mercredi 26 janvier 2022

Un clabaud !!

 

D’origine incertaine, ce mot, un clabaud, fit son apparition vers 1450. Il s’orthographiait alors : clabault.

 

Peut-être viendrait-il du néerlandais « klabaard », employé pour : crécelle ou bavard.

 

Ce mot désignait :

  • ·         En 1501 – une espèce de chien qui aboyait fortement.
  • ·         En 1710 – une personne qui criait beaucoup sans raison.

 Et puis aussi, vers 1680, un chapeau aux bords pendants, sans doute en raison des oreilles tombantes du chien porta le même nom.

 

Le verbe « cladauder », provenant du nom « clabaud » s’employait pour :

  • ·         Avant 1500 – aboyer fort.
  • ·         1611 – clabauder contre quelqu’un  >  médire.
  • ·         1648 – crier fort à tort et à travers.

 

Il existe aussi :

  • ·         L’adjectif « clabaudeur –euse » (1554).
  • ·         Les noms : une clabaudage ou une clabauderie (1611).

 

Des mots qui ne sont plus guère utilisés.

 

Essayez, toutefois, de ne pas perdre votre latin en déchiffrant la phrase suivante :

Un clabaudeur portant un clabaud bien enfoncé sur sa tête, accompagné de son fidèle clabaud clabaudant, clabaude allègrement contre tous les habitants de son quartier. Quelle clabauderie !!

 

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

Les catastrophes ferroviaires - 8 juillet 1846 - Première partie

 

 


 

Ce fut le 8 juillet 1846, dans le nord de la France[1]

Première partie : l’accident

 

7 heures du matin, en ce 8 juillet 1846, un convoi du réseau des Chemins de Fer du Nord, partait de Paris-gare du Nord, direction Lille.

Il était composé de vingt-six[2] voitures que tractaient deux locomotives. Vingt-six wagons dont :

  • ·         Des fourgons à bagages
  • ·  Des voitures de voyageurs de première, deuxième et troisième classes.
  • ·  Neuf wagons plats portant les diligences, chaises de poste et berlines de voyages de certains passagers.
  •      Cinq de ses wagons étaient équipés de garde-frein

A bord, deux-cent-vingt passagers.


En gare d’Amiens, deux voitures furent ajoutées au convoi.

  

14 h 30, près de la gare de Roeux, à environ huit kilomètres d’Arras,  dans le Pas-de-Calais, alors que le train s’élançait sur le viaduc de Fampoux franchissant la Scarpe, les voyageurs ne ressentirent qu’une forte secousse.

 

Un déraillement qui se produisit en raison du décrochement du second wagon, dû à la rupture de la barre d’attelage. Heurtant le talus, le wagon bascula dans la tourbière en dessous, entraînant à sa suite treize[3] autres voitures. Une tourbière profonde de huit à dix pieds[4] dans laquelle s’enfonça les premiers wagons, poussés, écrasés, broyés par les suivants.

 

La première locomotive était toujours sur les rails, la seconde avait légèrement dévié, le wagon attelé à la seconde locomotive n’avait pas bougé, ainsi que les huit wagons situés à la fin du convoi.

 

A la nouvelle de cette catastrophe, les médecins et les pharmaciens d’Arras vinrent sur les lieux. La force armée, deux détachements des garnisons de Lille et de Douai, fut appelée. Les habitants du village de Fampoux accoururent et accueillirent une douzaine de blessés.

 

Il fallait surtout porter secours aux voyageurs des voitures qui se trouvaient dans les voitures immergées dans le marais, et aussi, malheureusement remonter les corps des victimes.

 

Pierre-François Frissard[5], inspecteur des Points-et-Chaussées, fut délégué par le Ministre des travaux Public afin de déterminer les causes exactes de la catastrophe.

Vitesse excessive ?

Défaillance technique ?

Pierre-François Frissard rendit son rapport en juillet.

 

La catastrophe avait fait quatorze victimes, noyées ou écrasées, dont deux conducteurs.

Deux autres personnes décédèrent des suites de leurs blessures.

Il y eut aussi une quarantaine de blessés dont cinq grièvement.



[1] Sources : divers articles de journaux dont « le constitutionnel » du 11 juillet 1846 – Gallica.

[2] Certains journaux parlent de 29 voitures.

[3] Là aussi, le nombre de voitures diffère selon les articles de journaux.

[4] Entre trois et quatre mètres.

[5] Pierre-François Frissard – 1787/1854 – ingénieur des Ponts-et-chaussées.

mercredi 19 janvier 2022

Les catastrophes ferroviaires - Dans le Kent en juin 1865.

 

Ce fut le 9 juin 1865

Deuxième partie

Parmi les passagers....

 

Un accident très grave, mais qui aurait pu passer dans les faits divers, si parmi les passagers ne s’était pas trouvée une personne très célèbre à l’époque :

 

L’écrivain Charles Dickens.

 

L’auteur, très connu, revenait de France. Il se trouvait dans un wagon de première classe, en tête de convoi en compagnie d’Ellen Ternan, sa maîtresse, et la mère de celle-ci[1].

Ce fut, par miracle, le seul wagon à ne pas basculer dans la rivière en dessous du viaduc.

 

Cette expérience dont l’écrivain sorti idem le marqua énormément.

 

Bien que choqué, il aida en donnant les premiers secours à de nombreux blessés, ce qui fit de lui un héros auprès du public. Grand nombre de journaux relata ce fait sur leur première page.

 

Traumatisé au plus haut point, Charles Dickens devint nerveux, évitant le plus possible les déplacements en train. Il n’écrivit d’ailleurs que très peu après ce 9 juin 1865, sauf ce merveilleux roman, marquant une nouvelle ère du genre littéraire, le roman policier, « Le Mystère d'Edwin Drood ». Charles Dickens décéda subitement avant d’achever son roman, le 9 juin 1870.

 

Le 9 juin 1870 !

Cinq années, jour pour jour, après la catastrophe ferroviaire !



[1] Ellen Lawless Ternan, née le 3 mars 1839 et décédée le 25 avril 1914.

 

Un flocon

En ancien français, un floc (1130) nommait une petite houppe de laine.

Floc, issu du latin « floccus », désignait un flocon de laine.

 

Un flocon est donc une petite touffe de laine ou de soie et, par extension, une petite masse très peu dense, comme la neige, par exemple.

 

Un flocon de neige qui apparut dans notre langage vers 1622, bien qu’il neigea bien avant cette date.

 

De flocon découlent d’autres mots comme :

  • ·         Floconneux (euse) – adjectif – 1802.
  • ·         Floconner – verbe –

Qui, au début du XVème siècle, s’employait pour : fabriquer un habit avec de la laine, avant de donner l’image de la neige qui floconne...

  • ·         un floconnement – nom 1874.

 

Au XVème siècle, donc, un tailleur d’habits  floconnait un manteau pour se protéger du floconnement intensif des flocons de  neige.

 

C’est joli, les flocons de neige floconnant dans la nuit. Pas les flocons maigrichons qui fouettent le visage, non, mais ceux, joufflus, qui voltigent au vent et se déposent délicatement sur le sol.

 

J’achève ce petit texte en fredonnant cette merveilleuse chanson d’Anne Sylvestre :

Flocon, papillon
La fenêtre, la fenêtre
Flocon, papillon
La fenêtre est en coton.

 

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

mercredi 12 janvier 2022

Les catastrophes ferroviaires - Dans le Kent en 1865

 

Ce fut le 9 juin 1865

Première partie

 

Petite promenade, en chemin de fer, dans le Kent....

 

Comme chaque jour, entre 14 h 36 et 14 h 39, le train de bateau South Eastem Railway Folkestone à destination de Londres quittait Folkestine.

Le convoi comprenait une locomotive, un fourgon de frein, un wagon de seconde classe, sept wagons de première classe, deux wagons de deuxième classe et trois fourgons de freinage.

En tout, quatre-vingts passagers de première classe, et trente-cinq passagers de seconde classe. Dans les fourgons de freinage se trouvaient des gardes avec lesquels le conducteur pouvait communiquer par un sifflet, en cas de problème.

 

A une vitesse raisonnable de 70-80 kms/heure, le train passa devant la gare de Headcorn, le conducteur aperçut alors le drapeau rouge, avertissant d’un danger. Il a « sifflé les freins » et inversé le moteur pour stopper progressivement le convoi qui, arrivant sur le Beult viaduc, était encore à 48 kms heures.

 

Le Beult viaduc, construction en fer,  large de 6.4 mètres, se situait à trois mètres au-dessus du lit d’une rivière en contrebas, rivière qui se trouvait quasi à sec à cette époque de l’année.

La locomotive dérailla et bascula dans le vide, entraînant à sa suite, dans la boue de la rivière, la presque totalité des wagons à l’exception du dernier wagon de deuxième classe et des fourgons de frein en queue de convoi.

15 h 13 fut l’heure enregistrée pour cette catastrophe qui fit dix victimes et quarante blessés.

  

Pourquoi cet accident ?

 

Le Beult viaduc était en cours de rénovation et un morceau de la voie – deux rails -  avait été enlevé.

Rien de bien extraordinaire, car cela arrivait souvent.

En cas de travaux, ceux-ci étaient signalés par un drapeau rouge porté par un homme.

La distance légale, afin de laisser au convoi le temps de s’arrêter avait été établie à 910 mètres, sauf que dans le cas présent, l’homme et le drapeau étaient positionnés à seulement 507 mètres avant le viaduc.

Une distance plus courte, ne permettant pas au train de stopper dans les temps.

Premier fait désastreux.


Il n’existait  aucun parapet de protection le long du viaduc. Bien sûr, cela n’aurait pas empêché la locomotive de dérailler et basculer, mais ce parapet l’aurait peut-être légèrement arrêtée et certaines voitures n’auraient peut-être pas basculé.

Deuxième fait désastreux.

 

Un accident très grave, mais qui aurait pu passer uniquement dans les faits divers si..................

La suite la semaine prochaine.

 

Feu la mère de madame !

 

Feu la mère de madame !

 

Vous connaissez sans doute cette pièce de théâtre de Georges Feydeau, dont le titre commence par « Feu ».

 

Pourquoi cet adjectif « feu », employé depuis le XIème siècle, en parlant de quelqu’un décédé depuis peu de temps ?

 

Ce mot provient du latin classique « factun », désignant le destin, et qui dériva dans le latin populaire en « fatulus » signifiant :

  • ·         qui a telle destinée

ou encore

  • ·         qui a accompli sa destinée

 

Cette dernière  traduction, « qui a accompli sa destinée », colle parfaitement à l’emploi qui est fait de ce mot, à savoir :

  • ·         celui qui a accompli sa destinée n’est plus de ce monde.

 

Aujourd’hui, cet adjectif accolé à un nom ne se trouve plus employé que dans les actes juridiques.

Toutefois, je trouve à cette expression beaucoup de noblesse :

  • ·         Feu Madame la marquise
  • ·         Feu monsieur votre père
  • ·         ......
 


La classe !!

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

 

jeudi 6 janvier 2022

Les catastrophes ferroviaires - Ce fut le 8 mai 1842[1]

 

Troisième partie

Parmi les victimes.

 

 

Ce fut dans un wagon de deuxième classe que furent retrouvés trois corps calcinés, puis identifiés comme étant ceux de Jules Sébastien César Dumont d’Urville, son épouse Adèle et leur fils, Jules, alors âgé de seize ans.

 

Dumont d’Urville, bien évidemment, ce nom vous est connu, mais qui était Jules Sébastien César Dumont d’Urville ?

 

Jules Sébastien César Dumont d’Urville était né le 23 mai 1790, dans le Calvados, à Condé-sur-Noireau.

Après le décès de son père, il poursuivit ses études au collège de Bayeux, puis au lycée de Caen, avant de s’engager, à l’âge de dix-sept ans, dans la marine.

Très vite, il prit du grade :

  • ·         Novembre 1807              Aspirant de première classe.
  • ·         1811                                    Sa carrière de marin commença et il embarqua successivement sur                                                    plusieurs vaisseaux (l’Aquilin – l’Amazone – le Suffren – le Borée – le                                                     ville de Marseille.....).
  • ·         1812                                    Enseigne de vaisseau sur d‘autres bâtiments.
  • ·         1816                                       Il reprit ses études : physique, astronomie, sciences naturelles et                                                                     langues étrangères.
  • ·         1821 - 1825                            Il participa à des expéditions lointaines, notamment dans le Pacifique                                                            d’où il rapporta une multitude de plantes et d’animaux, avant de                                                                       voyager dans l’Océanie.
  •             1826                                     


      La Nouvelle-Zélande – la côte nord de la Nouvelle-Guinée.

 

Jules Sébastien César Dumont d’Urville cartographia tous les lieux parcourus.

 

·         1829                                     Nommé au grade de capitaine de frégate.

·         1836                                     Il se voit confier, par le roi Louis-Philippe, une expédition en Océanie   

                                               et au pôle austral.

·         1837                                     Il partit avec l’Astrolabe et la Zélée. Son voyage dura plus de trois                    

                                               années.

·         Janvier 1840                        Il planta un drapeau tricolore sur une terre qui sera nommée « Terre

                                               Adélie », en l’honneur de son épouse, Adèle.

·         6 novembre 1840              Retour à Toulon, Jules Sébastien César Dumont d’Urville fut promu

                                               au grade de contre-amiral et entreprit la rédaction de ses voyages.

 


             8 mai 1842                           Après autant de périples sur les mers et les océans du monde, Jules Sébastien                   César Dumont d’Urville décéda dans une catastrophe ferroviaire, entre                            Versailles et Paris.

 


Côté vie privée, Jules Sébastien César Dumont d’Urville rencontra, à Toulon, Adèle Pépin. Elle était la fille d’un horloger de la marine. Ils se marièrent le 1er mai 1815 à Toulon. Le couple eut plusieurs enfants dont notamment deux fils :

 

·       Adolphe (1830-1832)

·       Jules (1826-1842)

 

Aucun de leurs enfants n’atteignit l’âge adulte.

 

La Terre-Adélie et ce cap Pépin sont des hommages qui resteront éternels à son épouse, Adèle, née Pépin.

 

Le couple Dumont d’Urville n’ayant plus aucune famille, le président de la Commission Centrale de la Société de Géographie, décida de prendre en charge l’inhumation et lança une souscription publique pour ériger un monument qui fut inauguré le premier novembre 1844, au cimetière du Sud[2] à Paris.

 



[1] Sources : La sécurité dans les chemins de fer de Léon Malo – Les chemins de fer (3ème édition) de Amédée Guillemin et divers journaux de l’époque via le site Gallica.

[2] Actuel cimetière Montparnasse.

mercredi 5 janvier 2022

Etes-vous frivole ?

 Cet adjectif, frivole, dans notre langage de ce début de XXIème siècle peut être attribué à :

  • ·         une personne vaine et futile
  • ·         un objet n’ayant aucune valeur

 

Mais avant, dans le avant d’avant, ce mot, d’origine incertaine, fut utilisé pour qualifier :

  • ·         Un objet de peu de valeur (déjà) – 1246.
  • ·         Des actes peu sérieux – 1265.
  • ·     Des personnes volages ou ne s’intéressant, dans leur vie, qu’à des tâches ou entreprises sans grand intérêt.

 

De tout cela, ne ressort pas grand-chose, si ce n’est que du vent !!

 

Et bien sûr, il existe des mots dérivés comme :

  • ·        Frivolement qui, en sa qualité d’adjectif, ne fit partie que du langage littéraire, vers 1384, sans toutefois prendre une grande importance.
  • ·         La frivolité qui s’est employée pour :

o   Caractériser tout ce qui est frivole (avant 1718)

o   Parler de choses et propos sans intérêts, donc frivoles.

 

Au pluriel, les frivolités désignent de petits articles de mode ou des parures de dentelles agrémentant les vêtements.

 

Quelqu’un de frivole  peut donc se parer de frivolités pour prononcer des discours frivoles.





Tout cela peut paraître bien futile, mais un  peu de frivolités ne nuit nullement, de temps à autre, et notamment dans un contexte de morosité.   

 

Alors, soyons fous, soyons frivoles, ne serait-ce qu’un court laps de temps !!

 



Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert