lundi 29 août 2016

UN COMBAT PEU GLORIEUX



Dans un jardin fleuri et parfumé, se promenaient trois princesses.
Le temps était radieux en ce milieu de matinée de début de printemps. Mais, malgré cette douceur, les trois jeunes filles affichaient un air soucieux.

« Comme tu es pâle ce matin, dit l’une d’elles, prénommée Rose.
-          Oui, je me sens fatiguée, répondit la seconde qui avait reçu le prénom de Lilas. Mais tu n’as pas beaucoup de couleurs non plus.

La troisième, au doux prénom de Capucine, prit alors la parole.
« Je me sens lasse également. Et.... j’ai fait un rêve étrange cette nuit.

A cette remarque, Rose et Lilas furent très étonnées. Elles se regardèrent avant de demander d’une seule voix :
« Un rêve ? Lequel ? Raconte !

Capucine hésita un moment. Ses sœurs allaient-elles la croire lorsqu’elle leur dévoilerait son rêve ?
Mais, était-ce bien un rêve, car tout cela lui avait semblé si réel ?

« Alors ? s’impatienta Rose.
-          Alors, un homme, vêtu de noir, s’approchait de moi.

Rose et Lilas retinrent leur souffle, avant de s’écrier :
« J’ai fait le même ! »

Toutes trois se regardèrent incrédules. Comment était-ce possible ? Tout absorbées qu’elles étaient par leurs réflexions, elles n’entendirent pas s’approcher deux chevaliers qui avaient fière allure.

« Damoiselles, nous vous souhaitons le bonjour !
-          Messeigneurs, vous arrivez à point nommé.....
-          Oh que oui ! Nous avons besoin de votre courage.....
-          Il s’agit d’une affaire bien étrange.....
Elles avaient, toutes trois, exposé leur désir d’obtenir de l’aide.

Trop heureux de pouvoir montrer leur immense courage, les deux chevaliers rétorquèrent aussitôt, le premier :
-          Nous sommes à votre service
Et le second :
-          Que devons nous combattre ?

Les réponses ne se firent pas attendre.
« Un étrange personnage, lança Rose.
-          Vêtu de noir, poursuivit Lilas.
-          Oh, je me souviens ! précisa Capucine, avec deux grandes canines !

Les deux chevaliers s’écrièrent en même temps :
« Un vampire ! »

-=-=-=-=-=-


La nuit avait plongé dans les ténèbres le joli jardin.
Derrière un bosquet épineux, les deux chevaliers, épée au côté, s’étaient mis en embuscade.
Soudain, ils entendirent des bruits. Un être longiligne, enveloppé dans une ample cape noire, s’approchait à pas feutrés.
La lune éclairait d’une lumière blafarde le visage livide aux yeux rouges de l’individu.

« Ah ! Ah ! J’ai soif de sang, lança cet être immonde. Celui des princesses est onctueux et sucré. Un vrai régal ! »

Tout en se parlant à voix basse, le vampire se frottait les mains l’une contre l’autre. Il se réjouissait à l’avance de ses futurs méfaits.
Au moment où il passait devant le buisson épineux, les chevaliers se dressèrent devant  lui, lui barrant le passage.

« Oh là ! Où vas-tu ainsi ? lança d’une voix ferme et autoritaire le premier chevalier.
-          Tu dois répondre de tes crimes de buveur de sang ! s’écria le second chevalier.
-          Oh, oh ! Qu’est-ce cela ? On veut m’arrêter ? s’exclama le vampire d’un ton amusé.
-          Tu ne passeras pas ! dit le premier chevalier, en se plaçant devant l’étrange personnage, la main sur la garde de son épée, prêt à la tirer de son fourreau pour l’embrocher.
-          Pour sûr ! renchérit le second chevalier, car nous sommes là pour t’en empêcher.
-          Deux contre un ! ironisa le vampire, ce n’est guère courageux, messieurs.

Puis se ravisant, il effectua une révérence des plus théâtrales, et poursuivit :
« Allez ! Le bonsoir, messieurs ! Je vais aller chercher du sang ailleurs. Tout compte fait, celui des princesses était fort médiocre. »
Et il s’évanouit dans la nuit, en poussant un rire démoniaque.

Nos deux compagnons se regardèrent un peu dépités. Ils auraient préféré livrer bataille, tout simplement pour le panache.

« Drôle de vampire ! dit le premier.
-          Assurément ! acquiesça le second. Allons nous coucher ! Demain, nous raconterons aux princesses toutes les difficultés que nous avons eu à combattre cet incroyable ennemi, afin de ne pas être ridicules.
-          Entièrement de ton avis. Nous y ajourerons quelques moments dramatiques et palpitants. Nous récolterons ainsi la gloire et non des quolibets.


Les deux chevaliers se retirèrent donc pour aller finir la nuit, bien au chaud dans leur lit.

Pas glorieux, tout de même !

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