Beauvezer[1], signifiant « Beau à
voir », petit village de montagne méritait bien son nom.
Niché à 1 150 mètres d’altitude dans la haute vallée du
Verdon, ce lieu subissait les neiges l’hiver et les débordements intempestifs
du Verdun au printemps, mais il y faisait bon vivre. Entre l’élevage et le
produit de la laine que filaient les femmes le soir auprès de l’âtre, entre les
fêtes religieuses et villageoises, le temps s’écoulait doucement, calmement.
Ce fut en cet endroit que naquit, en 1572, Louis Jean Baptiste Gaufridy dont le père était berger.
Il fut donné à l’enfant, comme parrain, son oncle, Christophe
Gaufridy, curé de la paroisse de Pourrières[2].
En sa qualité de parrain, Christophe Gaufridy prit en charge
l’éducation et l’instruction de son filleul.
Les parents, pauvres et non instruits, ne pouvant donner à leur
enfant qu’un avenir aussi misérable que le leur, il ne fut donc pas difficile
de convaincre ceux-ci de faire entrer Louis Jean Baptiste dans les ordres.
Leur fils aurait ainsi un toit et de quoi manger, car dans les
petits villages où le mènerait l’exercice de la prêtrise, ses paroissiens ne le
laisseraient pas dans le besoin.
L’enfant apprit à lire, à écrire, à compter, puis aussi quelques
rudiments de latin, sans oublier le rituel liturgique et l’administration des
sacrements.
À dix-huit ans, il partit à Arles pour d’autres études, celles
de théologie qui devaient le mener à la prêtrise.
Ordonné prêtre, rattaché à l’abbaye de Saint-Victor de Marseille, il célébra sa première messe dans son village natal, en présence de ses parents emplis d’une immense fierté envers ce fils devenu savant et respecté.
Jeune prêtre, il desservit de nombreuses paroisses et devint
curé des Accoules dans le vieux Marseille sur la rive nord du Vieux-port, au
sud du quartier du panier.
Une belle situation qu’il dut à la famille Demandolx de la
Palud, originaire tout comme lui de Beauvezer dont il était devenu un familier.
À Marseille, très vite, il quitta le monastère pour prendre un
petit « chez-soi » plus confortable.
Louis-Jean-Baptiste Gaufridy était un homme enjoué, aimant la
bonne chair. Très vite, il eut ses entrées dans la haute société qui appréciait
sa compagnie et il avait table ouverte, notamment, chez les Demandolx de la Palud.
[1]
Beauvezer comptait en 1471, 52 feux si on compte une moyenne de 5 à 6 personnes
par feux (foyers), cela donne environ une population entre 350 et 400
personnes. En 1765, soit un peu moins de deux siècles plus tard, le recensement
de la commune affichait : 629 habitants.
[2]
Pourrières, village sur un éperon rocheux, dernière vigie romaine du flanc sud-est de la
Montagne Sainte-Victoire. En 1568 fut fondé le couvent des Minimes, contigu à
l’antique église de Notre-Dame du Bois, doté pour douze religieux. Ce monastère
cessa toute activité en 1770. La grande peste de 1720 épargna le village. La
famille paternelle du peintre, Paul Cézanne, de Pourrières.
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