mercredi 25 août 2021

Qu’en pensez-vous ?

 Morigéner ?

 

Nous avons abordé dernièrement le mot « malotru ».

Mais un malotru peut-il devenir morigénateur ?

En voilà une question !!!!

 

Morigéner ?

Du latin « moriginatus » ou « morigénatus » dont la définition est : complaisant – bien élevé ou encore : rendu docile – bien éduqué.

Dans ces deux définitions, la première me semble naturelle et la seconde contrainte.

« Morigéner » a donc tout d’abord une notion d’éducation, d’instruction des bonnes mœurs, avant de signifier depuis 1718 : gronder – réprimander, sens qu’il possède toujours aujourd’hui.

 

Ce verbe s’emploie aussi à la forme pronominale : se morigéner, pour : se reprocher.

 

« Morigénateur » est l’adjectif qui découle de ce verbe.

 

Alors un malotru peut-il devenir morigénateur ?

 

Si il s’agit d’un malotru repentant qui se morigène afin de corriger sa conduite, rien ne s’y oppose !!!

 



Qu’en pensez-vous ?

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

Des inondations... depuis toujours.

 

Des nouvelles anciennes !!

 

Le quotidien, « le Petit Journal », en date du jeudi 4 octobre 1866, donne à ses lecteurs des informations très intéressantes sur les intempéries et notamment les inondations.

 

Le journaliste fait d’ailleurs un rapport détaillé sur les « fleuves dont les ravages ont été les plus considérables ».

  • ·         La Tamise, en Angleterre.
  • ·         Le Danube et le Rhin, en Allemagne.
  • ·         La Seine,  la Loire, le Rhône et la Garonne, en France.
  • ·         Le Tibre, l’Arno et le Pô, en Italie.   
  • ·         Le Guadalquivir et le Tage en Espagne et au Portugal.  

 

Une autre précision, celles des années des grandes inondations en France :

583 – 1195 – 1296 – 1408 – 1493 – 1557 - 1571 - 1578 – 1608 - 1647 - 1651 - 1709 - 1726 - 1762 -1782 - 1808 – 1834 – 1836 - 1840 - 1846 - 1856  et 1866.   

 

  • 1866, justement !!

    Le journaliste précise donc que « les inondations actuelles, il faut les attribuer aux pluies les débordements qui ont occasionné tant de désastres .......  les cours d’eau grossissent en un instant, se changent en torrents, renversent sur les rives les digues, les barrages, les quais, les ponts...... et s’en vont détruisant les habitations, les fermes, déracinant les arbres, enlevant les hommes et les bestiaux  

       

    Quelques faits, comme :

    • Le Rhône, dont la hauteur ordinaire des eaux est de 2.50 mètres est parvenue, à 6.50 mètres, en 1812, non loin de Saint-Esprit
    •  La Saône de 3 mètres est montée à 5.60, près de Mâcon, la même année.
    •  L’Allier de 3.40 mètres ordinairement a atteint 7.5 mètres, près de Moulins. C’était l’année 1794
    • La Seine de 3.40 mètres a vu ses eaux arriver à 8.60 mètres au pont de la Tournelle, en 1740.      

     

    En ce qui concernait la Seine, cet article nous apprend que :

    ·         En 583, toute la ville de Paris fut dévastée. Les eaux couvrirent tout l’espace compris entre la Cité et l’église Saint-Laurent.

    ·         En l’année 1195, ses eaux tumultueuses emportèrent tous les ponts. Le roi Philippe Auguste, les pieds dans l’eau dans son palais de la Cité, dut se réfugier à l’abbaye Sainte-Geneviève.

    ·         Janvier 1280 et décembre 1296, pour se rendre dans la Cité, il fallait une barque. Puis encore en cette année 1373 où on naviguait dans les rues Saint-Denis, Saint-Honoré et Saint-Antoine.

    ·         1497, ce fut le même désastre, l’eau s’étendit jusqu’à la place Saint-André-des-Arts.

      1499, un mois de pluie et les eaux devinrent furieuses, emportant le pont Notre-Dame et les soixante maisons qui se trouvaient dessus.

          1651, les Parisiens vécurent les mêmes inondations qu’en 1373.

         1750 fut également une année qui a marqué les esprits par les eaux de la Seine envahissant la Capitale.

     Pour expliquer ces faits, il faut préciser que les fleuves n’étaient pas bordés tout le long de leurs rives de quais surélevés retenant l’eau.

    Il faut aussi noter que la plupart des hivers étaient neigeux et que la fonte des neiges entraînait une montée des eaux des fleuves plus que conséquente.

     

    Cet article, datant de 1866, ne dit rien des années à venir qui furent du même acabit, mais nous y reviendront avec d’autres articles météorologiques.

     

    mercredi 18 août 2021

    Malotru !!!

     




     
    Ce mot, nom et adjectif, prend un « e » au féminin.

    Il s’écrivait « Malostruz » vers 1175, pour devenir ensuite « malastru », mais avant, le avant d’avant, dans le latin populaire l’on disait : male astrucus.

    • ·         Male = mal
    • ·         Astrocus = astre

    En clair : né sous une mauvaise étoile.

     

     Vers 1534, un « malotru » était quelqu’un de malheureux.

    Vers 1690, un « malotru » était une personne défavorisée autant sur le plan physique que sur le plan moral.

     

    Tout dérive au fil des siècles et aujourd’hui, ce mot est attribué à un personnage balourd, grossier et d’une impolitesse inqualifiable .....

    Ce qui ne l’empêche pas en plus d’être défavorisé sur le plan physique et moral et, de surcroit, né sous une mauvaise étoile.

     

    La totale !!!!

     Pour cette petite histoire autour d’un mot,

    Je me suis aidée du

    « Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

    HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP - Chapitre 25

     

    Quelques romans évoquant « la Bête ».




    La bête du Gévaudan d’ Abel Chevalley

     

    Ecrit en 1936, il s’agit d’un roman sous forme d’une chronique rapportant les faits, avec une grande précision par rapport à l’histoire.

    Un grand-père raconte à son petit-fils, âgé de 16 ans, ce qu’il a vécu lors des attaques répétées de la bête. Ce grand-père avait fait partie des battues, avait même affronté l’animal par deux fois.

    Un livre précis, rapportant non seulement les faits, mais les analysant et émettant toutes les hypothèses possibles dont

    ·         une éventuelle machination de François Antoine abattant un loup, le premier, et le faisant passer pour la bête.

    ·         une intervention humaine

     

    Un roman court dans lequel ne sont pas oubliés, les habitants de cette contrée rude du Gévaudan, avec leur dur labeur, leurs croyances et superstitions et leur vie chamboulée par cette bête ayant engendrée la venue envahissante et destructrice de chasseurs appâtés par les primes et les louvetiers  royaux, les chasses, les battues...... et les récoltes saccagées par le piétinement des chevaux et des hommes.

    Sont évoqués également, les habitants gagnés par la terreur, les familles des victimes et les victimes elles-mêmes, sans omettre les prêtres des paroisses et les nobles.

     

    Bien sûr, ce livre n’apporte aucune réponse. Toutes les interrogations restent intactes.....  Une énigme de l’histoire  qui en restera définitivement une.

     

    La bête de Catherine Hermany-Vieille

     

    Le récit de Catherine Hermany-Vieille est plus centré sur la famille Chastel et surtout sur la personnalité d’Antoine Chastel et ses périples et notamment dans le nord de l’Afrique, en Algérie, où prisonnier, il avait été torturé.

     

    Le père Chastel, dit le sorcier, était craint. Son fils Antoine, homme sauvage et solitaire toujours flanqué de deux canidés impressionnants dont un viendrait, disait-on, des contrées lointaines et qui ressemblait à une hyène, l’était encore plus. Alors lorsque les premières attaques d’un loup sanguinaire à la stature impressionnante terrorisent la région, tous les regards se portent sur cette famille Chastel marginale.

     

    Dans ce court roman, la vie en Gévaudan est narrée avec justesse. Les peurs, les superstitions..... et aussi les attaques violentes de la bête.

    Un fond de peur, mais aussi de résignation, sous laquelle sourdait la révolte.

     

    Une fiction qui rejoint la réalité dans ces grandes lignes.

     

      

    Terreur en Gévaudan de Philippe Mignaval 

     

    Un autre roman-fiction, très bien écrit, qui suit les traces de la « bête », pas à pas......

    Alors si vous connaissez bien l’Histoire, ce livre ne vous laissera pas indifférent.

     

    La forêt du Gévaudan est sombre et bien désertique, le mont mouchet est froid… Il ne donne pas envie de s’attarder…

     

    Le narrateur, un scientifique, et Margeride, une jeune fille au nom prédestiné, se rencontrent lors de l’inauguration du musée sur la bête du Gévaudan.

    Malgré cette histoire ancienne, l’espoir les tenaille toujours de pouvoir reconstituer l‘apparence réelle de la bête.

    C’est alors que Margeride invite le narrateur dans sa maison de famille où se trouve, depuis plusieurs générations,  un étrange pot dans lequel un élément organique est conservé dans du formol. Ce petit morceau de peau et de chair aurait appartenu à la bête.

    Une idée germe. Ne pourrait-on pas avec l’ADN de ces fragments réaliser un « clone » ?

    Les tentatives de reproduction avec  des chiennes échouent.

    Après une absence de plusieurs mois à l’étranger, le narrateur revient en Gévaudan et  apprend qu’une bête sévit dans la région. Des carnages étrangement semblables à ceux de la bête.

     

    Une des manipulations génétiques, aurait-elle réussi ?

    Une des chiennes, aurait-elle mis bas ?

    Cela semble pourtant absurde !

    Mais pourtant......

     

    Un bon thriller, bien agencé, bien mené, sans temps morts.

    Les actes meurtriers du présent, retracent ceux du passé.

    Des patronymes d’aujourd’hui, rappellent ceux d’hier.

     

    Un roman bien documenté que j’ai, pour ma part, beaucoup apprécié.

     

     Les secrets de la forêt de Gilbert Bordes



    Un roman qui n’a rien à voir directement avec « la bête », mais qui parle d’un loup tueur faisant penser, inévitablement au Gévaudan !!

     

    Le roman se passe en Lozère, dans un petit village du nom de Villeroy.

    Premier point commun.

     

    Une bête attaque des enfants et des adolescents. Elle ne les tue pas, mais les défigure.

    Second point commun.

     

    La peur gagne peu à peu la population qui accuse les écologistes et leurs réserves naturelles, mais aussi pointe du doigt une communauté de Tziganes campant à la lisière du village.

     

    ·         Du côté humain : Préjugés, peur, haine, racisme, intolérance et vieilles rancœurs.

    ·         Du côté nature : La forêt avec ses bruissements, sa faune avec les grondements de la bête et sa flore apportant charme et poésie......

     

    La bête est traquée, mais insaisissable. Elle connaît la forêt. Elle semble protégée. Par qui ?

     

    Un roman quelque peu policier, car il y a énigme et enquête, mais un roman super intéressant.

     

     

    Il y a bien d’autres ouvrages s’inspirant de « la bête du Gévaudan », plus ou moins proches de la réalité de celle vécue au XVIIIème siècle.

    Les livres parlant des loups sont légion.

    Les loups ont été éradiqués. La peur qu’ils inspiraient à l’homme a eu raison d’eux.

     

    Depuis quelques décennies, peu à peu, ils sont réimplantés dans des réserves, dans des parcs, dans la nature. Cette implantation fait polémique, tout comme celle de l’ours qui a lui aussi subit la foudre humaine.

     

    La nature avait ses lois.

    L’Homme a voulu tout maîtriser, tout régenter, mais n’a-t-il pas à un moment donné, troublé l’écosystème ? N’a-t-Il pas entravé les rouages de Mère-Nature ?

     

    Pour que chacun reprenne sa place, il va falloir du temps..... et surtout laisser aux animaux des espaces forestiers suffisants pour chasser et se nourrir.    

     

     

    mercredi 11 août 2021

    HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP - Chapitre 24

     

    Les loups qui ont fait parler d’eux.......

     

    La bête du Gévaudan – chapitre 9

    La mise à mort, la fin d’un cauchemar.

     

    La bête était morte, tuée d’une balle.

    Jean Chastel n’en fut pas plus glorieux que cela.

    Soulagé, sans doute.

    Abattu, sûrement.

    La bête était venue à lui alors qu’aux aguets, il médirait, priait.... certain que l’animal passerait non loin de lui.....

    Tout comme le premier loup mort sous le feu de François Antoine, le loup tué par Jean Chastel fut autopsié, puis embaumé, avant de prendre le chemin de Versailles où sa dépouille arriva dans la plus grande indifférence. D’ailleurs tout comme la précédente bête, il était dans un tel état de décomposition et dégageait une telle odeur qu’il fallait bien du courage pour l’approcher. Seul, dit-on, le zoologique Buffon vint l’examiner avant de l’enterrer sous l’ancien Hôtel de la Rochefoucauld[1].

     

    Quelle était cette bête ?

    Un loup de grande taille, tel le loup-cervier ?

    Un animal résultant du croisement d’un chien et d’un loup,  dressé à l’attaque en les nourrissant, depuis son sevrage, de chair humaine ?

     

    Un loup chasse en meute, jamais en solitaire et il n’attaque pas l’homme, il s’en méfie.

    La bête, elle, est audacieuse, elle s’approche et entre dans les villages. Lorsqu’elle rencontre la résistance d’un être humain, elle s’éloigne de quelques pas, puis revient à la charge.

    La bête attaque uniquement lorsqu’elle a faim..... Elle opère toujours de la même manière.

    Aucun de ces comportements ne correspond à celui des grands carnassiers à l'état sauvage.

    Toutefois, certaines mises en scène de meurtres, victimes dénudées ou repositionnées en position du sommeil, décapitations nettes, laisseraient à penser que des criminels, sadiques sexuels, aient profité des circonstances pour effectuer leurs méfaits afin que ceux-ci passent sur le compte de la bête.

     

     

    Quelques descriptions rapportées par des personnes ayant aperçu l’animal :

     

    « Plus forte qu’un loup. Grosse comme un veau. Rayée de noir sur le dos. Féline et souple, rapide quand elle rampait. Des oreilles pointues, droites comme des cornes. Une queue longue et épaisse, très garnie, très mobile.

    L’énormité de la gueule par rapport au corps. Un museau effilé comme celui d’un lévrier. »

     « De la taille d’un veau d’un an, un poitrail de léopard, des pattes d’ours avec des griffes, le corps rougeâtre, des oreilles de loup, une raie noire sur le dos. »

     « Aussi grosse que les plus gros chiens, fort velue, de couleur brune, ventre fauve, tête fort grosse, deux dents très longues sortant de la gueule, des oreilles courtes et droites, une queue épaisse. »

     « Une large raie noire allant du cou à la queue. Un museau effilé. Une queue très longue et très fournie. La gueule démesurée, effrayante, puante. »

     « Un loup, mais avec une tête plus allongée, une gueule énorme, une queue épaisse et touffue, une raie noire sur le dos. »

     

    Parmi tous ces éléments descriptifs, revient toujours celui d'un pelage comportant une raie noire tout le long de l'épine dorsale.

    Cet élément, qui n'a pas été observé sur le cadavre de la bête et qui ne correspond pas au pelage du loup, est par contre caractéristique de celui du sanglier.

     Il y avait aussi des descriptions fantaisistes, telles :

     «  On l’avait vue traverser la Truyère, marchant sur ses pattes arrières. Les uns disaient que c’était un grand singe mâtiné de tigre. D’autres que c’était une hyène échappée de la ménagerie du roi de Sardaigne à Turin. »

    « Elle marchait parfois toute droite sur ses pattes de derrière. On l’avait entendu rire, et même jurer. »

     

    L’Histoire gardera le mystère de la « Bête du Gévaudan » qui continue à alimenter les esprits et à faire couler l’encre, pour le plus grand plaisir des lecteurs passionnés par ce terrible événement.......

     

    Ce qui est certain, c’est que la première victime fut Jeanne Boulet, âgée de quatorze ans, égorgée le 30 juin 1764, au village des Hubacs, paroisse de Saint-Etienne-de-Ludgarès, et qu’il fut, en tout, déploré :

    • ·         Plus de 80 personnes tuées.
    • ·         Presque 30 personnes blessées.

     

     

    Si vous souhaitez en connaître plus, je ne peux que vous
    conseiller deux ouvrages :

    ·         La bête du Gévaudan de François Fabre - Editions De Borée

    ·         La bête du Gévaudan – l’innocence des loups de Michel Louis – Editions Perrin

     



    [1] Emplacement actuel – rue de Seine n°14 à 18.

    Lugubre ..... Vous avez dit lugubre ?

     



    En voilà un mot bien sombre, bien ténébreux....

    « Lugubre »  puise ses racines dans le grec :

    ·         Lugros : triste, digne de pitié, dans le cadre des cérémonies du deuil.

     

    D’ailleurs, le latin « lugubris » n’a rien à lui envier, car il se rapporte également à : deuil -  sinistre -  plaintif.

    ·         « Lugubris » découle du verbe «  lugere » : se lamenter, être dans le deuil.

     

    Voilà bien comment plomber l’ambiance !!

     

    Vers 1300, « lugubre » garde ce sens, à savoir : qui a le caractère de deuil.

    Vers 1666, il prend un sens plus large quittant le cercle du deuil. Il est employé alors pour « qui marque ou inspire une profonde tristesse ».

     

    Ouf !! Cette définition semble s’accrocher à un chagrin pour une cause moins définitive.

     

     

    Bien évidemment, il existe un adverbe, « lugubrement », apparu vers 1606.

     

    Puis, bien sûr, il y a l’adjectif « luctueux » (luctueuse au féminin).

    ·         Adjectif dérivant du latin « luctus » : deuil – chagrin, utilisé au XVème siècle, venant tout droit du verbe « lugere ».

     

    Luctueux et son féminin, luctueuse, n’ont été que peu utilisés, et vous vous en doutez, ne le sont plus actuellement.

    Dommage, car « luctueux » possède une consonance plus douce, plus lumineuse, que « lugubre ».

    Et puis, son féminin « luctueuse » rime avec « joyeuse ».

     

    Un tantinet déplacé, toutefois, lors d’un deuil, pas vrai ?

     

    Pour cette petite histoire autour d’un mot,

    Je me suis aidée du

    « Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

     

    mercredi 4 août 2021

    HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP - chapitre 23

     

    Les loups qui ont fait parler d’eux.......

     La bête du Gévaudan – chapitre 8

     Revenons un peu en arrière.....Qui étaient les Chastel... suite....

     

    Ce jour-là, 14 juin 1767, pour la première fois depuis bien des années, Jean Chastel, la Masque, le mécréant, assista à l’office, avec ses deux fils.

     

    Jean Chastel s’approcha de l’autel, s’agenouilla devant  l’officiant, l’abbé Prolhac, puis ouvrant sa main laissant apparaître trois balles de gros calibres en fonte, il déclara :

    « Mon père, ces trois balles, je les ai fait fondre dans une médaille de la Sainte Vierge. Bénissez-les, mon père ! Que vous les bénissiez et il suffira d’une seule pour tuer cet animal malfaisant.... »

      

    Pourquoi ce revirement soudain ?

    Cela avait-il un rapport avec la petite Marie Denty, dévorée par la bête, le 16 mai 1767 ?

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     Qui était cette fillette ?

     

    Barthélémy Dentil[1] et son épouse, Jeanne Guérin, s’étaient unis, le 3 novembre 1740.

    « Barthélémy Dentil, fils naturel et légitime à feu Pierre Dentil et de Catherine Mazelle, de Veysseyre, paroisse de Servières, annexe de Saugues,

    Jeanne Guérin, fille légitime et naturelle de Pierre Guerin et d’Yzabeau Vigouroux, du lieu Septols, paroisse de la Besseyre-St-Mary, diocèse de Saint-Flour,

    Les bans publiés pendant trois dimanches consécutifs, sans qu’il ait parut aucun empêchement, ainsi qu’il conste par les certificats de M. Valette, curé de Saugues et de M. Dufau, curé de La Besseyre-Saint-Mary....... »

     

    Quatorze enfants naquirent dans ce foyer :

    Pierre (1742) – Jean (1744) – Marie 1747 – Anne (1750) - Thérèse (1751) – Marie Anne (1753 -1753) – Marie Thérèse  (1754) – Marie (1756-1756) – Jean (1757-1757) – Marie Jeanne (1758-1759) – Magdeleine (1759-1759) – Antoine (1760) – Louis (1761-1763) – Jean Joseph (1763-1763).

     

    Sur les quatorze petits, peu franchirent l’âge de la petite enfance.

     

    La petite Marie Thérèse, dite Marie, vit le jour en 1754, le 3 mars exactement, à la Besseyre-Saint-Mary.

    Début mars 1767, Marie se lie d’amitié avec Jean Chastel. Même si la réputation de Jean Chastel n’était pas des meilleurs auprès des villageois, les parents de Marie acceptèrent cette affection, d’autant plus que très attentif et protecteur, Jean Chastel raccompagnait la fillette chez elle, ne la laissant jamais seule sur les chemins.


    Oui, mais la bête attendait son heure, tapie dans les buissons, et elle se rua sur Marie qui succomba sous ses crocs acérés, le 16 mai 1767. L’inhumation eut lieu le lendemain. Jean Chastel assista à la cérémonie funéraire, il signa même l’acte de décès sur le registre paroissial.

    Pour Jean Chastel, cette mort, celle de cette enfant de onze ans, fut-elle le déclic du repentir ?

    Fut-ce LA mort de trop ?

     

    Etait-ce, peut-être aussi, la perspective de ne plus maîtriser la bête qui devenait de plus en plus incontrôlable ?

     

     -=-=-=-=-=-


     Trois balles et un fusil !!

     

    Le temps sembla alors s’accélérer.....

     

    17 juin 1767, la bête fut aperçue sur les territoires de Nozeyrolles et Desges.

    Le marquis Jean-Joseph d’Apcher en fut immédiatement informé, aussi décida-t-il d’organiser une battue sur le mont Mouchet dans le bois de la Ténazeire. Un groupe d’hommes, dont Jean Chastel l’accompagna, ainsi que quelques chiens.

     

    19 juin 1767, au lieu-dit la Sogne d’Auvers, Jean Chastel tira sur un animal de grande taille, ressemblant fortement à un loup et le toucha à l’épaule. La bête ne bougea pas, ne fit aucun geste pour s’enfuir, semblant attendre, docilement, le coup de grâce qui vint quelques secondes plus tard.

     

    Depuis ce jour, plus aucune attaque ne fut à déplorer.

     

    Jean Chastel reçut une somme bien modeste, en récompense. Soixante-douze livre.

     

    -=-=-=-=-=-

     

    Que devinrent les Chastel père et fils après juin 1767 ?

     

    ·         Jean Chastel, né le 31 mars 1708 à La Besseyre, décéda dans ce même village, le 6 mars 1789.

    Anne Magdeleine Charbonnier, née le 24 juillet 1706 à la Besseyre,  et avec qui il avait convolé le 22 février 1735, avait quitté ce monde à peine deux années avant lui, le 10 mai 1787.

     

    ·         Pierre Chastel qui avait vu le jour le 8 mars 1739, décéda le 16 décembre 1823.

    Il avait épousé le 23 février 1762, la demoiselle Catherine Chabanel, née le 8 avril 1739 et décédée le 18 janvier 1781.

    Ils avaient eu huit enfants :

    Jean Baptiste (1762) – Jean Pierre (1764) – Jeanne marie (1767) – Catherine (1769) – Marie Jeanne (1772) – Marie Catherine (1773-1773) – Marie Anne (1780-1780) – Marie Anne (1781).

     

    ·         Jean Antoine Chastel, né le 20 avril 1745, se maria le 26 janvier 1778, avec Catherine Charitat, née à Sauges vers 1752.

    Neuf enfants naquirent de leur union :

    Anne (1778) – Jean Antoine (1780-1829) – Jeanne (1782) – Anne Marie (1784-1786) – Catherine (1786-1786) – Jeanne Marie (1787) – Pierre Laurent (1791-1816) – Jean François (1792) – Marie Anne (vers 1795-1872).

     

    Il décéda  le 30 mai 1823, dix-huit années après son veuvage, Catherine Charitat ayant expiré le 18 mars 1805.

     

    Les Chastel restèrent, toute leur vie, sur leurs terres de la Besseyre-Saint-Mary.

     

    A suivre .................



    [1] L’histoire a retenu l’orthographe du patronyme : Denty, mais sur les actes, il était écrit Dentil.