dimanche 27 novembre 2016

MONSIEUR PAUL - Chapitre 5


L’endroit était curieux.

Dans un sous-sol, se trouvaient, d’ordinaire, un bric-à-brac innommable et beaucoup de poussière. C’était absolument le contraire.
Les murs avaient été blanchis, le sol revêtu de carrelage et les objets entreposés rappelaient étrangement une salle de jeu d’enfant.

« Regarde, dit Flora, ravie, il y a une grande maison de poupée avec plein de meubles et une dînette. Oh ! Que c’est beau !

Que voulait dire tout cela ?

Antoine eut soudainement très peur. Monsieur Paul n’était-il pas un kidnapper d’enfant, ou pire, un ogre qui dévoraient les enfants après les avoir piégés, comme dans le Petit Poucet ?

Dans ce cas, il avait entraîné sa sœur dans une sacrée galère !

Allaient-ils pouvoir repartir ? Il regarda, inquiet, le soupirail qui, toujours ouvert, laissait espérer une possible fuite.

Flora, elle, tout à fait insouciante, avait trouvé l’interrupteur et dans la pièce maintenant grandement éclairée, elle s’était assise sur le sol et jouait comme si elle se trouvait dans sa propre chambre.

« Il faut partir maintenant. On va prendre un petit jouet. Viens, dépêche-toi !
-      Oh, encore une minute, supplia la gamine.
-      Non. Allez, ferme la lumière. Je passe en premier et je t’aiderai à remonter.

A contrecœur, Flora mit, dans sa poche, une des petites armoires de la maison de poupée et se relevant, aperçut dans un cadre la photo d’une petite fille.

« Regarde, on dirait que c’est moi, sur la photo.
- Ne dis pas de bêtises et viens ! » s’impatienta Antoine qui, à présent, n’avait pas envie de faire de vieux os dans les lieux. Il ne serait tranquille, à présent, que lorsqu’il aurait, avec sa sœur, regagné leur chambre respective  dans la maison familiale.

Monsieur Paul qui souffrait d’insomnie fut alerté par quelques bruits inhabituels en pleine nuit.
Vêtu d’une robe de chambre en soie couleur grenat et chaussé de charentaises, il descendit l’escalier et, arrivé au rez-de-chaussée, perçut une petite voix provenant du sous-sol.

Qui pouvait parler à cette heure nocturne ?
Il fallait absolument résoudre cette énigme.

En effet, sous la porte filtrait de la lumière. Il y avait donc bien quelqu’un dans la pièce.

Sans bruit, Monsieur Paul ouvrit la porte et pénétra le lieu. Derrière la maison de poupée, Flora releva la tête.

Devant le visage de l’enfant, Monsieur Paul poussa un cri de surprise et avant de tomber, murmura : « Suzy ! ».

Antoine qui avait observé la scène, ne voulant pas laisser sa sœur, sauta à pieds joints dans le lieu.

« Viens ! dit-il à sa sœur en la tirant par le bras.
Mais celle-ci, aucunement impressionnée, s’était approchée de l’homme et, de sa petite voix fluette, demanda :
« Dis, Monsieur, ça va ? »

Monsieur Paul ouvrit les yeux, se releva et le regard fixé sur l’enfant, semblait voir un fantôme.

« Dis, Monsieur, insista Flora, ça va ? », et sans se démonter, poursuivit :

« Dis, c’est qui Suzy ? »

Puis, pointant son index vers la photo dans le cadre, ajouta :

« C’est elle ? »



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