lundi 15 janvier 2018

LE PETIT RAMONEUR - Chapitre 4


Le soleil prenait de la force. Dehors, les fleurs s’épanouissaient.
Jacques, installé confortablement sur une chaise longue dans le jardin, avait fait ses premiers pas la veille, soutenu par deux béquilles.
Il se sentait bien, à présent.

Il avait appris que Louise était la fille de Monsieur et Madame Blowmerry. Monsieur Blowmerry, riche industriel, avait implanté, quelques années auparavant, une usine dans la région.
Louise avait un petit frère, Jules et une petite sœur, Suzon, qui avait fait ses premiers pas, elle aussi, la veille, en même temps que Jacques, ce qui avait suscité des fous rires en cascade.

Lorsque le temps des cerises arriva, Jacques grimpa, sans aucune aide, cueillir celles, les plus rouges, tout là-haut à la cime de l’arbre.

Que la vie était douce et paisible !
Oui, mais, Jacques pensait sans cesse à ses parents.
Que devenaient-ils ?
Il n’en avait pas parlé à ses bienfaiteurs, ne voulant pas les gêner. Ils avaient tant fait pour lui. Ils lui avaient même permis d’étudier avec Louise, devant le regard vigilant de la gouvernante. Il connaissait ses lettres à présent et savait même écrire son prénom.


Cet après-midi de juillet, alors qu’il regardait, songeur, l’immensité du ciel azuré, Madame Blowmerry s’approcha de lui :
« Alors, mon petit Jacques, tu as l’air bien songeur ? Aurais-tu un souci ?
Ne voulant pas vexer Madame Blowmerry, Jacques répondit par la négative.

« Ne mens pas, je vois bien que tu as souvent l’air triste. Parle-moi de toi ? D’où viens-tu ? »

Alors Jacques raconta, raconta...
Ses chèvres, les champs, le ruisseau, son bon chien Gardien, et puis, et puis….
La masure, les fromages ……
Et encore ….
La vitalité et la force de papa, le sourire et la tendresse de maman, la chaleur de ce foyer aimé et aimant…
Et pour finir, la mauvaise saison, la tristesse du visage de ses parents et la venue de Léon …..

Madame Blowmerry écoutait, sans dire un mot, le flux ininterrompu de paroles. Les vannes du chagrin étaient ouvertes et une inondation de bons et mauvais souvenirs entremêlés avait tout recouvert.

« Pourquoi ? finit par hurler Jacques, en point final.

Madame Blowmerry soupira et attira le petit berger contre elle. La douceur du parfum de Madame Blowmerry calma le jeune garçon.
 Tout en lui caressa les cheveux, la jeune femme se fit rassurante :

« Vois-tu, Jacques, tes parents ont cru bien faire. Ils ont voulu te sortir de la misère en croyant aux belles paroles de cet escroc, sans comprendre que tu aurais préféré être malheureux avec eux, plutôt que loin d’eux. Je crois qu’ils doivent être désespérés. »

Puis se levant d’un bond, elle lança :
« Viens avec moi, nous allons leur écrire et tu signeras en bas de la page. »



Dehors de gros flocons voletaient et la neige recouvrait déjà tout le jardin.
Dans la cheminée du salon, devant l’âtre où brûlait un bon feu, les enfants jouaient. Il y avait là, Louise, Jules et Suzon, mais aussi Jacques.
Monsieur Blowmerry assis dans un confortable fauteuil fumait sa pipe en lisant un journal. A côté de lui, Madame Blowmerry contemplait les enfants, le sourire aux lèvres. Derrière elle, trônait un immense sapin de Noël identique à celui de l’année précédente.
Une servante entra et annonça d’une voix cristalline :
« Le repas est prêt, Madame. »

Jacques leva les yeux vers la servante au regard pétillant de bonheur et lui adressa un large sourire.
N’était-ce pas sa mère, là, devant lui, engagée au service de la famille Blowmerry, depuis deux mois ?




La vie de Jacques avait repris son cours, calme et tranquille entre la famille Blowmerry qui l’avait accueilli comme un nouvel enfant et ses parents au service  de cette même famille.
Rassuré sur son avenir et celui des siens, la peur qui tenaillait Jacques depuis de nombreux mois avait disparu.


Ce Noël-là, fut le plus merveilleux que Jacques vécût, celui du bonheur retrouvé.

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