lundi 29 janvier 2018

CONTE POUR LES ENFANTS SAGES...... ET LES AUTRES

Vengeance de sorcière
chapitre 2

Dans le petit village, non loin de là, tous les habitants avaient fermé portes et volets et s’apprêtaient à passer une nuit qui s’annonçait, assurément fort agitée, en raison de la tempête qui faisait rage.
En mouchant les chandelles,  ils espéraient que le lendemain serait plus clément, afin qu’ils puissent se rendre à la foire dans la ville voisine.
Les enfants, sous leur mince couverture, dans le noir des logis, écoutaient siffler le vent et se déverser la pluie en averses diluviennes.
Malgré leur angoisse occasionnée par le déchaînement des éléments, ils rêvaient à la fête du lendemain et aux sucres d’orge ou bonshommes en pain d’épice, promis par leurs parents.
Et puis, quelles attractions leur seraient proposées ? Un montreur d’ours assurément, un cracheur de feu évidemment, des comédiens jouant, minant, chantant  sur une estrade dressée à cet effet et encore bien d’autres curiosités, sans oublier la diseuse de bonne aventure tant prisée par les jeunes filles rêvant d’épouser un prince.
Les enfants du village ne parlaient plus que de cela depuis quelques jours. Oui, mais dans les conversations, était aussi évoqué le fait de traverser la forêt dans laquelle une vieille femme habitait, et que chacun nommait, en baissant la voix pour ne pas s’attirer le mauvais sort, la sorcière !

Tous les enfants en avaient une peur bleue, celle qui prenait au ventre et qui paralysait certains, les clouant sur place, comme si soudain des racines leur étaient poussées sous les pieds et s’étaient ancrées profond dans le sol ou qui faisait détaler certains autres comme des petits lapins pourchassés par le renard, à une vitesse telle qu’on aurait pu croire que des ailes leur étaient sorties à la place des omoplates.
Mais il faut bien avouer que leur frayeur était réellement justifiée, car lorsque la vieille femme entendait jacasser sur le chemin, rire et crier aussi, elle entrait dans une fureur excessive, sortant de sa cabane en rondins de bois en criant et tapant avec une louche sur un poêlon.
Une apparition cauchemardesque !
Les plus hardis se sauvaient, certes, mais pas sans avoir nargué la pauvre vieille, entonnant une chanson de leur invention, chanson qui disait :

La, la, la, la sorcière !
Qui croit nous effrayer
En frappant sur sa soupière
Avec son manche à balai !

Cette comptine achevée, ils se carapataient en riant.
Bien sûr, ce petit couplet, n’arrangeait en rien la mauvaise humeur de la vieille.

Les parents mettaient pourtant en garde leurs rejetons de ne pas s’approcher trop près du logis de cette vieille femme, et de ne pas la provoquer avec leur chansonnette, car tous savaient, depuis fort longtemps, qu’elle n’aimait pas, ou plutôt qu’elle détestait les enfants, sans pour autant savoir pourquoi.
La raison avait, peut-être, était connue, mais personne ne s’en souvenait plus à présent.
D’ailleurs, cette vieille femme, dite la sorcière, savait-elle pourquoi elle haïssait les enfants ? Pas sûr !
Il y avait longtemps, de cela, elle avait décrété :
« Je n’aime pas les enfants ! Ils font trop de bruits ! Ils sont impolis ! Ils me tapent sur les nerfs ! »
De la même manière qu’elle avait décrété également, en regardant, navrée, son potager en friches :
« Je n’aime pas les légumes ! Les haricots me font penser à de grosses chenilles ! Les carottes à des limaces gluantes ! Les choux-fleurs à de la bave d’escargots mousseuse ! »

Aussi, ne mangeait-elle jamais de légumes.


Petit à petit, elle s’était éloignée du village et s’était installée dans la forêt où elle trouvait à se nourrir en ramassant des champignons, cueillant diverses baies et capturant, grâce à des pièges confectionnés par ses soins, de petits gibiers. Elle connaissait aussi une multitude de plantes avec lesquelles elle confectionnait baumes et remèdes qu’elle cédait contre quelques œufs ou un broc de lait, car elle avait acquis une grande renommée de guérisseuse. Certains,  peu courtois, ne disaient pas « guérisseuse », mais « sorcière », tout comme ils ne disaient pas « remèdes », mais « envoûtements ». Mais, il y a toujours de mauvaises langues ! Les personnes étaient accueillies dans la cabane de rondins de bois, à une seule et unique condition, qu’elles ne soient pas accompagnées d’enfants.

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