mercredi 10 avril 2019

Un vaudeville qui tourne vinaigre



 Revolver contre tire-bouchon !

 

Le mari, la femme et l’amant. Voilà un trio bien classique qui a fait les beaux jours du Théâtre de Boulevard, alimentés par de nombreuses pièces, notamment celles de Feydeau et Courteline.
Si sous la plume de l’écrivain, les situations théâtrales entraînent une multitude de quiproquos   provoquant bien des rires, il n’en est pas de même, malheureusement, dans la vraie vie.

En voilà un exemple.

Le sieur  Louis Luce était marié.
Jusque-là rien de bien spécial, me direz-vous.
Son épouse fit une rencontre, et cette rencontre bouleversa, non seulement sa propre vie, mais aussi celle de son mari.

Une rencontre galante, ça vous l’aviez compris.
Une rencontre qui provoqua la rupture du couple Luce, madame ayant fait sa valise, non pour retourner chez sa mère, mais pour emménager chez son amant, le sieur Pierre Volle.


Louis Luce après un temps d’abattement, puis de rancœur, nourrit une haine contre l’infidèle, mais surtout contre celui qui lui avait volé son bien.
Après bien des réflexions, il décida d’aller rechercher son épouse afin de la ramener au domicile conjugal.

Louis Luce savait que son rival demeurait à Villeneuve-la-Garenne. Le voilà donc en route pour cette destination. Tout au long du chemin, il ruminait, fulminait..... Au point qu’il n’avait vraiment plus les idées bien claires en arrivant non loin du logement de son rival.
Sa tête tournait, son cœur cognait, ses mains tremblaient.
Dans un terrain vague, il ramassa deux pavés et se dirigea d’un pas décidé, vers la demeure de son ennemi juré, afin d’en découdre le plus vite possible. Il hésita pourtant au dernier moment, faisant les cent pas sur le trottoir, guettant alentour, comme le font ceux qui s’apprêtent à faire un mauvais coup.
Puis, se souvenant de la trahison infâme dont il était victime, il se précipita vers la porte, l’ouvrit avec fracas et fit irruption dans le logement.
 
Devant lui se dressa Pierre Volle. Il était chez lui et de ce fait, sûr de son bon droit, s’interposa un revolver à la main et fit feu avant que Louis Luce n’eût le temps de jeter sur son adversaire les deux pavés qu’il tenait en main et qu’il laissa choir dans un hurlement de douleur,  atteint à la jambe gauche de deux balles.
Malgré la douleur et le sang qui coulait, la rage le fit se redresser et avec une force incroyable,  il se jeta sur son assaillant, le terrassa et, muni du tire-bouchon qu’il venait de sortir de la poche de sa veste,  lui en laboura le crâne de plusieurs coups violents.

Après cet assaut, Louis Luce traînant la jambe s’éloigna.
Certes, il avait affronté le briseur de ménage, mais il était grièvement blessé, et surtout, il savait maintenant qu’il avait définitivement perdu celle qu’il souhaitait tant voir reprendre, avec lui, une vie commune.

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Le commissaire Lardanchet fut appelé par les services de l’hôpital de Saint-Denis.
La veille, le 27 septembre 1904, un homme de quarante ans avait été amené aux urgences avec une vilaine blessure à une jambe. Blessure par balles.
Le commissaire interrogea le blessé qui resta muet.
Devant ce silence, le commissaire mena donc quelques investigations. Ce ne fut pas trop difficile de dénouer toute l’histoire.

Voilà comment, cette affaire fit l’objet d’un court article dans le journal « Le Petit Parisien » du 28 septembre 1904.

 
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Mes propres investigations n’ont rien donné.
Ce que je peux affirmer, c’est qu’aucun des rivaux n’est décédé de ses blessures. C’est déjà ça !
Rien sur l’identité de la femme adultère qui restera pour nous, Madame Luce.
Etait-elle retournée chez son époux, de grès ou de force ?

Une question tout de même ?
Pourquoi Pierre Volle était-il en possession d’un revolver ?
Etait-il un malfrat ?

Et ce pauvre tire-bouchon ? Instrument inoffensif encore utilisé comme arme offensive !
Apparemment, en ces temps anciens, il n’avait pas toujours le beau rôle, celui de déboucher une bonne bouteille pour faire la fête !

Toutefois, en feuilletant les journaux, j’ai découvert que le commissaire Lardanchet était très actif et résolut bien des énigmes policières.
Il fut rattaché à plusieurs commissariats. A Saint-Cloud  avant celui Saint-Denis-Sud en 1903.  En 1905, il se retrouva au commissariat de Saint-Denis à Asnières. Puis en 1907, il intégra le commissariat des Vanves – quartier de Charonne.
Ensuite, je perds sa trace.
Fut-il muté dans un autre département ?
Prit-il une retraite bien méritée ?
Fut-il tué en service ?
Mystère !

Je suis désolée, car cette « agression-tire-bouchon » ne m’a pas permise de développer bien plus amplement.............

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