mardi 4 août 2015

ANNEE 1780, LA GAZETTE CONTINUE



Année 1780, la gazette continue


18 août 1780

« Une jeune fille, âgée de 11 ans, taille 3 pieds ou environ, ayant le visage pâle, habillée d’un corcelet (ainsi dans le texte)  bleu, une juppe (ainsi dans le texte) de flanelle, un saint esprit au col, a disparu subitement de chez ses père et mère, lundi dernier 14 août, sous prétexte de faire une commission. Les personnes qui en auroient connoissance (ainsi dans le texte), sont priés d’en donner avis à Madame Vanier, chez M. Féret, maître tailleur, rue Beauvoisine, vis-à-vis Bellefonds : on soupçonne qu’elle est dans cette ville. »


Fugue ou enlèvement ??
Beaucoup de disparitions que ce soient enfants ou adultes qui se révélaient souvent être des accidents. Combien de corps remontèrent à la surface des fleuves et des cours d’eau. Après des séjours prolongés dans l’eau, il était très difficile d’identifier  les noyés.

Pied : unité de longueur, correspondant à environ 30 centimètres.  Cette petite fille mesurait donc entre 90 centimètres et un mètre. Une femme mesurait souvent, à cette époque, entre
1 m 40 et 1 m 50.


8 septembre 1780


« La diligence d’Evreux, rue du Bec, très douce et bien suspendue, contenant 4 places en dedans,  et 3 au cabriolet, part, en été, de Rouen pour Evreux tous les dimanches et jeudis, à 11 heures 3-4 du soir, et arrive à Evreux les lundis et vendredis à 10 heures du matin : elle repart d’Evreux tous les mercredis et samedis à 11 heures 3-4 du soir, et arrive à Rouen tous les dimanches et jeudis à 10 heures du matin. Le prix des places est de 8 livres à la diligence et de 5 livres au cabriolet.
Cette diligence partira de Rouen, en hiver, tous les lundis et vendredis à 5 heures du matin, et repartira d’Evreux tous les dimanches et jeudis, à la même heure. »


11 heures pour aller de Rouen à Evreux, cahotés sur les routes, même si la voiture est douce et bien suspendue, ce devait être quelque chose, ça je vous le dis !!
Les places au cabriolet sont des places dans la partie avant et  ouverte, d'une diligence.



22 septembre 1780


« Il est sorti depuis fort longtemps un jeune homme de la ville de Marsal en Lorraine, nommé Joseph Aubert ; il a quitté ses père et mère, fort jeune ; il n’a donné depuis son absence, aucune nouvelle de son existence ; on croit qu’il a été à la suite de M. le Prince de Rohan, Ambassadeur de la Cour de France à celle de Vienne, et qu’il est actuellement retiré dans cette ville de Rouen. On prie les personnes qui en auroient connoissance (ainsi dans le texte), de vouloir bien en donner avis au bureau des annonces ; on a quelque chose d’intéressant pour lui à lui annoncer. »

Marsal, commune de la Moselle.
Malheureusement, rien de suffisamment précis pour retrouver le Prince de Rohan dont il est question dans l’article. Dommage !

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Et puis ce bien curieux évènement, rapporté le même jour :

« Un lion du grand Duc de Florence s’échappa de la ménagerie, entra dans la ville ; il y répandit l’épouvante ; tout fuyoit devant lui : une femme qui portait son enfant dans ses bras le laissa tomber, saisie de frayeur. Le lion prit l’enfant, et paroissoit prêt à le dévorer. La mère, transportée du plus tendre mouvement, retourna sur ses pas, et bravant le danger, se jeta aux pieds du lion, et lui demanda son enfant. Le lion la regarda fixement, les cris, les pleurs de cette femme parurent le toucher ; il mit l’enfant à terre et se retira. Si cette histoire est vraie, comme on nous l’assure, le malheur et le désespoir ont donc une expression qui se fait entendre des monstres les plus farouches. Ce qu’il y a d’admirable dans cette anecdote, c’est le mouvement aveugle et sublime qui précipite la mère sur les pas du terrible animal devant qui tout fuit ; la nature plus forte que la peur, fait recourir la mère à la pitié du monstre, la grande douleur persuade à cette femme qu’il ne peut pas être inflexible. O nature ! O amour ! »

Si cette histoire est vraie …. Comme on nous l’assure da  ns l’article, ne pourrait-on pas écrire une fable : Le lion, la mère et l’enfant ?


13 octobre 1780

« Contre les pierres et graviers de la vessie.

Il faut faire bouillir en forme de thé, dans suffisante quantité d’eau, une bonne pincée de pariétaire, appelée aussi perce-pierre ou persil de muraille, une pincée de fleur d’ortie blanche, une pincée de graine de lin, une once des plus jeunes rejets et de la dernière pousse de bois d’orme, coupés par petits morceaux avec la peau ou l’écorce, comme on prépare la réglisse qu’on met dans la tisane. Ces quatre choses ayant bouilli ensemble 10 ou 12 bouillons, ce qui est suffisant, on retire le vaisseau du feu, on passe la liqueur par un linge pour en boire environ une pinte à jeun pendant la matinée, à plusieurs reprises, continuant ainsi pendant 3 jours au moins, discontinuant ensuite, si on le juge à propos, pendant 2 autres jours, pour en prendre encore 2 ou 3 autres matinées, une pinte chaque fois ; après quoi l’on obtient, assure-t-on, une guérison entière. »

La pariétaire :
Herbacée, vivace, de la famille des  urticaceae Souvent accrochée aux vieux murs, étalant ses tiges rousses, elle a reçu de nombreux noms vernaculaires évocateurs : Perce-muraille, Casse-pierre ou encore Herbe à bouteille.
La pariétaire conserva de  nombreux usages thérapeutiques jusqu’au XVIIIème siècle, avant d’être dénigrée au XIXème siècle.

La pinte :
Unité de mesure de volume, contenant deux chopines. A Paris, une pinte équivalait à 952.14 ml donc presque un litre.


3 novembre 1780

« M. Nicolas Delarue, Curé de Celloville, près Rouen, y est mort le 23 septembre dernier.
L’homme qui remplit bien les devoirs de son état, est toujours regretté, mais celui qui passe une grande partie de sa vie à soulager l’humanité, excite des regrets bien plus vifs ; c’est ce qu’à fait M. le Curé de Celloville. Médecin habile, il pansoit de ses mains et fournissoit gratis aux pauvres les drogues nécessaires ; il donnoit à tous de sages avis ; aussi sa mémoire sera long-temp (ainsi dans le texte) chère à la Province.
Il a laissé dépositaire de ses lumières M. Soury, prêtre, Chapelain à Alizay, près le Pont-de-l’Arche. »


Nicolas Delarue, curé de Celloville, légua donc sa solution à base de plantes qu’il avait inventée au milieu du XVIIIème siècle, à l’abbé Gilbert Soury (1732-1810), solution préconisée en cas de troubles de la circulation et qui portait à l’origine le nom de « tisane des deux abbés ».
Par la suite, au XIXème siècle, baptisée « Jouvence de l’abbé Soury », elle fut commercialisée d’une manière « industrielle ». Aujourd’hui, encore, après  presque 250 ans, ce produit est vendu, chaque année,  à 2 000 000 d’exemplaires.

Cette « tisane des 2 abbés » a traversé le temps et grâce à son effet « jouvence », elle n’a pris aucune ride !

Saint-Aubin-Celloville est une commune de Seine Maritime, entre Ymare et Boos, non loin d’Alizay.


24 novembre 1780


« Le sieur Pernelle, vinaigrier, demeurant dans la boucherie S. Maclou, vend de très belle graine (au singulier dans le texte) de moutarde, et continue de vendre la moutarde aux câpres, enchois (écrit ainsi dans le texte), fines herbes et autres, du Sieur Maille, de Paris, seul vinaigrier du Roi, et de leurs majestés impériales. »


Antoine Maille ouvrit sa première boutique à Paris, en 1747. Cinq années plus tard, il était le fournisseur officiel des cours d’Europe.
Il s’est, non seulement, distingué pour ses très nombreuses recettes de moutarde, mais aussi pour ses deux cents vinaigres de toilette  aromatisés.

Et comme dit la publicité : « Il n’y a que Maille qui m’aille !! »


1er décembre 1780


« Le sieur Hess, peintre en miniature, vient d’arriver en cette Ville ; il répond d’une parfaite ressemblance et d’une belle peinture ; il prend trois séances chacune d’une heure et 48 livres par portrait. Il dessine aussi le portrait en différens (ainsi dans le texte) crayons, à 3 livres en une demi-heure : il s’arrêtera peu de temps à Rouen. Il demeure sur le port, entre la porte de Paris et celle Grand Pont, chez M. Isambert, Perruquier. »


Peter von Hess, de nationalité allemande, né le 29 juillet 1792 à Düsseldorf et décédé le 4 avril 1871 à Munich.
Il fut un spécialiste des tableaux de bataille et notamment des guerres napoléoniennes. Il prit d’ailleurs part aux campagnes contre Napoléon, entre 1813 et 1815, pour étudier les scènes de la vie militaire.

Source : dictionnaire de la peinture - Larousse



8 décembre 1780


« M. Le Borgne, épicier, rue de la Vicomté, vis-à-vis la fontaine, vend de la véritable pâte de guimauve, façon anglaise, bonne pour les maladies qui affectent la poitrine, tels sont l’asthme sec ou humide, la toux, le crachement de sang, et les rhumes de toutes espèces. Ses vertus sont d’atténuer, diviser et adoucir les humeurs qui engorgent les bronches des poumons, et de faciliter l’expectoration. Le prix de la tablette est de 12 sols. »

De la guimauve pour soigner des toux avec crachements de sang !
J’ai bien peur que ce ne soit pas suffisant, car ces symptômes indiquent plutôt qu’il s’agit de la tuberculose…..
Mais je n’ai pas fait médecine !

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