mercredi 18 septembre 2024

Les sorcières de Bergheim - Chapitre 6 : Condamnations de 1618 à 1627

 

 Catharine Schmid Volmar et Anna Lang, après jugement, furent exécutées le 8 mai 1618. Elles eurent le privilège – si l’on peut dire – d’être étranglées avant d’être brûlées en place publique.

 

Le 20 août 1618, Anna Glowel périt sur le bûcher, tout comme Barbara Dederlin sept jours plus tard, le 27 août 1618.

 

Il y eut un moment d’accalmie sans doute pour permettre quelques investigations dans le village et alentour. La clandestinité était de rigueur lorsqu’on ne pratiquait pas la « bonne foi ».

 

Barbara Thalhammer, le 10 mai 1621, après interrogatoire et tortures, fut brûlée pour hérésie. 

Puis de nouveau, le calme, jusqu’en 1627.

Le 17 mai 1627, Catherine Heydler, périt dans les flammes du bûcher devant une foule venue voir le spectacle.

Puis, ce furent Agnès Möwel, Barbara Flöss et  Catharina Pfändt  qui subirent le même sort, le 22 juin 1627.

 

Quant à Anna Flach, elle endura les interrogatoires du Tribunal des Maléfices et les tortures du bourreau. Jugée et condamnée au bûcher en 1627, elle réussit à s’enfuir.

Par quel truchement ?

Peut-être avait-elle soudoyé le gardien de prison qui vit ainsi la possibilité de se faire un peu d’argent.

 

 

Que des femmes ?

Pas toujours, il y eut quelques hommes, mais nous y reviendrons.

Ces femmes n’étaient pas toutes des veuves, des mères célibataires, des indésirables dans une société bien-pensante. Elles n’étaient pas toutes « rebouteuses », connaissant les plantes et la manière de soigner.

Mais, elles pouvaient être gênantes.

Pourquoi ?

Pour être évincée d’un héritage.

Pour permettre à un mari de convoler avec une autre femme, plus jeune, plus fortunée, lui permettant une ascension sociale.

Pour disparaître de la vie d’un amant, car menaçant celui-ci de tout révéler à l’épouse légitime ou tout simplement ayant cessé de plaire.

 

Alors, quoi de plus facile que d’accuser l’importune de sorcellerie.

Une femme jusqu’au XXème siècle n’était-elle pas une éternelle mineure sous le joug d’un père, d’un tuteur, d’un frère, d’un mari... ou encore recluse dans un couvent ?

 

L’Histoire montre aussi qu’il y a encore deux ou trois siècles, un mari pouvait faire emprisonner ou interner son épouse, sans aucun motif. Il pouvait aussi, selon son bon vouloir, la faire sortir également.

Mais revenons à nos sorcières....

La semaine prochaine, nous constaterons qu’à  Bergheim, l’année 1830, battit tous les records !

Un filou ?

 



Sans doute une forme dialectale de fileur, celui qui file, étire la laine en fil.

Il y a une expression : filer la laine, illustrant un tricheur, aux cartes sans doute.

 

Il se pourrait que, sans certitude aucune, que le filou attirait ses victimes dans ses filets... ou encore, que ce mot viendrait du verbe enfiler (1845) : tromper.

 

Quoiqu’il en soit, le filou était, à l’origine, un tricheur au jeu ou un voleur rusé.

 

Filou fut, en 1714, un adjectif, qualifiant une personne malhonnête.

Petite précision : le terme ne s’applique pas aux femmes. En voilà une bonne nouvelle ! Pourtant, j’ai souvent, dans mon enfance, entendu le mot « filoute », se rapportant à la gente féminine et notamment à une petite fille pleine de malice.

 

À la fin du XIXème siècle, un filou était un enfant espiègle, un gredin, un coquin.... de ce fait, la faute était moins grave car, de tricheries et tromperies il n’était plus question que de petits faits sans importance majeure.

 

Nous avons à partir de filou :

·         Filouter (verbe transitif – 1656) : voler adroitement quelqu’un.

·         Un filoutage (vers 1673).

·         Une filouterie (1644).

 

Le petit filou filoute habilement. On se méfie de lui et de ses nombreux filoutages.

 

Le monde était très méfiant (il l’est sûrement encore aujourd’hui), car :

Le fileur, apparemment, trichait sur le fil tiré de la laine, tout comme le meunier qui gardait une partie du grain, ou encore le tailleur qui comptait un métrage du tissu plus important que nécessaire.....

C’est ce qu’on disait derrière le dos des artisans et c’est ce que l’on trouve dans les écrits des siècles passés.

Mais n’était-ce pas aussi en raison de l’arrivée du système métrique qui bouleversa le quotidien. Car ce nouveau moyen de peser et mesurer n’était-il pas une manière de blouser le consommateur !

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

                   « Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

 

jeudi 12 septembre 2024

Les sorcières de Bergheim - Chapitre 4

 


Le Tribunal des Maléfices s’acharnait bien évidemment sur les plus faibles. Ce fut le cas pour Margaretha Schäffer, Véronique Kirin et Véronika Ziegler. Toutes les trois étaient dans la misère et vivaient en marge de la société.

Elles avouèrent, intarissables :

Un homme très froid qui avait abusé d’elles. Les réunions avec d’autres femmes auxquelles elles se rendaient en volant.....

 

Le bourreau avait fait son ouvrage, n’était-il pas payé pour.

 

Véronique, seule demanda clémence aux juges : « je n’ai jamais fait de mal à aucune personne humaine », sanglotait-elle.

 

Intraitables, les juges rendirent un verdict de mort par le feu.

Les trois femmes périrent sur le bûcher le 9 août 1586.

 

Parfois, une femme n’était pas condamnée à mort, mais c’était vraiment rarissime. Ce fut pourtant le cas de Trawel Pfort, qui après son procès en  1589, fut bannie à vie de la ville de Bergheim.

 

La semaine prochaine, nous verrons que les condamnations montèrent crescendo dans la première partie des années 1600.

Malheureusement, malgré de multiples recherches, peu d’informations concernant toutes ces femmes  et leur procès.   

mercredi 11 septembre 2024

Une faribole ?

 


Ce nom féminin fut employé par Rabelais en 1532. 

À cette époque, l’orthographe en était : faribolle.

 

Faribole provient de falibourde ou fallebourde (1544) pour : sottise.

Il est composé de :

·         Bourde : mensonge.

·         Faillir : mentir.

Double peine : Mentir un mensonge !

 

Si au début, une faribole était un mensonge, ce mot a pris aujourd’hui le sens de :

·         Propos frivole.

·         Idée sans consistance.

Un mot qui s’emploie essentiellement au pluriel.

 

Des fariboles, en quelque sorte des balivernes !

 

Est-ce que celui qui dit ou fait une faribole est un fariboleur ?

Ne serait-ce pas un mot à inventer.


Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

                   « Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert


mercredi 4 septembre 2024

Les sorcières de Bergheim - Chapitre 4 : Barbara, Catharina et Anna.

 


Elle se nommait Barbara Wagner et était la « petite rose », c'est-à-dire la « petite amie des messieurs ».

Cette renommée ne l’a pas protégée des accusations de sorcellerie proférées contre elle. En effet, il lui fut reproché, entre autres, d’avoir déclenché l’ouragan qui avait dévasté toutes les récoltes.

Si la misère s’était abattue sur la région, c’était de sa faute !

Barbara dénoncée, mais par qui ?

Sans doute par des jalouses, des aigries qui voyaient d’un mauvais œil ses succès masculins. Ou peut-être par une épouse dont le mari fuyait la couche conjugale pour celle de cette « petite rose ».

 

Le bailli Brombach de Bergheim livra Barbara aux bons soins – si on peut dire – du bourreau afin d’obtenir des aveux. Devant le traitement du bourreau, Barbara Wagner avoua une curieuse histoire qui avait une étrange similitude avec celle des autres « sorcières ».

Barbara avait rencontré un homme en noir.

Son nom ? Vollandt.

Elle se donna à lui contre 100 florins. Et cette somme ? Elle s’était transformée en ordures.

Qu’avait-elle reçu d’autre ? Une baguette ensorcelée.

Barbara précisa qu’elle se déplaçait en volant, à califourchon sur une truie.

 

Aucun des vingt-quatre juges composant le Tribunal de la Cour des Maléfices ne sourcilla devant les révélations. Tout cela leur semblait normal, banal même.

Bien évidemment, voler sur une truie n’avait rien d’extraordinaire !

Ils rendirent leur verdict : condamnée à mort sur le bûcher.

La sentence fut exécutée le 11 juillet 1585, en place publique.

 

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Catharina Flöss était la femme du prévôt de la ville de Bergheim. Elle trompait son mari et c’était de notoriété publique.

Pour le premier magistrat de la ville, sa réputation d’homme en prenait un sacré coup.

Alors lorsque Catharina fut accusée d’être une sorcière, cet époux, par vengeance, ne fit absolument rien pour lui éviter le bourreau, bien au contraire.

La présumée sorcière avoua, sous la torture, la même fable que les autres, à l’exception du nom de  l’homme en noir qui avait prétendu se nommer Peterlé.

 

Jugée coupable, la pauvre femme périt sur le bûcher le 9 août 1586, devant une foule rassemblée.

Après son décès, le prévôt devenu veuf s’accapara de la fortune de feu son épouse.

Son honneur était sauf... enfin le prétendait-il ?

 

Aucune moralité dans cette affaire !

 

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Anna Kessler, elle, n’eut pas à subir le martyre du bûcher, car elle succomba en prison, le 9 août 1586, après avoir subi les questions de sept enquêteurs et la torture d’un bourreau perfectionniste.

Avait-elle avoué s’être donnée au diable ?

Aucune information concernant le procès.

 

 

Famé(ée)

 


 

Un adjectif provenant de l’ancien français fame (du latin fama et le rapprochant du verbe fari : parler), employé à partir de 1160 et signifiant :

·         Bruit qui court.

·         Renommée.

·         Réputation.

 

Un adjectif employé avec les adverbes :

·         Bien (XVème siècle).

·         Mal (1690).

 

Seul persiste depuis 1831 (et encore aujourd’hui), mal famé(ée) ou malfamé(ée), pour désigner un lieu.

 


Les mots découlant de famé (ée) :

·         Fameux (euse) – début XIVème siècle : connu – renommé, que ce soit en bien comme en mal.

Remarquable (1730) : toujours en bien comme en mal.

·         Fameusement (adverbe – 1642).

·         Une famosité (1488) : nom complètement oublié et heureusement, car il n’est pas fameux !

 

Et puis, il y a cette expression :

·         Un remède de bonne fame.

Eh oui ! Au tout début, il était, ce remède, d’excellente réputation.

Au fil du temps, il devint : un remède de bonne femme, une femme tellement « bonne » qu’elle prodiguait des soins et des médecines efficaces et réputés.

Et voilà comment les mots évoluent... Une oreille peu attentive qui modifie un mot ou une langue qui fourche et écorche les termes !! Le principal étant toutefois que le remède guérisse.


Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

                   « Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert