Ce fut le 5 février 1871 entre Bandol et Ollioules-Saint-Nazaire
– sur la ligne Marseille-Nice.
Troisième partie : les victimes et les suites judiciaires
Une liste nominative des victimes dont l’identité
avait été reconnue fut communiquée par l’administration du chemin de fer, juste après l’accident du 5 février 1871 :
·
M.
Vigo, conducteur de train.
·
M.
Arnaud Simon, gendarme, escortant la poudre - son corps n’a pu être retrouvé.
·
Mme Guillaume
Grippeling de Montpellier.
·
M. H Guichard
de Saint-Henry.
·
M. Jean
Nègre (Jean) de Saint-Henry.
·
M.
Chabuet, capitaine des mobiles du Var.
·
M.
Pelabon, capitaine des mobiles du Var.
·
Mme
Harranger, femme d’un employé du contentieux de la Compagnie.
·
Mme Marie-Anne
Pélissier de la Ciotat.
·
M.
Niel père de Saint–Tropez.
·
M.
Niel fils, de Saint-Tropez.
·
M. Jean
Jaubert, brigadier des douanes à Bandol.
·
M. Jules
Nicaisse, médecin à Garéoult (Var).
·
M. Louis
Ollivier de Roquevaire.
·
Mme
Appolaniaire d’Hyères.
·
Mme
Carmen Ruggieri, épouse Arnaud, d’Italie.
·
Mme Marie
Paclet, de Maçon.
·
Mme Cécile
Paclet, de Maçon.
·
Mme
Augustine Laugier, épouse Pascal, de Marseille.
·
M. Alexandre
Brun, caporal au 4e régiment d’infanterie de marine.
·
Mme
Marie Rincol de Montpellier.
·
M. François
Portanier de Cannes.
·
M. Auguste
Roux, de Périgueux.
·
M. Louis
Bertain de Mont-Istio(Italie).
·
M. Auguste Bellon, marin à Toulon.
·
M. François
Gand de Marseille.
·
M. J B
Noaro, italien.
·
M. Eugène
Brontoux, soldat au 89e de ligne (Quille de route).
·
M. Paul
Toussaint.
·
M. Gustave
Herbec, soldat allant à Antibes.
·
M. Samson,
négociant à Marseille.
·
M. Antoine
Masse (Antoine), menuisier à La Ciotat.
·
M. Ji-B
Vinasse (Ji-B.), italien.
·
M.
Bonin, zouave à Antibes.
·
M.
Louis Poivre, au Creuzot.
·
M.
Landy, soldat au 89e de ligne (feuille de route).
·
M. Moïse
Millaud, dit Massé, négociant à Gemenos.
·
M. Charles
Laurent, soldat au 85e de ligne (feuille de route).
·
M. Hippolyte
Artois, soldat au 96e de ligne.
·
M. Antoine
Berthea de San-Secondo (Italie).
·
M.
Auguste, chauffeur à Saint-Tropez.
·
M. Vincent
Hidalgo de Languese (Espagne).
·
Mme Clémentine
Giraud, épouse Toche, de La Cadière.
Une liste nominative loin de
contenir les soixante-huit noms des victimes et surtout loin du chiffre réel de
cent-quatre personnes décédées.
Une centaine de morts et environ
soixante-dix blessés
plus ou moins grièvement.
La curiosité m’a poussée à
essayer de retrouver les actes de décès de ces malheureuses victimes.
Elles ont toutes trouvé place
dans le registre des décès de Toulon, avec mention à la date du 5 février
1871 :
« sur la ligne du chemin de fer de
Toulon à Marseille ».
Pour les autres personnes,
décédées les jours suivant, le lieu est celui de l’hôpital où ils avaient été
transportés.
Quelques actes portent la mention
« inconnu », avec simplement le sexe et l’âge approximatif.
Quelques-uns ont retenu mon
attention, comme :
Marcelin Pierre Joseph VIGO –
conducteur de train du chemin de fer – né à Vence – âgé de trente-cinq ans –
domicilié à Marseille – fils de Georges Vigo et Marianne Pons – époux de
Joséphine Alexandrine Maury.
Emile Pierre NIEL – maréchal ferrant
– né à Saint-Tropez – âgé de vingt ans – domicilié à La Ciotat – célibataire,
fils de Charles Niel, forgeron et Colette Olivier.
Il était dans le train avec son
père.....
Charles NIEL – maréchal ferrant
lui aussi, ce qui laisse à penser qu’il avait enseigné ce métier à son fils –
né à La Motte dans le Var – âgé de soixante-trois ans – domicilié à La Ciotat -
Veuf de Colette Olivier.
Toussaint Désiré PAUL – marin de
l’Etat – né à Bandol - âgé de
vingt-et-un ans - domicilié à La Ciotat – Célibataire – fils de Joseph Etienne
Paul et Joséphine Calliol.
Auguste BELLON – distributeur à
bord du vaisseau le Magenta – né à Annot dans les Basses-Alpes – âgé de
trente-deux ans - domicilié à Toulon –
fils de jacques Bellon et Victoire Richard.
François BONIN – zouave au dépôt
du Premier Zouave – sans autre mention .....
Jean Baptiste VINASSE –
terrassier – né à Moche en Italie – âgé de vingt-cinq ans – sans autre mention
......
Carmele ROUGIERI – née en Italie
– âgée de vingt-cinq ans – sans autre renseignement.
Jacques Mathias ROUX – artiste
lyrique – né à Marseille – âgé de dix-huit-ans – domicilié à Marseille –
célibataire – fils de Jacques Antoine Roux et Anne-Marie Cressi.
........ et tant d’autres......
Cette petite parenthèse rend leur
mort plus émouvante. Ils n’étaient pas que des noms listés dans un journal, ils
avaient des familles, des amis..... et surtout l’envie de poursuivre leur
chemin même si pour certains celui-ci était ardu.
Pourquoi, le wagon contenant
l’armement explosa-t-il ?
Un défaut de chargement,
assurément.
Un baril de poudre ayant laissé échapper
un peu de son contenu qui se serait enflammé au contact d’escarbilles contenues
dans la fumée de la locomotive.
Des poursuites
correctionnelles furent exercées contre :
·
Le chef de gare de Bordeaux-Bastide.
·
Un gardien de batterie aux magasins généraux de
Bordeaux.
·
Un sous-chef de gare de Marseille.
Le 6 juillet 1871,
la cour d’appel d’Aix rendit un arrêt de non-lieu, relaxant les inculpés, faute
de preuves suffisantes.
Presque une année
plus tard, le 5 mai 1872, la responsabilisé civile du PLM
(Paris-Lyon-Marseille) à l’égard des victimes fut reconnue.
Puis, le Conseil
d’Etat fut saisi de l’affaire. Celui-ci jugea, le 17 décembre 1875 que l’Etat
était responsable pour les deux-tiers des dommages causés, la compagnie de
chemin de fer devant supporter le tiers restant en raison de son défaut de
précaution.