lundi 13 juin 2016

SCAPIN LE PETIT LUTIN - Chapitre 3

Scapin, de nouveau seul, reprend courageusement son chemin, ou  du moins essaie d’en trouver un, dans ce fouillis végétal.

Il ne chante plus, car il lui semble qu’une étrange musique flotte dans l’air. Cette mélodie semble se jouer de lui. Par instant, fort distincte, elle se dérobe à l’oreille l’instant suivant. Impossible de cerner d’où elle vient. Elle est partout et nulle part, elle fait corps avec l’environnement. En toute évidence, cette diabolique musique n’existe que pour dérouter quiconque l’entend.

« Les ancêtres ont raison, pense Scapin. Une musique irréelle pour attirer en des lieux secrets et perdre les aventureux. J’ai peut-être eu tort de vouloir être brave »

En effet, à cet instant même, Scapin ne se sent plus brave du tout. Il a même très peur. Il se rend compte également qu’il est bel et bien perdu.

Et maintenant, en plus de la musique, Scapin entend une multitude de petits chuchotis.

« Hou ! Hou ! Qui est-ce ? Hou ! Hou ! Qui est-ce ? dit une voix.
-          Je ne sais pas ! Quel étrange petit bonhomme ! répond une autre voix.
-          N’est-ce pas un habitant de ce pays où le soleil brille sans cesse, enchaîne une troisième voix.
-          Hou ! Hou ! Où est-il ce pays ? questionne la première voix.
-          Au-delà des grands arbres, répond la troisième voix.


Scapin cherche désespérément d’où viennent ces voix, mais ne peut les localiser. Ce lieu, insolite, est donc réellement peuplé d’esprits … De plusieurs esprits  ou d’un seul esprit imitant plusieurs voix ?
Là est bien la question que se pose notre petit ami.



Des voix innombrables arrivent à ses oreilles, ainsi que des craquements, des bruits de pas et d’ailes, des souffles, des sifflements …. Mais, également cette impression singulière d’une multitude de regards rivés sur lui.

« Faire semblant de rien, voilà la stratégie à tenir. Je ne dois pas me laisser impressionner », pense notre jeune héros.

Soudain, Scapin débouche sur un vaste espace où la végétation luxuriante s’éclaircit pour laisser la place à de curieux végétaux.
De sa courte vie, Scapin n’avait jamais rien vu de pareil.

Devant lui, d’énormes champignons au pied filiforme orné, à mi-hauteur, d’un anneau rappelant les cols en dentelle des grands-mères, et coiffés d’un chapeau rouge cramoisi.

Une forte odeur de moisi flotte dans l’air et le sol est jonché de mousse dans laquelle les pieds s’enfoncent à chaque pas comme dans une épaisse moquette.

L’endroit est agréable et clair. Scapin en profite pour faire une légère pause, bien méritée. Il lui semble, en effet, que cela fait une éternité qu’il vagabonde. Un peu de repos ne sera donc pas du luxe, et Scapin s’allonge avec volupté sur le profond tapis de verdure.
Ainsi placé, il aperçoit les lamelles jaunes striées qui ornent le dessous des chapeaux des gigantesques végétaux.

Dans le calme retrouvé, le petit lutin entend son ventre émettre quelques borborygmes protestataires.

« Mais j’ai faim ! » s’écrie-t-il en sautant sur ses pieds.
Ce mouvement brusque déclencha le « drelin-drelin » des grelots ornant son bonnet.

« Il faut que je trouve de quoi manger. »


Et voilà notre petit héros de nouveau en marche à la recherche, cette fois, de quelque chose de bien réel, de la nourriture.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.