes bien inoffensives et dont ces enfants n’avaient pas toujours le réflexe de se servir.

Les femmes étaient aussi la cible de ces bêtes lorsqu’elles quittaient le village pour aller à la ville voisine vendre le fruit de leur labeur, les jours de marché. Souvent, elles faisaient ensemble par groupes de deux, trois, voire plus, manière de trouver la route moins longue et de faire face, à plusieurs, en cas de besoin.

D’ailleurs, elles ne craignaient pas que le loup, mais aussi les brigands.

 

Les voituriers, toujours sur les chemins, se voyaient aussi attaqués par des bandes de loups. Les conducteurs sur leur siège, peu accessibles, les carnassiers s’en prenaient aux chevaux. Plus d’un succombèrent sous les morsures des crocs acérés.

Une perte lourde pour ses voituriers qui perdaient leur compagnon de route et leur moyen de subsistance.

Voilà pourquoi certains se rendirent chez le notaire, afin de souscrire un contrat d’assurance afin de se prémunir des attaques de loups contre leurs chevaux.

Ce fut le cas, notamment à Chamspecret dans l’Orne, en 1725.

Quelles étaient les conditions d’un tel contrat ?

Le voiturier était-il contraint de rapporter la bête qui avait attaqué son cheval ?

Hélas, je ne peux vous en dire plus !!!!

 

A la semaine prochaine pour une autre histoire  de « bête anthropophage ».

 

 

 

Enquiquineur !!

 

 Faites-vous partie du clan des nombreuses enquiquineuses ?

 


 

« Enquiquiner », un verbe qui fit son apparition vers 1830.

Quel autre mot employait-on avant ?

Nous y reviendrons, peut-être un peu plus tard.....

 

« Enquiquiner », donc, est un verbe familier construit à partir de « Quiqui » ou encore « kiki » désignant le cou.

A  l’origine, il était employé pour « insulter ».

Mais, sans doute en raison de son originaire « quiqui, le cou », il dériva vers : remplir la gorge.... gaver !

 

« Tu me gaves !!! »  - « tu me saoules !! », des expressions qui ne nous sont pas du tout étrangères.

Enquiquiner : ennuyer fortement – prendre la tête, emm......... (chut !!!)

 

Bien évidemment, « enquiqiner » possède ces dérivés, comme :

·         Un enquiquineur et son féminin, une enquiquineuse : ceux qui enquiquinent.

·         Un enquiquinement : gros embêtement, qui gave à mort !

·         Un fait enquiquinant : un incident qui met dans la mouise !!

 

Le summum du summum étant :

·         L’enquiquineur qui enquiquine par ses enquiquinements terriblement enquiquinants.

 

Les effets d’un enquiquineur peuvent prendre des proportions excessives et pour que vous en jugiez de vous-même, je vous renvoie au film mettant en scène deux acteurs des plus brillants, Lino Ventura et Jacques Brel.

Je veux parler, et vous l’avez deviné,  de « l’emmerdeur », bien évidemment.

 

Notons toutefois que nous pouvons tous, à un moment donné, être l’enquiquineur de quelqu’un d’autre !!

 

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

 

mercredi 17 mars 2021

HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP

 

Chapitre 6

 

Les loups qui ont fait parler d’eux.......

La bête du Gâtinais

  

Cet animal était-il un loup ? Un chien ?

L’histoire rapporte que l’animal faisait des ravages près de la grande plaine beauceronne.

Ceux qui l’ont aperçu, le décrivirent :

·         « .. Qui n’était en forme de chien, ni loup », déclara Louis Chartier, marchand.

·         « ..En forme de métis avec le poil blond et le col blanc... », affirmait un autre.

 

On raconta, à l’époque, qu’entre Etampes et Fontainebleau, ce carnassier tua environ 120 personnes, avant d’être abattu dans les rues du village de Moigny-sur-Ecole, le vendredi 20 avril 1653.

 

La dépouille de ce loup, baptisé la bête du Gâtinais, fut présentée au roi, avant d’être  empaillée, et exposée à la vue du public à Paris. Pour rassurer, pour tranquilliser les esprits.

 

Deux années plus tard, en 1655, toujours dans le Gâtinais, une autre bête féroce, d’une grandeur extraordinaire, attaqua et dévora des femmes et des enfants.

Etait-ce la même bête, celle que l’on avait cru tuer dans les rues de Moigny ?

Bête maligne, revenant des enfers ?

La question tourna dans bien des esprits, entraînant de nouveau une psychose générale ?

Tout un chacun ne sortait plus qu’armé de fourche ou de bâton.

 

Un animal fut abattu, le 16 octobre 1655, par Gaspard de Montmorin[1], marquis de Saint-Hérem.

Pour lui, il s’agissait bien de LA bête, mais comment en être absolument sûr ?

 

Le compte-rendu de l’autopsie du loup, après avoir été tué, mentionne ce qui suit !

« Procès-Verbal de reconnaissance de la Bête

 Lesquels ont trouvé dans la panse de ladite bête une chopine de sang fort noir avec un petit morceau de drap auquel tenait un petit ruban servant à la coiffe d’une fille avec quantité de cheveux noirs ; et, attenant ladite panse, aurait coupé le boyau, dans lequel s’est trouvé un grand drapeau plein de sang et de cheveux blonds, avec l’oreille du dessus d’un soulier et plusieurs autres petits poils et peaux en façon de parchemin. »

 

 Mais une autre bête monstrueuse sévit encore, et cela, jusqu’en juillet 1657.

 

Il n’y avait sûrement pas qu’un seul loup, mais la peur le faisait renaître sans cesse dans l’esprit des villageois, comme un monstre du diable qui dévorait les chrétiens.

 

 Cette bête (ces bêtes !!) fit bien parler d’elle, et pas seulement, car elle fit aussi couler beaucoup d’encre.

Le curé Jean Delarue de Nancray écrivit l’avoir rencontrée sur la route de Beaune, la décrivant  comme :

« une beste carnassière comme un grands léverier..... on fit des chasses pour la prendre, cela ne servoit à rien.... Jau creu que c’étoient quelques bestes ensocelées...... elle se jettoit à la gorge ou à la face.... elle attaquoit rarement les hommes... »

 

Selon ce curé, ce loup aurait « tué et blessé jusqu’à plus de dix huict cens » et dans Milly, il aurait fait « soixante de tués et blessés à mort ».

 

Nous trouvons un autre témoignage de l’existence de cette bête dans « Les mémoires de Madame de Guette[2] », publiées en 1681. Un ouvrage, très complet et intéressant, parlant des mœurs de son époque et de cette période de troubles historique, la Fronde ».

 

« Un grand loup cervier[3] – sans doute, y en avait-il plusieurs – causait par tout le pays une si grande consternation qu’on ne parlait que de la bête du Gâtinais comme d’une chose effroyable... Elle en voulait particulièrement aux femmes et aux filles, et leur mangeait les deux mamelles et le milieu du front, puis les laissait là. Je ne trouvai rien en chemin, qu’un grand nombre de personnes qui allaient par bandes, armées d’épieux, de fourches, de hallebardes, d’épées et de toutes sortes d’armes pour se défendre, en cas qu’ils eussent rencontré ce monstre. »

  

Des bêtes féroces, dites suppôt de Satan, il y en a eut bien après celle du Gâtinais.

En avançant dans le temps, les détails et circonstances de ces attaques de loups seront plus fournis, car relatés par la presse. Les journaux, témoignages incontournables, car seul moyen de communication.

 

C’est ce que je vous propose de découvrir à travers les différents récits des contemporains et rapports de police et de justice.

 

 
       ......... A suivre ........

 

 

 



[1] François Gaspard de Montmorin, né en 1621 et décédé le 1er août 1701.  Il fut gouverneur et capitaine des chasses de Fontainebleau et Grand Louvetier de France de 1655 à 1701.

[2] Catherine Meurdrac, épouse de Jean Mariot de la Guette, née le 20 février 1613 à Mandres en Ile-de-France et décédée en 1680. Son mari, qu’elle épousa en 1635, était Sieur de la Guette, capitaine de chevau-légers et maître d’hôtel du roi.

[3] Un loup-cervier pouvait peser jusqu’à 50 kilogrammes.

Bizz-bizz !!!

 



Une bisbille.

 

Bien évidemment, vous connaissez ce mot qui nomme une petite querelle sans grande importante et très souvent pour des broutilles.

Mais, vous vous en doutez bien, ce mot n’a pas toujours eu cette signification.

 

Ce terme arriva en France, importé d’Italie où il était employé sous la forme de « bisbiglio ». C’était entre 1300 et 1350, environ.

A cette époque, il évoquait un chuchotement ou un murmure.

Le verbe italien « bisbigliare » se traduisant par « murmurer ».

 

Les Français employèrent le mot « bisbille », à partir de 1606, toujours pour murmurer et chuchoter, mais avec une petite nuance, celle qui exprimait la désapprobation, la médisance.

 

L’être humain ne peut, et cela de tout temps, s’empêcher de dire du mal de son voisin.

Quand on n’a rien à dire, il faut bien trouver quelque chose à raconter pour animer la conversation !

 

Ce ne fut que vers 1752, que ce mot, une bisbille, prit le sens que nous lui connaissons aujourd’hui, à savoir : petite querelle pour des futilités.

 

J’espère ne pas m’attirer de bisbilles pour avoir osé évoquer ce mot.

      

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

mercredi 10 mars 2021

HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP

 

Chapitre 6

 

Les loups qui ont fait parler d’eux.......

La Beste de Singlaiz

 

 A partir de mars 1632, les attaques d’un loup effrayèrent la population vivant non loin de la Forêt de Cinglais, au sud de Caen.

Quelques articles de journaux évoquèrent l’événement :

  « De Caen en Normandie. Le 10 dudit mois de mars de l’an 1632. Il s’est découvert depuis un mois dans la forêt de Singlaiz entre ci et Falaise une bête sauvage qui a déjà dévoré quinze personnes. Ceux qui ont évité sa dent rapportent que la forme de cet animal farouche est pareille à celle d’un grand dogue d’une telle vitesse qu’il est impossible de l’atteindre à la course, et d’une agilité si extraordinaire qu’ils lui ont vu sauter notre rivière à quelques endroits. Aucuns l’appellent Therende. Les riverains et gardes de la forêt lui ont bien tiré de loin plusieurs coups d’arquebuse, mais sans l’avoir blessé. Car ils n’osent en approcher, même se découvrir jusqu’à ce qu’ils soient attroupés comme ils vont faire au son du tocsin ; à quoi les curés des paroisses circumvoisines ont invité tous les paroissiens à ce jourd’hui, auquel on fait étant qu’il s’assemble trois mille personnes pour lui faire la huée. »[1]

 

 

Cet animal, ressemblant à un grand dogue, agile et rapide à la course, tuait et dévorait hommes, femmes et enfants.

Les attaques se poursuivirent pendant une année entière, par à-coups, mais au printemps 1633, elles se multiplièrent, mettant en émoi et surtout terrorisant la population.

On parlait à voix basses de malédictions, de punitions divines, de fin du monde proche.

 

Comme aucun chasseur n’avait pu capturer cette bête, à l’initiative du Comte de la Suze, une battue fut organisée en juin 1633.

Pas moins de cinq mille hommes furent rassemblés et participèrent à cette traque.

Après trois longs jours de chasse, un loup correspondant à la description de l’animal recherché fut enfin signalé puis pourchassé, et abattu d’un coup d’arquebuse.

 

Un article triomphant put être lu dans le journal « La Gazette », fin juin 1633. Il était rédigé en ces termes :

 « Cette bête furieuse dont je vous écrivais l’année passée ayant depuis deux mois dévoré plus de trente personnes dans cette forêt passait pour un sortilège dans la croyance d’un chacun. Mais le Comte de la Suze ayant par ordre de notre lieutenant général assemblé le 21 de ce mois 5 000 à 6 000 personnes, l’a si bien poursuivi qu’au bout de trois jours elle fut tuée d’un coup d’arquebuse. Il se trouve que c’est une sorte de loup plus long, plus roux, la queue plus pointue et la croupe plus large que l’ordinaire. »

 

A l’examen après la mort de l’animal, il se présentait comme un loup, un loup roux, mais avec un corps plus long, une queue plus pointue.

Mais un doute subsistait, était-ce bien le loup meurtrier ou un de ses congénères ?

Pour le savoir, il fallait attendre. Si d’autres personnes étaient attaquées, le loup présentement tué, n’était pas le bon.....

Cette bête fut dénommée : Bête de Caen, Bête de Cinglais ou encore Bête d’Evreux.

Cette troisième appellation est étrange car, entre Caen et Evreux, il y a tout de même une grande distance.



...................... à suivre .......................

     

 



[1] Le journal « la Gazette » - 19 mars 1632

Que veut dire ce mot ?

 


Badigoincer !!!

 

Un verbe employé notamment par Rabelais.

Un mot d’origine incertaine, comme beaucoup, mais qui pourrait être la réunion de deux verbes :

·         Bader : bavarder

·         Goincer : crier comme un porc

 

En réunissant les deux mots et les deux définitions cela donne :

·         Badigoincer : parler en criant comme un porc.

Très agréable !!!

 

On parle, ou plutôt, on badigoince avec les lèvres, ce qui fait que, peu à peu, les lèvres furent nommées : les badigoinces.

 

·         Se lécher les badigoinces après un bon repas !!

Ou plus encore :

·         Deux amoureux s’embrassent sur les badigoinces..... Glamour et romantique !!!

 

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert