lundi 20 juin 2016

SCAPIN LE PETIT LUTIN - Chapitre 4



Quelques mètres plus loin, la chance lui sourit sous la forme d’énormes grappes de fruits juteux et sucrés. Une vraie merveille de saveur ! !

Rassasié, Scapin se remit en route, bien décidé cette fois à achever son entreprise.

Ce petit intermède gastronomique avait, pour un temps, effacé de son esprit l’impression d’être épié. Celle-ci lui revint d’un coup, car près de lui, ça bouge, ça gratte, ça respire ….
Mais qui, « ça » ?….

La sonorité lointaine d’un violon est même, de nouveau, perceptible. Elle semble envelopper Scapin de ses vibratos. Elle vient, à la fois,  de partout et de nulle part. C’est à devenir fou ! !

Une angoisse étreint le ventre du petit lutin.
Son corps se vide de toute force.
Ses jambes ne le portent plus.
Il se sent mal, très mal.
Sa tête lui tourne…
Sa vue se brouille ….
Tout devient noir autour de lui ….

C’est l’Esprit ! ! !
C’est l’Esprit maléfique ! ! !
Scapin est envoûté ! ! !

-          Hou ! Hou ! Hou ! Qui est-ce ? demande une petite voix
-          Je ne sais pas ! Quel étrange petit bonhomme, répond une autre voix
-          N’est-ce pas un habitant de ce pays où le soleil brille sans cesse, enchaîne une troisième voix
-          Hou ! Hou ! Où est-il ce pays ? questionne la première voix

« J’ai déjà entendu ce discours, pense Scapin, je dois rêver. Si je rêve, je vais me réveiller. Il faut que je me réveille ! »

Scapin se sent emprisonné en lui-même, prisonnier de ses propres rêves, et s’il dort, il ne peut se réveiller.

« Ouvre les yeux Scapin, se dit-il encore, ouvre les yeux ! ! »

Et tout en se tenant ce discours, Scapin fait des efforts surhumains pour soulever ses paupières.
Soudain, la lumière jaillit …..  Il a enfin ouvert les yeux …. Et ce qu’il voit, en cet instant, le cloue sur place, médusé.

Il est étendu sur un tapis de feuilles mortes. Autour de lui, d’étranges petits animaux l’observent avec curiosité :

Un grand hibou, aux yeux ronds et au bec recourbé.
Une petite musaraigne, au regard persan et au museau pointu.
Un lapin, aux longues oreilles fines et élancées.
Un hérisson, tout hérissé de mille piquants.
Douillette, encore elle, la petite caille au plumage luisant.
Et....
Deux petits écureuils, roux de poils, la queue en panache, qui se chamaillent bruyamment.

Tous sont là, intrigués.

Scapin se redresse d’un bond et d’un coup, tout s’éclaire.

Les bruits, les craquements, les chuchotis, c’était eux, les petits habitants de la forêt qui, depuis le début de son escapade, le suivaient.
A la pensée de ses frayeurs, Scapin éclate de rire. Et dire qu’il avait imaginé que des esprits malfaisants le pourchassaient ! !…..

Devant l’hilarité du petit lutin, les animaux interloqués ne savent que penser.

-          Hou ! Hou ! Il est fou ! déclare solennel le hibou.
-          Il semble bien atteint, remarque la musaraigne.
-          Il a dû se cogner la tête en tombant, poursuit le lapin.
-          Hou ! Hou ! Où est la bosse ? interroge le hibou.
-          Je ne vois rien, s’étonne la caille voletant autour du petit lutin pour mieux inspecter le sommet de son crâne.

Le hérisson, tout hérissé de mille piquants, ne dit rien.


Quant aux deux petits écureuils, ne trouvant pas la scène assez amusante, ils se poursuivent dans les branches des arbres environnants, en poussant des cris de joie.

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