jeudi 1 septembre 2016

1778 – LES JOURNAUX NE DEMARRENT QUE FIN FEVRIER




On recherche….

20 Février 1778

On demande des nouvelles d’un nommé Louis-François Le Roi, de la paroisse de S. Jean d’Elbeuf, diocèse d’Evreux, qui est parti dudit lieu, au mois de Juillet 1768 , en qualité de porte-balle, pour Chartres, Dreux & autres lieux ; ledit Le Roi est âgé de 45 ans, de la taille de 5 pieds, ayant un air sombre & rêveur, la tête courte, cheveux crêpés noirs, le front bas, les sourcils très-garnies (sic), les yeux assés (sic) bien fendus & gros, la bouche grande, les levres (sic) grosses, une cicatrice au-dessous de la levre (sic) inférieure, le visage pâle, des joues passablement remplies, le col court, les épaules larges, de gros mollets ; il y a une succession à lui revenir de feu son père, qui est décédé il y a huit ans.
On prie ceux qui en auroient connoissance (sic) de s’adresser au bureau des annonces.

Cet homme serait donc né en 1723, si bien entendu, il avait bien 45 ans au moment de l’article, ce qui est moins que sûr !
Nous avons une très bonne description physique, mais insuffisante pour le découvrir. Parti d’Elbeuf pour se rendre à « Chartres, à Dreux et autres lieux », il n’a peut-être pas arrêté son chemin dans une de ces villes.
Contrairement à ce qu’on pourrait  penser, nos ancêtres se déplaçaient énormément. Ils étaient de grands marcheurs et les lieues à parcourir n’étaient pas un problème pour eux.

Avec comme nom, Le Roi ou Leroi, il est difficile de le retrouver. Trop d’homonymes !
D’ailleurs, rien ne nous prouve qu’en 1778, il était encore en vie


Un accouchement par césarienne

27 février 1778

On a beaucoup disserté sur la durée de la grossesse des Femmes : voici un trait capable d’occasionner de nouvelles discussions ; il est attesté par M. Zimmerman, Chirurgien Major du Régiment d’Esterhasi, en quartier à Nancy. Madame la Comtesse de C……, dit-il, jeune personne très-bien faite & jouissant de la santé la plus heureuse, étoit grosse depuis près de onze mois, lorsqu’elle sentit enfin des incommodités qui annonçoient sa future délivrance. Elle fit venir une Sage-Femme, qui épuisa toutes les ressources de son art, sans pouvoir la délivrer. Je fus apellé (sic) & je m’assurai que l’enfant ne pouvoit venir au monde par la voie ordinaire. Mon embarras étoit extrême ; la vie de la mere (sic) étoit dans le danger le plus imminent ; & pour peu que je disserasse (sic), il étoit évident qu’elle périroit. Je me déterminai donc à faire l’opération Césarienne. Cette Dame avoit encore toutes ses forces. J’opérai avec tant de diligence & si heureusement, que je tirai deux enfans (sic), l’un bien conformé, & l’autre ayant trois têtes, d’un énorme volume. Le premier de ces enfans (sic) se porte bien : le second, celui a trois têtes sur un même corps, paroissoit fort languissant. Il fut baptisé, & mourut dès le jour même, vers le soir : l’autre vit & se porte bien, ainsi que leur mere (sic), qui jouit d’une excellente santé, & ne se ressent en aucune maniére (sic) de la terrible opération qu’elle a subi. Ce cas est singulier & donne ce semble la solution d’une question fort épineuse, sçavoir (sic), qu’une femme peut n’accoucher qu’au onzième mois de sa grossesse. Il prouve aussi que l’opération Césarienne n’est pas toujours mortelle, même dans les circonstances où il semble qu’une femme court le plus grand danger.

La maman était la comtesse de Chesay.
Qui était cette femme ? Je ne pourrais vous le dire. Plusieurs articles parlent, en effet, de cet accouchement et de la naissance de ce petit à trois têtes, mais rien sur la maman !
Désolée, j’aurais, moi-même, aimé en savoir plus, car je ne crois, nullement à une grossesse de onze mois….
Mais ce qui aurait été intéressant de savoir, c’était l’âge de la maman et si elle avait eu des enfants avant cette grossesse et, bien sûr, après.
En attendant, je comprends pourquoi l’accouchement, par les voies naturelles, fut impossible. Une tête sur un enfant est parfois difficile à sortir, alors imaginez, trois !

Concernant Johann George Zimmermann, il naquit  le 8 octobre 1728 à Brugg, en Suisse et décéda le 7 octobre 1795 à Hanovre en Allemagne.
Il était médecin, botaniste et philosophe. Il acquit une grande renommée grâce à ses nombreux ouvrages.


Un orage sans pareil

6 mars 1778

Le jeudi 22 janvier 1778, vers 4 heures & demi après midi, un violent orage s’annonça subitement à Jumièges par un effroyable coup de tonnerre qui tomba en même temps. Des couvreurs qui travailloient sur la nef de la grande Eglise de l’Abbaye ; le virent serpenter entre les deux tours du portail, mais ayant comme respecté l’Eglise, après avoir décrit un quart de cercle du nord à l’orient, il fut mettre le feu au moulin, qui en est éloigné de près d’un quart de lieue. En moins d’une demie-heure (sic), le moulin fut entiérement (sic) consumé ; heureusement que le vent étoit nord-ouest, & qu’il poussa les bardeaux enflammés qui couvroient ce moulin dans la campagne ; ce qui conserva la maison du meûnier (sic), peut-être le parc, & nombre de maisons voisines. Les flammes qui ont monté tout-à-coup à une hauteur prodigieuse, eussent bien autrement épouvanté à 6 ou 4 lieues à la ronde, si le jour avoit été  fermé tout-à-fait ; cependant elles réfléchissoient si vivement contre lesdites deux tours, qu’on crut que le feu étoit aussi à l’Eglise ; c’eût été un malheur sans reméde (sic), car cette Eglise étant couverte en plomb, il auroit été impossible  d’en aprocher (sic). On auroit sur-tout (sic) regretté la voûte de la nef qui n’est qu’en bois & en plâtre, & qui imite si bien une voûte de pierre, que les plus habilles (sic) y sont trompés, & ont encore peine à croire que ce ne soit que du bois & du plâtre, quand on le en assures (sic). Cette voûte a été construite en 1688 par un frere (sic) Donné, très-habile  (sic) charpentier, nommé Gabriel Brunel, mort pulmonique (sic) le 2 Mai 1699, âgé de 50 ans. La voûte de l’Eglise de S. Germer, est la seule que l’on connoisse (sic) dans le goût de celle de Jumiéges (sic) ; mais nous ignorons dans quel temps & par qui elle a été construite.


L’abbaye de Jumièges est un des plus anciens et importants monastères bénédictins de Normandie. Elle fut fondée en 654 par Saint Philibert.
Elle subit l’invasion des Vikings forçant les moines à abandonner les lieux. Elle ne retrouvera son plein essor qu’au XIème siècle.

Cet article nous apprend que l’abbaye était couverte en plomb et que la voûte de sa nef, construite en 1688, œuvre d’un frère nommé Gabriel Brunel, était en bois et en plâtre. Nous apprenons également la date de la mort de cet habile charpentier, survenue le 2 mai 1699 alors qu’il n’avait que 50 ans.
Une voûte identique dans l’abbaye de Saint Germer, anciennement abbaye de Flay, qui se situe à Saint-Germer-de Fly, dans le diocèse de Beauvais.



Sieur Parent, dit Bias

20 mars 1778

La justice continue de poursuivre ici, & punir les malfaiteurs. Un d’eux, des environs de Pont-de-l’Arche a été roué ces jours derniers, pour avoir assassiné sa cousine, & soupconné (sic) d’avoir tué son mari, il les a en outre volés : ces atrocités sont bien capables de rapeller (sic) à l’ame (sic) sensible, ce beau trait de Bias (sic), qui forcé de condamner à mort un criminel, se mit à pleurer. Pourquoi pleurez-vous, lui dit-on. Ne dépend-il pas de vous de condamner ou d’absoudre cet homme ? Non, répondit Bias (sic) ; la justice & les loix (sic) exigent que je les condamne ; mais la nature demande à son tour que je m’attendrisse sur les malheurs de l’humanité.

Quel dommage ! Voilà quelque chose de fort intéressant. Un homme roué pour avoir assassiné !
J’ai cherché, mais rien à Pont-de-l’arche, ni dans les environs. Les  divers journaux de l’époque n’en font même pas mention. Mais un condamné roué, c’était assez courant, alors cela ne valait pas la dépense de l’encre ni du papier !
Concernant le nommé Bias dont il est fait mention, voilà ce que j’ai trouvé :

Il est né le 18 septembre 1754, à Clamecy dans la Nièvre, où il fut baptisé le lendemain
L’an 1754 le 19 Septêmbre Etienne Jean françois né d’hier fils legitime de Charles françois paren tanneur et de jeanne Cibot a été baptise par moy vicaire soussigné le parrain françois heros* cordonnier la maraine Edmée Rolly au lieu et place de Etienne Jean Cibot  et la maraine au lieu et place de antoinette dhere de paudery
*le parraon a signé « hérault »

Fils de Charles François Parent et de Jeanne Cibot, il étudia au séminaire de  d’Auxerre, avant de passer ses grades de maitre ès-arts à la Sorbonne. Il est ensuite, vicaire, chanoine et nommé curé de la paroisse de Rix  dans la Nièvre, en 1783. On le disait poète et philosophe dans les sociétés littéraires qu’il fréquentait. En 1790, il fut nommé maire de Rix et devint un fervent  républicain, modéré d’abord puis, sous la Terreur, ardent Jacobin.
La chute de Robespierre mit fin, un temps, à ses activités politiques.
Arrêté et emprisonné à Nevers il fut amnistié le 26 octobre 1795, date à laquelle il entra de nouveau en politique : membre du directoire de la Nièvre – membre du district de Nevers.
Professeur d’histoire au Collège de Nevers, il fonda en février un quotidien satirique antiroyaliste, le Questionneur.

Bias Parent, s’installa à Paris en 1799, il y devint membre du Club du Manège.  Joseph Fouché lui offrit une place dans les bureaux de la police parisienne en 1801.

Le 13 septembre 1802, il arriva en congés à Dornecy, où il mourut  brutalement le 16. Il avait quarante-sept ans.

Acte de décès en date du 16 septembre 1802 - Dornecy, dans la Nièvre :
Su premier jour complementaire de l’an X de la république acte de décés de Etienne jean françois parent decede le jour d’hier a onze heures du soir age de quarante huit ans né à Clamecy département de la Nievre demeurant à Dornecy depuis trois jours époux de marie givanin sur la déclaration de françois Roty age de trente cinq ans demeurant à Dornecy cultivateur voisin et ami et nicolas bouche demeurant Dornecy cabaretier beau-frere …… (la suite  illisible)

Quelques mauvaises langues, mais il y en a tant, firent courir le bruit qu’il aurait été empoisonné par Fouchet.

Quatre enfants  seraient nés de son union avec Marie Madeleine Jouannin dont le dernier en 1801.
·         Marie Tullie - 1795
·         Jacques Bayle - 1796
·         Jacques Joubert - 1799
·         Auguste la Fontaine - 1801

A son décès, le dit « Bias » laissa à sa veuve et ses enfants un bien estimé à environ 4 000 livres.

Quelle vaillance !

3 avril 1778

Extrait d’une Lettre d’Ebreuil en Auvergne, du 14 Février
Le nommé Gilbert Baille,  né le 7 mai 1667, au Mercurol, hameau de la paroisse d’Ebreuil, petite ville de la Limagne d’Auvergne, située dans un beau vallon, sur le bord de la rivière de Fioule, y a été inhumé le 12 février ; cet homme, qui avoit plus de 110 ans, étoit pauvre, mais il n’a jamais mendié ; il s’occupoit, pour gagner sa vie, aux gros ouvrages de la campagne, ce qu’il a fait jusqu’à la veille de sa mort. Il y a presque 10 ans qu’il perdit sa femme, qui étoit à peu près de son âge, & dont il avoit eu dix-sept enfans (sic) : il lui en reste encore cinq qui sont presque octogenaires (sic), & qui ont eux-mêmes des enfans (sic) de plus de 60 ans. Gilbert Baille descendoit les Fêtes & Dimanches de son hameau qui est situé sur une colline, à trois-quarts de lieues d’Ebreuil, pour y venir entendre la premiere (sic) Messe, qui se dit au point du jour, il remontoit chez lui pour dîner, revenoit à Vêpres, & retournoit coucher, toujours à pied & sans être aidé de personne : il fit encore les mêmes exercices le Dimanche 8, trois jours avant sa mort. Il ne ressentoit point d’infirmité, & ne se souvenoit  point d’avoir eu aucune maladie. Il est mort dans une défaillance d’environ quatre heures, après avoir reçu dans la plus parfaite connoissance (sic), les Sacrements de l’Eglise.

Je me suis abîmé les yeux à chercher dans les actes de Mercurol.
Rien ! Rien ! Et rien !
Alors, avant de tout laisser tomber, j’ai fait un petit tour dans la paroisse d’Ebreuil……

L’an mil sept cent soixante dix huit le douze février a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse Gilbert Baye age d’entour cent ans décédé au mercurol le jour précédent on assiste à la sépulture Barthélémy Baye son fils aimable beaudoir et gilbert filiot qui n’ont su signer.

J’ai découvert en parcourant les fiches de « geneanet » un Gilbert Baye, mais la date de décès n’était pas 1778. Pourtant, il avait bien un fils, prénommé Barthélémy, mais n’étant pas certaine d’avoir affaire à la même famille, quoique vivant à Mercurol, j’ai préféré m’abstenir …..


Le drame fut évité

29 mai 1778

Le 21 de ce mois, après 9 heures du soir, un domestique de l’Abbaye de Jumièges s’aperçut que le feu étoit dans une des Tourelles, au midi de la grande église : on fut aussi-tôt (sic) avertir les couvreurs en plomb qui y travailloient depuis plusieurs jours. Un Religieux monta dans l’escalier de ladite Tourelle, à travers les brasiers & les tisons dont il se trouva rempli. Parvenu en haut, il reconnut qu’un sommier & quelques piéces (sic) de bois à demi pourries qui traversoient ladite Tourelle, & auroient servi de repos aux couvreurs, étoient entiérement  (sic) consumées. Les couvreurs ont prétendu qu’il y avoit  deux jours qu’ils n’avoient passé dans l’endroit.
On peut regarder comme un grand bonheur que ce bois à-demi vermoulu, n’ait pas jetté (sic) beaucoup de flamme (sic) ; elle auroit (sic) gagné le toit, qui en tombant, eût probablement augmenté l’embrasement, enflammé une maîtresse piéce (sic) de charpente de l’Eglise, laquelle aboutissoit dans cette Tourelle, où elle n’a fait que l’échauffer pa           r le bout, qui heureusement ne dépassoit pas l’aplomb intérieur de la muraille. Si cette piéce (sic) eût pris en feu, ç’en (sic) étoit fait de l’Eglise toute couverte de plomb, & peut-être de tout le monastere (sic), où il y a une bonne bibliotheque (sic) riche, sur-tout (sic) en anciennes éditions & en manuscrits. Le dortoir qui est du commencement du siécle (sic), est d’un sombre majestueux qui imprime du respect ; c’est le plus beau Couvent qui soit en France.
On voit à quels dangers exposent l’imprudence & l’inattention des couvreurs en plomb, qu’on ne sçauroit (sic) trop avertir & surveiller.


Cette abbaye avait déjà frôlé la catastrophe avec l’orage du 22 janvier, et voilà qu’à présent, une imprudence qui aurait pu être dramatique !

Nous apprenons que cette abbaye contenait une richesse inestimable : une bibliothèque riche en anciennes éditions et en manuscrits.
Une chance, le danger fut écarté !




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