Les loups qui ont fait parler d’eux.......
« Au loup ! Au
loup !! »
Les cris venaient de partout dans les
environs de Primarette, en Dauphiné.
Ce fut le mardi de Pentecôte de l’an de
grâce 1747[1]
qu’un loup, apparemment solitaire, commença un réel carnage, en attaquant et
dévorant un certain nombre d’enfants.
Le premier fut le jeune François
Malarin, tout juste âgé de sept ans, attaqué et emporté par un carnassier de
forte corpulence sur le seuil du logis parental. Sa mère fit face à la bête,
essayant de lui arracher son petit de la gueule, sans succès.
Les hommes du village partirent à la
recherche de l’animal et de sa proie, suivant les traces de sang. L’espoir
était bien mince de retrouver l’enfant vivant.
Ce qui restait du petit corps de
François Malarin[2] fut
inhumé le soir même sous les prières du curé de Primarette.
Ce ne fut malheureusement pas, en cette
année 1747, la seule petite victime.
Le 6 juin, un garçon de treize ans,
Joseph Fournier fut égorgé par cet animal. Il était le fils de Louis Fournier
et Françoise Berthier.
Puis également le petit Mathieu Roux,
cinq ans, le 24 octobre 1747. Le petit garçon fut traîné dans les bosquets
épineux de la forêt proche et, comme noté sur l’acte de décès :
« sans qu’on aye trouvé aucun vestige de son corps. Il était le dernier
des quatre enfants du couple qui s’était uni le 4 février 1738, Antoine Roux et
Anne Gras.
Il y eut une année de répits. Les
esprits commençaient à se calmer quand ce loup, cette abominable bête, attaqua
la petite Benoîte Pichon, un poupon de deux ans, le 11 octobre 1748. Tout comme
pour le jeune Mathieu, il ne fut rien retrouvé du corps de l’enfançon, fille de
Ferréol Pichon et Marie Duplan qui avaient convolé le 27 février 1742.
Trois mois plus tard, il fut retrouvé le
corps de Marie Peiron, née le 6 novembre 1742. Cette fillette de six ans a été
traînée, elle aussi, dans la forêt proche. Un groupe d’hommes essaya de
retrouver sa trace et ce qu’ils découvrirent releva de l’horreur. Sur le chemin
emprunté par cette bête carnassière, ils récupérèrent quelques membres épars de
l’enfant.
Les parents de cette malheureuse,
Guillaume Peiron et Marie Conjard s’étaient unis en octobre 1720, dans cette
même église de Primarette, celle où ont prié
vingt-deux ans plus tard, pour le repos de l’âme de leur enfant.
Deux années de calme.
Enfin !!!
Le danger n’était-il pas écarté ?
Des loups avaient été abattus et la dangereuse bête faisait assurément partie
du lot. Enfin, c’était ce que tous les habitants de Primarelle espéraient.
Mais non, hélas !!
Mi mai 1751, Jeanne Servonat succomba
sous les crocs d’un loup immense et d’une force incroyable. Cette petite de quatre
ans fut entièrement dévorée lors d’une belle journée de printemps, le 13 mai
1751.
Elle était la fille de Antoine Servonat
et Jeanne Perrot, unis par le mariage le 9 février 1736.
Etait-ce toujours le même animal
dévoreur d’enfants ?
La dernière petite victime fut Marianne
Boindrieux, trois ans, fille de Pierre Boindrieux et Jeanne Pagnoux[3].
Elle périt le 19 mars 1752. Il ne fut rien retrouvé de son petit corps.
Après ce septième décès, les attaques meurtrières
de loups cessèrent.
Ce sont-ils poursuivis dans d’autres
communes ?
Difficile à le confirmer.
Si sont revenus, à travers les siècles,
ces événements tragiques ayant entraîné la mort de ces sept victimes, c’est,
bien évidemment la mémoire orale et surtout, grâce au curé Favre qui a dessiné
en marge des actes de sépultures une tête de loup, marque visible attirant
l’attention sur la cause de la mort. De plus, cet officiant a noté
« dévoré par un loup » dans le texte de l’acte et aussi si le corps
avait été retrouvé. Des informations très utiles pour reconstituer l’histoire.
Alors peut-être que dans d’autres
communes, ce loup-cervier avait tué également...... sans aucune indication sur
les registres paroissiaux, impossible à affirmer.