lundi 3 avril 2017

QUE FAIRE ? Chapitre 5



Alors que le soleil inondait les champs accroissant l’éclat de  la couleur dorée des blés mûrs, Jeanne qui avait pris note de l’arrivée des « petits-fils au Hubert », voulut se rendre compte par elle-même.
Affichant une apparente indifférence, elle déambulait dans le village, en touriste observateur. Elle passa devant le seul commerce alimentation-café-tabac-journaux-dépôt de pain à l’intérieur duquel quelques hommes âgés « tapaient du domino », en buvant des bières.
La partie semblait animée !
Dans le cimetière, des femmes, vêtues de noir, s’activaient autour des tombes de leurs chers défunts. Fidèles aux souvenirs des êtres aimés, cette occupation meublait, essentiellement, la solitude de leurs longues journées.
L’horloge de l’église sonna trois coups.
Sur la place du village, ombragée par le feuillage d’un chêne, Jeanne s’interrogeait sur le chemin à prendre. Elle opta, au hasard,  pour celui de droite, qui serpentait à travers champs, ces champs qui étalaient leurs épis à perte de vue. La moisson n’allait pas tarder. D’ailleurs, Jeanne perçut, au loin un bruit de moteur qui allait crescendo au fil de ses pas.

A quoi ressemblait le père Hubert ?
Et ses petits-fils ?
Des gaillards, disait tante Adélaïde !

Jusqu’à présent, dans le village, l’adolescente n’avait croisé que des personnes dont la moyenne d’âge devait être..... ?  Plus que ça, encore !
Précisons que pour Jeanne qui n’avait que douze ans, toute personne au-dessus de trente ans était « vieille », alors vous pensez bien, ici, il n’y avait que des vieillards !

Le bruit que Jeanne entendait était bien celui d’une moissonneuse-batteuse qui évoluait dans un champ, mais elle n’aurait pu dire qui se trouvait aux commandes. Sa vue n’était pas perçante à ce point !
D’ailleurs, elle n’avait pas envie, non plus, d’être découverte.
Qu’aurait-elle pu raconter, si on l’avait surprise en train d’espionner ?
 « Je viens voir la tête qu’ont les « petits-fils au Hubert » ! »
La honte !
Certes, elle pourrait aussi avancer qu’elle était fortement intéressée par les travaux agricoles.
Pas crédible !
Tiens ! Elle faisait un exposé sur la vie à la campagne !
Ridicule ! C’étaient les vacances !


« C’est nul, tout ça ! pensa Jeanne. J’en ai rien à faire de ces mecs ! »
Puis, elle fit demi-tour, pour revenir sur la place du village.

Mais, le destin qui n’en fait toujours qu’à sa tête, mit sur le chemin de retour de la jeune fille, un cycliste pédalant en sens inverse. Et quel cycliste !
Un garçon de haute taille, en tee-shirt et jean, qui lui lança, en la croisant, un « bonjour » des plus aimables avec un sourire. Oh ! Ce sourire ! Une merveille !

Scotchée, la Jeanne !
Elle stoppa net, se retourna, et regarda, déçue, s’éloigner cette apparition.

Faire encore demi-tour aurait été une solution pour le revoir, mais, elle ne voulait pas avoir l’air de lui « courir après ».
Le cœur battant, le pas plus léger, la tête dans les nuages, elle regagna la maison de tante Adélaïde, rêvant à cette brève rencontre.
Qui était-il ?
Un des « petits-fils au Hubert » ?
Si oui, lequel ?
Comment se renseigner sans éveiller l’attention ?
Il allait lui falloir beaucoup de diplomatie, et ça par contre, ce n’était pas dans son caractère, loin de là !

Quelle stratégie adopter ?
Premièrement :
Ne pas changer trop vite d’humeur. Un revirement de caractère trop rapide pouvait attirer l’attention. Mine boudeuse de rigueur !
Deuxièmement :
Ecouter les conversations entre sa mère et tante Adélaïde. Elle pourrait ainsi obtenir quelques informations.
Troisièmement :
Se promener régulièrement sur la place du village, et pour cela, ne pas rechigner à faire les courses dans le seul et unique magasin d’alimentation-café-tabac-journaux-dépôt de pain.


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