Intempéries
12
avril 1765
« Les gros tems (sic) ont
obligé plusieurs Navires sortis des Ports, d’y rentrer ; les Marins
assurent n’avoir jamais vû (sic) la Mer si grosse. »
Toutes
les régions de Bretagne, de Normandie et du Nord furent touchées par des vagues
successives d’orages, de grêle, d’ouragan, au cours de cette année 1765. Les
Iles Britanniques subirent également les assauts violents d’une météo
apocalyptique.
Je
vous le laisse découvrir dans les articles qui suivent.
26
avril 1765
« La nuit du 28 au 29 du mois
dernier, un coup de vent détacha une Isle d’environ trois arpens (sic) de la
côte occidentale du Lac de Grand-lieu, & la poussa avec violence sur la
côte septentrionale, occupant l’espace d’une demi-lieue ; elle est liée,
sans interruption, dans toute son étendue ; ses deux pointes sont apuyées
(sic) sur les pointes du continent, & forment une baye (sic) de 150 toises.
Elle flotte dans son milieu ; elle est épaisse de 4 ou 5 pieds, &
couverte de roseaux, d’herbes marécageuses & d’arbustes.
On a remarqué, depuis plusieurs
années, que les côtes méridionales & occidentales de ce Lac perdoient
considérablement, par la répulsion des vents de sud-ouest, sans que les côtes
oposées (sic) puissent leur faire de restitution, à cause de la différence du
sol. »
Le
Lac de Grand-Lieu, est situé à 14
kilomètres de Nantes, en bordure du Pays de Retz. Alimenté en eau par l'Ognon,
la Boulogne et son affluent la Logne, il représente un patrimoine naturel
d’exception pour la commune de Saint-Aignan-de-Grand-Lieu. Il s’étend en
quasi-totalité sur le territoire de la commune de
Saint-Philibert-de-Grand-Lieu.
Lors
de tempêtes, des parcelles, mesurant jusqu’à un hectare, sont arrachées par le
vent, formant des ilots dérivant sur le lac.
6
septembre 1765
« Le
29 de ce mois dernier, sur les neuf heures du matin, nous essuyâmes un orage,
accompagné de quelques coups de tonnerre
très-violens (sic) la foudre tomba sur la seconde marche de la maison de M. le
Vicaire de S. Hilaire, qui étoit pour lors sur la première ; il brisa la
pierre ; il fut ensuite à une maison voisine, y cassa quelques vitres,
brûla partie d’une vigne & un figuier, & ne fit point de mal. »
J’ai
cherché le nom du vicaire de la paroisse de Saint Hilaire, mais hélas, les documents
sur les registres de 1765, ne portent aucune mention du nom du prêtre ou de son
vicaire et aucune signature, à l’exception de celles des personnes de la
famille présentes ou des témoins, ne
figure au bas des divers actes.
Au XVIIIème
siècle, la paroisse de St-Hilaire était située hors la ville, au bord de la
route qui menait vers l’est, dans la vallée du Robec et recouvrait un faubourg
d’artisans tisserands assez pauvres.
Au début, il
n’y avait qu’une petite chapelle médiévale.
On sait
qu’elle fut, au moment des différents sièges, tour à tour endommagé, démolie et
reconstruite. Puis, elle fut agrandie en 1835 par l'abbé Grouet qui en était
alors le curé.
En 1871, St-Hilaire fut retenue pour être succursale paroissiale. Elle fut fermée en 1793 et rendue au culte en 1802.
En 1871, St-Hilaire fut retenue pour être succursale paroissiale. Elle fut fermée en 1793 et rendue au culte en 1802.
J’ai
appris aussi que :
En
1770, le clergé ne comptait qu’un seul prêtre, mais aucune mention de son nom.
En
1834, le Curé se nommait M. Denize.
Et
puis, en 1835, il s’agissait de l’Abbé Grouet.
20
septembre 1765
« Le
20 du mois dernier, vers les 10 heures du matin, un ouragan a fait un ravage
étonnant dans l’enclos d’une Ferme en la paroisse de Crosville-en-Caux. Le vent
fut si violent, qu’il ébranla le pavillon en brique jusque dans ses fondemens
(sic), & en fit tomber 3 à 4000 ardoises, cassa trente carreaux de vitres,
renversa plus de cent pieds d’apentis (sic), quatre-vingt-quatorze pieds de
grange, endommagea toutes les couvertures de ladite Ferme, abattit 30 pommiers dans
la masure, & 3 ormes extrêmement gros, fit tomber plus de 220 boisseaux de
pommes, & souleva la charpente de la maison du Fermier de dessus la
maçonnerie, fit balancer le clocher, qui est proche : le dommage est,
dit-on, au moins de 3000 livres. Heureusement les environs ne s’en ressentis
que peu. »
Quelle
est cette ville de Crosville en Caux ? Etait-ce l’ancien nom d’une commune
d’aujourd’hui, si oui, laquelle ?
Considérant
aussi, que le rédacteur du journal effectuait, parfois pour ne pas dire
souvent, quelques fautes dans les noms propres, j’ai essayé de creuser un peu
l’information.
Cauville
sur mer, située sur la rive droite de la Seine, à environ quinze kilomètres du
Havre, se trouve sur une falaise en bordure de mer. Est-ce en ce lieu ?
Ou,
plus vraisemblablement, il pouvait s’agir de Fauxville en Caux, entre Fécamp et
Yvetot, dont la consonance est plus
proche de Crosville en Caux.
Mais je n’ai aucune certitude, en fonction du peu
d’éléments en ma possession.
11
octobre 1765
« La tempête du 4, a
occasionné au Havre bien du ravage. Voici ce qu’on nous mande.
Le 3 de ce mois, le vent commença assez
vivement vers le midi. Le 4, il devint si violent, que pendant le jour et la
nuit du 4 au 5, il abattit un nombre de cheminées de cette ville, y découvrit
la plus grande partie des maisons, & n’a cessé que ledit jour 5, à cinq
heures du matin : les boules de plomb de la couverture de l’Hôtel de
Ville, qui portent chacune une fleur-de-lys, ont été ployées & abattues sur
les couvertures d’ardoises ; une
faîture (sic) de plomb du sommet de la couverture, a été enlevée. En un mot, on
ne se souvient point d’avoir vu rien de semblable ; chacun eut le soin
d’éteindre le feu, crainte d’incendie.
Le Havre n’est pas le seul endroit
qui a souffert, le reste de la Province n’a point été épargné ; dans bien
des lieux les arbres ont été dépouillés de leurs fruits & de leurs
feuilles, arrachés ou écartelés ; les maisons découvertes ou
renversées ; de ce nombre est, dit-on, un coin de l’Eglise Cathédrale de
Bayeux : nos vieillards ne se souviennent point d’avoir vu rien de
semblable ; on ne peut apprécier (sic) le dommage, mais on peut assurer
qu’il est grand. Cette Capitale en a été quitte pour des cheminées, tuiles
& ardoises abattues. »
Les
archives historiques du Havre nous apprennent que ce 4 octobre :
« Une
forte tempête, connue sous le nom de Coup de vent de Saint-François provoque
d'énormes dégâts. »
Le
site de Fécamp note :
« 1765
- Le 29 août depuis environ 3 heures du soir jusqu'à six heures du soir, il y
eut à Fécamp une crue considérable, occasionnée par l'eau d'un fort orage ;
l'eau s'écoulait par le marché, la basse rue Sainte Croix et par dedans
quelques maisons de la même rue. »
« 1765 - Le 4 octobre, il se leva, sur les quatre heures du soir, un ouragan des plus violents qui dura jusqu'à trois heures du matin du cinq en suivant. Plusieurs édifices tombèrent, d'autres furent naufragés (!), beaucoup d'arbres et moulins à vent abattus ; il ne fut point beaucoup parlé de naufrages en mer. »
« 1765 - Le 4 octobre, il se leva, sur les quatre heures du soir, un ouragan des plus violents qui dura jusqu'à trois heures du matin du cinq en suivant. Plusieurs édifices tombèrent, d'autres furent naufragés (!), beaucoup d'arbres et moulins à vent abattus ; il ne fut point beaucoup parlé de naufrages en mer. »
8
novembre 1765
« L’ouragan que l’on essuya à
Bayeux le 4 octobre, commença vers trois heures après-midi, & n’a cessé
qu’à une heure après minuit : on a dit sans fondement que le vent avoit
emporté un coin de la Cathédrale ; il a seulement abattu deux grandes
croisées, qui avoient été refaites à neuf depuis peu, & qui en tombant ont
causé quelque dommage au pavé de l’Eglise ; il n’en a pas été de même des
maisons du Château de cette ville, une partie a été écrasée par la chûte (sic)
d’une haute cheminée, & ce qui reste a été si ébranlé, qu’il n’est plus
possible d’y habiter. »
Rien sur les dégâts subis par la
cathédrale, seulement une petite information : « La Maison du
Gouverneur de Bayeux fut totalement ruinée par l’ouragan.»
13
décembre 1765
« Depuis l’ouragan du 4
octobre, qui a fait beaucoup de dégâts dans la Province, il est venu sur les
Côtes de l’Amirauté de Cherbourg, 33 pièces & bariques (sic) d’eau-de-vie & de vin, réputés fûts
de Cette (sic), ayant des cercles de châtaignier. »
Gageons
qu’il y avait bien plus de barriques. Un certain nombre ont dû faire de bonheur
de quelques uns…….
Il
faut bien boire à la santé du Roi et quand on peut le faire sans rien débourser !…..
20
décembre 1765
« La tempête, qui a été à peu
près aussi violente que le 4 Octobre dernier, a fait un tort considérable sur
nos Côtes, & notamment aux biens qui avoisinent la mer par-dessus les
fortifications, & inondé une partie des terres de Percamville ;
apartenantes (sic) à S. A. A.
Monseigneur le Comte de la marche, entre la Citadelle du Havre & le village de Lheure, tous les ouvrages
& les terres qui ont beaucoup souffert, sont encore très-exposées (sic),
s’il n’y est remédié avant les grosses mers prochaines. »
Les
terres de « Percanville » devinrent, un temps, un quartier du Havre
avant de n’être, aujourd’hui, que le nom d’une rue.
Aujourd'hui,
la rue de Percanville est une des dernières rue de la Paroisse de
Saint-François à avoir conservé ses gros pavés. On peut encore y voir quelques
vieux immeubles d'avant guerre, juste derrière l'Eglise Saint François. Ils ont
échappé par miracle aux explosions et aux incendies de la Seconde Guerre
Mondiale.
Pour
achever le chapitre des terribles intempéries, je vous soumets ce que j’ai
découvert dans « l’histoire sommaire et chronologique de la ville de Rouen »,
écrit par Nicétas Périaux.
« 1765 – on essuya
à Rouen le 12 septembre, un très fort orage. Il tomba de la grêle dont quelques
grains étaient de la grosseur d’un œuf de pigeon. La ville perdit ses vitres,
la campagne le reste de ses récoltes et les jardins leurs légumes. Une
inscription, rappelant cet évènement, fut placée dans l’ancienne rue Binet qui
était voisine de la Porte Grand-Pont. »
La
rue Binet, à Rouen, non loin de l’Eglise du Sacré-Cœur, donne dans la rue du
Renard et le boulevard Jean Jaurès.
Aucune
indication concernant une inscription. Alors, si toutefois, vous avez quelque
renseignement la concernant, n’hésitez pas à m’en faire part.
C’est
ce qu’on pourrait appeler un sacré « coup de foudre » !
6
septembre 1765
« On nous mande de
Pont-l’Evêque, que le même jour, environ sur les deux heures après-midi, M. de
Pellegas, Officier dans les armées du Roi, lequel avoit près de 40 années de
service, Chevalier de l’Ordre royal & militaire de S. Louis, a été tué par
le Tonnerre, dans la paroisse de S. Martin-aux-Chartrains ; & que son
neveu qui étoit assis auprès de lui, a été grièvement blessé.
M. le Chevalier de Pellagas étant
dans sa cuisine, avec une partie de sa famille & plusieurs domestiques, le
tonnerre est tombé sur la cheminée, a fait tomber plusieurs briques, est entré
dans une chambre, a cassé les vitres & un pot de fayance (sic), a pénétré
par une fente qui étoit au plancher dans la cuisine, a terrassé M. le Chevalier
de Pellegas & son neveu. Le premier est mort sous le coup, sans avoir eu le
tems (sic) de respirer, son chapeau a été déchiré, ses cheveux brûlés, le
bouton d’une de ses manches fondu, le cristal de sa montre cassé, le cordon
réduit en cendre, un de ses souliers mutilé ; l’on n’a trouvé aucune
blessure mortelle sur son corps ; & les habillemens (sic) n’ont en
aucune manière été endommagés. Le second, quoique vivant, semble avoir été
beaucoup moins ménagé par le tonnerre : ses habits & sa chemise n’en
ont cependant reçu aucune altération, la foudre a imprimé ses traces en ligne
spirale sur son corps, depuis son cou jusqu’au bas de ses jambes, un de ses
souliers a été morcelé & presque brûlé ; les parties de son corps
frapées (sic) du tonnerre, sont marqués d’une couleur rouge, accompagnée de
douleur, & de deux brûlures que l’on dit être superficielles. L’on espére
(sic) qu’il ne tardera pas à se rétablir.
On ajoute, que le lendemain 30 du
même mois, environ huit heures du soir, l’on a vu dans la partie occidentale de
notre hémisphère, un Arc-en-ciel lunaire, dont la durée a été de six minutes,
& dont les couleurs ne presentoient (sic) qu’une nuance de bleu, de blanc
& de noir. »
Quelques
recherches m’ont amenée vers la petite église de Saint-Martin-aux-Chartrains,
non loin de Pont-l’Evêque.
Dans
les actes paroissiaux, j’ai découvert ce qui suit :
« L’an
1765, le vendredi (le numéro du jour se trouvait dans la pliure du
registre !!) jour du mois d’août a été inhumé dans l’église de cette
paroisse le corps de Jean Alexandre de Peligas, chevalier de l’ordre militaire
de Saint-Louis décédé âgé d’environ 57 ans. Présence de messieurs les curés de
Canapville, Roncheville et autres. »
Les
signatures : Pilon curé de Ronceville – le Curé d’Auger (sans autre
précision), le curé de Coudray (sans nom) - Dumont, curé de Canapville, doyen
de Toucques.
Concernant,
Auge, il s’agit, je suppose de la ville d’Englesqueville en Auge.
Malheureusement,
l’acte d’inhumation ne portant pas les mentions renseignant sur :
« fils de …. » et « époux
de …. », je ne peux rien dire de plus sur ce chevalier, sauf qu’il avait
un neveu.
Effets
à vendre
12
juillet 1765
« Une grande & bonne
Horloge de fer, à pendule, montante à manivelle & à trois mouvemens (sic),
elle sonne les quarts, la demie, les trois quarts & l’heure ; elle a
19 pouces de haut, autant de large, & peut marquer l’heure sur plusieurs
cadrans & sonner sur une forte
cloche ; elle est bonne pour Eglises, Couvens, (sic) Châteaux & autres
endroits ; il faut peu de poids pour la faire marcher.
Un grand cadran de bois de chêne,
de deux pieds et demi de large en carré ; on fera composition. S’adresser,
à Rouen, chez le sieur Mare, Serrurier, rue Potard. »
La
rue Potard, ou encore Polart, à Rouen
dont le nom pourrait venir de fabricants de poteries qui se seraient installés
en cet endroit, détruite en 1944 pendant les bombardements, a disparu aujourd’hui. Elle était non loin
des quais, sur la rive droite de la Seine, à la pointe de l’île Lacroix
Au
sud de cette rue se situait l’impasse Mastiquet et l’impasse Lambert.
Dans
les avis divers
12
juillet 1765
« Les Entrepreneurs de la
Manufacture de Forces Anglaises à tondre les draps, établie par Arrêt du
Conseil du 8 Septembre 1758 à Saint Gilles, près Rouen, font fabriquer aussi
des Outils à usage des Corroyeurs, comme lunettes, demi-lunettes, couteaux à
revers ou plane, de toutes grandeurs & autres espèces. S’adresser au Sieur
Masson, à la Manufacture anglaise, à S. Gilles, près Rouen ; au Sieur
Fortier, rue Grand-pont ; ou au Sieur Roussin, au cours, à Rouen ».
Le
corroyeur est un ouvrier chargé d’exécuter toutes les opérations par lesquelles
le cuir tanné est amené à l’état de finition.
Pour
effectuer son ouvrage, il se servait de lunettes et demi-lunette. Concernant
ces outils, nous pouvons lire dans « le dictionnaire raisonné des
sciences, des arts et des métiers » de Denis Diderot et Jean Le Rond
d’Alembert :
Lunette
de corroyeur : instrument de fer, servant pour ratisser et parer les
cuirs ; de figure sphérique, plate et très tranchante par sa circonférence
extérieure. Il y a au milieu une ouverture ronde assez grande, pour que
l’ouvrier puisse y passer la main pour s’en servir.
Saint
Gilles est actuellement une zone industrielle
aux limites de la ville de Darnétal. Il existe une rue Saint-Gilles qui
borde cette zone industrielle.
Naissances,
encore et toujours …..
26
juillet 1765
« Dans l’Estramadure, en
Espagne, une femme âgée de 30 ans, y a mis au monde, dans le cours d’une année,
six enfans (sic) en deux accouchemens (sic) ; sçavoir, dans le premier,
quatre filles, dont une seule, venue huit jours après les trois autres, ne put
recevoir le baptême ; & dans le second, une fille & un garçon qui
vivent encore ; les trois premières filles sont mortes à 24 heures
d’intervalle l’une de l’autre. »
Extraordinaire !
Je
plains sincèrement cette femme qui mit au monde trois filles et qui vit les douleurs de l’enfantement se
poursuivre pendant huit jours avant la venue d’un quatrième bébé. D’ailleurs je
ne comprends pas pourquoi cette quatrième petite fille n’a pu recevoir le
baptême.
Les
trois premiers poupons sont décédés, mais rien sur la petite quatrième. En
voilà une énigme qui ne peut être résolue étant donné que je ne suis pas en
possession des actes de baptême et de sépulture.
Son
second accouchement fut plus heureux puisque nous apprenons par le journal que
les jumeaux, un garçon et une fille, avaient survécu.
L'Estrémadure, est située dans le sud-ouest de l’Espagne. Elle
partage ses frontières avec le Portugal,
la Castille-Léon,
la Castille-La Manche
et l'Andalousie.
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