mardi 28 février 2017

L’AFFAIRE DE BERNY-RIVIERE - Première partie

Berny-Rivière dans l'Aisne - Un scandale sans précédent

Des hurlements de terreur alertèrent les voisins qui se précipitèrent vers la maison des Rivière.
Que se passait-il ?
Lorsqu’ils arrivèrent aux abords de la maison, ils virent Pierre, le fils ainé sortir calmement de la demeure de ses parents, une serpe ensanglantée à la main, les vêtements tachés et le visage éclaboussé de rouge. Ils avaient stoppé devant l’horreur de cette vision, craignant le pire à l’intérieur du logis.
Pierre leur lança, avant de s’éloigner calmement : « Je viens de libérer mon père de tous ses malheurs.... »
Il semblait avoir accompli une mission avec succès et, sans s’en réjouir toutefois, il en ressentait un profond apaisement.

Stupéfaction générale ! Cloués sur place un instant, ils tendirent l’oreille. Aucun bruit ne parvenait du lieu. Seule une forte odeur de sang, écœurante, leur parvenait.
Les voisins pénétrèrent dans la maison, sans grand espoir, sachant qu’ils y trouveraient la mort.
Mais, là, ce qui se présenta à leurs yeux n’avait pas de nom. « Horreur » était un mot bien loin de la réalité.
Trois corps gisaient au milieu de la cuisine dans un flot de sang. Trois corps, sur lesquels Pierre s’était acharné, les hachant menus en une bouillie informe.
Même les hommes les plus solides sortirent, au bord du malaise. Une des femmes se trouva mal. Une autre rendit son déjeuner sur l’herbe, un peu plus loin.
Comment était-ce possible un tel acte ?
Comment « le Pierre » qui s’accusait de ce massacre en était arrivé à cette barbarie ?
Mais, ne faut-il pas pour comprendre tout cela connaitre  la genèse de l’histoire ?

-=-=-=-=-=-=-=-

Cette histoire commença très mal.
Un arrangement conclu par des parents, sans le réel consentement des intéressés.
Voilà sur quoi repose ce qui va suivre.

Pierre Marguerin Rivière, second des trois enfants de Jean Rivière et Marie Anne Bordel, naquit le 25 février 1793 à Aunay (Calvados).

Acte de naissance – février 1793   -  Aunay.
Aujourd’hui vingt cinq février mil sept cent quatre vingt treize l’an deuxième de la république française à quatre heures du soir par devant moy.... commune d’aunay... est comparu en la salle publique de la maison commune Jean Rivière Laboureur domicilié de la dite municipalité d’aunay lequel assisté de pierre Grelley agé de cinquante cinq ans et de marguerite rivière  agée de vingt cinq ans demeurant tous deux le département du Calvados district de Vire Municipalité d’aunay a déclaré a moy....... que marie anne Bordel agé de vingt cinq ans son épouse en légitime mariage est accouchée aujourd’huy à quatre heures du matin dans sa maison village de la fauctery d’un enfant mâle quil ma presenté et auquel il a donné les prenoms de pierre marguerin......

Un brave garçon, Pierre Marguerin, doux, pacifique, avenant et honnête. Mais au dessus de sa tête, la conscription et son « tirage au sort » qui envoyaient souvent à la mort les jeunes gens.
Son frère ainé était déjà à l’armée et pour les parents, cela suffisait. Que faire ?
Le mariage était assurément la solution, car tout homme marié devait être dispensé de ce  service. Cette réforme, attendue par beaucoup, devait passer prochainement.
Un des amis des parents Rivière, le sieur Le Comte, leur conseilla la famille Brion, qui justement avait une fille en âge de se marier. Elle se nommait Anne Marie Victoire Brion, et avait vu le jour le 26 juin 1793 à Courvaudon (Calvados).


Acte de naissance – juin 1793 -  Courvaudon.
Aujourd’hui vingt sept juin mil sept cent quatre vingt treize l’an second de la république française a onze heures du matin par devant moy.... est comparu en la salle publique de la maison commune pierre Brion de la profession de charpentier domicilie dans la municipalité de  Martin de Courvaudon village de Bouillon lequel assisté de jacques Brion son frère journalier âgé denviron trente six et de jean Baptiste David pretre vicaire de la ditte paroisse agé de vingt quatre ans tous dans le département du Calvados district de Falaise municipalité de Courvaudon a déclaré amoy pierre cusnel officier publique que françoise allexandre son epouse en legitime mariage est accouchée le vingt six juin à onze heures du soir dans sa maison située au village de Bouillon d’un enfant femelle quil ma presenté et auquel il a donné les prenoms de Marie Anne Victoire.........


Pierre Brion et Marie Françoise Alexandre, les parents de la jeune fille, ne furent pas très enthousiastes.
Ils avaient perdus leurs garçons recrutés dans l’armée et ne souhaitaient pas, au cas où la réforme ne serait pas votée, se retrouver avec leur fille veuve, et peut-être en plus, en charge de marmots.

Après négociations, les deux familles se mirent d’accord, les jeunes gens se fréquentèrent six mois et le temps des épousailles fut convenu.
Quelques jours avant le mariage, un rendez-vous chez le notaire de Aunay, Maitre Bailly, fut pris. Puis ce fut le mariage civil et le mariage religieux.

Acte de Mariage – 21 mai 1813  - Courvaudon.
Le dimanche neuvieme jour du mois de mai l’an mil huit cent treize à dix heures du mattin.... commune de Courvaudon arrondissement de Caen département du Calvados ai publie à haute voix, devant la porte exterieure et principale de la maison commune dudit lieu qu’il y a promesse de mariage entre pierre marguerin riviere age de vingt ans trois mois fils de jean Riviere et de Marie anne Bordel de la commune de aunay d’une part et de  Marie anne Victoire Brion agée de dix neuf ans onze mois fille de pierre Brion et de françoise alexandre de la commune de Courvaudon d’autre part
Lesquels pierre Marguerin riviere et Marie anne Brion se proposent de contracter mariage conformément à la loi. La publication a été faite le dimanche seize du même mois sans quil se soit trouvé aucun empechement à la célébration de mariage.

Du vingt eunieme jour du mois de Mai mil huit cent treize a dix heures du mattin.
Acte de mariage de pierre Marguerin riviere âgé de vingt ans trois mois né à aunay département du calvados le vingt cinq du mois de fevrier l’an mil sept cent quatre vingt treize profession de cultivateur demeurant à aunay département du calvados fils de jean Riviere demeurant à Aunay (calvados) et de Marie Anne Bordel ses père et mere et de Marie anne Victoire Brion, âgée de dix neuf ans onze mois née à Courvaudon département du Calvados le vingt sept du mois de juin mil sept cent quatre vingt treize demeurant a Courvaudon (calvados) fille de pierre Brion demeurant à Courvaudon et de françoise alexandre ses père et mere...... en presence de
Pierre Brion père de l’epouse demeurant à Courvaudon (calvados) cultivateur cinquante sept ans
François Le Comte cousin de l’épouse demeurant à Courvaudon (calvados) cultivateur quarante trois ans
Jacques ......(illisible) mazure demeurant à Courvaudon (calvados) cultivateur âgé de vingt huit ans
André Brion demeurant à Courvaudon (calvados) chapentier âgé de quarante quattre ans .....

La jeune mariée faisait grise mine. Elle n’approuvait nullement ce mariage. Aussi, le soir des noces, elle refusa sa couche à son époux car, comme elle disait :
« Il n’a qu’à me faire un enfant et puis partir que deviendrai-je ? »

Pierre Marguerin n’insista pas. Je vous l’avais dit, un brave garçon, et respectueux avec ça !

La réforme passa, Pierre Marguerin Riviere ne partit pas sous les drapeaux.
Victoire Brion accepta donc de devenir la femme de son mari. Par devoir, sans doute, car l’amour n’était point au rendez-vous.
Mais, elle refusa catégoriquement de vivre sous le même toit que celui-ci.


Aussi, la famille se trouva répartie de la sorte, en deux maisons.

Maison à Aunay, village du Bouillon :
Jean Rivière et son épouse, Marie Anne Bordel, et deux de leur fils Pierre Marguerin  et Jean Louis, dix ans plus jeunes que Pierre Margerin, ainsi qu’une sœur de Jean Rivière.

Maison à Courvaudon, Village de la Fauctrie :
Le couple Brion, Pierre et son épouse Françoise Alexandre, et leur fille Victoire.

Entre ces deux lieus, une lieue !!

Pierre Marguerin, cherchant à séduire sa jeune épouse, allait souvent la voir, mais devant son accueil froid pour ne pas dire glacial, il espaça ses visites.
Ses beaux-parents, par contre, l’accueillaient aimablement. Mais, n’était-ce pas seulement parce qu’il effectuait les travaux agricoles dans leur ferme ? Ne soyons pas médisants ! Ils aimaient peut-être bien leur gendre, tout simplement.

Le 24 janvier 1815, Victoire mit au monde un garçon qui fut prénommé Jean Pierre. L’accouchement ne se passa pas bien et Victoire fut malade de nombreux mois.  Son mari voulut s’occuper d’elle, mais elle refusa ses soins, prétextant que sa mère en était plus capable.
Acte de naissance – janvier 1815  - Courvaudon.
Du vingt quatrieme jour du mois de janvier l’an mil huit cent quinze acte de naissance de jean Pierre né le dit jour à six heures du mattin fils de Jean Riviere et de Victoire Brion ses père et mere.
Le sexe de l’enfant a été reconnu être malle.
Premier temoin andré Brion majeur demeura nt à Courvaudon.
Second temoin jacques Deliard majeur demeurant à Courvaudon.
Sur la requisition à nous faite par magdeleine nicole sage femme laquel a déclaré ne savoir signer.......
Petite erreur au niveau du prénom de père. Il ne s’agit pas de Jean Rivière, mais de Pierre Marguerin Riviere. Jean Rivière étant le grand-père du nouveau-né. Erreur lors de la déclaration en mairie.

Le caractère de la nouvelle maman ne s’arrangea pas pendant cette maladie. Pierre Marguerin ne lui en voulut pas de sa méchante humeur, pensant que la maladie en était la cause.
Trop gentil, Pierre Marguerin !

Au bout de six mois, Victoire fut enfin sur pied.
Le jeune couple ne vivait toujours pas ensemble et ne partageait une nuit commune, uniquement quand Pierre Marguerin venait travailler chez ses beaux-parents., tels au moment des labours ou des moissons, pou couper du bois.... 
Une vraie vie de couple, quoi !

Au début de sa seconde grossesse, Victoire décida d’aller vivre chez son mari. Celui-ci arrangea une chambre qu’il rendit la plus agréable possible pour y accueillir la jeune femme. Mais la cohabitation avec ses beaux-parents  fut assez difficile. Elle resta, malgré tout, à Aunay jusqu’à sa délivrance, le 8 mars 1817.
Ce fut une petite fille qui reçut les prénoms de Marie Françoise Victoire.
Acte de naissance – mars 1817 – Aunay.
Du samedi huitieme jour du mois de Mars l’an mil huit cent dix sept, acte de naissance de riviere Marie Françoise Victoire née le dit jour à six heures du matin fille de pierre Margrin Riviere profession de cultivateur et de marie anne Victoire Brion son épouse domiciliés commune d’aunay.
Le sexe de l’enfant a été reconnu féminin.
Premier temoin le sieur françois Le comte maire de la commune de Courvaudon âgé de quarante sept ans.
Second temoin Michel jean François harson domicilié à aunay âgé de trente neuf ans sur la requisition à nous faite par le sieur pierre Margrin Riviere père de l’enfant conformement à la loi.

Après ses nouvelles couches, Victoire fut de nouveau malade pendant trois mois. Elle reçut les bons soins de son mari et de sa belle-mère. Rien ne lui était refusé. Mais malgré tous leurs efforts, elle les accablait tous deux de reproches à longueur de temps, allant même jusqu’à les injurier. Une bien  charmante jeune femme, cette Victoire Brion !
Lorsqu’elle fut enfin remise sur pieds, Victoire déménagea de nouveau et se réinstalla chez ses parents à Courvaudon.
Très instable, cette jeune femme !

Les voisins, que ce soit à Courvaudon ou à Aunay, trouvaient tout cela un peu curieux et en riaient sous cape. Pauvre Pierre Marguerin qui ne comprenait pas les revirements incessants de son épouse. Il fit pourtant encore un pas vers elle, lui proposant de venir s’installer avec elle, à Courvaudon, si c’était son désir de vivre chez ses parents.
Ce fut un refus catégorique.
«  Pourquoi ne te louerais-tu pas ? Ainsi tu m’emmèneras de l’argent tous les mois, lui avait-elle dit.
-       J’ai assez de besogne chez moi, je ne vois pas pourquoi je me louerais, lui avait-il répondu

Et les enfants là-dedans ?
Ils naviguaient au gré des situations, mais surtout en finction de l’humeur de leur mère.
« Garde alternée », pourrait-on dire, mais pas régulière !!! Nous reviendrons sur les périodes de ses « alternances ».
Un père aimant qui rechignait à voir partir chez leur mère les enfants, sachant celle-ci instable et incapable de s’occuper d’eux. Surtout Jean Pierre, car le petit garçon souhaitait rester avec son père.
Mais, Anne Marie Victoire Brion, dans ce cas-là, hurlait dans la rue, à qui voulait l’entendre, qu’ON (son mari) ne voulait pas lui redonner « SON » enfant.
« Je reveux mon enfant ! Je reveux mon enfant ! »
Elle alla voir le juge de paix qui, après l’entretien avec cette « mère epleurée », conseilla au pauvre Pierre Marguerin de laisser son épouse reprendre le petit Jean Pierre.

Un autre enfant naquit, le 9 avril 1820, une petite Aimée.
Acte de naissance – avril 1820  –  Courvaudon.
Du lundi dixieme jour du mois d’avril l’an mil huit cent vingt. Acte de naissance de aimée Delphine Rivière, nee le neuf avril à dix heures du matin fille de pierre Marguerin riviere profession de laboureur demeurant à Courvaudon et de Marie anne Victoire Brion son epouse en legitime mariage.
Le sexe de l’enfant a été reconnu être feminin.
Premier temoin jacques Deliard âgé de cinquante quatre ans profession de journalier demeurant à courvaudon -
Second temoin thomas simon âgé de trente quatre ans profession d’instituteur demeurant à Courvaudon.
Sur la requisition  faite par Pierre Marguerin Riviere père de l’enfant qui a signé avec nous......

Et encore un autre petit, deux ans plus tard, le 10 juin 1822, qui reçut les prénoms de Louis Prosper.
Acte de naissance – juin 1822   –  Courvaudon.
Du lundi dixieme jour du mois de juin l’an mil huit cent vingt deux acte de naissance de Louis Prosper Theodore Riviere, né le dit jour à huit heures du matin fils de pierre Marguerin Riviere profession laboureur demeurant à Courvaudon et de Marie anne Victoire Brion son epouse en legitime mariage.
Le sexe de l’enfant a été reconnu être masculin.
Premier temoin andré Brion âgé de cinquante trois ans profession de charpentier demeurant à Courvaudon – second temoin thomas simon âgé de trente sept ans profession d’instituteur demeurant à Courvaudon. Sur la requisition à nous faite par Pierre Marguerin Riviere père de l’enfant qui a signé avec nous......

Autre naissance, celle de Jean Louis, le 28 décembre 1824.
Acte de naissance – décembre 1824   –  Courvaudon.
Du mardi vingt huitieme jour du mois de decembre l’an mil huit cent vingt quatre à quatre heures de l’après midi acte de naissance de Jean Louis Riviere né le dit jour à sept heures du matin fils de pierre Marguerin Riviere profession de laboureur et de Marie Anne Victoire Brion son epouse en legitime mariage demeurant courvaudon département du Calvados. Le sexe de l’enfant a été reconnu être masculin.
Premier temoin andré Brion âge de cinquante cinq ans profession de charpentier demeurant à Courvaudon – second temoin thomas Simon âgé de trente neuf ans profession d’instituteur demeurant à Courvaudon. Sur la réquisition a nous faite par Pierre Marguerin Riviere père de l’enfant......


lundi 27 février 2017

CHASSE AU TEMPS DES HOMMES DES CAVERNES



Dans la forêt préhistorique, deux hommes des cavernes, KA et KE, lance au poing partent à la chasse :

Ka : Moi faim ! Moi chasser !
Ke : Moi idem …..
Ka : Toi devant !
Ke : Non moi derrière !
Ka : Grr !!!!!!

Arrive un dinosaure, les deux hommes stoppent leur marche.
Ka : Toi devant !
Ke : Non animal trop gros ! Lances trop petites !
Ka : Toi raison !
Dinosaure s’éloignant : Ouf ! Hommes poltrons !

Arrive un mammouth, défenses en avant, trompe dressée.
Ka : Quoi ça ?
Ke : Moi pas savoir !
Ka : Toi pas intelligent !
Ke : Toi idem !
Ka : Animal trop gros ! Lances trop petites !
Ke : Toi raison !
Le mammouth  s’éloignant : Ouf ! Hommes poltrons !

Arrive un serpent, long et fin.
Ka : Serpent, bien !
Ke : Serpent, pas bien !
Ka : Pourquoi ?
Ke : Serpent trop petit ! Lances trop grosses !
Ka : Toi avoir raison ! Pas facile viser !
Serpent s’éloignant : Ouf ! Hommes stupides !

Les hommes des cavernes poursuivent leur chemin.
Ka : Moi faim ! Moi chasser !
Ke : Moi idem …..
Ka : Toi devant !
Ke : Non moi derrière !

Ka : Grr !!!!!!

mercredi 22 février 2017

1782 – Est-ce que ça vous intéresse ?


  


Une question qui attend réponse

11 janvier 1782

Lettre au rédacteur des annonces
Le 27 décembre 1781, le Fosseyeur (sic) de la paroisse de S. Ouen la principale de Pont-Audemer, en creusant une fosse, dans le Cimetiere (sic), rencontra un cofre (sic), dont le bois n’a reçu aucune atteinte par le temps, les clous même n’ont point senti la rouille : le corps qui y est contenu est comme si l’on venoit de le mettre en terre, ainsi que les linges qui l’envelopent (sic) ; il est d’un blanc que rien n’a changé. C’est ce qu’a vu M. le Curé & M. Bunel, Prêtre de la paroisse. M. le Curé a fait recouvrir le cercueil de terre, & marquer la place ; il en a informé M. l’Evêque de Lisieux, & doit faire mettre une croix sur le lieu. L’on assure qu’il y a 25 ou 30 ans, M. Lebvel étant alors Curé, on trouva ce corps dans le même état ; on ignore la personne & le temps qu’elle est en terre : dans ce temps, il étoit d’usage de faire les fosses d’une grande profondeur, & l’on mettait plusieurs corps dans la même ; dans toutes les autres il ne se trouva que des ossements. On voudroit savoir les causes naturelles ou physiques qui peuvent avoir conservé ce corps jusqu’à ce jour, sans qu’il soit endommagé : à MM. Les Physiciens seuls appartient de traiter cette matiere (sic) ; nous les prions de nous faire part de leurs remarques.

Un bien curieux phénomène qui m’a semblé intéressant de vous soumettre.
Certains corps se conservent. Pourquoi ?
C’est justement la question qui est posée.


« L‘Erreigne noire » !

8 mars 1782

Il regne (sic) une maladie locale & annuelle sur les vaches, aux environs de Gournay-en-Bray, que l’on nomme Erreigne noire ; on ne s’aperçoit de cette maladie qu’environ une demie-heure avant leur mort ; elles deviennent tristes, cessent de donner du lait ; elles sont ordinairement grasses : on les sauve quelquefois par la saignée, & même les habitans (sic) les saignent dans le fort des herbes tous les mois pour éviter cet accident. Lorsqu’elles meurent & qu’on les ouvre, on aperçoit le sang porté sur une des parties de leur corps, qui est consommé par la gangraine (sic) : cette maladie les prend en tout temps, même dans le vélage (sic).
Les Habitans (sic) des environs desireroient recevoir des secours des personnes instruites dans l’art de guérir les animaux ; ils d’obligeroient même à faire une rente, ou donner une somme quelconque à celui qui trouveroit le moyen de guérir cette maladie. On prie d’adresser les avis à M. Pallain de Jouvence, à Gournay-en-Bray.

Avez-vous une idée de ce que peut être cette maladie ?
J’ai recherché, en vain......


Un trait de sensibilité

29 mars 1782


Le 23 Février dernier, le feu prit au Village de Vilaines en Barrois. Dans le même temps M. le Prince de Ligne, Lieutenant Général au service de l’Empereur, accompagné du Prince Charles, le plus jeune de ses fils, y passa. Témoin de ce désastre, il y courut avec ses gens, & donna 22 louis pour être distribués aux malheureux incendiés ; pendant ce temps, le jeune Prince ayant vu une femme qui pleuroit, en voyant le feu dévorer tout ce qu’elle avoit, fut à elle, & n’ayant point d’argent il lui donna sa montre qui étoit de prix, comptant que son pere (sic) ne le voyoit pas ; il se trompoit, car le père (sic) venant à lui, il lui dit ces mots, qui prouvoient sa satisfaction : « Bien, Charles ». Récompense sublime pour le fils, mais quel plaisir pour le père (sic) !

L’évènement se situe dans le « Barrois », couvrant le quart de département de la Meuse dont la capitale historique est Bar-le-Duc.

M. Le Prince de Ligne n’est autre que Charles Joseph Lamoral, 7ème prince de Ligne, né en 1735 et qui décédera en 1814.
Charles Joseph Antoine, son fils, né en 1759, de son union  avec Maria Franziska, avait vingt-deux ans, en mars 1782.



Un usurier condamné

28 juin 1782

Le Parlement de Toulouse a donné depuis peu, contre un usurier, un juste exemple de sévérité : puisse-t-il  effrayer à jamais ces ennemis de leurs concitoyens, qui sacrifient à une cupidité criminelle, ceux qui ont besoin de leurs secours !
François Fournier Ravisson, Marchand du lieu de Fontavines, se faisoit un plaisir de prêter de l’argent à toutes personnes qui vouloient recourir à sa bourse, mais à raison de 60 pour cent d’intérêt : encore vouloit-il que l’on fît un cadeau à sa femme, à titre d’épingle, en faveur de la négociation. Il exigeoit de plus que l’emprunteur donnât un repas dans la meilleure auberge du lieu de sa résidence, à raison de 3 liv. par tête, de maniére (sic) que celui qui avoit besoin d’une somme réelle de 300 liv. étoit forcé, pour satisfaire aux conditions prescrites, de consentir sa lettre de change, ou son billet, de 498 liv. selon le calcul suivant :
Argent compté                         300 liv.
Bénéfice, 60 pour cent            180 liv.
Cadeau à la femme                    9 liv.
Repas pour 3 personnes             9 liv.
Total                                                  498 liv.
Le procès ayant été fait à Rabisson, Arrêt du 321 Septembre 1781, qui l’a condamné, pour fait d’usures & anatocismes, à être attaché au carcan, avec un écriteau devant & derriere (sic), portant ces mots : Usurier public, pendant 3 marchés consécutifs ; en 1200 l. d’aumône envers les pauvres du lieu de S. Agreve ; à 5 liv. d’amende envers le Roi, & au banissement (sic) du ressort pour 10 ans.
Cet Arrêt est rapporté dans le volume du mois de Mars 1782, des Causes célebres (sic) curieuses de MM. Desessarts & Richer, Avocats au Parlement.


60 % d’intérêt ! Voilà qui est criminel en effet.
Le repas ..... Il n’y a pas de petit profit !
Le cadeau à l’épouse ! Avec les intérêts qu’il prenait, cet homme aurait pu les payer lui-même.
Usurier, certes, mais aussi avaricieux !

J’aurais aimé vous en dire plus sur ce fieffé coquin ! Mais, il portait un nom bien courant et l’article ne donne pas trop de renseignements.
Après le procès, cet homme et sa famille ont sûrement plié bagages et sont partis bien loin, sans demander leur reste.

Les « Causes célèbres curieuses de MM. Desessarts & Richer, Avocats au Parlement » auraient pu me dévoiler les informations que je souhaitais. Les écrits y sont fort intéressants et il faudra que je retourne les consulter. Mais concernant l’usurier dont il est question, je n’ai rien trouvé.


Quelle persévérance !

11 octobre 1782

Un Anglais, père (sic) de famille, sollicitoit depuis long-temps (sic) un emploi dans les Douanes, & le premier Ministre lui avoit souvent fait répondre qu’il n’y avoit aucun de vacant. Instruit du contraire, il s’obstinoit  à assiéger la porte de l’homme en place, espérant tout de sa constance, que l’extrême besoin dans lequel il se trouvoit, rendoit opiniâtre. En effet, il fatigua tellement le Ministre, que celui-ci en prit de l’humeur, & le fit entrer pour la lui témoigner. Le solliciteur écouta patiemment & avec respect les reproches. Et lorsqu’ils furent finis : « j’ai mérité vos plaintes, lui dit-il, mais que votre grace (sic) daigne considérer mon état & ma misere (sic) ; la nécessité m’a forcé de m’y exposer ; daignez jeter les yeux sur mon memoire (sic) : c’est l’unique faveur que j’implore ; il n’est pas long ; cette lecture sera l’affaire d’un moment. Le Ministre prit & lut ce mémoire, qui étoit conçu en ces termes : un chien étoit entré dans le palais du Prince Maurice de Nassau ; on ordonna de le chasser ; il revint, on le chassa de nouveau, on lui donna même des coups de bâton ; il revint toujours ; le Prince ordonna enfin de le laisser tranquille, & de lui donner à manger. Depuis ce temps, le chien fidele (sic) n’abandonna plus son bienfaiteur ; il s’attacha à lui, le suivant par-tout (sic), & passant toutes les nuits à la porte de sa chambre. Son Altesse Sérénissime prit à son tour de l’attachement pour cet animal, & en mourant, elle lui assigna une pension pour fournir à ses besoins. » Lorsque le Ministre eut lu ce mémoire, il sourit, & passant à son Bureau, il fit expédier & signa une commission de Directeur des Péages, qu’il remit au suppliant.

La ténacité est parfois payante. Une bien belle histoire !


Copiste

1er novembre 1782

Le sieur Rocher, Musicien & Régisseur de la musique de la Comédie, fait & entreprend toutes sortes de copies, en duo, en trio, quatuor ; & pour l’agrément & facilité des amateurs, copie les parties séparées & quatuor, si on le désire : il enseigne la musique vocale & instrumentale. Il demeure rue de l’Ecole, près S. Laurent.

L’imprimerie des partitions musicales a été un soulagement pour les copistes qui devaient, non seulement recopier chaque partie, mais aussi les « guides orchestraux » rassemblant tous les pupitres de l’orchestre.
Et tout cela, à la plume ! Quel boulot !
Cela me rappelle un de mes anciens élèves qui m’a demandé, un jour.
« Mozart, il se servait du même logiciel de musique que toi ? »

Avant de répondre sur le plan informatique, il m’a fallu lui faire un léger cours d’histoire.
Mozart, oui.... A quelle époque vivait-il ?
Quand, l’époque, la seconde partie du XVIIIème siècle, fut trouvée.
Ma seconde question fut :
« Comment s’éclairait-on dans les années 1750 ? »

J’imagine, avec bonheur, W A Mozart devant un écran d’ordinateur dont l’unité centrale était branchée à la mèche allumée d’une chandelle !
Pourquoi pas, avec beaucoup d’imagination.


Une belle amitié

1er novembre 1782

Au mois de janvier 1773, 2 voleurs de grand chemin furent arrêtés & conduits dans les prisons de Kinston ; leur crime étoit constaté. Ils se regardoient comme 2 victimes que la justice alloit immoler à la sûreté publique, lorsqu’il vint dans la tête de l’un le projet d’en arracher une à la justice. Cette idée parut d’abord ridicule à l’autre. Mais le premier ayant insisté, « nous serons infailliblement condamnés à mort ; nous avons été arrêtés ensemble ; notre crime étant commun, le supplice le sera : te sens-tu le courage de mourir seul. Cette proposition étonna celui qui l’entendoit. Cependant après un moment de silence, il répondit : oui sans doute, je me sens ce courage, mais je voudrois être sûr de t’arracher au supplice. Je n’exige point un pareil sacrifice, répartit le premier avec vivacité. Ecoute-moi, & tu verras que je suis digne d’avoir un ami aussi généreux que toi. Nous avons des cartes ; jouons une partie ; celui qui la perdra déchargera l’autre dans son interrogatoire, il dira aux Juges qu’il est seul coupable , & que si l’autre a été trouvé avec lui, c’est qu’il lui avoit proposé une promenade à cheval, mais qu’il n’avoit aucune connoissance (sic) du projet de vol ». La proposition fut acceptée : les 2 voleurs se mettent aussi-tôt (sic) tout nuds (sic), & dans cet état, il jouerent (sic) leur importante partie. L’inventeur de l’expédient la perdit. Son camarade l’embrassa en pleurant, & lui dit qu’il étoit prêt a (sic) se charger de son rôle & à lui céder le sien. « Si tu ne veux pas empoisonner les instants qui me restent à vivre, répondit le perdant, ne me fait plus une proposition qui me dégraderoit à tes yeux & aux miens, si j’étois assez lâche pour l’accepter. Songeons, mon ami, à nous amuser & à jouir du peu d’instans (sic) qui me restent à parler avec toi. Le jour où les 2 voleurs devoient être jugés étant arrivé, celui qui devoit être sacrifié remplit sa promesse avec fidélité, & la justice le condamna seul à la mort. Son camarade fut renvoyé absous ; mais il fut inconsolable de la mort de son complice ; une fievre (sic) lente s’empara de lui & le conduisit au tombeau 6 semaines après le supplice de son camarade. »

Encore une histoire intéressante. Une belle histoire d’amitié !
Je voulais vous la soumettre, comme cela, pour le plaisir.


Qui était-il ? La question reste posée.

29 novembre 1782

Le nommé  Gaspard Bentz, demeurant à Fraquelfin, en Brie, vient de finir ses jours âgé de cent & un an (sic) trois jours ; il étoit Chauffeur de profession ; il y a trois semaines qu’il se livroit  encore à cet exercice. Il étoit toujours jovial & plaisantoit souvent, tantôt sur lui-même, tantôt sur d’autres. Il a même poussé ses plaisanteries jusqu’au lit de la mort, qu’il voyoit, disoit-il, venir. Il eut la voix éteinte l’espace d’une heure ; comme on le croyoit mort, on le couvrit d’un drap pour l’ensevelir. Les mouvements qu’on fit à cet effet le rappellerent (sic) à lui, & à l’instant il invita les assistants, dont plusieurs pleuroient déjà, à lui apporter de l’eau-de-vie, qu’il trouva, dit-il, bien bonne. Sa voix s’éteignit trois fois ; trois fois il redemanda de l’eau-de-vie. La troisieme (sic) fois il tarit les larmes des quelques-uns de ses parents, par une plaisanterie qui fit beaucoup rire : J’ai, disoit-il, un cœur qui est comme celui d’un vieux loup, je ne peux pas m’en défaire. Mais il parla trop tôt, car il mourut à l’instant sérieusement.
Jamais il ne fut malade, il eut toujours bon appétit ; ce qui fait croire que le poids des années l’a seul mené au tombeau. Ce qu’il y a de singulier encore, c’est qu’il n’étoit jamais courbé, & avoit  l’ouie (sic) très-fine (sic) & la vue très-bonne (sic), & ne s’étoit jamais servi de lunettes.


Cela aurait pu être très intéressant, si toutes les villes de Moselle étaient en ligne, mais Hattigny, ville cruciale en ce qui concerne l’article, ne l’est pas !!
D’autre part, certaines années sont manquantes......

Je me suis rabattue sur ce que j’ai pu, mais je ne suis absolument pas sure de mes informations.

J’ai trouvé un acte de décès d’un certain Gaspard  Bentz dans les registres de Fraquelfin, mais dans l’acte, il est noté  « agé de quatre vingt onze ans ». Il manque tout de même dix ans.
L’âge, à cette époque, me direz-vous, est toujours approximatif, mais, l’article, note avec fierté l’âge et la bonne santé de ce centenaire, fierté de cette paroisse.
D’autre part, l’acte est en date du 28 mars 1782.
Relisons l’article du journal du 29 novembre 1792.
« ...il y a trois semaines qu’il se livroit  encore à cet exercice. Il étoit toujours jovial & plaisantoit souvent.... »
Il y a trois semaines annonce-t-on, ce qui veut dire que début novembre, cet homme était encore en vie.
Il est vrai que souvent les journalistes s’accommodent des faits et des dates !



Voilà qui clôt cette année 1782.

Triste année à vrai dire !!
Rien de bien folichon !


Les années suivantes apporteront, peut-être, un peu plus de « sensationnels ».

lundi 20 février 2017

PROMENADE INSOLITE


Le regard vers le hangar contenant un bazar rassemblé au hasard, je range dans mon placard un paquet de carambar. Je le mangerai plus tard.
Je prends un bloc, une plume et un buvard.
C’est le soir, et avec ces accessoires, penchée sur mon écritoire, à l’encre noire, comme un devoir, afin de ne pas décevoir ou comme un défouloir, je rédige, pleine d’espoir, enveloppée dans un peignoir, de mémoire, l’histoire de ma journée.
La bouilloire chante. Je grignote une poire et un boudoir, achetés à la foire, hier au soir.
Tiens, il va pleuvoir !

Mon imagination est sans restriction, mais attention, il n’est pas question d’affabulation. La rédaction avec application de mes observations lors de mes déambulations, ne mérite pas de vérification.
Dans la soirée,  le camion est entre en collision avec le champion.  Quelle affliction !
Il y eut contestation et contravention après la dégradation de la boite à ordures.
L’homme subit une opération, puis à la suite fut une dépression en raison d’hallucinations. Quelle désolation ! Pourvu qu’il ne perde pas la raison !
Les stagiaires vacancières en formation se prirent de passion, sans hésitation, pour l’inaction. Plus d’instruction !

Cette promenade est finie.
Le ciel s’est assombri. Si l’envie vous en dit, vous pouvez aussi, sans souci, la poursuivre dans la nuit.
C’est l’heure où les souris fuient vers leur logis,
Où les gens polis se sourient, se souhaitent « bonne nuit »,
Où la lune luit,
Où les enfants, dans leur lit, sont endormis.

Il est minuit, Bonne nuit !