mercredi 27 novembre 2024

Le démon au couvent – chapitre trois.

 


La jeune Madeleine Demandolx de la Palud serait donc possédée par le diable.

Il ne restait donc plus, afin de chasser le démon, que de pratiquer un exorcisme. La jeune fille fut conduite à la Sainte-Beaume, où elle fut remise au bon soin de l’inquisiteur d’Avignon et prieur du couvent des Frères Prêcheurs de Saint-Maximin, le Père Sébastien Michaelis[1].

Au cours de l’exorcisme, le père Sébastien Michaelis fit les constatations suivantes :

- Madeleine répondait aux questions en latin, alors qu’elle ne connaissait pas cette langue.

- lorsqu’il l’exorcisait, lui administrait la communion ou un autre sacrement, elle tremblait d’une manière extraordinaire.

- à plusieurs reprises, lors de l’exorcisme, elle tournait les yeux en tous sens, puis tombait comme morte, reprenant ses esprits, comme si rien ne s’était passé.

-  elle avait une parfaite connaissance des catégories et pouvoirs des démons.

D’autre part, le prêtre entendit les 9 et 24 janvier 1610, les démons faire le charivari au-dessus de la Sainte-Baume.

 

La jeune novice regagna son couvent à Marseille où elle fut cloîtrée dans une cellule.

Seule la prière pouvait la sortir de l’emprise de Satan.

Dans sa retraite forcée, elle ne voyait que la Mère Catherine de Gaumer, Supérieure du couvent. Ce fut, peu à peu, que la jeune fille se confia, révélant ses relations coupables avec son confesseur, Louis Jean Baptiste Gaufridy.

Oui, Madeleine confessa, pour se déculpabiliser du péché de chair qu’elle avait commis, avoir été sous l’emprise de ce prêtre faisant commerce  avec le diable et qui l’avait envoûtée.

Les confessions de Madeleine en déclenchèrent d’autres. Trois nouvelles religieuses déclarèrent avoir été séduites par le charme du prêtre, puis le nombre s’élargit à huit.

Parmi ces victimes, Louise Capeau montrait les mêmes symptômes que Madeleine : cris, contorsions, délires....

 

Le 20 février 1611, Gaufridi fut arrêté, transféré à Aix-en-Provence et mit au cachot.

Questionné, torturé.

Tout d’abord, il nia, puis il admit avoir pratiqué quelques attouchements sur les jeunes filles dont il était le directeur spirituel. Enfin, il finit par se reconnaître sorcier : souhaitant être apprécié des femmes, il avait vendu son corps et son âme au diable. 

Il avoua, puis se rétracta à plusieurs reprises, mais sa culpabilité ne faisait aucun doute aux yeux de ses tortionnaires.

 

Suite aux derniers aveux du prêtre réitérés sous la torture, un procès en sorcellerie fut ouvert sous la présidence de Guillaume du Vair[2]. Ce procès se tint à Aix-en-Provence, du 20 février au 30 avril 1611.

 

A suivre.......

 



[1] Sébastien Michaëlis, dominicain de nationalité française -    né vers 1543 en Provence et décédé le 5 mai 1618 à Paris. 

[2] Guillaume du Vair, né à Paris le 7 mars 1556  et décédé le 3 août 1621 -  prélat, homme politique et écrivain moraliste français. Garde des sceaux sous Louis XIII.

Une petite phrase « noir charbon ».

 





Le jet d’eau arrose le geai jais que j’ai.


 

Le jet                   : nom masculin. Action de jeter et aussi mouvement par lequel une chose jaillit.

Le g                     : d’abord écrit gai (avant 1170), puis jai (1175) et enfin geai (XVIIe siècle) – issu du   

       bas  latin gaius. Oiseau capable de reproduire certains mots ou son du langage  

       humain.

Du jai                  : variété de lignite (roche sédimentaire composée de restes fossiles de plantes) d'un          

                              noir luisant.

J’ai                      : verbe avoir au présent de l’indicatif - première personne du singulier.



 

 

Cette phrase n’est pas sans faire rejaillir un souvenir d’enfance.

Au cours d’une promenade dans la forêt des Essarts près de Rouen à la fin des années 1950, nous avions trouvé un geai dont une des ailes étaient cassées. Papa l’avait ramassé et emporté à la maison pour le soigner. Après une convalescence dans une grande volière aménagée à son intention, nous lui avons rendu la liberté.

 





Avez-vous une histoire de « jé » ?

Jet d’eau ? Jet de lance-pierre ? Geai volant ? Pierre noire ?

Alors, si oui, je vous laisse la parole.

 

mercredi 20 novembre 2024

La famille Demandolx de la Palud - chapitre 2

 


Louis-Jean-Baptiste Gaufridy était donc devenu un proche de la famille Demandolx de la Palud, d’autant plus qu’il était le directeur spirituel de la maîtresse de maison et de ses trois filles.

Madame Demandolx de la Palud, née Françoise Louise de Glandeves Gréoux avait épousé, le 21 mai 1587 à Marseille, Antoine de Demandolx La Palud. 

Le jeune curé avait pris, notamment, en charge l’éducation de la plus jeune, Madeleine. Après la communion de la jeune fille, il avait convaincu ses parents de la placer chez les Ursulines.

 

Madeleine, née à Rians, le 29 août 1591, comme toutes les jeunes filles de son âge, rêvait de fêtes, de toilettes et d’un mariage d’amour.

Son caractère romantique voyait dans le jeune curé au visage aimable un possible prétendant.

Oui, elle était attirée par ce jeune homme qui s’était aussi amouraché d’elle.

 

Ce fut contre son gré que Madeleine se plia à la volonté de ses parents en acceptant d’entrer comme novice au couvent des Ursulines. Cette décision fut adoucie lorsqu’elle apprit que Louis-Jean-Baptiste Gaufridy enseignait, dans l’établissement religieux, à un groupe de jeunes filles dont elle ferait partie. N’aurait-elle pas quelques privilèges, comme celui de se retrouver parfois seule avec lui ?

 

Mais  que se passa-t-il au fil des jours au couvent des Ursulines pour que, peu à peu, Madeleine perde l’appétit, sombre dans un silence inquiétant. Le regard absent, les yeux cernés, les joues pâles, elle dépérissait.

Devant cet état dépressif, la mère supérieure des Ursulines, Catherine de Gaumer, renvoya la jeune novice de dix-sept ans chez ses parents, avant de décréter, quelques mois plus tard, avoir perçu les signes de la présence de démons chez Madeleine....

Délire et hallucinations ?

 



Allez, je poursuis mon délire !!

 

Vers le vert pré,  allons un ver dans un verre, chaussés de vair, en déclinant des vers....

 

Un réel nœud de « ver » !

 

·         Vers                     : préposition désignant une direction.

·         Vert                     : couleur obtenue en mélangeant du jaune et du bleu.

·         Un ver                 : un ver de terre ou lombric.

·         Un verre              : petit récipient servant principalement à boire.

·         Du vair               : fourrure de l’écureuil petit-gris. Cendrillon portait des                                              pantoufles de vair, celles-ci, avec le temps, sont devenues                                        des pantoufles de verre – plus  glamour, mais moins confortables !!

·         Des vers              unité de base d'un poème. Suite de mots présentant une certaine longueur,                                     un rythme et une musicalité ...



 

Je vous laisse imaginer la scène, pittoresque à souhait, mais n’essayez pas d’y trouver un quelconque enseignement. Laissez-vous simplement porter par votre imagination.

mercredi 13 novembre 2024

Quel délire !

 

Après avoir évoqué les aventures des « so », avançons dans les homonymes...

Bien entendu, vous connaissez tous la comptine :

 

Il était une fois,
Une marchande de foie,
Qui vendait du foie,
Dans la ville de Foix...
Elle se dit ma foi,
C'est la première fois
Et la dernière fois,
Que je vends du foie,
Dans la ville de Foix.

 

Je n’en ai pas trouvé d’autres aussi complètes.

 

Il va donc me falloir les composer moi-même.

 


Que pensez-vous de :

Un thon en poche, ton tonton tond ! Tout à coup, le ton monte entre tonton et le thon.

 

Il est facile d’imaginer un enfant (garçon ou fille, rien ne le précise), neveu ou nièce du tonton qui tond (oncle maternel ou paternel, tondant une pelouse) et qui est avec une autre personne qui lui répond sans doute à une question telle que : « Que fait tonton ? ». Ce tonton a dans sa poche un thon (quelle drôle d’idée ! mais pourquoi pas !!).

Une querelle entre le thon et le tonton. Le thon ne se sentant assurément pas bien hors de son milieu naturel. Il est certain que pour le thon ce n’était pas de bon ton.

Enfin, ce n’est qu’une interprétation !

Quelle est la vôtre ?

Que peut comprendre une personne ne maîtrisant pas bien la langue française ?

 

·         Un thon :           Grand poisson bleu argenté, vivant en banc.

·         Ton :                    adjectif possessif

·         Tonton :             mot familier désignant un oncle.

·         Tond :                  du verbe tondre – 3ème groupe – 3ème personne du présent : couper à ras.

·         Le ton :               qualité de la voix en intensité, timbre et hauteur caractérisant les sentiments.     

                            Si le ton monte, la querelle n’est pas loin.

 

 

mercredi 6 novembre 2024

Quelle phrase !!!

 


Puisque je vous ai entraîné (e)s dans le délire des homonymes, je vais vous soumettre une phrase qui me vient tout droit de mon papa qui la tenait lui-même d’un de ses instituteurs.

La voilà :

Un sot portant un sceau dans un seau fit un saut et les trois « so » tombèrent.

 

Je ne vais pas décliner l’origine de tous ces « so », seulement vous réécrire la même phrase avec des synonymes.

 

Un  sot :  idiot – borné – ignorant ....

                                        Portant un sceau : cachet, empreinte,                                                                                  griffe,    marque,                                                                                      signature....

                                        Dans un seau : récipient avec une  anse....

                                        Fit un saut : bond – soubresaut - écart.....

 Et les trois « so » tombèrent : dans ce dernier cas, on écrit le son phonétiquement.

 

À vous, maintenant, de réécrire la phrase selon votre bon vouloir !!!

 

Un petit village tranquille.




 

Beauvezer[1], signifiant « Beau à voir », petit village de montagne méritait bien son nom.

Niché à 1 150 mètres d’altitude dans la haute vallée du Verdon, ce lieu subissait les neiges l’hiver et les débordements intempestifs du Verdun au printemps, mais il y faisait bon vivre. Entre l’élevage et le produit de la laine que filaient les femmes le soir auprès de l’âtre, entre les fêtes religieuses et villageoises, le temps s’écoulait doucement, calmement.



 

Ce fut en cet endroit que naquit, en 1572, Louis Jean Baptiste Gaufridy dont le père était berger.

Il fut donné à l’enfant, comme parrain, son oncle, Christophe Gaufridy, curé de la paroisse de Pourrières[2].

En sa qualité de parrain, Christophe Gaufridy prit en charge l’éducation et l’instruction de son filleul.

Les parents, pauvres et non instruits, ne pouvant donner à leur enfant qu’un avenir aussi misérable que le leur, il ne fut donc pas difficile de convaincre ceux-ci de faire entrer Louis Jean Baptiste dans les ordres.

Leur fils aurait ainsi un toit et de quoi manger, car dans les petits villages où le mènerait l’exercice de la prêtrise, ses paroissiens ne le laisseraient pas dans le besoin.

L’enfant apprit à lire, à écrire, à compter, puis aussi quelques rudiments de latin, sans oublier le rituel liturgique et l’administration des sacrements.

À dix-huit ans, il partit à Arles pour d’autres études, celles de théologie qui devaient le mener à la prêtrise.

 


Ordonné prêtre, rattaché à l’abbaye de Saint-Victor de Marseille, il célébra sa première messe dans son village natal, en présence de ses parents emplis d’une immense fierté envers ce fils devenu savant et respecté.

 

Jeune prêtre, il desservit de nombreuses paroisses et devint curé des Accoules dans le vieux Marseille sur la rive nord du Vieux-port, au sud du quartier du panier.

Une belle situation qu’il dut à la famille Demandolx de la Palud, originaire tout comme lui de Beauvezer dont il était devenu un familier.

À Marseille, très vite, il quitta le monastère pour prendre un petit « chez-soi » plus confortable.

 

Louis-Jean-Baptiste Gaufridy était un homme enjoué, aimant la bonne chair. Très vite, il eut ses entrées dans la haute société qui appréciait sa compagnie et il avait table ouverte, notamment, chez les  Demandolx de la Palud.


                                                                                                                           ..................   à suivre

[1] Beauvezer comptait en 1471, 52 feux si on compte une moyenne de 5 à 6 personnes par feux (foyers), cela donne environ une population entre 350 et 400 personnes. En 1765, soit un peu moins de deux siècles plus tard, le recensement de la commune affichait : 629 habitants.

[2] Pourrières, village sur un éperon rocheux, dernière vigie romaine du flanc sud-est de la Montagne Sainte-Victoire. En 1568 fut fondé le couvent des Minimes, contigu à l’antique église de Notre-Dame du Bois, doté pour douze religieux. Ce monastère cessa toute activité en 1770. La grande peste de 1720 épargna le village. La famille paternelle du peintre, Paul Cézanne, de Pourrières.