jeudi 3 novembre 2016

AFFAIRE DUMOLLARD - seconde partie



Revenons vers notre enquête et reprenons la liste de toutes les victimes que la dernière agression, celle de Marie Pichon, le 26 mai 1861, avait fait ressurgir.

Olympe Alabert, vingt six ans, qui se fit aborder par un homme le 25 février 1855, place de la Guillotière à Lyon. L’homme vint la chercher avec tous ses effets le dimanche suivant. En chemin l’homme l’agressa, mais la jeune femme réussit à s’échapper. Elle donna  une description très précise de son agresseur qui correspondait exactement au physique de Dumollard.

Marie Baday, vingt cinq ans, dont le corps fut retrouvé, le 28 février 1855, dans la forêt de Montaverne à Tramoyes et dont l’identification avait été possible grâce au témoignage de sa dernière patronne Madeleine Aussandon. Cette dernière précisa à la justice que Marie Baday avait quitté son service car on lui avait fait une proposition alléchante, une place payée plus de 200 francs. A l’époque deux suspects, Jacques Verger et Martin Mauriat,  furent arrêtés, puis libérés.

Josephte Charlety, originaire de Saint-Félix et domestique à Vernaison.
Le 22 septembre  1855, après avoir été abordée par un homme quelques jours plus tôt à Lyon, la jeune femme le suivit pour se rendre à sa nouvelle place. En chemin, sur le plateau de la Croix-rousse, prise de peur devant l’insistance des questions de son compagnon de route concernant l’argent en sa possession, elle demanda à s’arrêter dans une ferme. Elle ne porta pas plainte.

Jeanne Marie Bourgeois, vingt-deux ans, originaire de La Chapelle-Thècle.
Le 31 octobre 1855, convaincue par une offre d’emploi aux rémunérations alléchantes dans les alentours de Trévoux, elle suivit l’homme qui devait la conduire chez son nouvel employeur. En chemin, de plus en plus inquiète par l’attitude de cet homme, elle s’enfuit et trouve refuge dans une ferme non loin de l’        ancienne  Chartreuse de Poleteins à Mionnay, appartenant à Benoit Berthelier.

Victorine Perrin, vingt-deux ans, originaire de Lons-le-Saunier.
Elle aussi, sure de pouvoir bénéficier de bons gages, accepta de partir en emportant tout ce qu’elle possédait dans une malle. L’homme aux promesses et elle-même partirent pour Montluel. Aux environs de Neyron, l’homme prit la fuite en emportant la malle de la pauvre Victorine qui fut accueillie par des habitants de la ville. Cet évènement se produisit en novembre 1855.

Une inconnue dans le bois de Montmain.
Découverte en juillet 1861. Vol, viol et assassinat, sûrement effectués en décembre 1858.
Avant le procès de Dumollard, on identifia le corps.

Julie Fargeat, originaire de Thuzy.
Sans emploi, la jeune femme accepta la proposition d’une place à Saint-André-de-Corcy, que lui fit un homme rencontré le 17 janvier 1859, dans la rue de la Charité à Lyon. En chemin, à la nuit tombée, son accompagnateur l’agressa, lui arrachant son tablier contenant ses économies et les documents attestant son identité. A ses cris de terreur, l’agresseur s’enfuit alors qu’accoururent Simon Mallet et son fils.
Le 20 janvier, Julie Fargeat porta plainte, mais ne pouvant prouver son identité faute de document l’attestant, elle fut arrêtée pour vagabondage.

Une inconnue agressée à proximité du moulin de Saint-Croix.
Un meunier, Jean-Pierre Chrétien vit passer, le 11 décembre 1859, une jeune femme accompagnée d’un homme portant un gros paquet. Peu de temps après, il revit la jeune femme revenir en sens inverse en courant. Celle-ci le voyant s’arrêta et lui dit avoir été dépouillée de tous ses biens par l’homme qui l’accompagnait. Jean-Pierre Chrétien essaya, en vain, de rattraper le voleur. La jeune femme fut hébergée la nuit suivante par le sieur Chrétien avant de retourner à Lyon. Elle ne porta pas plainte.

Une femme inconnue, âgée d’environ trente-deux ans.
Début févier 1860, Dumollard se présenta à l’auberge Laborde tenue par Louise-Adèle Fleury épouse de Louis Laborde où il faisait étape lors de ses déplacements à Lyon. Il était accompagné d’une jeune femme  qu’il présenta comme étant sa nièce. Il demanda une chambre. Peu de temps après la jeune fille s’enfuit, poursuivie par Dumollard. On ne revit jamais la jeune femme. Qu’était-elle devenue ? Dumollard l’avait-il rattrapée ?

Louise Michel.
Elle vivait à Poule dans le canton de Lamure dans le Rhone. Elle était venue à Lyon pour faire soigner son  enfant, le 29 avril 1860. Ce fut ce jour-là qu’elle fut accostée par un homme lui proposant un emploi qu’elle accepta. Un rendez-vous pour le lendemain fut convenu sur le pont Tilsit pour se rendre à Civrieux où une nouvelle place bien payée attendait la jeune femme. Ensemble, ils prirent d’abord une voiture avant de poursuivre la route à pied. Non loin de Civrieux, l’homme agressa la jeune femme, lui ordonnant de lui remettre son argent. Heureusement, elle arriva à se sauver et à se réfugier dans la ferme du dit Claude Aymond.

Marie-Eulalie Bussod.
Les ossements de cette jeune femme furent retouvés le 12 août 1861, près de Tramoyes.
Nous verrons, plus avant,  au cours des interrogatoires de Dumollard et de son épouse, quel fut le malheureux sort de cette jeune personne.

Il y eut également une nommée Rosalie Nicolas qui fut conduite par un homme à Vaulx-en-Velin. Ils prirent d’abord l’omnibus et finirent le trajet à pied. En pleine forêt, l’homme lui vola les soixante francs composant toutes ses économies. Après son méfait, il la menaça en ces termes : « Si tu parles, je te tue ! ».

Et bien évidemment, Marie Pichon, veuve Belin, vingt-sept ans.

Toutes les jeunes femmes qui portèrent plaintes, toutes décrivirent leur agresseur sous les mêmes traits, ceux correspondant au Raymond. 

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Les prévenus, Dumollard et son épouse, tous deux emprisonnés, subirent de nombreux interrogatoires et furent confrontés aux reconstitutions des faits qui leur étaient reprochés.

 Le 8 Juillet 1861, Marie Anne Martinet, épouse Dumollard, sachant son époux sous les verrous et, de ce fait, ne redoutant plus maltraitances et coups, passa aux aveux.
Ce fut ainsi qu’elle apprit au Juge, qu’en effet la nuit de l’agression de Marie Pichon, elle avait accompagné son mari dans le bois des Rouillonnes, à deux kilomètres de leur domicile, pour y brûler et enterrer des vêtements. Au lieu indiqué, Marie Pichon reconnut parmi les effets découverts, certains lui appartenant.

Marie Anne Martinet poursuivit, à propos d’une certaine montre en possession de son mari :
« Bah voilà ! Y’a trois ou quatre ans, il est rentré une nuit avec, et il avait aussi du sang sur ses habits. J’ lui ai demandé, c’est quoi cette montre ? J’viens d’ tuer une fille au bois de Montmain, qu’il a répondu, j’vas aller l’enterrer. Pis, il est parti avec une pioche. »
La femme précisa également que, le lendemain, il devait aller rechercher une malle à la gare de Montluel.
« Y va pas, que je lui ai dit, tu vas te faire prendre ! »

Le 3 juillet 1861, le juge se transporta dans le bois de Montmain qui se situait à trois kilomètres de Dagneux.
La femme Dumollard était présente, mais elle ne se souvenait plus exactement de l’emplacement où avait été enfoui le cadavre.
Dumollard, présent également, semblait indifférent à ce qui ce passait.
Un corps fut mis au jour, dont le crâne présentait une fracture au pariétal gauche.

« Le cadavre qui est devant nous est une de vos victimes ? questionna le juge Genod.
-          Je ne connais pas ce corps, répliqua Dumollard.
-          Mais avoue c’ que tu m’as dit ! s’écria Marie Anne à son époux.
-          J’ t’ai rien dit du tout ! répliqua, cassant le prévenu, avant de se murer dans le silence.

Ce fut aux sieurs Thiebault, médecin à Trevoux et Montenoux, que fut donné le soin d’examiner les restes humains. L’identification fut facilitée par la découverte d’une pochette contenant un acte de naissance au nom de Marie Eulalie Bussod, délivré par l’hospice de la Charité de Lyon.
Février 1861, c’était justement à cette époque que Marie Eulalie avait suivi un homme lui ayant proposé une bonne place.
« Fin février 1861, s’exlama la femme Dumollard, c’est là qu’il m’a apporté des vêtements plein d’ sang et des boucles d’oreilles. Il m’a dit qu’il venait d’ tuer une femme au bois des Communes. »
Le bois des Communes ? Il se trouvait sur le territoire de Pizay, à cinq kilomètres de Dagneux et à trois de Pizay. Il possédait un sol humide et marécageux d’une grande étendue.
Ce fut Dumollard lui-même qui désigna l’endroit où il fallait chercher.
Le cadavre déterré portait la trace de lésions au pariétal droit et au sommet de la tête. Les blessures, faites avec un objet contondant, n’avaient pu donner la mort. La victime avait donc été ensevelie vivante. Une des mains de la pauvre femme, crispée et contenant une poignée de terre, semblait attester l’horrible vérité. Il y avait aussi des traces de viol.
Dumollard considéra, sans aucun signe d’émotion, le cadavre exhumé.

Jusqu’à présent, Martin Dumollard n’avait cessé de nier.
Puis, soudain, il se mit à parler.

Tout cela, ce n’était pas lui, non ! C’étaient les deux hommes, oui deux hommes qu’il avait rencontrés à Lyon, en décembre 1853, alors qu’il était dans cette ville pour ses affaires.
Traversant la promenade du cours Napoléon, il fut accosté par ces deux individus qui lui inspirèrent tout de suite confiance.
« Le plus jeune, expliqua-t-il, avait vingt-cinq ou vingt-six ans, de taille moyenne, mais un peu gros, avec une blouse bleue. Jean qui disait s’appeler. Le second, plus âgé, plus grand aussi, avec un pantalon et un paletot noisette. Il était blond avec une barbe. On a lié conversation puis ils m’ont invité à boire un verre, chez le marchand de vin en face de la manufacture de tabac. Ils m’ont alors demandé de travailler pour eux. »
Le juge écoutait et l’homme racontait son histoire. Mais, il y avait de grandes chances que tout cela n’eut été que fable !

Les deux hommes, donc, souhaitaient le recruter pour qu’il leur trouvât des filles. Quarante francs pour chacune d’entre elles.
« Vous comprenez, dit-il au juge, c’était bien trop alléchant pour refuser. J’avais pas grand-chose à faire, seulement aborder des jeunes femmes sans emploi et leur proposer une place avec de bons gages. Il me fallait, ensuite, les conduire aux deux hommes que je leur présentais comme étant de ma famille et les remettre à leurs bons soins. Je touchais mon dû et aussi quelques vêtements pour ma femme.»
Rabatteur du gibier convoité par les deux autres, il affirmait ne pas être responsable de leurs actes car ce n’était pas ses affaires.
« D’ailleurs, poursuivit-il tout de même, je me doutais qu’ils faisaient un mauvais sort aux filles, et c’est pour cela que je les ai évités pendant un certain temps. Je ne les revis qu’en févier 1855. Là il y avait un troisième homme avec eux. De taille très élevée, il avait une bien belle barbe noire. »

L’enquête avançait et il était fort probable que six victimes, au moins, avaient trouvé la mort après d’infâmes souillures et neuf autres avaient réussi à fuir en laissant à leur agresseur tous leurs biens.
Mille deux cent cinquante vêtements avaient été trouvés en possession de Dumollard dont seulement quarante avaient pu être identifiés.
Deux corps avaient été découverts, mais où l’assassin avait-il enterré les autres cadavres ?


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Dès le 17 décembre 1861, la chambre des mises en accusation de la Cour Impériale de Lyon, sous la présidence de M. Loyson, entendit le rapport fait par M. de Prandière, substitut du procureur impérial.

Il fut alors procédés aux premiers interrogatoires des victimes et témoins, afin d’instruire le dossier de jugement.

Concernant Marie Bourgeois, il fut entendu la veuve Gerbe et la femme Berthelier de la ferme des Polletins.
Le veuve Gerbe, âgée et infirme, aux yeux fatigués et larmoyants examina Dumollard. Elle crut le reconnaitre mais n’osa l’affirmer.
La fille Bourgeois, elle, n’hésita pas.
« C’est bien lui ! affirma-t-elle. »
Dumollard nia les propos de la jeune femme, bien évidemment.

Victorine Perrin, retrouvée et mise en présence de Dumollard s’écria :
« Je reconnais cet homme ! ».
Dumollard nia les propos de la jeune femme, bien évidemment.
Mais, les effets de Victorine se trouvaient parmi les monceaux d’habits. Alors, pourquoi nier ?

Un certain Jean-Pierre Chrétien, meunier à Sainte-Croix, le garde-champêtre, Claude Saint-Genis de Sainte-Croix et afin une dame Damiron déposèrent devant le magistrat instructeur que le 11 décembre 1859, une jeune fille, originaire du Jura, environ vingt-cinq ans, dont ils ignoraient le nom, avait échappé à son conducteur en laissant son paquet renfermant un châle et cinquante francs. Ils ne l’avaient jamais revue.

La malle fut retrouvée, trois ans après, à la gare de Montluel.
Dans les années 1850, c’était le nommé Fournier qui était en fonction dans cette gare. Il reconnut Dumollard pour l’avoir vu plusieurs fois et c’était lui qui lui avait remis une malle en disant qu’il reviendrait le lendemain pour la reprendre. Il n’était jamais revenu. La malle fut descendue à la cave, puis oubliée en ce lieu. Remontée, suite à l’affaire, elle fut ouverte par le garde-champêtre, elle dévoila une garde-robe très complète.
En voici un petit aperçu :
·         14 chemises de femme, en toile
·         1 chemise de femme, en flanelle
·         4 draps de toile
·         2 draps de flanelle
·         3 serviettes de fil dont une marquée « AC »
·         2 robes
·         1 robe inachevée en indienne
·         3 jupes
·         1 châle
·         1 fichu
·         12 mouchoirs en coton marqués d’un « C »
·         2 mouchoirs marqués « MN »
·         1 mouchoir marqué « JZ »
·         1 mouchoir marqué « PM »
·         3 foulards de soie
·         .....
·         Une lettre, datée de Saulchoy du 1 mai 1858 et signée Jean Baptiste Auguez, et une seconde signée Jean François Pichou.

M. Metzelard, chef de gare à Montluel, attesta de la présence de la malle restée en dépôt trois années et dont on avait fini par oublier l’existence. Ses explications attestèrent les dires de son employé de l’époque, le sieur Fournier.

La malle et son contenu furent envoyées au Parquet de Trevoux.
Dumollard, confronté au témoin Fournier, nia bien évidemment lui avoir remis une malle et même, dit ne jamais avoir pris le train à Montluel. Ce ne pouvait donc pas être lui !


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Le 17 décembre 1861, l’acte d’accusation fut dressé par M. Gaulot, Procureur Général près la Cour Impériale de Lyon.
Un mois plus tard, le 20 janvier 1862, la petite salle des débats était comble pour l’ouverture du procès, dans laquelle, à  dix heures, les deux accusés, Martin Dumollard et Marie Anne Martinet furent introduits.
Lui, ressemblait à un bon paysan, vulgaire mais inoffensif.
Elle, de petite taille, assez maigre, à la figure rubiconde, au front bombé, possédait des yeux vifs et sournois.

La cour était composée de :
·         M. le Conseiller Marilhat, Président.
·         M. le Procureur Général, Louis Gaulot.
·         M. le Substitut Procureur Général de Prandières.
·         M. Jeandet, Procureur Impérial au Siège de Bourg.
·         Maître Lardiere, défenseur de Martin Dumollard.
·         Maître de Villeneuve, défenseur de la femme Dumollard.


Cette première journée fut consacrée à l’audition des deux accusés.
Leurs nom, prénoms, âge, domicile, moyen de subsistance, leurs parents et leur enfance, ainsi que les condamnations pour vol de Martin Dumollard, avant et après son mariage. Ça, au moins, il ne pouvait le nier.
Dumollard resta, lui, sur ses premières déclarations. Il n’avait rien fait, non, si ce n’était obéir aux deux hommes de Lyon pour de l’argent et quelques vêtements pour son épouse.

Ce qui ressortit des propos de Marie Anne Martinet, c’était la peur de son mari. Les coups qu’il lui portait. Libérée de cette emprise, elle avait soulagé sa conscience et raconté.....

Le 30 janvier 1862, parurent à la barre, soixante dix témoins dont :

Louis Tripart, maréchal des logis de gendarmerie à Montluel.
« Dumollard, appelé Raymond, passait pour un maraudeur. Il sortait souvent la nuit, vivait isolé, ne fréquentait ni les églises, ni les cabarets. »
Déclaration qui n’apportait rien, car chacun le savait et depuis longtemps.

Paul Dasard, maire de Dagneux.
Il ignorait  l’existence des époux Dumollard jusqu’à leur arrestation.

Jean Baptiste Joly, propriétaire à Dagneux.
Il connaissait les accusés. Il avait su tout de suite, après l’attentat de Marie Pichon, que ce ne pouvait être que le Raymond. Le couple Dumollard habitait une maison non loin de la sienne.
« Le Raymond, il a travaillé dans mes vignes. C’était un homme sombre, taciturne, ne regardant jamais les gens en face. Il demandait trois francs par journée, alors que le tarif était de deux francs cinquante. »

La veuve Blanchet, soixante-douze ans, propriétaire à Dagneux.
Elle a habité près des Dumollard. Quand elle était dehors, lui, le Raymond, la menaçait et la traitait de curieuse.
« C’est que j’ l’entendait la Marie Anne crier, comme si on la battait comme fer. Il rapportait des paquets, de jour comme de nuit. Et puis, y a eu le père Jacob à qui il a lancé une pierre. Pauvre vieux qui avait soixante-dix-sept ans. C’est y pas malheureux d’ voir ça ! »
La maison dans laquelle logeaient les Dumollard appartenait au fils de la veuve Blanchet, à qui ils versaient un loyer.

Louis Cochet, tisserand à Dagneux.
Sa maison touche à celle des accusés. Ils sont voisins depuis trois années. Il raconta que le Raymond partait souvent en voyage et quand il rentrait, pour se faire reconnaitre de son épouse, il criait « Hardi ! ».
Il témoigna également l’avoir vu revenir souvent avec des malles.
« Le Raymond, il maltraitait son épouse que j’entendais crier et gémir. »

Dumollard ne nia pas les coups portés à sa femme, mais selon lui, elle les cherchait les coups, toujours à l’asticoter, toujours à reprocher. Pas une vie ça ! Elle n’avait qu’à se taire !

La dame Robert, fille de Madame Assandon, ancienne maîtresse de Marie Baday et qui était décédée pendant l’instruction.
Elle reconnut, parmi le tas de fripes retouvé au domicile des accusés, des effets ayant appartenu à Marie Baday, la jeune fille du Bois de Montaverne.

Jeannette Baday, femme Billet, demeurant à Sagy (Saône-et-Loire).
Elle identifia des objets ayant appartenu à sa sœur défunte.

Une nommée Marie Claudine Girard, domiciliée aussi à Sagy fit le même constat.

Benoit Fur, cultivateur à Tramoyes.
Vers sept heures du soir, il entendit, par trois fois, un cri d’effroi déchirant, près de l’étang de Chevroz, que la femme Grandjean, cabaretière, avait entendu également et identifié comme étant des cris de femme.

« Ce ne pouvait être que les appels au secours poussés par Marie Baday, dit le juge en s’adressant à Dumollard. Et vous dites n’avoir rien entendu ?
-          Non, je n’ai rien entendu, sûrement en raison de la direction du vent !

Réponse à tout le Dumollard qui reitéra sa fable, à savoir :
« Comme je vous l’ai déjà dit, ce soir-là, nous étions cinq, les trois hommes de Lyon, la jeune femme et moi. Je devais simplement leur montrer le chemin, car ils ne connaissaient pas les lieux. Au milieu des bois, sur la chaussée de l’étang Chevroz, ils tournèrent à gauche et s’enfoncèrent plus avant avec la fille. Moi, je leur ai dit que je les attendais et je me suis assis sur une souche.
Deux heures après, ils me rejoignirent, sans la fille qui selon leurs dires était restée dans une ferme. Je les ai crus et je suis retourné chez moi.
Nous avions convenu d’un rendez-vous pour le dimanche suivant, sur le pont de la Mulatière. Ce jour-là, ils me remirent un paquet de vêtements pour ma femme. Ma surprise fut grande de constater qu’ils étaient couverts de sang.
Je ne suis méfié alors, et pendant deux années je n’ai participé à aucune de leurs entreprises.
Je suis innocent. »


M. Montenoux, docteur médecin à Montluel, concernant le cadavre du Bois des Communes.
« Eulalie Bussod a sûrement été enterrée avant son décès. La preuve en est dans ces fragments de terre que contenait une de ses mains crispée, indiquant son ultime combat contre la mort. Après avoir été assommée, elle devait être dans un état de mort apparente, mais pas encore trépassée. Seul un médecin, dans ce cas précis, pouvait faire la différence. »

M. Le docteur Thiebault à Trevoux.
Cet homme de médecine, fut plus catégorique que son collègue. Pour lui, Eulalie Bussod, avait bien été ensevelie vivante.

« Comme je viens de vous le dire, je n’ai pas vu ces hommes pendant deux années. Fin 1856 ou peut-être 1857, j’ai de nouveau rencontré les deux hommes. Ils m’ont demandé si je voulais faire un coup avec eux. Ils avaient une fille qu’ils disaient. J’ai accepté.
Nous avons prit le train et sommes descendus à Montluel, puis avons continué notre route à pied vers Dagneux. Ils me dirent qu’ils voulaient profiter de la fille et ensuite la tuer. Là encore, je ne leur ai servi que de guide vers un coin reculé. Arrivé au bois de Montmain, je les ai attendus pendant qu’ils effectuaient leur méfait. J’entendis alors un cri très aigu, puis plus rien. Une heure après, ils m’ont rejoint et me donnèrent une montre en argent, celle que vous avez trouvée en ma possession et quelques vêtements. Je suis rentré pour chercher une pioche que je remis aux deux hommes afin de creuser une tombe à leur victime. Je ne sais rien de cette fille, si ce n’est qu’elle était petite et brune et qu’on m’a dit qu’elle habitait une chambre rue de l’Argue ou rue Merciere. J’ai rien fait. Je suis accusé injustement. »


Difficile à croire tout cela, mais l’accusé n’en démordait pas, ces crimes, c’étaient les autres hommes.

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